Texte intégral
P. Ganz.- Je vous joins dans le Sud de la France, à Saint-Maximin, c'est sur la côte méditerranéenne. C'est une des étapes de votre tournée sur les lieux de vacances des Français, qui va vous conduire un peu partout en France pendant ce mois d'août. Comment se passe cet été ? Est-ce que l'envolée des prix de l'essence, la baisse du pouvoir d'achat, ont un impact sur les vacances des Français ?
Il est un peu tôt pour tirer des conclusions définitives. On est à la fin du mois de juillet, au début du mois d'août, et les comportements des Français changent indépendamment, du reste des difficultés ou de la conjoncture économique. Par exemple, on part plus longtemps en septembre, et septembre tend à devenir un mois identique au mois de juillet et août, parce qu'une nouvelle clientèle préfère partir en septembre. Ce sont les seniors, les Français qui sont un peu plus âgés et qui ont une santé qui leur permet de partir différemment. Donc il est tôt, mais ce qu'on peut dire - ça, c'est l'enquête du Credoc que j'ai commandée qui nous le dit -, c'est que les Français sont partis et souhaitent partir en vacances et veulent partir en vacances, et donc vont partir en vacances...
Mais dépensent un tout petit peu moins...
...Mais font des arbitrages sur les dépenses, car ils ont le même budget. Ils disposent globalement d'un budget identique à celui de l'année dernière pour partir en vacances, simplement certains prix se sont envolés et ça contraint à faire des arbitrages.
Selon l'Union des métiers de l'industrie hôtelière, dans certains secteurs de la restauration, la fréquentation a baissé de 20 à 30 % quand même en juillet. Est-ce que ça vous inquiète ?
Il y a des zones de fragilités comme celles que vous décrivez. Les dépenses que les Français affirment vouloir réduire s'ils doivent le faire, ce sont les dépenses dites d'activité de confort ou d'activités ludiques payantes. Et il y a évidemment la restauration qui peut être affectée par un certain choix différent fait par les Français qui sont en vacances. C'est du reste la raison pour laquelle il y a une obligation, vraiment une très forte volonté du Gouvernement, du président de la République, d'aller à un taux réduit de TVA pour la restauration avant la fin de l'année, d'arracher ce principe à l'Union européenne lors de la présidence française.
Est-ce que la présence de touristes étrangers, européens notamment, sur notre territoire, en France, compense un petit peu cette légère, légère faiblesse française ?
J'étais hier dans un grand camping, près de Fréjus, du reste qui affichait complet, et cette forme d'hôtellerie de plein air, elle se porte très bien en ce début de saison, et là il y avait une clientèle étrangère habituelle. Vous la connaissez, ce sont les Anglais, les Allemands, les Hollandais ou les Belges qui fréquentent assidûment nos côtes. Eh bien, cette clientèle est au rendez-vous et de ce point de vue, on ne peut que s'en réjouir. Je rappelle quand même que la France est la première destination touristique au monde.
Oui, c'est vrai, mais si vous dites ça, je suis obligé de vous rappeler quand même qu'en 2000, on représentait 11 % du tourisme mondial et qu'on ne représente plus que 9 %.
Vous avez tout à fait raison et c'est pour ça que j'ai tenu les Assises nationales du tourisme à Paris, au mois de juin, pour décider un certain nombre d'orientations avec les professionnels et avec les collectivités territoriales.
On peut renverser la tendance ?
Absolument ! On a des exemples : regardez les Espagnols, regardez l'Espagne, ils sont aujourd'hui la deuxième nation touristique en termes de recettes, et ils l'ont fait à partir d'une démarche très volontariste.
Si on regarde la côte espagnole, ce n'est pas forcément partout un très beau résultat architectural et écologique.
C'est la raison pour laquelle ils ont beaucoup évolué dans leur forme de développement touristique. Aujourd'hui, ils se développent sur des thématiques assez innovantes. Je pense par exemple au tourisme événementiel, celui qui est lié à un événement concret et qui fait se déplacer des milliers et des milliers de touristes.
Vous voulez développer ça en France, monsieur le ministre ?
Je veux faire plusieurs choses. Je veux d'abord améliorer l'accueil et quand je parle de l'accueil, ce n'est pas uniquement l'accueil dans tel ou tel hôtel, ou tel ou tel restaurant...
Mais pourquoi, on n'est pas aimables en France ?
...Du reste, ça c'est largement amélioré. Mais l'accueil, c'est aussi la capacité à se faire délivrer un visa touristique dans des conditions de temps assez raisonnables, d'avoir des dessertes aériennes qui permettent des vols dans de bonnes conditions, avoir un douanier qui vous accueille et en nombre suffisant pour que la file ne soit pas trop longue, avoir des personnels formés dans les restaurants ou dans les hôtels qui puissent répondre à votre demande de service. Ça, c'est la première des orientations que j'ai prises...
