Texte intégral
DECLARATION :
Madame la Ministre Présidente,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames,
Messieurs,
Je voudrais vous remercier d'abord de votre accueil et vous dire tout le plaisir que jéprouve à me trouver aujourd'hui parmi vous à Bruxelles, en ce prestigieux Palais des Académies pour la signature dun accord de coopération linguistique, culturelle, éducative et scientifique entre le gouvernement de la France, que je représente, et celui de la Communauté française de Belgique.
Quelques mots d'abord sur cet accord lui-même, et sur sa signification.
La France et la Belgique sont, est-il besoin de le dire, deux Etats très proches par la géographie et l'histoire, entre lesquels existent des liens culturels et scientifiques particulièrement denses et solides.
Ces liens s'inscrivaient jusqu'à présent dans le cadre juridique de l'Accord culturel de 1970, entre la France et le Royaume de Belgique.
Depuis cette date, la Belgique a connu plusieurs évolutions institutionnelles, et aujourd'hui, la plupart des matières culturelles relèvent de la compétence des communautés, qui ont aussi vocation à conclure dans ces domaines des accords internationaux.
Il était donc important, tout en gardant le cadre de l'accord de 1970, qui conserve son utilité, d' adapter nos instruments de coopération à cette évolution.
C' est aujourd'hui chose faite, pour ce qui concerne la communauté française de Belgique, avec la signature de cet accord culturel que l'on pourrait qualifier d'accord « de nouvelle génération ».
Des textes de même nature sont en préparation avec les deux autres communautés de Belgique, et je m'en réjouis d'ailleurs.
J'ai plaisir à souligner que l'occasion nous est donnée par là de renforcer encore nos liens avec la communauté française de Belgique, à laquelle nous unit une relation privilégiée, car nous partageons avec elle, bien au delà de la langue, une frontière commune, une histoire et donc une culture très proche, que nous ne cessons d'approfondir.
Cette langue est, avec la contiguïté géographique, le vecteur de relations bilatérales naturellement intenses. L'accord que nous signons aujourd'hui devrait nous inciter à les développer dans tous les domaines de la culture, entendue au sens large : l'éducation, l'enseignement supérieur et la recherche, les champs littéraire et artistique, la jeunesse et les sports.
Cet accord est, comme le sont en général les accords de coopération culturelle, un cadre : il vise à inciter et stimuler sans contraindre, et laisse un champ très large à l'initiative des acteurs.
Aussi, ne nous appartient-il pas aujourd'hui de définir à l'avance les nouvelles réalisations auxquelles il conduira. Le champ des partenariats est ici très ouvert.
Sachons en exploiter les ressources.
Je me bornerai pour ma part à émettre le souhait que se renouvellent dans les années à venir des manifestations aussi emblématiques que celles qui ont marqué voici un peu plus dun an la saison culturelle France-Belgique, et que s'approfondissent encore les liens déjà denses entre les universités françaises et les universités francophones de Belgique.
Je suis heureux, à cette occasion, de saluer quelques-uns des éminents représentants de l'Université francophone.
En tant que ministre chargé de la Francophonie, je voudrais aussi évoquer une dimension essentielle de nos relations avec la Communauté française de Belgique : je veux parler de l'action que nous menons en commun, au sein des instances internationales, pour préserver et promouvoir la place du français dans le monde.
Ce combat, j'aime le dire, n'est pas celui du souvenir, c'est celui de l'avenir. Il n'est pas non plus celui qui tendrait à substituer une domination à une autre : c'est le combat que nous menons en faveur du pluralisme et de la diversité en Europe et dans le monde, contre l'uniformisation culturelle et linguistique dont un nombre croissant de pays et de gouvernements prennent conscience.
Il mobilise le mouvement francophone en particulier, tant il illustre, et l'attachement à une langue partagée, et le respect d 'identités diverses, sans contradiction aucune. Qu'il s'agisse des instances de la Francophonie, dont la Communauté française de Belgique est un membre particulièrement actif, ou des autres instances internationales, nous nous trouvons toujours cote à cote pour défendre ensemble ces valeurs communes, et précieuses dans un monde si changeant.
