Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Vous serez, demain, à Osaka, au Japon, pour évoquer en compagnie des ministres des Finances du G8 - les huit principaux pays du monde - la flambée des prix du pétrole. Pouvez-vous prendre des décisions, avoir une action pour contrer cette flambée des prix du pétrole ?
C'est très clairement avec cet objectif que je pars. Vous le savez, aujourd'hui, on a une flambée non seulement rapide mais certainement durable. Je ne pense que nous soyons nécessairement au bout de nos peines avec le pétrole. Donc, il est indispensable dans ce contexte-là, d'avoir des actions à la fois de court terme vis-à-vis de nos concitoyens pour alléger le fardeau qui est celui, en particulier des ménages les plus modestes ou des professions les plus exposées ; et puis, il faut impérativement mettre en place des actions de long terme.
Des actions de court terme, alors que vous pourrez peut-être décider à Osaka, ce sont lesquelles ?
Non, les actions de court terme, ce sont celles qu'on arrive à décider dans le cadre national. Et vous savez qu'on a déjà pris un certain nombre de mesures, notamment le renouvellement et le renforcement du soutien sous forme de prime à la cuve pour les ménages les plus modestes. Prime à la cuve pour laquelle le groupe Total a décidé de contribuer très largement au financement et d'encourager les autres sociétés pétrolières à faire de même dans le cadre d'un effort de solidarité. Ce qui est bien , ce n'est pas suffisant, c'est évident.
Ce qui est très peu, de l'avis général...
Deuxième mesure, sur le plan du court terme, c'est d'utiliser les surplus de TVA parce que là, on encaisse dans la mesure où la base s'élargit. Dès qu'il y a des surplus de TVA, le président de la République l'a décidé, on affectera ces surplus à un fond qui servira à financer des actions spécifiques comme, par exemple, pour les pêcheurs ou pour des professions qui sont particulièrement concernés par ces hausses. Et puis, il y a une troisième mesure qui est à cheval entre le court terme et le moyen terme, qui ne va pas se décider à Osaka mais dont je veux absolument parler au prochain Ecofin et que le président de la République veut porter personnellement lors du prochain Conseil de l'Europe. C'est une mesure qui nécessite l'accord des Européens ; mais tous les Européens sont concernés aujourd'hui, qui consiste à modifier le calcul de la TVA au-delà d'un certain seuil. C'est-à-dire une fois que le prix de la matière première, si vous voulez, de ce qui sert à la base de la TVA excède un certain seuil, soit on met un stop et on dit qu'au-delà de cette limite, il n'y aura plus de TVA ; ou bien alors, on met un mécanisme en place qui fait qu'au fur et à mesure que le prix dépasse un certain seuil et continue à augmenter, la TVA diminue de manière inversement proportionnelle. C'est clairement une mesure importante.
Mais J.-C. Juncker, président de l'Eurogroupe, a déjà dit que sur la TVA, il ne fallait pas compter trop sur les partenaires européens pour faire quelque chose. Donc c'est des choses que vous ne prenez pas en compte. Le refus des partenaires européens, vous ne le prenez pas en compte ?
Si on partait battu, et les mains dans les poches dans des situations comme ça, on n'arriverait à rien. Donc, on est en face d'une scène internationale différente. On est en face d'une économie différente avec des acteurs sur la scène internationale, différents. Donc il faut aussi qu'on sache changer la boîte à outils, et c'est pour ça que sur la TVA, il y a vraiment à faire. Alors, vous m'interrogez sur Osaka...
Rapidement peut-être...
Rapidement, si vous voulez. A Osaka, clairement, ce que nous voulons donner comme signal, c'est un, il faut que les pays émergents soient très attentifs à baisser ou diminuer les subventions qu'ils mettent en place pour soutenir la consommation du pétrole, parce que c'est évidemment une mesure qui concourt au renforcement de la demande et qui fait monter mathématiquement, automatiquement les prix. Deuxième mesure très importante : on a assisté à des hausses qui sont tout de même assez exceptionnelles, jeudi dernier, vendredi dernier et encore hier. Une augmentation de six dollars, dix dollars, cinq dollars chaque jour consécutif, c'est pas des comportements habituels. Donc il y a des problèmes sur le marché qu'on doit régler. Je ne sais pas si c'est de la spéculation ou de l'investissement systématique sur ces marchés-là, mais il y a un problème de fonctionnement de marchés et il faut absolument que les régulateurs, et notamment les Américains, fassent un effort pour examiner où c'est en train de se passer, tout simplement, pour y mettre un terme.