H. Novelli, permettez : ce que vous citez là, on a besoin en France de faire un effort sur la qualité de l'accueil, la compétence des personnels d'accueil ?
Absolument, comme partout du reste. Il faut élever la qualité de notre offre et c'est pour ça que l'offre touristique française, qui est d'une extraordinaire richesse en termes de paysages, de variétés et d'histoire et de culture, elle doit être améliorée en ce qui concerne l'accueil. Prenez les hôtels : eh bien sur les 20.000 hôtels français, il y en a 15.000 qui doivent être aujourd'hui rénovés parce que ce sont souvent des hôtels familiaux ou des hôtels créés par des personnes qui n'ont pas forcément suffisamment de rentabilité pour pouvoir restaurer leur hôtel. Eh bien, nous allons les accompagner dans cette restauration nouvelle, dans cette rénovation de l'hôtellerie française, et c'est pour ça que j'ai annoncé, par exemple, la création d'une nouvelle classification qui ira de 1 à 5 étoiles, comme le font beaucoup de pays qui nous environnent. Et ça c'est la deuxième stratégie, c'est-à-dire une amélioration de notre offre, une innovation dans cette offre qui doit aujourd'hui se renouveler pour continuer à attirer des touristes qui maintenant, dans le cadre de la globalisation comme on dit, ont le choix.
Est-ce qu'en France, on se serait un petit peu endormis sur nos lauriers ?
Nous sommes la première destination, et donc quand on est premier...
Oui, mais on a tellement répété qu'on a oublié de moderniser, c'est ça ?
C'est un peu cela. En tout cas, les chiffres que vous avez cités sont exacts et ça doit nous inciter à aller beaucoup plus loin. Regardez, par exemple - et ça c'est le troisième axe stratégique que je souhaite porter -, nous n'avions pas de marque pour promouvoir notre territoire il n'y avait pas de marque France pour inciter les touristes étrangers à venir chez nous.
Et vous en créez une ?
Nous en créons une et une campagne de promotion démarrera au plan mondial.
Est-ce que ça veut dire que vous incitez les touristes à aller ailleurs qu'à Paris, parce que les étrangers ils viennent d'abord à Paris ?
C'est un des problèmes français que d'avoir un tourisme très concentré. Il se concentre essentiellement à Paris et puis aussi dans le Sud-Est, sur la Côte d'Azur...
Alors qu'il y a de beaux coins ailleurs !
C'est ce que je souhaite, c'est rééquilibrer notre tourisme, faire en sorte qu'il se diffuse sur l'ensemble du territoire. Ici, je suis à Saint-Maximin, dans un hôtel qui s'est implanté dans une remarquable abbaye, c'est une forme d'association entre la culture, l'histoire et le développement économique que je souhaite vraiment porter.
Vous étiez, hier, à Nice, vous avez annoncé la possibilité de modifier les règles d'installation des restaurants de plage ; vous faites faire une étude sur ce thème. Est-ce que c'est compatible plus de restaurants sur les plages avec la protection du littoral ?
C'est tout l'enjeu. Il faut qu'il y ait cet équilibre, à l'évidence. Il faut que le domaine public demeure ce qu'il est et qu'il y ait une accessibilité totale de ce domaine public pour l'ensemble des personnes, mais il faut aussi que le développement économique et les recettes, je rappelle quand même que les recettes touristiques françaises c'est 6,5 % de notre PIB, donc il faut que ces recettes puissent être là. Et pour cela, ce décret de 2006...
Mais on ne va pas voir fleurir des paillotes partout ?
Absolument pas ! Ce décret de 2006 ne sera pas remis en cause dans son intégralité. Ce que j'ai souhaité avec J.-L. Borloo, qui a diligenté une mission pour venir se rendre sur place, c'est qu'un certain nombre de spécificités soient prises en compte. Je prends l'exemple de Nice : Nice a une plage très peu large, ce n'est pas de sa faute, et lorsqu'on dit "sur cette plage très peu large, vous ne pourrez pas construire, vous ne pourrez pas occuper le domaine public au-delà de 20 %", c'est beaucoup plus grave pour Nice que pour La Baule qui a une plage extraordinaire.
Donc, ce sera modulé ?
Ce sera modulé, enfin en tout cas nous attendrons les conclusions de cette mission qui les rendra avant la fin de l'année.
Merci H. Novelli.
Merci à vous.
