Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames Messieurs les députés, je suis doublement honoré. D'abord de m'exprimer dans ce temple de la démocratie européenne, ensuite de le faire face aux pères fondateurs du développement européen moderne que vous êtes.
Loin de moi l'idée de vous présenter les défis qui nous attendent, vous en débattez quotidiennement. Je me contenterai de vous exposer la façon dont nous proposons de faire face à ce qui est sans doute un des semestres les plus stratégiques pour notre ambition commune de faire reculer la pauvreté.
Sur la méthode. Nos travaux s'inscrivent dans la continuité. Ils se basent sur les initiatives en cours et s'inscrivent dans le programme développé en commun avec nos amis tchèques et suédois. Je remercie en passant la présidence sortante slovène de nous avoir bien préparé le terrain.
Sur la forme. Notre programme se veut pragmatique et hors de tout a priori politique. Il est donc dirigé exclusivement par un souci constant de mise en oeuvre, de flexibilité mais aussi de refus de la naïveté.
Vous m'excuserez d'avance des références françaises qui peuvent émailler ce discours. Je suis très conscient du rôle d'agent collectif d'une présidence. Ces références ne visent qu'à illustrer notre propre respect des engagements européens.
I. Nos priorités
Nos priorités se construisent autour de trois blocs sur lesquels nous devons ensemble faire jouer la force des synergies européennes.
A. Notre premier bloc de travail vise à mieux articuler nos politiques de lutte contre la pauvreté.
A.1. Il s'agit en premier lieu de soutenir le développement humain.
Soutenir le développement humain en poursuivant les efforts visant à progresser vers les Objectifs du Millénaire, objectifs réaffirmés par l'appel à l'action du conseil européen de juin. Nous nous focaliserons sur la santé et le financement durable de celle-ci.
Soutenir le développement humain, en continuant à améliorer la gouvernance. Nous nous focaliserons sur la gouvernance locale et un projet de charte sur le rôle et l'appui aux acteurs locaux.
Soutenir le développement humain, aussi en affirmant le lien entre culture et développement. Nous mettrons le multilinguisme au coeur des débats.
A.2. Il s'agit en second lieu de soutenir le développement économique.
D'abord et en priorité, mais dans un souci de long terme, en soutenant le secteur productif agricole.
Ensuite en soutenant l'investissement en Afrique. C'est aussi une des logiques derrière les Accords de Partenariats Economiques et l'intégration régionale. Attirer les investissements par la création au sud de marchés de taille attractive puis en leur assurant des débouchés sud-sud et nord-sud.
Enfin, en renforçant l'effet levier de l'APD sur le développement économique que ce soit à travers la gouvernance économique ou la facilitation de l'environnement de l'investissement.
A.3. Il s'agit en troisième lieu de lutter contre le changement climatique.
Sur ce sujet éminemment complexe, il est devenu absolument nécessaire de travailler ensemble à la convergence des efforts que nous entreprenons en matière de lutte contre le changement climatique et de lutte contre la pauvreté. Je note du G8 une première note d'espoir sur cette priorité générale de la Présidence aussi bien de la part des Etats-Unis que du G5.
Ces trois piliers l'humain, l'économique, le climatique doivent être mieux articulés. C'est notre premier axe de travail
B. Notre second bloc de travail vise à renforcer nos moyens.
B.1 Nous devons continuer à renforcer l'efficacité du développement. Il ne s'agit pas d'une alternative au financement mais bien au contraire d'une condition nécessaire de celle-ci.
Une meilleure efficacité de l'aide. Je suis ravi que les travaux au Conseil aient permis, dès aujourd'hui, l'adoption d'une position ambitieuse et dynamique de l'Union Européenne pour Accra. La division du travail dans toutes ses dimensions est un vrai défi que nous adresserons.
Une meilleure cohérence de l'aide. Je connais bien le rôle majeur joué par votre commission sur les progrès enregistrés sur ce sujet. Nous nous focaliserons principalement sur deux éléments. D'une part les liens entre toutes les politiques et la sécurité alimentaire. D'autre part le lien entre migration et développement, pour une gestion des flux migratoires au bénéfice de tous.
