Déclaration de Mme Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, sur la politique de la famille, notamment au travers des mouvements familiaux, les aides à la famille, les prestations familiales et la solidarité, Paris le 26 avril 2008.

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Circonstance : Rencontre des présidents des Unions régionales et départementales des associations familiales (Uraf et Udaf) à Paris le 26 avril 2008

Texte intégral


Je souhaitais tout d'abord vous dire combien je me réjouis d'être parmi vous aujourd'hui et combien je suis sensible à votre invitation à ouvrir les travaux qui vont nourrir cette journée de rencontre entre les présidentes et présidents des Unions Régionales des Associations Familiales (URAF) et des Unions Départementales des Associations Familiales (UDAF).
Cette journée est pour moi l'occasion de rappeler l'attachement que je porte à l'action du mouvement familial. Je sais le rôle que vous jouez dans le dialogue permanent, constructif et nécessaire qui existe en France dès que l'on parle de la famille. Si la France fait aujourd'hui figure d'exemple en Europe en matière de politiques familiales, elle le doit pour beaucoup à la qualité de ce dialogue.
La création, de l'UNAF et des UDAF en 1945, l'organisation de son financement public, puis les évolutions successives sont autant d'étapes qui ont permis un dialogue fructueux, enrichi au fil des ans et fondée sur une volonté partagée entre le politique et l'associatif de travailler ensemble et en confiance au service des familles.
Comme vous le savez, la France atteint aujourd'hui un taux de natalité record depuis 30 ans qui nous place en tête des pays européens, avec 2 enfants par femme. Ce sont près de 830.000 enfants qui naissent chaque année, 2,5 fois plus que dans la moyenne des pays européens. L'Etat consacre 80 milliards d'euros/an à la politique de la famille, soit 5% de notre produit intérieur brut.
Notre Gouvernement, et moi-même, à la place qui est la mienne, souhaitons renforcer les efforts déjà déployés au service de l'ensemble des familles françaises.
Nous le savons tous, la place de la famille dans notre société est profonde et capitale. Il n'est pas de sujet touchant la famille qui ne provoque pas d'opinion passionnelle chez chacun d'entre nous.
Pourquoi donc ne pas en parler sans tabous ?
La politique familiale ce sont des prestations, des services, et de la fiscalité. Aujourd'hui, je souhaite axer mes priorités autour de la petite enfance et de l'adolescence, deux moments clés dans l'évolution de chacun d'entre nous et si onéreux par ailleurs.
C'est pourquoi je souhaite offrir plus de services aux familles en adaptant les prestations de l'Etat à leurs besoins réels.
Cette volonté a présidé aux choix que nous avons d'ailleurs arbitrés tout récemment.
Au sujet de la carte famille nombreuse, j'ai souhaité qu'un système plus équitable soit mis en place. C'est pourquoi le Président de la République a décidé de maintenir les avantages sociaux liés à la carte famille nombreuse et étendre ces droits aux familles monoparentales, recomposées et modestes de moins de trois enfants. J'ai rencontré en début de semaine Guillaume PEPY, afin de définir ensemble les modalités d'application de cette réforme.
Pour des questions d'équité, et non de logique commerciale, j'ai souhaité que les modalités d'utilisation actuelle de la carte famille nombreuse s'appliquent de la même façon à l'ensemble de ces familles, quelque soit le train emprunté.
Au sujet des seuils de majoration des allocations familiales, je viens de signer le décret d'application au 1er mai de la décision votée par le Parlement à l'occasion du débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008.
Il était nécessaire, comme nous l'a démontré l'INSEE sur demande de la cour des comptes, d'avancer le seuil de majoration aux quatorze ans de l'enfant, au moment où précisément les familles en ont le plus besoin. Cette réforme permettra de financer d'autres mesures en faveur des familles, et notamment la garde des jeunes enfants. En particulier, dès le 1er mai, l'allocation pour garde d'enfants versée aux familles modestes qui font garder leurs enfants par une assistante maternelle sera majorée de 50 euros par mois.
Au sujet de la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire, afin de répondre aux réalités matérielles de la charge d'un enfant en âge scolaire, nous allons rééquilibrer le versement de cette allocation vers l'adolescence. Comme dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008, l'allocation de rentrée scolaire sera modulée en fonction de l'âge de l'enfant. Nous avons répondu à une attente des familles, en les accompagnants dans ce sens.
Si l'actualité familiale passionne autant c'est bien parce que le « fait familial » est l'un des piliers essentiels de notre société. La famille est, en effet, le premier espace de sécurité auquel, dès le plus jeune âge, chacun d'entre nous aspire.
Elle est ce lieu encore préservé d'une certaine accélération du monde qui, partout ailleurs, semble irrépressible : les rythmes de vie ne sont plus ceux des générations qui nous ont précédé, la planète est à portée de clic de n'importe quelle souris d'ordinateur, la course au temps, dans son travail, dans les transports, dans la vie de tous les jours, face à de constantes sollicitations ou de nouvelles obligations, est trop souvent plus subie que choisie.