Permettez moi de saluer ici votre très remarquable implication dans cette action dont témoigne d'une certaine façon la présence, à la tête de plusieurs des organes importants de la Francophonie, de membres éminents de la Communauté française de Belgique : je pense notamment à Roger Dehaybe, qui a dirigé l'administration en charge des relations internationales de votre communauté avant de prendre la tête de l'Agence de la Francophonie à Paris.
C'est pour nous un ami fidèle et un partenaire d'une grande efficacité.
Je pense aussi à Arthur Bodson, qui préside l'Agence universitaire de la Francophonie, après avoir été recteur de l'Université de Liège.
Par ailleurs, ici même, à Bruxelles, principal siège des institutions européennes, où la France a souhaité mettre en place une importante action de formation en direction des fonctionnaires de l'Union et des pays candidats à l'adhésion et créé à cette fin le centre européen de langue française, la Communauté française de Belgique nous a apporté un concours précieux en s'associant à cette entreprise.
Je souhaite justement que la langue, volet important de notre accord, soit pour nous l'occasion de projets communs féconds chez nous, en Europe, mais aussi chez nos partenaires du Sud que nous voulons assurer de notre solidarité. Nous avons eu l''occasion d'évoquer, tout à l'heure, quelques-uns de ces dossiers de notre coopération qui pourra prendre un tout plus concret encore.
Des relations bilatérales nourries, une langue et des valeurs communes, la volonté d'oeuvrer ensemble sur nombre de dossiers multilatéraux : voila les bases prometteuses sur lesquelles s'appuie ce texte. Je suis persuadé que cette adaptation des instruments de notre coopération n'est pas que formelle. Elle est aussi un point de départ, nouvel élan pour les années qui viennent et le ciment d 'une amitié et d'une confiance à laquelle nous sommes profondément attachés.
POINT DE PRESSE :
Je voudrais seulement ajouter quelques observations. Rappeler d'abord, je l'ai dit à l'instant le plaisir que j'ai d'être ici. J'ai avec Bruxelles une relation ancienne, qui remonte à l'époque où j''étais moi-même au Parlement européen, ce qui m'a permis de connaître mieux cette ville et de m'y attacher. C'est toujours avec beaucoup de plaisir que j'y reviens.
Je connais des coopérations moins spontanées en effet, et plus difficiles à mettre en oeuvre, que celles qui se développent tout naturellement entre la France et la Belgique en général, et qui font que ce pays est sur le plan culturel, de toute évidence, notre premier partenaire. C'est vrai du livre, c'est vrai du cinéma, c'est vrai de la presse ; j'observe d'ailleurs, pour m'en réjouir que la presse française est très présente et sans porter atteinte à la presse belge francophone. Ce n'était pas évident de permettre ainsi la présence des deux.
L'accord d'aujourd'hui prend acte d'une situation institutionnelle que la France a peut-être un peu tardé à reconnaître. Mais dans les grandes institutions, telles que celle que je représente, je pense en particulier au ministère des Affaires étrangères, on essaie d'éviter d'aller plus vite que la musique. Parfois, on est peut-être un peu en retard. Je pense que nous avons rattrapé le temps, en reconnaissant en quelque sorte le rôle privilégié de la Communauté française de Belgique.
Je souhaite la voir à nos côtés développer cette coopération à laquelle je faisais allusion, mais aussi conduire ensemble un certain nombre d'actions spécifiques.
Je voudrais rappeler que nous sommes déjà partenaires dans un certain nombre d'institutions. Je parlais de TV5 à l'instant. Nous pensons à certains institutions de la francophonie, autres que TV5, la présence du président Bodson, celle de Roger Dehaybe, comme directeur de l'Agence de la Francophonie, témoignent assez la place que nos amis francophones de Belgique tiennent dans cette constellation de la Francophonie.
Nous allons, dans quelques semaines, dans quelques mois, avoir l'occasion de vérifier la qualité de notre partenariat, - je pense par exemple à la préparation du sommet de la Francophonie à Moncton.