Enfin, une meilleure architecture de l'aide. La multiplication des acteurs et des instruments se poursuit. Nous devons adresser cette dimension, un peu oubliée dans la pratique, de la division du travail.
B.2 Nous devons, bien sur, aussi renforcer le financement du développement
Il s'agit d'abord de progresser vers nos objectifs d'APD. L'Union maintient le cap malgré un contexte budgétaire difficile. Nous allons quant même à Doha en ayant réussi nos engagements de Monterrey, le 0.39% pour 2006, qui ne sont pas suffisants mais qui je le rappelle, paraissaient inaccessibles à l'époque.
Bien sur nous voulons faire plus et mieux. Et nous le ferons. Permettez moi de souligner que, premier bailleur au monde, l'Europe n'a pas à rougir de son aide publique au développement. Et que la question reste aussi celle du partage de l'effort.
Mais l'aide publique, bien qu'elle soit fondamentale, ne peut pas tout. Les OMD ne pourront être atteints sans mobilisation de ressources privées et le décollage de la croissance économique.
Il s'agit donc aussi de développer de nouvelles sources de financements et de créer une véritable mobilisation des ressources des pays bénéficiaires. Vous ne serez pas surpris que le succès de la taxe sur les billets d'avion conforte notre volonté de faire avancer ce type de source innovante.
Il s'agit aussi d'adapter nos instruments d'appui au développement économique.
La position forte du Conseil européen pour un développement contre la pauvreté et pour la croissance repose sur deux piliers. L'appel à l'action sur les OMD et le soutien au développement économique. Nous lancerons une vaste initiative de soutien à la croissance économique en Afrique ouverte à tous. La France y participera pour 2,5 Milliard d'euros au cours des 5 prochaines années. Ceux-ci ne seront pas comptabilisés en APD mais contribueront en parallèle à l'éradication de la pauvreté.
B.3. Renforcer nos moyens. Au-delà de l'efficacité et du financement du développement il s'agit aussi de renforcer notre réponse face aux situations difficiles, qu'elles soient liées aux situations de fragilité, aux zones en conflit ou aux grandes catastrophes. Je ne peux que féliciter votre commission pour son travail vers l'adoption d'un Consensus Européen pour l'Humanitaire.
Ces trois piliers l'efficacité, le financement et les crises doivent être renforcés en parallèle. C'est notre second axe de travail.
C. Notre troisième bloc de travail vise à développer nos partenariats.
C.1 Il s'agit d'abord de nourrir nos grands partenariats. Je me félicite du succès avant-hier du sommet de Paris pour la méditerranée, qui a permis de redonner un second souffle au processus de Barcelone. La mise en oeuvre du partenariat UE-Afrique sera au centre de nos préoccupations, en particulier ces volets si importants « paix » et « climat ». Je n'oublie pas la révision de Cotonou ni surtout l'Assemblée Parlementaire Paritaire qui est une référence par nature du dialogue démocratique.
C.2 Il s'agit aussi de dialoguer avec de nouveaux acteurs. Le Sommet EU-Chine sera l'occasion d'avoir un dialogue franc sur l'Afrique. Nous devrons l'aborder sans a priori et sans naïveté. Au delà du dialogue politique nous devons aussi réfléchir à des projets communs avec la Chine Vous ne serez pas surpris que la sécurité alimentaire soit un des premiers thèmes qui viennent à l'esprit.
C.3 Nous viserons aussi d'autres acteurs plus proches avec lesquels nous n'avons pas de véritable tradition de travail structurée notamment les autorités locales et le secteur privé.
Le dialogue est toujours un défi mais un défi toujours enrichissant. C'est le troisième axe sur lequel nous devons ensemble faire jouer la force des synergies européennes.
Voilà en quelques mots les grandes lignes du volet développement de la Présidence.
II. Des sujets sensibles
Si vous me permettez.
Nous sommes en famille. On peut donc tout se dire. Je suis bien conscient que certains sujets sensibles créent des a priori. Autant les aborder.
