Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur la place des jeunes dans la société et sur la présidence de Nicolas Sarkozy, Lormes le 6 juillet 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Université d'été du FNJ (Front national de la jeunesse), à Lormes (Nièvre)du 1er au 6 juillet 2008

Texte intégral

Mes chers amis,
Mes chers camarades,
Puisque l'occasion m'est donnée d'intervenir une nouvelle fois en clôture de l'Université d'été des jeunes, qui par le beau soleil du jour, annonce, à n'en point douter, un été particulièrement chaud, je voudrais commencer mon propos par une réflexion, ou plutôt une somme de réflexion sur la jeunesse.
On dit que la jeunesse est le plus bel âge de la vie. Je ne sais pas si c'est vrai, ou plus exactement, je ne sais pas si c'est encore vrai, à la fois parce que les choses ne sont pas si simples, pour les jeunes générations, et parce que les progrès de la médecine ont permis à d'autres âges ou à d'autres périodes du cycle de vie humain, de devenir particulièrement agréable.
Il nous faut commencer cette réflexion importante, et de circonstance, en nous posant quelques questions essentielles.
Que signifie être jeune aujourd'hui ?
Les jeunes générations contemporaines ont-elles les mêmes attentes, les mêmes perspectives que les générations précédentes ?
Quelles sont les contraintes, voire les complexes qu'impose la dramatique idéologie contemporaine du jeunisme ?
Un premier constat, de nature historique, s'impose à l'évidence.
En l'espace de quatre siècles, la durée et la condition de la jeunesse ont profondément changé, au terme d'une de ces mutations sociologiques fondamentales que l'observation du temps long de l'histoire permet de déceler.
Au XVIème et au XVIIème siècle en effet, la jeunesse se terminait à 14 ans environ, date de la maturité sexuelle des jeunes garçons, âge moyen du mariage des jeunes filles de la bonne société.
Il est vrai qu'en ces temps là, l'espérance de vie atteignait à peine 35 ou 40 ans, et que, par ce simple fait de nature, chacun sautait rapidement des langes de la prime enfance à la pré-adolescence, puis à l'âge adulte.
Peu à peu, le temps de la jeunesse s'est étendu jusqu'à 16 ans, au XVIIIème siècle, puis à 18 ans au XIXème et XXème siècle, avant que les canons de Verdun et les tranchées de la Somme ne plongent des générations entières de jeunes gens dans les affres de la Grande Guerre, dont ne sortirent que des âmes ridées, trop vite déniaisées par l'enfer des orages d'acier, et des corps vieillis car souvent brisés par la mitraille ou les gaz asphyxiants.
Certes, nul ne souhaite à notre jeunesse d'entrer ainsi dans l'âge adulte.
Mais il est tout de même frappant de constater qu'aujourd'hui, la jeunesse s'étale jusqu'à 30 ans.
Jusque dans les années 70, la majorité était fixée à 21 ans, âge auquel on a fait son apprentissage et effectué son service militaire. Celui-ci était effectué par les étudiants après un sursis d'incorporation parallèle aux études.
Bien qu'on ait réduit à 18 ans, à l'époque de monsieur Giscard d'Estaing, au nom du « libéralisme avancé », l'âge de la majorité civique et juridique, on n'a pas rendu les jeunes plus libres, ni d'ailleurs nécessairement plus matures.
En effet, l'âge de la majorité sociale et psychologique, qu'on ne peut codifier par des règles de droit, a changé : on reste mineur de fait tant qu'on ne gagne pas sa vie soi-même, tant qu'on reste hébergé et nourri par ses parents, tant qu'on ne sent pas capable de prendre charge de famille.
Observez qu'on entre de plus en plus tard dans la vie active, en raison de la longueur souvent boursouflée des études, que l'on se marie de plus en plus tard, que l'on procrée de plus en plus tard, ce qui a une incidence sur chacun, mais aussi sur la collectivité toute entière.
Bref, j'ai le sentiment qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes gens restent dans les handicaps de la jeunesse, c'est-à-dire l'absence d'autonomie, de liberté, la non-disposition de soi, sans pour autant disposer des perspectives qui furent celles des générations précédentes.