Et puis, nous en avons aussi parlé ce matin, nous pensons qu'il y a des domaines de coopération qui pourraient être un peu partagés. L'apprentissage du français en Afrique pourrait donner lieu à une participation spécifique de la Communauté française de Belgique, de la même manière qu'il faudra sans doute que nous nous préoccupions aussi, nous le faisons déjà, mais de manière encore un peu plus attentive, de l'accueil des jeunes Belges francophones dans les établissements d'enseignement et centres culturels que nous avons à l'étranger et qui sont très importants puisque la France s'enorgueillit d'avoir le plus grand réseau culturel dans le monde.
Dans quelques mois, la France aura le privilège de présider simultanément d'ailleurs, à la fois l'UEO et l'Union européenne ; ce sera au second semestre de l'année 2000 et c'est une opportunité qu'il nous faut saisir pour donner un coup de projecteur sur la Francophonie européenne.
Là encore, la Communauté française de Belgique pourra certainement ici à Bruxelles, tout particulièrement, aider à donner à cette présidence française l'éclat que nous allons tout naturellement essayer de lui donner.
Voilà quelques raisons de plus de me féliciter de cet accord que je viens de signer avec le ministre des relations internationales, William Ancion.
Q - ... (au sujet de l'accueil des jeunes Belges dans les établissements français)
R - Nous le faisons d'autant plus volontiers que la réforme du dispositif français de coopération va nous donner des compétences en matière de coopération culturelle, pas seulement avec les pays en développement, mais aussi désormais avec l'ensemble du monde.
La coopération a désormais un champ beaucoup plus élargi.
Q - Vous reconnaissez vous-même que la France avait tardé à signer cet accord. Comment expliquez-vous cela ?
R - Je peux vous dire que c'est la distance qui sépare Paris de Bruxelles. Vous ne me croiriez pas ; vous auriez raison. Ces choses-là ne vont pas forcément toujours très vite. Je pourrais, sans chercher trop loin, trouver des accords internationaux importants, qui ont mis bien plus de temps encore que cela à être ratifiés. Je crois que la Communauté Française de Belgique existe de manière institutionnelle désormais depuis un peu plus de cinq ans.
.Donc on peut regretter ce délai ; mais il ne me paraît pas exorbitant quand je sais le rythme habituel avec lequel ces choses-là se font.
Q - Je lisais dans la presse française une certaine référence par rapport au Québec.
R - Oui, ce qui explique aussi la volonté que nous avions, comment dire, de prendre les précautions normales pour un exercice de ce genre. Nous attachons de l'importance à notre signature, en général, et à des accords de ce type en particulier.
Il ne faut pas considérer de manière trop négative le temps que la France a voulu mettre à signer cet accord. Réjouissons-nous plutôt de cette signature.
Q - Toujours dans cet article du Monde, on faisait référence au fait que cet accord ne passait pas devant le Parlement où, là, certains députés auraient pu réagir.
R - Nous ne le faisons pas dans la clandestinité, je peux quand même vous en donner l'assurance. Votre présence doit nous aider d'ailleurs à le faire connaître. Je n'écarte pas l'idée que le Parlement français, par exemple à l'occasion de sa séance des questions d'actualité, interroge le ministre, en 'l'occurrence moi-même, à propos de cet accord. Je crois qu'un passage devant le Parlement aurait encore apporté quelques délais supplémentaires.
Q - Pour quelle raison les communautés flamande et germanophone signeront un accord de même nature un peu plus tard et quand cela sera-t-il fait ?
R - Je n'ai pas de précision quant au calendrier. Je peux seulement vous dire que ces accords sont en préparation. Les raisons, c'est simplement, parce que ces communautés ont également des compétences dans le domaine culturel, qu'il nous arrive de passer des accords avec des partenaires ayant une autre langue. C'est dans ce cadre-là que les accords se préparent et, je l'espère, donneront des résultats, mais s'agissant de la Francophonie, différents, évidemment, de ceux que nous attendons de l'accord que nous avons signé ce matin.
ENTRETIEN AVEC LA TELEVISION "RTL - TVI" :
Q - (...) Et la France a eu le temps de s'adapter à cela ?
R - Je ne suis pas comptable des retards qui ont précédé mon arrivée. J'observe simplement pour m'en féliciter que nous sommes arrivés à conclure cet accord.
