Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
J'ai, pour la deuxième fois, le plaisir de remettre les prix Galien qui récompensent l'innovation au service de la santé. La présence, à mes côtés, de Valérie Pécresse, en cette occasion solennelle, est tout un symbole : santé et recherche ont destin lié.
La recherche thérapeutique constitue, sans doute, le plus bel exemple de ce lien consubstantiel, de cet ancrage réciproque des problématiques.
Nos objectifs, ici, convergent résolument : l'amélioration de la qualité des soins prodigués.
Les malades, au premier chef, savent bien tout ce qu'ils doivent au progrès des sciences qui permet de perfectionner les traitements, d'augmenter leur confort et leur qualité de vie.
Nous nous trouvons dans l'obligation de concevoir et de mettre en oeuvre une stratégie de la recherche en santé ambitieuse et innovante.
Ainsi, la question de l'attractivité de notre industrie pharmaceutique n'est pas une question à part, et ne saurait être traitée séparément. Ma politique intégrée du médicament en incorpore l'exigence.
L'augmentation de notre attractivité doit faire l'objet d'une politique volontaire et dynamique qui permette à la nation qui a vu naître Pasteur de rester aux avant-gardes de la recherche mondiale.
Le seul nom de Pasteur évoque encore, pour le monde entier, les progrès conjugués de la médecine, de la recherche et de l'industrie. Forts de notre histoire, de notre expérience et de notre savoir-faire, nous devons retrouver l'allant qui nous permettra de relever de nouveaux défis.
Dans un contexte plus que jamais ouvert et concurrentiel, il nous revient de tirer partie de tous nos atouts. Le Gouvernement s'y emploie avec la plus grande détermination.
Ainsi, un effort sans précédent est engagé en faveur de la recherche et de l'université. L'autonomie des universités, sur laquelle tu travailles, ma chère Valérie, constitue, à cet égard, une chance à saisir pour les industries de haute valeur technologique.
L'environnement fiscal a été rénové. Le crédit impôt recherche, pour ne prendre qu'un exemple, concerne particulièrement l'industrie pharmaceutique.
Sans entrer dans les détails, la loi de modernisation de l'économie lèvera les freins au développement économique, renforcera l'attractivité du territoire et encouragera l'installation en France de cadres de haut niveau, qui est en elle-même génératrice d'implantation d'activités nouvelles en France.
L'ensemble de nos réformes, qu'il s'agisse de rénover l'université, de rénover l'environnement fiscal, ou bien encore de rénover notre politique d'aménagement du territoire, converge vers un seul et même but : moderniser le pays pour lui permettre d'aborder l'avenir avec confiance.
C'est dans cet esprit que je porterai à l'automne mon projet de loi Santé Patients et Territoire qui comporte un important volet sur la recherche.
Cette loi devrait notamment permettre une simplification et une harmonisation de la réglementation de la recherche, devenue peu lisible au fil du temps. Une clarification est devenue indispensable, elle est réclamée par les chercheurs. Nous la mènerons à bien à l'automne après l'indispensable concertation avec les nombreux acteurs qu'elle concerne.
En accord étroit avec la direction générale de la recherche et de l'innovation du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, la loi devrait permettre de simplifier les dispositions concernant les collections biologiques, qui s'est révélé être un casse-tête insoluble jusqu'ici.
En cette année de réformes, je suis donc particulièrement heureuse de récompenser, ce soir, l'innovation qui est tout à la fois un gage de progrès médical et un levier essentiel de notre dynamisme industriel, l'innovation au service de la santé.
Les quatre lauréats de cette trente-neuvième édition du prix Galien, reflètent le dynamisme de la recherche française et illustrent l'excellence de nos équipes.
Le sorafénib a, dès sa première mise sur le marché, en 2006, constitué une avancée marquante, en permettant de transformer la prise en charge du carcinome rénal (cancer du rein). Il concrétise, avec quelques autres molécules, un projet poursuivi depuis de nombreuses années par les chercheurs en cancérologie : « étouffer » la tumeur en la privant des vaisseaux qu'elle a elle-même générés !
Le sorafénib vient d'obtenir un élargissement de ses indications car il a montré son efficacité dans le traitement des personnes atteintes d'un carcinome hépatique pour lesquelles la chirurgie n'est pas adaptée ou a échoué. Le carninome hépatocellullaire (CHC) est redoutable. C'est la première fois qu'un traitement de chimiothérapie fait la preuve, pour cette pathologie, d'une réelle efficacité.
On peut considérer que l'infection par le VIH est passée en quelques années, grâce aux immenses progrès thérapeutiques, de maladie mortelle à affection chronique. La dégradation de la qualité de vie qu'elle représente, pour les quelques 100 000 personnes qui en sont atteintes aujourd'hui dans notre pays, demeure préoccupante.
Le raltégravir inaugure ainsi une nouvelle classe d'antirétroviral, les inhibiteurs de l'intégrase. L'avènement d'une nouvelle classe thérapeutique représente toujours un espoir, en particulier pour les maladies infectieuses où le développement des résistances constitue un problème majeur. Les résultats des études cliniques, auxquelles les équipes françaises ont grandement contribué, doivent être confirmés, notamment quant au profil de tolérance du médicament. Cependant, son impact sur la diminution de la morbidité et de la mortalité des patients pour lesquels les autres traitements ont échoué, apparaît déjà tout à fait significatif.
L'angor chronique stable fait partie de ces cardiopathies ischémiques que le Groupe Technique National de Définition des Objectifs GTNDO de la Direction Générale de la Santé a définies comme une priorité de santé publique. C'est une affection fréquente et grave, pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
Le développement de l'ivabradine, depuis sa découverte à la fin des années 80, fait honneur à la recherche française et au groupe Servier. Il couvre un besoin thérapeutique existant chez les patients intolérants aux bêta-bloquants et apporte un complément utile aux mesures de prévention secondaire (règles hygiéno-diététiques, aspirine, statine) indiquées chez le coronarien conformément aux recommandations de la Société Européenne de Cardiologie.
L'épilepsie myoclonique sévère du nourrisson (EMSN) ou syndrome de Dravet est une forme d'épilepsie rare et grave de l'enfant, qui se manifeste dès la première année de sa vie. Les crises convulsives qu'elle génère sont malheureusement difficilement contrôlées par les antiépileptiques actuellement disponibles et peuvent entraîner un retard important du développement psychomoteur. Jusqu'à la mise sur le marché du stiripentol, aucun antiépileptique n'était spécifiquement indiqué avec cette association et dans cette forme d'épilepsie.
Le développement de ce médicament consacre l'excellence de nos équipes de recherche françaises, et je veux rendre un hommage particulier à l'équipe de Saint-Vincent-de-Paul, qui a su voir l'intérêt de cette molécule pour une maladie rare et pédiatrique.
Cette réussite nous conforte dans la fierté d'avoir été pionniers en Europe pour l'adoption de deux Règlements qui ont permis l'essor du développement de médicaments orphelins. Leurs effets sur le développement des médicaments à visée pédiatrique commencent déjà à se faire sentir. *
Ces quatre produits, emblématiques des succès de l'innovation dans notre pays, illustrent bien l'étroitesse des liens entre santé et recherche qu'avec Valérie Pécresse, à qui je vais maintenant céder la parole, nous veillerons à renforcer.
Je vous remercie.Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 6 juin 2008