Je ne vous souhaite pas bonnes vacances parce que si j'ai bien compris, vous allez bosser, vous.
Oui, oui, mais vous savez, bosser en se rendant sur place pour voir le territoire français ça n'est pas vraiment une punition.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er août 2008
Il est un peu tôt pour tirer des conclusions définitives. On est à la fin du mois de juillet, au début du mois d'août, et les comportements des Français changent indépendamment, du reste des difficultés ou de la conjoncture économique. Par exemple, on part plus longtemps en septembre, et septembre tend à devenir un mois identique au mois de juillet et août, parce qu'une nouvelle clientèle préfère partir en septembre. Ce sont les seniors, les Français qui sont un peu plus âgés et qui ont une santé qui leur permet de partir différemment. Donc il est tôt, mais ce qu'on peut dire - ça, c'est l'enquête du Credoc que j'ai commandée qui nous le dit -, c'est que les Français sont partis et souhaitent partir en vacances et veulent partir en vacances, et donc vont partir en vacances...
Mais dépensent un tout petit peu moins...
...Mais font des arbitrages sur les dépenses, car ils ont le même budget. Ils disposent globalement d'un budget identique à celui de l'année dernière pour partir en vacances, simplement certains prix se sont envolés et ça contraint à faire des arbitrages.
Selon l'Union des métiers de l'industrie hôtelière, dans certains secteurs de la restauration, la fréquentation a baissé de 20 à 30 % quand même en juillet. Est-ce que ça vous inquiète ?
Il y a des zones de fragilités comme celles que vous décrivez. Les dépenses que les Français affirment vouloir réduire s'ils doivent le faire, ce sont les dépenses dites d'activité de confort ou d'activités ludiques payantes. Et il y a évidemment la restauration qui peut être affectée par un certain choix différent fait par les Français qui sont en vacances. C'est du reste la raison pour laquelle il y a une obligation, vraiment une très forte volonté du Gouvernement, du président de la République, d'aller à un taux réduit de TVA pour la restauration avant la fin de l'année, d'arracher ce principe à l'Union européenne lors de la présidence française.
Est-ce que la présence de touristes étrangers, européens notamment, sur notre territoire, en France, compense un petit peu cette légère, légère faiblesse française ?
J'étais hier dans un grand camping, près de Fréjus, du reste qui affichait complet, et cette forme d'hôtellerie de plein air, elle se porte très bien en ce début de saison, et là il y avait une clientèle étrangère habituelle. Vous la connaissez, ce sont les Anglais, les Allemands, les Hollandais ou les Belges qui fréquentent assidûment nos côtes. Eh bien, cette clientèle est au rendez-vous et de ce point de vue, on ne peut que s'en réjouir. Je rappelle quand même que la France est la première destination touristique au monde.
Oui, c'est vrai, mais si vous dites ça, je suis obligé de vous rappeler quand même qu'en 2000, on représentait 11 % du tourisme mondial et qu'on ne représente plus que 9 %.
Vous avez tout à fait raison et c'est pour ça que j'ai tenu les Assises nationales du tourisme à Paris, au mois de juin, pour décider un certain nombre d'orientations avec les professionnels et avec les collectivités territoriales.
On peut renverser la tendance ?
Absolument ! On a des exemples : regardez les Espagnols, regardez l'Espagne, ils sont aujourd'hui la deuxième nation touristique en termes de recettes, et ils l'ont fait à partir d'une démarche très volontariste.
Si on regarde la côte espagnole, ce n'est pas forcément partout un très beau résultat architectural et écologique.
C'est la raison pour laquelle ils ont beaucoup évolué dans leur forme de développement touristique. Aujourd'hui, ils se développent sur des thématiques assez innovantes. Je pense par exemple au tourisme événementiel, celui qui est lié à un événement concret et qui fait se déplacer des milliers et des milliers de touristes.
Vous voulez développer ça en France, monsieur le ministre ?
Je veux faire plusieurs choses. Je veux d'abord améliorer l'accueil et quand je parle de l'accueil, ce n'est pas uniquement l'accueil dans tel ou tel hôtel, ou tel ou tel restaurant...
Mais pourquoi, on n'est pas aimables en France ?
...Du reste, ça c'est largement amélioré. Mais l'accueil, c'est aussi la capacité à se faire délivrer un visa touristique dans des conditions de temps assez raisonnables, d'avoir des dessertes aériennes qui permettent des vols dans de bonnes conditions, avoir un douanier qui vous accueille et en nombre suffisant pour que la file ne soit pas trop longue, avoir des personnels formés dans les restaurants ou dans les hôtels qui puissent répondre à votre demande de service. Ça, c'est la première des orientations que j'ai prises...