Je crois que c'est à la satisfaction de la Communauté française de Belgique, qui avait, dès que j'ai pris mes fonctions, beaucoup insisté pour que cet accord puisse être signé. C'est vrai qu'elle souhaitait que ce soit un ministre de la République française qui le signe, et je suis là.
Q - Et la France, qu'attend-elle de cet accord ?
R - Je crois que la France attend aussi que la Communauté française de Belgique soit acteur à ses côtés dans un certain nombre de domaines qui peuvent aller de l'enseignement du français au Nigeria - nous en avons parlé ce matin - jusquà une présence renforcée, à ses côtés aussi, pour que TV5 couvre mieux le monde. Mais on peut également évoquer les dimensions économiques de la politique de la Francophonie. Nous allons nous retrouver dans quelques mois à Moncton pour le sommet de la Francophonie et je sais la volonté de la Communauté française de Belgique d'être un acteur de cette institution.
ENTRETIEN AVEC "LA LIBRE BELGIQUE" :
Q - Simple coopération sur papier ?
R - Non. L'accord autorise nos collaborateurs à aller plus loin. Il répond à une demande. Par exemple, dans la demande des Français que nous adressent des pays non francophones, nous serions très heureux que la Communauté française de Belgique soit à nos côtés.
Q - Un accord basé sur la langue ?
R - C'est une référence importante, mais il n'y a pas que la langue, de même que la Francophonie ne sappréhende pas seulement au travers de la langue : c'est la culture au sens large, l'économie et la dimension politique aussi. Dans ce domaine aussi, la communauté française a une sensibilité, je m'en réjouis, proche de la vôtre. Nous devons essayer ensemble de consolider les institutions de la Francophonie.
Q - Ce sont des rattachistes qui vont se réjouir...
R - Ne mélangeons pas les choses. Ceci n'est pas la première étape d'un rattachement qui interviendrait au cours du prochain millénaire. Ce n'est que la reconnaissance d'une réalité institutionnelle dont il a fallu prendre acte.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 1999)
Madame la Ministre Présidente,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames,
Messieurs,
Je voudrais vous remercier d'abord de votre accueil et vous dire tout le plaisir que jéprouve à me trouver aujourd'hui parmi vous à Bruxelles, en ce prestigieux Palais des Académies pour la signature dun accord de coopération linguistique, culturelle, éducative et scientifique entre le gouvernement de la France, que je représente, et celui de la Communauté française de Belgique.
Quelques mots d'abord sur cet accord lui-même, et sur sa signification.
La France et la Belgique sont, est-il besoin de le dire, deux Etats très proches par la géographie et l'histoire, entre lesquels existent des liens culturels et scientifiques particulièrement denses et solides.
Ces liens s'inscrivaient jusqu'à présent dans le cadre juridique de l'Accord culturel de 1970, entre la France et le Royaume de Belgique.
Depuis cette date, la Belgique a connu plusieurs évolutions institutionnelles, et aujourd'hui, la plupart des matières culturelles relèvent de la compétence des communautés, qui ont aussi vocation à conclure dans ces domaines des accords internationaux.
Il était donc important, tout en gardant le cadre de l'accord de 1970, qui conserve son utilité, d' adapter nos instruments de coopération à cette évolution.
C' est aujourd'hui chose faite, pour ce qui concerne la communauté française de Belgique, avec la signature de cet accord culturel que l'on pourrait qualifier d'accord « de nouvelle génération ».
Des textes de même nature sont en préparation avec les deux autres communautés de Belgique, et je m'en réjouis d'ailleurs.
J'ai plaisir à souligner que l'occasion nous est donnée par là de renforcer encore nos liens avec la communauté française de Belgique, à laquelle nous unit une relation privilégiée, car nous partageons avec elle, bien au delà de la langue, une frontière commune, une histoire et donc une culture très proche, que nous ne cessons d'approfondir.
Cette langue est, avec la contiguïté géographique, le vecteur de relations bilatérales naturellement intenses. L'accord que nous signons aujourd'hui devrait nous inciter à les développer dans tous les domaines de la culture, entendue au sens large : l'éducation, l'enseignement supérieur et la recherche, les champs littéraire et artistique, la jeunesse et les sports.