Premièrement. Avant de présider, il faut donner l'exemple et balayer devant sa porte. Depuis mon arrivée il y a trois mois nous avons lancé 8 chantiers concrets afin d'achever la réforme de l'aide française. Ces réformes sont toutes en conformité avec les grands engagements de l'Union. Permettez moi de souligner qu'elles visent aussi à rattraper le retard que nous avions pris sur un certain nombre de sujets clés, comme le genre, le soutien aux ONG, et la perception par le public français des objectifs du millénaire qui feront l'objet d'une grande campagne publique.
Deuxièmement, l'APD. Je suis, vous vous en doutez bien, le premier à déplorer la baisse en 2007 du budget dont j'ai la charge, due à la fin des opérations d'annulation de dettes. La France reste quant même en volume le deuxième donateur européen et le premier pays du G8 en termes d'effort. L'aide hors dette a augmenté de 4,3% ce qui est supérieur à la moyenne de l'Union. Le président de la République a reconfirmé notre engagement d'atteindre les 0,7% d'ici 2015. Le gouvernement s'est engagé au retour à l'équilibre budgétaire pour 2012, établir un calendrier précis de déploiement n'est donc pas à ce stade possible. Par contre dès 2009 nous bénéficierons d'un budget triennal qui permettra une meilleure prévisibilité de notre aide.
Troisièmement, les Accords de Partenariats Economiques. Ce débat essentiel a pris une tournure émotionnelle. On ne peut évidement que regretter que le processus commercial n'ait pas laissé plus de place aux questions de développement. Bien sur qu'il faut plus de flexibilité, bien sur qu'il faut du cas par cas. Ce qui est important est que les pays sous pression sont désormais protégés par des accords intérimaires. Nous avons donc du temps. Il s'agit maintenant de travailler sereinement. Concentrons nous sur le concret, sur les liens entre APE, sécurité alimentaire et intégration régionale.
Quatrièmement, le développement économique. Je sais bien que le concept peut encore faire l'objet de procès en sorcellerie. Il part pourtant de deux constats de bon sens. Un. Pour éradiquer la pauvreté il faut créer des richesses ce qui ne se fait surtout par l'économique. Deux. Là où la pauvreté recule il y a eu développement économique. J'ajoute, qu'il s'agit aussi d'une demande de nos partenaires eux-mêmes et notamment des populations africaines. Il ne s'agit pas de renoncer aux OMD mais de nous doter de moyens additionnels pour mieux les atteindre.
III. Un fil vert pour la présidence
Enfin, soyons transparents. Chaque présidence a un fil rouge qui transcende ses travaux. Nous aurons, nous, un fil vert. L'objectif du millénaire numéro 1. La lutte contre la faim, ramenée sur le devant de la scène par la crise alimentaire.
Au-delà de l'urgence, nous devons établir une véritable réponse de long terme à ce qui est surtout une crise sociale et d'abandon des politiques publiques.
Nous avons proposé lors du sommet de la FAO un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture. Le Conseil européen a repris cet objectif désormais inséré dans l'appel à l'action de l'Union en faveur des OMD. Nous pouvons considérer comme un succès européen la reprise in extenso de notre ambition par le G8.
Nous travaillerons donc sous présidence sur les trois volets de ce partenariat.
D'abord, la cohérence et la coordination. Le traitement de la crise alimentaire passe avant tout par son lien avec les APE, les programmes régionaux, l'eau, l'énergie, les biocarburants, le climat, le développement économique, et l'éducation professionnelle. Les politiques des acteurs ne peuvent plus être contradictoires. Nous avons besoin d'un système mondial et commercial stable.
Ensuite, l'expertise. Nous avons besoin d'un groupe scientifique qui fournisse une analyse a-politique des besoins et des risques du futur, à l'instar du GIEC pour l'environnement.
Enfin, la mobilisation des financements. Au-delà des financements additionnels, souvent en premier sur le devant de la scène, nous devons d'abord corriger le traitement de ce secteur essentiel devenu orphelin de l'aide et surtout des politiques.