Comme vous le savez en effet, le contexte général qui nous entoure n'est hélas, guère favorable à l'épanouissement des initiatives et des engagements.
Jadis chaque enfant qui naissait héritait de l'immense patrimoine culturel, historique et linguistique accumulé par les générations précédentes de Français.
Le petit d'homme, qui ne peut que recevoir, était ainsi doté d'une somme de valeurs, d'expériences et de traditions qui formaient son jugement, son caractère, sa vision du monde, autant d'armes nécessaire à l'exercice de sa liberté et de sa volonté.
L'apprentissage social s'étalait de la famille à l'école et au service militaire, sans oublier l'action des organisations religieuses, sportives ou sociales comme le mouvement scout.
Or, on n'apprend plus l'histoire à nos enfants, ou alors une histoire tellement manipulée qu'elle gagnerait à être qualifiée de son vrai nom de propagande...
On n'apprend plus l'amour de la patrie et des anciens, diabolisés par la propagande permanente de repentance dont on abreuve l'opinion,
On n'apprend plus les fondements de la langue française - alors que dire de l'enseignement de ses subtilités !
On n'apprend plus la différence entre le bien et le mal, la différence entre le respect et l'irrespect.
Ainsi, par mollesse ou idéologie, les familles et l'école ont abdiqué, et ne transmettent plus grand-chose, condamnant par avance des générations de jeunes à rejoindre le troupeau des consommateurs repus, béats et satisfaits, propices à toutes les manipulations, formatés pour marcher comme un seul homme à l'abattoir, voire à courir jusqu'au précipice.
Un malheur n'arrivant jamais seul, chaque enfant qui nait hérite de 17.000 euros de dette publique, fruit vénéneux du laxisme et de la démagogie des politiciens qui se succèdent au pouvoir depuis 30 ans.
Chaque jeune français qui sort du système de formation se retrouve parachuté sur un marché de l'emploi saturé, ravagé par l'ouverture des frontières commerciales, des frontières du travail, des frontières migratoires.
Beaucoup de jeunes commencent ainsi leur vie professionnelle avec 400 euros par mois, hélas.
Oui mesdames et messieurs, de tous ces points de vue, le recul de l'âge adulte est bel et bien un mirage.
Alors, mes jeunes camarades, si je devais vous donner un conseil, un seul conseil, ce serait le suivant.
Ne gaspillez pas vos forces et vos chances, ne perdez pas votre temps. Tant que votre cerveau est souple et apte à apprendre, accumulez les connaissances, le maximum de savoirs, le plus possible d'informations culturelles et professionnelles.
On n'apprend de moins en moins bien avec l'âge, on a de moins en moins le temps et l'envie.
Dès lors, ne négligez pas les responsabilités que vous avez vis-à-vis de vous-mêmes, pas plus que celles que vous avez vis-à-vis de la postérité.
Vous avez la garde de vous-mêmes et la garde de notre postérité de Français.
C'est une lourde charge, que chacun portera aisément s'il arme sa volonté et forge son savoir.
N'oubliez jamais que 33 ans, c'est l'âge où mourut celui qui venait apporter au monde non l'épée, mais la paix.
Sans blasphème ni injure, je vous engage, moi, à fourbir vos lances et à renforcer vos armures, pour affronter, en vainqueur, les grandes batailles de votre vie et tailler votre place dans le monde de demain.
II- Vous serez en effet peut-être seuls, tant il est vrai que l'avenir de la France est bien mal préparé par les princes qui la gouvernent aujourd'hui.
Sous quelque point de vue que l'on se place, on a du mal à trouver les notes positives qui pourraient compenser le désamour dont le Président de la République fait l'objet, jusque et y compris dans les rangs de la majorité présidentielle.
A-t-on jamais vu dans le passé autant de députés aussi critiques à l'égard de celui sous la bannière duquel ils ont été élus ?
Mis à part les traditionnels courtisans venus de tous les bords de l'échiquier politique, prêts à toutes les bassesses pour une place autour de la grande gamelle des prébendes et des sinécures, combien trouve-t-on de « godillots » ?