Cet accord est, comme le sont en général les accords de coopération culturelle, un cadre : il vise à inciter et stimuler sans contraindre, et laisse un champ très large à l'initiative des acteurs.
Aussi, ne nous appartient-il pas aujourd'hui de définir à l'avance les nouvelles réalisations auxquelles il conduira. Le champ des partenariats est ici très ouvert.
Sachons en exploiter les ressources.
Je me bornerai pour ma part à émettre le souhait que se renouvellent dans les années à venir des manifestations aussi emblématiques que celles qui ont marqué voici un peu plus dun an la saison culturelle France-Belgique, et que s'approfondissent encore les liens déjà denses entre les universités françaises et les universités francophones de Belgique.
Je suis heureux, à cette occasion, de saluer quelques-uns des éminents représentants de l'Université francophone.
En tant que ministre chargé de la Francophonie, je voudrais aussi évoquer une dimension essentielle de nos relations avec la Communauté française de Belgique : je veux parler de l'action que nous menons en commun, au sein des instances internationales, pour préserver et promouvoir la place du français dans le monde.
Ce combat, j'aime le dire, n'est pas celui du souvenir, c'est celui de l'avenir. Il n'est pas non plus celui qui tendrait à substituer une domination à une autre : c'est le combat que nous menons en faveur du pluralisme et de la diversité en Europe et dans le monde, contre l'uniformisation culturelle et linguistique dont un nombre croissant de pays et de gouvernements prennent conscience.
Il mobilise le mouvement francophone en particulier, tant il illustre, et l'attachement à une langue partagée, et le respect d 'identités diverses, sans contradiction aucune. Qu'il s'agisse des instances de la Francophonie, dont la Communauté française de Belgique est un membre particulièrement actif, ou des autres instances internationales, nous nous trouvons toujours cote à cote pour défendre ensemble ces valeurs communes, et précieuses dans un monde si changeant.
Permettez moi de saluer ici votre très remarquable implication dans cette action dont témoigne d'une certaine façon la présence, à la tête de plusieurs des organes importants de la Francophonie, de membres éminents de la Communauté française de Belgique : je pense notamment à Roger Dehaybe, qui a dirigé l'administration en charge des relations internationales de votre communauté avant de prendre la tête de l'Agence de la Francophonie à Paris.
C'est pour nous un ami fidèle et un partenaire d'une grande efficacité.
Je pense aussi à Arthur Bodson, qui préside l'Agence universitaire de la Francophonie, après avoir été recteur de l'Université de Liège.
Par ailleurs, ici même, à Bruxelles, principal siège des institutions européennes, où la France a souhaité mettre en place une importante action de formation en direction des fonctionnaires de l'Union et des pays candidats à l'adhésion et créé à cette fin le centre européen de langue française, la Communauté française de Belgique nous a apporté un concours précieux en s'associant à cette entreprise.
Je souhaite justement que la langue, volet important de notre accord, soit pour nous l'occasion de projets communs féconds chez nous, en Europe, mais aussi chez nos partenaires du Sud que nous voulons assurer de notre solidarité. Nous avons eu l''occasion d'évoquer, tout à l'heure, quelques-uns de ces dossiers de notre coopération qui pourra prendre un tout plus concret encore.
Des relations bilatérales nourries, une langue et des valeurs communes, la volonté d'oeuvrer ensemble sur nombre de dossiers multilatéraux : voila les bases prometteuses sur lesquelles s'appuie ce texte. Je suis persuadé que cette adaptation des instruments de notre coopération n'est pas que formelle. Elle est aussi un point de départ, nouvel élan pour les années qui viennent et le ciment d 'une amitié et d'une confiance à laquelle nous sommes profondément attachés.
POINT DE PRESSE :
Je voudrais seulement ajouter quelques observations. Rappeler d'abord, je l'ai dit à l'instant le plaisir que j'ai d'être ici. J'ai avec Bruxelles une relation ancienne, qui remonte à l'époque où j''étais moi-même au Parlement européen, ce qui m'a permis de connaître mieux cette ville et de m'y attacher. C'est toujours avec beaucoup de plaisir que j'y reviens.