IV. Conclusion
Vous l'aurez compris au-delà de tous les sujets qui seront traités et qui sont tous importants, notre priorité est la relance de l'agriculture familiale et vivrière de façon à lutter contre la crise alimentaire durablement. L'échec de la politique alimentaire provoquerait un recul général des OMD inacceptable.
L'union Européenne est le premier bailleur mondial. Elle a d'autant plus la responsabilité de définir une stratégie alimentaire de long terme. Une approche, au-delà de la crise actuelle, qui doit aider à préparer l'alimentation mondiale d'un XXIe siècle à 9 milliards d'habitants.
Une approche, qui traite aussi d'une forme d'exception alimentaire.
Voila mesdames messieurs les députés européens les éléments de travail, encore tous très ouverts, que je voulais partager avec vous.
Laissez moi conclure en soulignant que vous trouverez en nous une présidence ouverte et à l'écoute du Parlement européen, et d'ailleurs de l'ensemble des acteurs du développement dont je vois un bon nombre dans la salle.
Il est inutile de vous rappeler notre appui à la budgétisation du Fond Européen
de Développement et du rôle accru qui en découle pour cette commission et que
nous soutenons.
Merci de votre attention.
Source http://www.ue2008.fr, le 6 août 2008
Loin de moi l'idée de vous présenter les défis qui nous attendent, vous en débattez quotidiennement. Je me contenterai de vous exposer la façon dont nous proposons de faire face à ce qui est sans doute un des semestres les plus stratégiques pour notre ambition commune de faire reculer la pauvreté.
Sur la méthode. Nos travaux s'inscrivent dans la continuité. Ils se basent sur les initiatives en cours et s'inscrivent dans le programme développé en commun avec nos amis tchèques et suédois. Je remercie en passant la présidence sortante slovène de nous avoir bien préparé le terrain.
Sur la forme. Notre programme se veut pragmatique et hors de tout a priori politique. Il est donc dirigé exclusivement par un souci constant de mise en oeuvre, de flexibilité mais aussi de refus de la naïveté.
Vous m'excuserez d'avance des références françaises qui peuvent émailler ce discours. Je suis très conscient du rôle d'agent collectif d'une présidence. Ces références ne visent qu'à illustrer notre propre respect des engagements européens.
I. Nos priorités
Nos priorités se construisent autour de trois blocs sur lesquels nous devons ensemble faire jouer la force des synergies européennes.
A. Notre premier bloc de travail vise à mieux articuler nos politiques de lutte contre la pauvreté.
A.1. Il s'agit en premier lieu de soutenir le développement humain.
Soutenir le développement humain en poursuivant les efforts visant à progresser vers les Objectifs du Millénaire, objectifs réaffirmés par l'appel à l'action du conseil européen de juin. Nous nous focaliserons sur la santé et le financement durable de celle-ci.
Soutenir le développement humain, en continuant à améliorer la gouvernance. Nous nous focaliserons sur la gouvernance locale et un projet de charte sur le rôle et l'appui aux acteurs locaux.
Soutenir le développement humain, aussi en affirmant le lien entre culture et développement. Nous mettrons le multilinguisme au coeur des débats.
A.2. Il s'agit en second lieu de soutenir le développement économique.
D'abord et en priorité, mais dans un souci de long terme, en soutenant le secteur productif agricole.
Ensuite en soutenant l'investissement en Afrique. C'est aussi une des logiques derrière les Accords de Partenariats Economiques et l'intégration régionale. Attirer les investissements par la création au sud de marchés de taille attractive puis en leur assurant des débouchés sud-sud et nord-sud.
Enfin, en renforçant l'effet levier de l'APD sur le développement économique que ce soit à travers la gouvernance économique ou la facilitation de l'environnement de l'investissement.
A.3. Il s'agit en troisième lieu de lutter contre le changement climatique.
Sur ce sujet éminemment complexe, il est devenu absolument nécessaire de travailler ensemble à la convergence des efforts que nous entreprenons en matière de lutte contre le changement climatique et de lutte contre la pauvreté. Je note du G8 une première note d'espoir sur cette priorité générale de la Présidence aussi bien de la part des Etats-Unis que du G5.