H. Novelli, permettez : ce que vous citez là, on a besoin en France de faire un effort sur la qualité de l'accueil, la compétence des personnels d'accueil ?
Absolument, comme partout du reste. Il faut élever la qualité de notre offre et c'est pour ça que l'offre touristique française, qui est d'une extraordinaire richesse en termes de paysages, de variétés et d'histoire et de culture, elle doit être améliorée en ce qui concerne l'accueil. Prenez les hôtels : eh bien sur les 20.000 hôtels français, il y en a 15.000 qui doivent être aujourd'hui rénovés parce que ce sont souvent des hôtels familiaux ou des hôtels créés par des personnes qui n'ont pas forcément suffisamment de rentabilité pour pouvoir restaurer leur hôtel. Eh bien, nous allons les accompagner dans cette restauration nouvelle, dans cette rénovation de l'hôtellerie française, et c'est pour ça que j'ai annoncé, par exemple, la création d'une nouvelle classification qui ira de 1 à 5 étoiles, comme le font beaucoup de pays qui nous environnent. Et ça c'est la deuxième stratégie, c'est-à-dire une amélioration de notre offre, une innovation dans cette offre qui doit aujourd'hui se renouveler pour continuer à attirer des touristes qui maintenant, dans le cadre de la globalisation comme on dit, ont le choix.
Est-ce qu'en France, on se serait un petit peu endormis sur nos lauriers ?
Nous sommes la première destination, et donc quand on est premier...
Oui, mais on a tellement répété qu'on a oublié de moderniser, c'est ça ?
C'est un peu cela. En tout cas, les chiffres que vous avez cités sont exacts et ça doit nous inciter à aller beaucoup plus loin. Regardez, par exemple - et ça c'est le troisième axe stratégique que je souhaite porter -, nous n'avions pas de marque pour promouvoir notre territoire il n'y avait pas de marque France pour inciter les touristes étrangers à venir chez nous.
Et vous en créez une ?
Nous en créons une et une campagne de promotion démarrera au plan mondial.
Est-ce que ça veut dire que vous incitez les touristes à aller ailleurs qu'à Paris, parce que les étrangers ils viennent d'abord à Paris ?
C'est un des problèmes français que d'avoir un tourisme très concentré. Il se concentre essentiellement à Paris et puis aussi dans le Sud-Est, sur la Côte d'Azur...
Alors qu'il y a de beaux coins ailleurs !
C'est ce que je souhaite, c'est rééquilibrer notre tourisme, faire en sorte qu'il se diffuse sur l'ensemble du territoire. Ici, je suis à Saint-Maximin, dans un hôtel qui s'est implanté dans une remarquable abbaye, c'est une forme d'association entre la culture, l'histoire et le développement économique que je souhaite vraiment porter.
Vous étiez, hier, à Nice, vous avez annoncé la possibilité de modifier les règles d'installation des restaurants de plage ; vous faites faire une étude sur ce thème. Est-ce que c'est compatible plus de restaurants sur les plages avec la protection du littoral ?
C'est tout l'enjeu. Il faut qu'il y ait cet équilibre, à l'évidence. Il faut que le domaine public demeure ce qu'il est et qu'il y ait une accessibilité totale de ce domaine public pour l'ensemble des personnes, mais il faut aussi que le développement économique et les recettes, je rappelle quand même que les recettes touristiques françaises c'est 6,5 % de notre PIB, donc il faut que ces recettes puissent être là. Et pour cela, ce décret de 2006...
Mais on ne va pas voir fleurir des paillotes partout ?
Absolument pas ! Ce décret de 2006 ne sera pas remis en cause dans son intégralité. Ce que j'ai souhaité avec J.-L. Borloo, qui a diligenté une mission pour venir se rendre sur place, c'est qu'un certain nombre de spécificités soient prises en compte. Je prends l'exemple de Nice : Nice a une plage très peu large, ce n'est pas de sa faute, et lorsqu'on dit "sur cette plage très peu large, vous ne pourrez pas construire, vous ne pourrez pas occuper le domaine public au-delà de 20 %", c'est beaucoup plus grave pour Nice que pour La Baule qui a une plage extraordinaire.
Donc, ce sera modulé ?
Ce sera modulé, enfin en tout cas nous attendrons les conclusions de cette mission qui les rendra avant la fin de l'année.
Merci H. Novelli.
Merci à vous.
Je ne vous souhaite pas bonnes vacances parce que si j'ai bien compris, vous allez bosser, vous.
Oui, oui, mais vous savez, bosser en se rendant sur place pour voir le territoire français ça n'est pas vraiment une punition.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er août 2008