Face à cela, la famille a des vertus d'apaisement, d'encadrement, d'adaptation au monde, je voudrais dire aussi et sans jeu de mot, de régénération. Pour chacun de nous comme pour la société dans son ensemble, elle est le lieu de la pérennité, elle est aussi celui de la transmission.
Dans un monde en constante évolution, quelquefois incertain ou inquiétant, la pérennité est une force et la transmission une chance. Dans un monde sollicitant de plus en plus les valeurs d'entraide, de solidarités entre les générations, de générosité et de compréhension envers les plus faibles, d'amour aussi - osons dire le mot - la famille a plus que jamais un rôle à jouer, un message à porter.
Ce message, vous qui avez fait de la famille l'objet de votre attention et de vos initiatives, vous le connaissez :
* c'est un message de responsabilité : responsabilité des parents envers leurs enfants. Et je voudrais ici vous faire part d'une de mes priorités : la protection des enfants sur internet.
* « Internet est un outil aussi fabuleux que désastreux ». La technologie et notre arsenal pénal nous aident certes à lutter contres une partie des « prédateurs » qui envahissent aujourd'hui nos maisons, mais j'en appelle surtout à la vigilance parentale qui reste la meilleure des garanties.
En effet, les dangers encourus par nos enfants ne sont plus exclusivement hors de nos maisons mais ont franchis leurs murs pour atteindre la chambre de nos enfants.
C'est pourquoi je réunirai le 15 mai prochain les fournisseurs d'accès internet afin qu'ils me fassent des propositions plus efficaces sur les logiciels de contrôle parental. Par ailleurs, je me rendrai en Suède et au Royaume-Uni afin d'étudier les dispositifs plus performants mis en place par les différents Gouvernements.
* Le message de la famille est aussi un message de solidarité. Je souhaite, comme s'y est engagé le Président de la République, mettre l'accent sur les modes de garde d'enfant en créant le droit opposable à la garde d'enfants.
Nous diversifierons les modes de garde en crèche d'entreprise, inter entreprise et associative, favoriser le regroupement des assistantes maternelles dans les appartements parentaux en assouplissant la réglementation en vigueur, développerons la possibilité d'employer à domicile des assistantes maternelles chez les parents ayant des horaires de travail décalés.
Cette volonté vise à améliorer la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle, en permettant notamment à toute personne de ne pas perdre un emploi ou de ne pas être empêchée d'en retrouver après la naissance de l'enfant faute de pouvoir le faire garder.
Pour ce faire, je souhaite lancer au plus vite un programme expérimental sur chacun de ces sujets dans des départements pilotes afin que cette offre devienne réalité d'ici à 2012.
* C'est enfin un message d'ouverture : les familles ne sont fermées pas sur elles-mêmes. Elles ne sont pas figées. Pour moi, famille rime avec adaptation, souplesse, ouverture sur le monde.
S'ouvrir aux autres, s'ouvrir au monde, ce sont bien sûr les questions liées à l'adoption, nationale et internationale. Il n'y a pas un horizon illimité de possibilité d'adoption mais il n'est pas non plus question de se résigner.
Il est pour moi prioritaire de faciliter l'adoption d'enfants étrangers ainsi que d'enfants français placés en famille d'accueil. L'adoption c'est aussi un volet de la protection de l'enfant.
C'est aussi par exemple, prendre en compte les situations des familles recomposées, de plus en plus nombreuses, et initiant des liens nouveaux entre les personnes. C'est tout le sens des travaux menés actuellement au ministère autour d'un futur statut du beau-parent ou du tiers à l'enfant.
Dois-je le dire ? Je ne connais pas de famille idéale. Il n'y a pas une famille, mais des familles ; il n'y a pas une vérité familiale qui s'imposerait comme une référence unique, mais des histoires familiales toutes différentes, toutes enrichies aux épreuves de la vie et des expériences de chacun, heureuses ou douloureuses.
Ainsi, ce message familial de responsabilité, de solidarité et d'ouverture est, bien sûr, le fruit de cette longue tradition de dialogue que nous poursuivons et entretenons aujourd'hui. Il est aussi le fruit du travail quotidien d'animation du mouvement familial assuré chaque jour par l'UNAF, les 22 URAF et les 100 UDAF.
Nous l'avons vu, la famille est toujours une promesse d'avenir. Je voudrais conclure mon propos en évoquant la création prochaine du Haut conseil de la famille, au sein duquel l'UNAF siègera. Nous avons souhaité un Haut conseil ouvert sur les réalités des familles, équilibré dans sa composition et responsable dans son approche des besoins et des moyens à mettre en oeuvre. Je sais que le mouvement familial, fort de son travail quotidien sur le terrain, saura y trouver, comme cela fut toujours le cas notamment lors des conférences de la famille, toute sa place et y jouer un rôle déterminant.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 2 juillet 20081