Ces trois piliers l'humain, l'économique, le climatique doivent être mieux articulés. C'est notre premier axe de travail
B. Notre second bloc de travail vise à renforcer nos moyens.
B.1 Nous devons continuer à renforcer l'efficacité du développement. Il ne s'agit pas d'une alternative au financement mais bien au contraire d'une condition nécessaire de celle-ci.
Une meilleure efficacité de l'aide. Je suis ravi que les travaux au Conseil aient permis, dès aujourd'hui, l'adoption d'une position ambitieuse et dynamique de l'Union Européenne pour Accra. La division du travail dans toutes ses dimensions est un vrai défi que nous adresserons.
Une meilleure cohérence de l'aide. Je connais bien le rôle majeur joué par votre commission sur les progrès enregistrés sur ce sujet. Nous nous focaliserons principalement sur deux éléments. D'une part les liens entre toutes les politiques et la sécurité alimentaire. D'autre part le lien entre migration et développement, pour une gestion des flux migratoires au bénéfice de tous.
Enfin, une meilleure architecture de l'aide. La multiplication des acteurs et des instruments se poursuit. Nous devons adresser cette dimension, un peu oubliée dans la pratique, de la division du travail.
B.2 Nous devons, bien sur, aussi renforcer le financement du développement
Il s'agit d'abord de progresser vers nos objectifs d'APD. L'Union maintient le cap malgré un contexte budgétaire difficile. Nous allons quant même à Doha en ayant réussi nos engagements de Monterrey, le 0.39% pour 2006, qui ne sont pas suffisants mais qui je le rappelle, paraissaient inaccessibles à l'époque.
Bien sur nous voulons faire plus et mieux. Et nous le ferons. Permettez moi de souligner que, premier bailleur au monde, l'Europe n'a pas à rougir de son aide publique au développement. Et que la question reste aussi celle du partage de l'effort.
Mais l'aide publique, bien qu'elle soit fondamentale, ne peut pas tout. Les OMD ne pourront être atteints sans mobilisation de ressources privées et le décollage de la croissance économique.
Il s'agit donc aussi de développer de nouvelles sources de financements et de créer une véritable mobilisation des ressources des pays bénéficiaires. Vous ne serez pas surpris que le succès de la taxe sur les billets d'avion conforte notre volonté de faire avancer ce type de source innovante.
Il s'agit aussi d'adapter nos instruments d'appui au développement économique.
La position forte du Conseil européen pour un développement contre la pauvreté et pour la croissance repose sur deux piliers. L'appel à l'action sur les OMD et le soutien au développement économique. Nous lancerons une vaste initiative de soutien à la croissance économique en Afrique ouverte à tous. La France y participera pour 2,5 Milliard d'euros au cours des 5 prochaines années. Ceux-ci ne seront pas comptabilisés en APD mais contribueront en parallèle à l'éradication de la pauvreté.
B.3. Renforcer nos moyens. Au-delà de l'efficacité et du financement du développement il s'agit aussi de renforcer notre réponse face aux situations difficiles, qu'elles soient liées aux situations de fragilité, aux zones en conflit ou aux grandes catastrophes. Je ne peux que féliciter votre commission pour son travail vers l'adoption d'un Consensus Européen pour l'Humanitaire.
Ces trois piliers l'efficacité, le financement et les crises doivent être renforcés en parallèle. C'est notre second axe de travail.
C. Notre troisième bloc de travail vise à développer nos partenariats.
C.1 Il s'agit d'abord de nourrir nos grands partenariats. Je me félicite du succès avant-hier du sommet de Paris pour la méditerranée, qui a permis de redonner un second souffle au processus de Barcelone. La mise en oeuvre du partenariat UE-Afrique sera au centre de nos préoccupations, en particulier ces volets si importants « paix » et « climat ». Je n'oublie pas la révision de Cotonou ni surtout l'Assemblée Parlementaire Paritaire qui est une référence par nature du dialogue démocratique.