Je connais des coopérations moins spontanées en effet, et plus difficiles à mettre en oeuvre, que celles qui se développent tout naturellement entre la France et la Belgique en général, et qui font que ce pays est sur le plan culturel, de toute évidence, notre premier partenaire. C'est vrai du livre, c'est vrai du cinéma, c'est vrai de la presse ; j'observe d'ailleurs, pour m'en réjouir que la presse française est très présente et sans porter atteinte à la presse belge francophone. Ce n'était pas évident de permettre ainsi la présence des deux.
L'accord d'aujourd'hui prend acte d'une situation institutionnelle que la France a peut-être un peu tardé à reconnaître. Mais dans les grandes institutions, telles que celle que je représente, je pense en particulier au ministère des Affaires étrangères, on essaie d'éviter d'aller plus vite que la musique. Parfois, on est peut-être un peu en retard. Je pense que nous avons rattrapé le temps, en reconnaissant en quelque sorte le rôle privilégié de la Communauté française de Belgique.
Je souhaite la voir à nos côtés développer cette coopération à laquelle je faisais allusion, mais aussi conduire ensemble un certain nombre d'actions spécifiques.
Je voudrais rappeler que nous sommes déjà partenaires dans un certain nombre d'institutions. Je parlais de TV5 à l'instant. Nous pensons à certains institutions de la francophonie, autres que TV5, la présence du président Bodson, celle de Roger Dehaybe, comme directeur de l'Agence de la Francophonie, témoignent assez la place que nos amis francophones de Belgique tiennent dans cette constellation de la Francophonie.
Nous allons, dans quelques semaines, dans quelques mois, avoir l'occasion de vérifier la qualité de notre partenariat, - je pense par exemple à la préparation du sommet de la Francophonie à Moncton.
Et puis, nous en avons aussi parlé ce matin, nous pensons qu'il y a des domaines de coopération qui pourraient être un peu partagés. L'apprentissage du français en Afrique pourrait donner lieu à une participation spécifique de la Communauté française de Belgique, de la même manière qu'il faudra sans doute que nous nous préoccupions aussi, nous le faisons déjà, mais de manière encore un peu plus attentive, de l'accueil des jeunes Belges francophones dans les établissements d'enseignement et centres culturels que nous avons à l'étranger et qui sont très importants puisque la France s'enorgueillit d'avoir le plus grand réseau culturel dans le monde.
Dans quelques mois, la France aura le privilège de présider simultanément d'ailleurs, à la fois l'UEO et l'Union européenne ; ce sera au second semestre de l'année 2000 et c'est une opportunité qu'il nous faut saisir pour donner un coup de projecteur sur la Francophonie européenne.
Là encore, la Communauté française de Belgique pourra certainement ici à Bruxelles, tout particulièrement, aider à donner à cette présidence française l'éclat que nous allons tout naturellement essayer de lui donner.
Voilà quelques raisons de plus de me féliciter de cet accord que je viens de signer avec le ministre des relations internationales, William Ancion.
Q - ... (au sujet de l'accueil des jeunes Belges dans les établissements français)
R - Nous le faisons d'autant plus volontiers que la réforme du dispositif français de coopération va nous donner des compétences en matière de coopération culturelle, pas seulement avec les pays en développement, mais aussi désormais avec l'ensemble du monde.
La coopération a désormais un champ beaucoup plus élargi.
Q - Vous reconnaissez vous-même que la France avait tardé à signer cet accord. Comment expliquez-vous cela ?
R - Je peux vous dire que c'est la distance qui sépare Paris de Bruxelles. Vous ne me croiriez pas ; vous auriez raison. Ces choses-là ne vont pas forcément toujours très vite. Je pourrais, sans chercher trop loin, trouver des accords internationaux importants, qui ont mis bien plus de temps encore que cela à être ratifiés. Je crois que la Communauté Française de Belgique existe de manière institutionnelle désormais depuis un peu plus de cinq ans.