Du coup, les prix augmentent en France : 0,5 % en mai ; 3,3 % en un an. Est-ce le retour d'une inflation durable, puisque vous disiez qu'on n'en avait pas fini avec la flambée des prix du pétrole ? Inflation durable en France ?
Là, je vous arrête parce qu'il faut dissocier deux choses. Il faut dissocier les facteurs traditionnels d'inflation et puis, l'inflation qui est liée à l'augmentation d'une denrée particulière. Qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui ? On voit que le pétrole a plus que doublé en un an. Donc ça, ça vient alimenter manifestement l'inflation et ça contribue à la hausse des prix de manière phénoménale.
Donc, ça c'est un facteur durable dans l'économie française.
Le pétrole cher est un facteur durable.
Donc l'inflation est durable !
L'augmentation des prix, en général, liée à l'augmentation du pétrole, ça ne va pas être mathématiquement aussi important parce qu'on se base d'une année sur l'autre. Comme il aura été durablement élevé, l'effet inflationniste va progressivement s'atténuer. Ce que je constate, en revanche, c'est que - et ça, c'est le chiffre de l'Insee mal perçu, peu perçu -, c'est que l'année dernière, le pouvoir d'achat a augmenté. Et je voudrais simplement rappeler un chiffre...
Les auditeurs qui nous écoutent ne s'en sont peut-être pas rendus compte !
Oui, mais je voudrais vous donner un chiffre qui est important. Le sentiment du pouvoir d'achat, c'est une chose, l'augmentation du pouvoir d'achat, c'en est une autre... Alors, sur l'augmentation du pouvoir d'achat, on sait très bien d'où ça vient : c'est la diminution du chômage et l'augmentation des créations d'emplois. Je vais annoncer dans quelques instants le nombre des créations d'emplois dans le secteur marchand et dans le secteur non marchand. C'est un chiffre révisé à la hausse de manière très significative. Dans le secteur marchand, on est à plus de 60.000 créations nettes d'emplois sur le premier trimestre 2008. Ce sera annoncé dans quelques instants par l'Insee, c'est un chiffre qui est fortement révisé à la hausse et qui correspond à une économie qui fonctionne, qui tourne et qui crée des emplois.
Donc, ça vous l'annoncez sur RTL : 60.000 emplois dans le secteur marchand durant le premier trimestre.
Dans le secteur marchand. Donc, il y en a encore plus si on inclut le secteur non marchand. C'est une très bonne nouvelle. L'économie continue à tourner et à créer des emplois.
Face à toutes ces données, J.-C. Trichet, président de la Banque centrale européenne, a déjà averti : la BCE augmentera très probablement ses taux - les taux de l'euro - à la fin du mois, c'est-à-dire en juin. Quelle est votre réaction ?
La Banque centrale européenne fonctionne sur la base d'un indicateur, d'un radar qui est le radar inflation. Alors, il est évident qu'en présence des poussées inflationnistes, la Banque centrale européenne réagit en disant : "nous allons devoir considérer", il n'a pas dit qu'il allait le faire, il a dit qu'il allait devoir considérer...
C'est possible, a-t-il dit.
Voilà...
Il a dit que c'était possible. C'est une mauvaise nouvelle ?
C'est assez rare qu'il l'annonce...
Beaucoup de dirigeants européens l'ont critiqué.
...Et donc, on peut imaginer qu'il le fasse.
C'est une mauvaise nouvelle ?
Je ne trouve pas que ce soit forcément une bonne nouvelle de l'annoncer maintenant, parce que de toute façon, les anticipations de marché maintenant se réalisent. Et puis, je crois que la concertation internationale, notamment à Osaka à partir de demain, l'amènera peut-être à réviser sa position avec le Conseil des gouverneurs. Il n'est pas tout seul à prendre des décisions.
D'un mot, la déclaration de L. Wauquiez, votre secrétaire d'Etat à l'Emploi, a beaucoup étonné. Il a dit que le RSA, "ce n'est pas ce dont nous avons besoin pour tenir notre promesse à l'égard de ceux qui travaillent". Le RSA, c'est une mauvaise idée ?
Ce qui est très important, c'est de lutter contre le chômage.
Le RSA, c'est une mauvaise idée ?
C'est de créer des emplois, c'est de faire en sorte que le maximum de Français revienne vers l'emploi. Et tout ça, ce sont des mesures sur lesquelles nous travaillons tous ensemble. Si le RSA permet de ramener des personnes vers l'emploi de manière durable, c'est certainement un bon moyen. Il faut utiliser tous les moyens possibles pour ramener les Français vers l'emploi.
Donc, L. Wauquiez a parlé un peu vite ?
Ca, c'est vous qui tirez vos conclusions.