L'exiguïté de cette petite cour peuplée d'opportunistes plus que de vrais fidèles, ne permet pas d'imaginer que ses membres seraient assez nombreux pour former un Dernier Carré au cas où s'annoncerait la chute.
Car chute il y aura certainement !
Tous griefs mêlés, Sarkozy reçoit aujourd'hui le boomerang de la désillusion éprouvée par ceux des électeurs qui ont cru voir en lui un Rastignac prenant l'Elysée d'assaut pour débarrasser la France des scories du quinquennat Chirac dans les rangs duquel, pourtant, il avait pris plus que sa part de responsabilités.
Toujours en mouvement, parcourant la France dans tous les sens, déversant plusieurs fois par jour des tombereaux de promesses devant des auditoires de plus en plus certains que ce qu'il promet pour demain est la même chose que ce qu'il n'a pas été capable de réaliser hier.
Si l'on en croit les études spécialisées, il est également désavoué par tous ceux qui ont vu en lui un autre Le Pen, sans même parler de la plupart des journalistes, de la plupart des pêcheurs, des automobilistes des citoyens ordinaires et de l'Armée, la Grande Muette qui l'est de moins en moins, surtout pour manifester son désaveu des choix il est vrai criminel effectués par les pouvoirs en place.
A la vérité, Nicolas Sarkozy se dispense des règles pourtant naturelles qui découlent de la dignité de la fonction que les Français lui ont confiée.
Sans même évoquer les invectives et accrochage variés dont il émaille ses tournées populaires, on se souvient des embrassades à bouche-que-veux-tu, les tapes dans le dos, des tutoiements de vieux copains de lycée, cette familiarité déplacée dont il s'autorise pour appeler ses interlocuteurs par leur prénom...
Peut-être pense-t-il qu'en jouant « les jeunes chefs d'Etat dans le vent », il en imposera à leurs yeux.
Mais, observez bien : qui ne se souvient de la rigide Saxonne, Madame Merkel, écartant lentement le bras de notre Don Juan épanoui qui la prenait à la taille ?
Tout cela - me dira-t-on - n'est que l'écume des choses et traduit peut-être sa volonté de donner un tour original à des moeurs politiques parfois compassées ...
Le problème, c'est qu'en politique, rien n'est neutre.
L'image de la France dans le monde s'est singulièrement dégradée. Certes, cela ne date pas d'aujourd'hui et n'est pas imputable au seul Sarkozy. Mais depuis quelques mois, le coup d'accélérateur est net.
Tout y contribue. Le style baroque du Président, et aussi ses orientations politiques.
Par exemple, notre récente inféodation à la politique américaine est catastrophique. En effet, placer la France à la remorque de Washington n'est pas qu'une atteinte à l'orgueil national. C'est surtout une faute politique qui peut avoir des conséquences sur la sécurité de nos compatriotes, ans un contexte de recrudescence de l'activité terroriste « dormante » en Europe.
Alors que nous avons déjà envoyé des troupes en Afghanistan pour un résultat plus que mitigé, les talibans étant à nouveau aux portes de Kaboul, que l'intervention en Irak a englué ce pays dans le chaos, le Président a en effet annoncé que notre pays pourrait faire la guerre à l'Iran sur la question de la possession de l'arme nucléaire par ce pays.
J'affirme pour ma part que pour la majorité de nos concitoyens, les conflits moyen-orientaux ne valent pas la perte d'un seul soldat français.
Pourtant, il semble bien que le siège du Chef de l'Etat soit fait.
Est-ce la volonté de complaire à l'Oncle Sam ou le désir de s'attacher des lobbies fort utiles en France lors des élections, il vient, au cours d'un récent voyage dans ce chaudron brûlant, de promettre aux Israéliens la protection de la France dans l'hypothèse d'un conflit dans lequel, je le répète, nous n'avons rien à voir.
On me dira que faire la guerre pour le roi de Prusse est une vieille tradition française. Mais l'exemple des miettes que nous avons ramenées de notre participation à la première guerre du Golfe, devrait nous servir de leçon.