.Donc on peut regretter ce délai ; mais il ne me paraît pas exorbitant quand je sais le rythme habituel avec lequel ces choses-là se font.
Q - Je lisais dans la presse française une certaine référence par rapport au Québec.
R - Oui, ce qui explique aussi la volonté que nous avions, comment dire, de prendre les précautions normales pour un exercice de ce genre. Nous attachons de l'importance à notre signature, en général, et à des accords de ce type en particulier.
Il ne faut pas considérer de manière trop négative le temps que la France a voulu mettre à signer cet accord. Réjouissons-nous plutôt de cette signature.
Q - Toujours dans cet article du Monde, on faisait référence au fait que cet accord ne passait pas devant le Parlement où, là, certains députés auraient pu réagir.
R - Nous ne le faisons pas dans la clandestinité, je peux quand même vous en donner l'assurance. Votre présence doit nous aider d'ailleurs à le faire connaître. Je n'écarte pas l'idée que le Parlement français, par exemple à l'occasion de sa séance des questions d'actualité, interroge le ministre, en 'l'occurrence moi-même, à propos de cet accord. Je crois qu'un passage devant le Parlement aurait encore apporté quelques délais supplémentaires.
Q - Pour quelle raison les communautés flamande et germanophone signeront un accord de même nature un peu plus tard et quand cela sera-t-il fait ?
R - Je n'ai pas de précision quant au calendrier. Je peux seulement vous dire que ces accords sont en préparation. Les raisons, c'est simplement, parce que ces communautés ont également des compétences dans le domaine culturel, qu'il nous arrive de passer des accords avec des partenaires ayant une autre langue. C'est dans ce cadre-là que les accords se préparent et, je l'espère, donneront des résultats, mais s'agissant de la Francophonie, différents, évidemment, de ceux que nous attendons de l'accord que nous avons signé ce matin.
ENTRETIEN AVEC LA TELEVISION "RTL - TVI" :
Q - (...) Et la France a eu le temps de s'adapter à cela ?
R - Je ne suis pas comptable des retards qui ont précédé mon arrivée. J'observe simplement pour m'en féliciter que nous sommes arrivés à conclure cet accord.
Je crois que c'est à la satisfaction de la Communauté française de Belgique, qui avait, dès que j'ai pris mes fonctions, beaucoup insisté pour que cet accord puisse être signé. C'est vrai qu'elle souhaitait que ce soit un ministre de la République française qui le signe, et je suis là.
Q - Et la France, qu'attend-elle de cet accord ?
R - Je crois que la France attend aussi que la Communauté française de Belgique soit acteur à ses côtés dans un certain nombre de domaines qui peuvent aller de l'enseignement du français au Nigeria - nous en avons parlé ce matin - jusquà une présence renforcée, à ses côtés aussi, pour que TV5 couvre mieux le monde. Mais on peut également évoquer les dimensions économiques de la politique de la Francophonie. Nous allons nous retrouver dans quelques mois à Moncton pour le sommet de la Francophonie et je sais la volonté de la Communauté française de Belgique d'être un acteur de cette institution.
ENTRETIEN AVEC "LA LIBRE BELGIQUE" :
Q - Simple coopération sur papier ?
R - Non. L'accord autorise nos collaborateurs à aller plus loin. Il répond à une demande. Par exemple, dans la demande des Français que nous adressent des pays non francophones, nous serions très heureux que la Communauté française de Belgique soit à nos côtés.
Q - Un accord basé sur la langue ?
R - C'est une référence importante, mais il n'y a pas que la langue, de même que la Francophonie ne sappréhende pas seulement au travers de la langue : c'est la culture au sens large, l'économie et la dimension politique aussi. Dans ce domaine aussi, la communauté française a une sensibilité, je m'en réjouis, proche de la vôtre. Nous devons essayer ensemble de consolider les institutions de la Francophonie.
Q - Ce sont des rattachistes qui vont se réjouir...
R - Ne mélangeons pas les choses. Ceci n'est pas la première étape d'un rattachement qui interviendrait au cours du prochain millénaire. Ce n'est que la reconnaissance d'une réalité institutionnelle dont il a fallu prendre acte.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 1999)