C'est moi qui le dis. L. Wauquiez a parlé un peu vite et C. Lagarde en a été surprise. C'était sur RTL, bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 juin 2008
C'est très clairement avec cet objectif que je pars. Vous le savez, aujourd'hui, on a une flambée non seulement rapide mais certainement durable. Je ne pense que nous soyons nécessairement au bout de nos peines avec le pétrole. Donc, il est indispensable dans ce contexte-là, d'avoir des actions à la fois de court terme vis-à-vis de nos concitoyens pour alléger le fardeau qui est celui, en particulier des ménages les plus modestes ou des professions les plus exposées ; et puis, il faut impérativement mettre en place des actions de long terme.
Des actions de court terme, alors que vous pourrez peut-être décider à Osaka, ce sont lesquelles ?
Non, les actions de court terme, ce sont celles qu'on arrive à décider dans le cadre national. Et vous savez qu'on a déjà pris un certain nombre de mesures, notamment le renouvellement et le renforcement du soutien sous forme de prime à la cuve pour les ménages les plus modestes. Prime à la cuve pour laquelle le groupe Total a décidé de contribuer très largement au financement et d'encourager les autres sociétés pétrolières à faire de même dans le cadre d'un effort de solidarité. Ce qui est bien , ce n'est pas suffisant, c'est évident.
Ce qui est très peu, de l'avis général...
Deuxième mesure, sur le plan du court terme, c'est d'utiliser les surplus de TVA parce que là, on encaisse dans la mesure où la base s'élargit. Dès qu'il y a des surplus de TVA, le président de la République l'a décidé, on affectera ces surplus à un fond qui servira à financer des actions spécifiques comme, par exemple, pour les pêcheurs ou pour des professions qui sont particulièrement concernés par ces hausses. Et puis, il y a une troisième mesure qui est à cheval entre le court terme et le moyen terme, qui ne va pas se décider à Osaka mais dont je veux absolument parler au prochain Ecofin et que le président de la République veut porter personnellement lors du prochain Conseil de l'Europe. C'est une mesure qui nécessite l'accord des Européens ; mais tous les Européens sont concernés aujourd'hui, qui consiste à modifier le calcul de la TVA au-delà d'un certain seuil. C'est-à-dire une fois que le prix de la matière première, si vous voulez, de ce qui sert à la base de la TVA excède un certain seuil, soit on met un stop et on dit qu'au-delà de cette limite, il n'y aura plus de TVA ; ou bien alors, on met un mécanisme en place qui fait qu'au fur et à mesure que le prix dépasse un certain seuil et continue à augmenter, la TVA diminue de manière inversement proportionnelle. C'est clairement une mesure importante.
Mais J.-C. Juncker, président de l'Eurogroupe, a déjà dit que sur la TVA, il ne fallait pas compter trop sur les partenaires européens pour faire quelque chose. Donc c'est des choses que vous ne prenez pas en compte. Le refus des partenaires européens, vous ne le prenez pas en compte ?
Si on partait battu, et les mains dans les poches dans des situations comme ça, on n'arriverait à rien. Donc, on est en face d'une scène internationale différente. On est en face d'une économie différente avec des acteurs sur la scène internationale, différents. Donc il faut aussi qu'on sache changer la boîte à outils, et c'est pour ça que sur la TVA, il y a vraiment à faire. Alors, vous m'interrogez sur Osaka...
Rapidement peut-être...
Rapidement, si vous voulez. A Osaka, clairement, ce que nous voulons donner comme signal, c'est un, il faut que les pays émergents soient très attentifs à baisser ou diminuer les subventions qu'ils mettent en place pour soutenir la consommation du pétrole, parce que c'est évidemment une mesure qui concourt au renforcement de la demande et qui fait monter mathématiquement, automatiquement les prix. Deuxième mesure très importante : on a assisté à des hausses qui sont tout de même assez exceptionnelles, jeudi dernier, vendredi dernier et encore hier. Une augmentation de six dollars, dix dollars, cinq dollars chaque jour consécutif, c'est pas des comportements habituels. Donc il y a des problèmes sur le marché qu'on doit régler. Je ne sais pas si c'est de la spéculation ou de l'investissement systématique sur ces marchés-là, mais il y a un problème de fonctionnement de marchés et il faut absolument que les régulateurs, et notamment les Américains, fassent un effort pour examiner où c'est en train de se passer, tout simplement, pour y mettre un terme.
Du coup, les prix augmentent en France : 0,5 % en mai ; 3,3 % en un an. Est-ce le retour d'une inflation durable, puisque vous disiez qu'on n'en avait pas fini avec la flambée des prix du pétrole ? Inflation durable en France ?
