Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme, sur les relations franco-espagnoles dans le cadre de l'Union européenne, à Madrid le 2 juillet 2008.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Madrid-conférence de presse conjointe avec M. Diego Lopez Garrido, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, le 2 juillet 2008

Texte intégral

Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Secrétaire d'Etat,
Monsieur le Représentant de la Commission Européenne,
Mesdames, Messieurs,
Excusez-moi pour mon retard qui est dû à l'arrivée tardive de mon vol. Je suis heureuse d'avoir l'occasion d'intervenir devant vous, et tiens bien entendu à féliciter en tout primer lieu toute l'Espagne pour sa victoire de dimanche et le parcours extraordinaire de son équipe tout au long de cet Euro 2008.
Ensuite pour redire tout le prix que la France attache à la qualité de sa relation avec votre pays.
L'Espagne est pour nous ce grand pays qui réussit depuis vingt ans tout ce qu'il entreprend. L'Espagne, c'est une démocratie qui fait la synthèse de fortes particularités régionales avec la volonté commune de vivre ensemble. L'Espagne, c'est la 8ème puissance économique mondiale. L'Espagne, c'est un partenaire européen qui compte, notamment pour son rôle moteur au sein de l'Union européenne. France aime l'Espagne et y reconnaît un partenaire et un allié privilégié. Cette relation s'est bâtie, depuis de nombreuses années, au gré des gouvernements successifs.
La dernière manifestation de cette coopération c'est le succès de la réunion des Premiers ministres qui s'est tenue à Saragosse le 27 juin dernier. Nos deux pays ont conclu un accord qui va concrétiser un engagement ancien, la réalisation d'une ligne électrique à très haute tension entre nos deux pays. Je connais l'importance de ce projet pour l'Espagne.
Autre évidence de l'excellence de notre relation, c'est évidemment la lutte contre le terrorisme. C'est une collaboration exemplaire.
Je ne m'étendrai pas sur le détail de la diversité de nos contacts politiques, la diversité de nos échanges culturels, l'essor de nos liens économiques -la France et l'Espagne sont, comme vous le savez, des partenaires de premier plan, respectivement les 1er et 3ème partenaires commerciaux l'un pour l'autre.
Cette relation doit aujourd'hui se projeter dans l'avenir, non seulement dans un cadre bilatéral, mais aussi dans une perspective européenne. À cet égard, il y a deux rendez vous importants : la PFUE qui vient de commencer et la présidence espagnole de l'UE en 2010. Le Président SARKOZY a organisé récemment une réception à l'Elysée, où étaient présents les responsables européens, ainsi que M. Javier Solana.
Vous le savez, notre Présidence va débuter dans un contexte particulier. À la suite du « non » irlandais, nous invitons à la poursuite des procédures de ratification en cours et à la recherche de toutes les meilleures solutions pour l'Europe et pour l'Irlande. Même si, bien sûr, c'est aux Irlandais de faire connaître leurs intentions. Dans ce contexte, je voudrais saluer la ratification du Traite de Lisbonne par les députés espagnols, à une très large majorité.
Le message irlandais vient en tout état de cause renforcer notre objectif essentiel qui est d'être plus proche des citoyens dans quatre domaines : la lutte contre le changement climatique, la sécurité de l'approvisionnement énergétique, le renforcement de l'Europe de la défense, une approche commune des questions migratoires et d'asile. C'est dans cet esprit que la France aborde sa Présidence.
Je veux également aborder un projet qui est cher aux deux pays. L'appui de l'Espagne est évidemment indispensable pour donner un nouvel élan au partenariat entre l'Europe et la rive Sud de la Méditerranée. Nous n'oublions pas que ce partenariat est né dans ce pays, à Barcelone, en 1995, et l'Espagne a tout naturellement vocation à jouer, dans le reforcement du processus euro-méditerranéen, un rôle clé.
J'ajouterai que je suis heureuse d'être ici pour évoquer avec mon collègue, M. Diego LOPEZ GARRIDO, les lignes directrices de la PFUE dans le domaine des droits de l'homme : les violences faites aux femmes et les droits des homosexuels, la dépénalisation de l'homosexualité.
Ainsi que pour la peine de mort et le droit de l'enfance, il est possible d'avancer dans ce domaine. Cela est important pour nous, en en tant qu'Européens, mais aussi pour la France qui, comme vous le savez, a été élue au Conseil des droits de l'Homme. Il y a 90 pays dans le monde qui pénalisent l'homosexualité et six d'entre eux qui appliquent la peine de mort. Bien sûr, d'ici décembre, on ne va pas réussir à la dépénaliser dans les 90 pays, mais si on le fait dans un seul pays, rien que dans un seul pays, cela constituera un grand succès. Nous sauverons des milliers de vies.
Enfin, je n'oublierai pas la dimension culturelle de la Présidence française en relevant qu'elle rend largement hommage au génie artistique espagnol. Je ne peux que vous inviter à venir à Paris visiter les expositions en l'honneur de l'Espagne, telle la grande exposition « La Nuit espagnole, flamenco, avant-garde et culture populaire » ou encore une exposition « Picasso ».
source http://www.ambafrance-es.org, le 11 juillet 2008