Extraits de la conférence de presse conjointe de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Thorbjorn Jagland, ministre norvégien des affaires étrangères, sur les négociations entre la Grande Bretagne et les Etats-Unis sur les sanctions contre l'Irak et la position française sur les propositions norvégiennes à ce sujet, Paris le 22 février 2001.

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Circonstance : Déjeuner entre MM. Hubert Védrine et Thorbjorn Jagland, ministre norvégien des affaires étrangères, à Paris le 22 février 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'ai reçu pour un entretien suivi d'un déjeuner mon collègue norvégien. Nous nous étions déjà rencontrés ici même l'été dernier et nous avons procédé à un tour d'horizon assez large de toutes les questions qui sont traitées par le Conseil de sécurité. Nous avons donc parlé de l'Iraq, du dispositif des sanctions et de sa nécessaire évolution. Nous avons parlé des Grands Lacs, nous avons parlé de plusieurs autres questions africaines.
Nous avons parlé longuement de la situation et des perspectives au Proche-Orient, M. Jagland en revient.
Nous avons fait le point de la situation concernant l'Union européenne, la situation après Nice, les perspectives sur l'avenir de l'Union, de la Politique européenne de sécurité et de défense, nous avons évoqué la question de la NMD. Vous voyez que nous avons parlé de beaucoup de choses.
Enfin, nous avons fait un point rapide sur les relations bilatérales qui sont tout à fait excellentes et qui en plus, par rapport au passé, se développent, deviennent plus denses, et que nous souhaitons encore renforcer de part et d'autre. Nous avons décidé de maintenir cette concertation régulière en priorité sur les questions du Conseil de sécurité mais aussi plus largement.
Q - Sur l'Iraq comment appréciez-vous les discussions américano-britanniques visant à modifier les sanctions ? Est-ce une reconnaissance de la fin de la crise à l'égard de l'Iraq ?
R - Je voudrais dire que plus personne ne considère que la situation actuelle soit bonne concernant les sanctions qui avaient été décidées il y a dix ans par le Conseil de sécurité. Les motifs des uns et des autres sont différents mais personne, et notamment aucun membre du Conseil de sécurité, ne considère plus que la situation actuelle soit satisfaisante. Ce dont nous avons véritablement besoin maintenant, c'est d'une politique qui ne fasse plus souffrir en quoi que ce soit la population iraquienne. D'autre part, nous avons besoin d'une politique qui ne soit pas à proprement parler une politique de sanctions mais qui doit être une politique de vigilance internationale et de contrôle international concernant le régime iraquien et ses éventuels projets prohibés. Voilà à partir de quoi il faut réfléchir.
Q - Comment appréciez-vous les décisions des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne qui visent une modification des sanctions ? Y êtes-vous associés ?
Nous nous réjouissons que des discussions aient commencé entre les Etats-Unis et les Britanniques, elles auront lieu entre tous les membres du Conseil de sécurité. J'aurai moi-même la semaine prochaine des contacts avec Robin Cook et Colin Powell à ce sujet. Et d'autre part nous avons eu cette concertation aujourd'hui avec la Norvège, qui préside le Comité des sanctions, qui a déjà fait un certain nombre de propositions que nous approuvons. C'est donc le début d'un échange et d'une discussion dont nous espérons qu'il permettra de redéfinir cette politique.
Q - Y a-t-il une entente entre la France et la Norvège à ce sujet ?
R - Ce n'est pas un problème bilatéral, la Norvège préside le Comité des sanctions, elle a fait des propositions. J'ai dit au ministre que nous étions d'accord pour l'essentiel et je ne connais pas la réaction des autres pays mais il ne s'agit pas de faire un accord séparé des autres. Les propositions que fait la Norvège, c'est pour faire réfléchir l'ensemble des membres du Comité des sanctions et des membres du Conseil de sécurité. J'ai compris que la réaction positive de la France aux propositions norvégiennes satisfaisait la Norvège./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2001)