Là, je vous arrête parce qu'il faut dissocier deux choses. Il faut dissocier les facteurs traditionnels d'inflation et puis, l'inflation qui est liée à l'augmentation d'une denrée particulière. Qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui ? On voit que le pétrole a plus que doublé en un an. Donc ça, ça vient alimenter manifestement l'inflation et ça contribue à la hausse des prix de manière phénoménale.
Donc, ça c'est un facteur durable dans l'économie française.
Le pétrole cher est un facteur durable.
Donc l'inflation est durable !
L'augmentation des prix, en général, liée à l'augmentation du pétrole, ça ne va pas être mathématiquement aussi important parce qu'on se base d'une année sur l'autre. Comme il aura été durablement élevé, l'effet inflationniste va progressivement s'atténuer. Ce que je constate, en revanche, c'est que - et ça, c'est le chiffre de l'Insee mal perçu, peu perçu -, c'est que l'année dernière, le pouvoir d'achat a augmenté. Et je voudrais simplement rappeler un chiffre...
Les auditeurs qui nous écoutent ne s'en sont peut-être pas rendus compte !
Oui, mais je voudrais vous donner un chiffre qui est important. Le sentiment du pouvoir d'achat, c'est une chose, l'augmentation du pouvoir d'achat, c'en est une autre... Alors, sur l'augmentation du pouvoir d'achat, on sait très bien d'où ça vient : c'est la diminution du chômage et l'augmentation des créations d'emplois. Je vais annoncer dans quelques instants le nombre des créations d'emplois dans le secteur marchand et dans le secteur non marchand. C'est un chiffre révisé à la hausse de manière très significative. Dans le secteur marchand, on est à plus de 60.000 créations nettes d'emplois sur le premier trimestre 2008. Ce sera annoncé dans quelques instants par l'Insee, c'est un chiffre qui est fortement révisé à la hausse et qui correspond à une économie qui fonctionne, qui tourne et qui crée des emplois.
Donc, ça vous l'annoncez sur RTL : 60.000 emplois dans le secteur marchand durant le premier trimestre.
Dans le secteur marchand. Donc, il y en a encore plus si on inclut le secteur non marchand. C'est une très bonne nouvelle. L'économie continue à tourner et à créer des emplois.
Face à toutes ces données, J.-C. Trichet, président de la Banque centrale européenne, a déjà averti : la BCE augmentera très probablement ses taux - les taux de l'euro - à la fin du mois, c'est-à-dire en juin. Quelle est votre réaction ?
La Banque centrale européenne fonctionne sur la base d'un indicateur, d'un radar qui est le radar inflation. Alors, il est évident qu'en présence des poussées inflationnistes, la Banque centrale européenne réagit en disant : "nous allons devoir considérer", il n'a pas dit qu'il allait le faire, il a dit qu'il allait devoir considérer...
C'est possible, a-t-il dit.
Voilà...
Il a dit que c'était possible. C'est une mauvaise nouvelle ?
C'est assez rare qu'il l'annonce...
Beaucoup de dirigeants européens l'ont critiqué.
...Et donc, on peut imaginer qu'il le fasse.
C'est une mauvaise nouvelle ?
Je ne trouve pas que ce soit forcément une bonne nouvelle de l'annoncer maintenant, parce que de toute façon, les anticipations de marché maintenant se réalisent. Et puis, je crois que la concertation internationale, notamment à Osaka à partir de demain, l'amènera peut-être à réviser sa position avec le Conseil des gouverneurs. Il n'est pas tout seul à prendre des décisions.
D'un mot, la déclaration de L. Wauquiez, votre secrétaire d'Etat à l'Emploi, a beaucoup étonné. Il a dit que le RSA, "ce n'est pas ce dont nous avons besoin pour tenir notre promesse à l'égard de ceux qui travaillent". Le RSA, c'est une mauvaise idée ?
Ce qui est très important, c'est de lutter contre le chômage.
Le RSA, c'est une mauvaise idée ?
C'est de créer des emplois, c'est de faire en sorte que le maximum de Français revienne vers l'emploi. Et tout ça, ce sont des mesures sur lesquelles nous travaillons tous ensemble. Si le RSA permet de ramener des personnes vers l'emploi de manière durable, c'est certainement un bon moyen. Il faut utiliser tous les moyens possibles pour ramener les Français vers l'emploi.
Donc, L. Wauquiez a parlé un peu vite ?
Ca, c'est vous qui tirez vos conclusions.
C'est moi qui le dis. L. Wauquiez a parlé un peu vite et C. Lagarde en a été surprise. C'était sur RTL, bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 juin 2008