Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors de la conférence de presse conjointe avec M. Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, sur l'appui de la France au règlement des crises à l'ONU, notamment le conflit israélo-palestinien, et les poursuites de la Cour pénale internationale contre le président soudanais, Paris le 14 juillet 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Chers Amis,
Je renouvelle mes voeux de bienvenue au Secrétaire général des Nations unies, même si j'ai déjà eu l'occasion de le faire ces dernières heures. C'est un ami que nous recevons. J'ai affirmé au Secrétaire général qui, je l'espère, n'avait pas besoin de ce renouvellement d'amitié et de soutien, notre désir d'être à ses côtés en ce qui concerne toutes les crises que nous avons à affronter : le Zimbabwe, le Darfour, le Kosovo. Nous avons parlé également de la Conférence sur la paix et la sécurité qui se tiendra à New York les 25 et 26 septembre. Ce sont les principaux sujets que nous avons abordés.
Q - J'ai une question concernant le Soudan. Est-ce que la France, est-ce que l'ONU sont prêts à soutenir la Cour pénale internationale quelles que soient les conséquences dans les poursuites qui sont enclenchées contre le président du Soudan ou seulement dans la mesure où cela ne met pas en danger la solution politique que vous appelez de vos voeux.
R - C'est une question pertinente et délicate. Le Secrétaire général fera part du point de vue des Nations unies. A mon avis, on ne peut pas dire une chose et faire le contraire. Nous savons quelles seront les conséquences mais nous sommes des partisans de cette Cour pénale internationale et nous savons qu'il n'est pas possible de se soustraire à ses décisions. Ceci dit nous sommes conscients de la nécessité de parler avec le président Al-Bachir, nous sommes conscients de la nécessité de ne pas provoquer quoique ce soit et nous maintenons le soutien de la France aux opérations de maintien de la paix menées par l'Union africaine et par l'ONU. Notre position ne change pas et nous pensons surtout aux populations du Darfour. Comme vous le savez, de l'autre côté de la frontière, au Tchad, la force "EUFOR" est déployée et devrait permettre, nous l'espérons, un jour d'arriver à une situation qui conduise à la paix.
Permettez-moi d'ajouter que c'est une décision de la Cour pénale internationale et le président Al-Bachir doit la respecter. Il doit mettre en oeuvre les décisions qu'on lui propose.
Q - La déclaration finale a été corrigée ?
R - Pas encore, elle va être corrigée. Comme vous le savez, nous avons proposé un texte très rapidement parce que c'était la fin de la conférence. Or ce texte n'avait pas été lu, du moins il avait été lu dans ses versions précédentes. Il a donc été relu et il y a eu un certain nombre de réactions notamment concernant le paragraphe 7. Il y a une règle très difficile liée à ce genre d'exercice et que l'on applique quand les deux protagonistes intéressés ne sont pas d'accord, on supprime, c'est la seule façon d'avoir un texte accepté dans son ensemble. Le paragraphe 7 a été supprimé parce que l'on ne pouvait pas faire autrement. Dans le paragraphe 7, il était fait référence à tout le Processus de paix alors on va le rétablir avec les corrections qui sont demandées, surtout la référence à la conférence de Madrid. Mais tout cela n'est pas très grave, cela ne change pas le texte mais il est vrai que cela a été rapidement fait. Certains délégations ont protesté pour ne pas avoir eu suffisamment de temps pour lire le texte qu'ils avaient reçu dans une version précédente
Q - C'est une demande syrienne ?
R - En particulier mais pas seulement. Mais ce n'est pas grave, la référence à la Conférence de Madrid ne pose pas de difficulté.
Q - Pouvez-vous nous expliquer plus précisément comment cela va se passer, vous publiez un nouveau texte ?
R - Non, le texte est accepté sauf le paragraphe 7.
Q - Donc, vous l'ajoutez.
R - Non, je ne peux pas l'ajouter, je veux que les remarques qui me seront adressées, qui sont en train de nous être adressées comprennent en particulier la référence à la Conférence de Madrid à laquelle tout le monde a participé et qui a fait avancer la paix.
Q - Concernant le concept d'Etat Nation.
R - Cela n'a pas été accepté et c'est cela qui nourri toute la discussion.
Q - Qu'allez-vous proposer maintenant ?
R - Il n'y a pas de formule proposée.
Q - Pourquoi ne pas proposer deux Etats tout simplement ?
R - Parce que vous imaginez que je ne l'ai pas proposé ? Cela a alimenté les 5 heures de discussions ; bien entendu je l'ai proposé
Q - Pourquoi n'avez-vous pas insisté auprès des délégations ?
R - J'étais neutre, assumant la Présidence de l'Union européenne. Il fallait, donc, que les Israéliens et les Palestiniens se mettent d'accord sur la formule. Ils ne sont pas tombés d'accord au terme de discussions très longues. Je vous signale qu'ils ne sont pas tombés d'accord après Annapolis après 15 jours de discussions. Avec le président Bush, nous pensions de façon très prétentieuse y arriver, on y arrivera peut-être la prochaine fois, c'est toujours ainsi. Ce n'est pas un problème politique, c'est un problème de rédaction.
Sur l'initiative arabe, il y a un accord dans les deux sens et cela n'a pas été un problème. Il y avait un accord sur l'initiative arabe et sur la présentation écrite de la Ligue arabe. Cela a été accepté, mais, vous savez, c'est juste une question, il aurait fallu une heure de plus, on n'a pas eu le temps ; maintenant, on rectifie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juillet 2008