Cette façon cavalière de se défaire de la volonté du peuple français a atteint son apogée lorsque, passant outre les résultats du référendum sur la constitution européenne de 2005, il a décidé de lancer le traité de Lisbonne, copie fidèle de la défunte Constitution européenne, et de faire autoriser la ratification de ce texte par le Parlement, sans se soucier le moins du monde du découplage que cela a entrainé entre la Représentation Nationale et les citoyens-électeurs.
Il est vrai que les Français de notre temps étant depuis longtemps en léthargie, cette forfaiture qui ne touche pas directement à leur assiette du soir ne les précipite pas dans la rue.
Au contraire, la vox populi n'ayant manifesté sa colère que par le biais de quelques banderoles mollement agitées au vent de la décadence, notre Président a pu croire que le prestige dont il se donne les couleurs suffirait à mettre l'Europe à ses pieds.
Confondant sans doute le flamboyant esprit national des Irlandais avec ce qui reste du nôtre, Sarkozy n'attendit même pas la proclamation officielle de la victoire du « Non » pour déclarer : « On les fera revoter ».
Ce mépris affiché pour un peuple qui a survécu à sept siècles de domination anglaise et qui n'a acquis l'indépendance que depuis 70 ans, est comme un coup de cravache pour les Irlandais de toutes origines, nouveau coup de canif à l'image de notre pays dans le monde.
Le courageux peuple irlandais, encouragé par le Président polonais Kaczynski et le Président Thèque Vaclav Klaus, persistera à n'en point douter dans son refus de voir l'eurodictature s'ingérer dans les politiques nationales.
Enfin, je crois que le reproche cardinal que l'on peut faire à Sarkozy est celui de ne pas assez se situer par rapport à la nationalité française qui, bien entendu, est la sienne.
A chacun de ses déplacements, il se découvre ou nous révèle des ancêtres ou des attaches, civiles ou spirituelles... en Hongrie, en Grèce...
C'est tout à fait honorable mais, en quoi cela passionnerait-il nos compatriotes, qui préfèreraient certainement que leur Président se flatte d'être Français et s'honore d'être à la tête d'un peuple capable d'investir aux plus hautes charges le fils d'une famille très récemment française.
En 1797, aux Préliminaires de Léoben, Bonaparte déclara aux généraux autrichiens qu'il venait de battre : « Le plus grand honneur qui puisse échoir à un homme est d'être né Français ».
Plus modestement, je professe que, quand on a l'honneur d'être Français, il n'est pas besoin de chercher de la gloire ailleurs.
Alors, mesdames et messieurs, les choses sont claires.
Pour tout ce que notre Patrie mérite ; pour tout ce que Sarkozy ne fait pas ;
Pour la ruine vers laquelle il nous conduit ;
Pour ses mensonges et ses parjures ;
Pour la décadence dont il accélère le cours en ouvrant toutes grandes les portes d'une immigration de peuplement qui ramènera demain la France aux guerres de religion, éteintes maintenant depuis plus de trois siècles ;
Pour que, non content de construire une Europe dont les peuples ne veulent pas, il ne se mêle pas de la compliquer d'une Union méditerranéenne encadrée par l'assassin Bouteflika,
Pour qu'un gouvernement de Salut Public mette à bas sa politique néfaste et donne enfin la priorité aux intérêts vitaux de notre peuple....,
Pour tout cela à la fois, il faut chasser Sarkozy et ses séides du pouvoir, en mobilisant massivement l'opinion aux élections européennes qui viennent l'année prochaine, en faveur des seuls candidats qui ne l'ont jamais trompé, qui ne l'ont jamais trahi, qui n'ont jamais courbé l'échine.
Mobilisons-nous contre un pouvoir incapable de régler nos difficultés !
Mobilisons nous pour faire respecter nos droits contre l'eurodictature !
Avançons au pas de charge, étendard de la France éternelle au vent, et espérons, confiant, que la Providence nous donne le reste de surcroît !
Vive le Front National de la Jeunesse!
Vive le Front National !
Vive la France !
Source http://www.frontnational.com, le 8 juillet 2008