C.2 Il s'agit aussi de dialoguer avec de nouveaux acteurs. Le Sommet EU-Chine sera l'occasion d'avoir un dialogue franc sur l'Afrique. Nous devrons l'aborder sans a priori et sans naïveté. Au delà du dialogue politique nous devons aussi réfléchir à des projets communs avec la Chine Vous ne serez pas surpris que la sécurité alimentaire soit un des premiers thèmes qui viennent à l'esprit.
C.3 Nous viserons aussi d'autres acteurs plus proches avec lesquels nous n'avons pas de véritable tradition de travail structurée notamment les autorités locales et le secteur privé.
Le dialogue est toujours un défi mais un défi toujours enrichissant. C'est le troisième axe sur lequel nous devons ensemble faire jouer la force des synergies européennes.
Voilà en quelques mots les grandes lignes du volet développement de la Présidence.
II. Des sujets sensibles
Si vous me permettez.
Nous sommes en famille. On peut donc tout se dire. Je suis bien conscient que certains sujets sensibles créent des a priori. Autant les aborder.
Premièrement. Avant de présider, il faut donner l'exemple et balayer devant sa porte. Depuis mon arrivée il y a trois mois nous avons lancé 8 chantiers concrets afin d'achever la réforme de l'aide française. Ces réformes sont toutes en conformité avec les grands engagements de l'Union. Permettez moi de souligner qu'elles visent aussi à rattraper le retard que nous avions pris sur un certain nombre de sujets clés, comme le genre, le soutien aux ONG, et la perception par le public français des objectifs du millénaire qui feront l'objet d'une grande campagne publique.
Deuxièmement, l'APD. Je suis, vous vous en doutez bien, le premier à déplorer la baisse en 2007 du budget dont j'ai la charge, due à la fin des opérations d'annulation de dettes. La France reste quant même en volume le deuxième donateur européen et le premier pays du G8 en termes d'effort. L'aide hors dette a augmenté de 4,3% ce qui est supérieur à la moyenne de l'Union. Le président de la République a reconfirmé notre engagement d'atteindre les 0,7% d'ici 2015. Le gouvernement s'est engagé au retour à l'équilibre budgétaire pour 2012, établir un calendrier précis de déploiement n'est donc pas à ce stade possible. Par contre dès 2009 nous bénéficierons d'un budget triennal qui permettra une meilleure prévisibilité de notre aide.
Troisièmement, les Accords de Partenariats Economiques. Ce débat essentiel a pris une tournure émotionnelle. On ne peut évidement que regretter que le processus commercial n'ait pas laissé plus de place aux questions de développement. Bien sur qu'il faut plus de flexibilité, bien sur qu'il faut du cas par cas. Ce qui est important est que les pays sous pression sont désormais protégés par des accords intérimaires. Nous avons donc du temps. Il s'agit maintenant de travailler sereinement. Concentrons nous sur le concret, sur les liens entre APE, sécurité alimentaire et intégration régionale.
Quatrièmement, le développement économique. Je sais bien que le concept peut encore faire l'objet de procès en sorcellerie. Il part pourtant de deux constats de bon sens. Un. Pour éradiquer la pauvreté il faut créer des richesses ce qui ne se fait surtout par l'économique. Deux. Là où la pauvreté recule il y a eu développement économique. J'ajoute, qu'il s'agit aussi d'une demande de nos partenaires eux-mêmes et notamment des populations africaines. Il ne s'agit pas de renoncer aux OMD mais de nous doter de moyens additionnels pour mieux les atteindre.
III. Un fil vert pour la présidence
Enfin, soyons transparents. Chaque présidence a un fil rouge qui transcende ses travaux. Nous aurons, nous, un fil vert. L'objectif du millénaire numéro 1. La lutte contre la faim, ramenée sur le devant de la scène par la crise alimentaire.
Au-delà de l'urgence, nous devons établir une véritable réponse de long terme à ce qui est surtout une crise sociale et d'abandon des politiques publiques.
Nous avons proposé lors du sommet de la FAO un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture. Le Conseil européen a repris cet objectif désormais inséré dans l'appel à l'action de l'Union en faveur des OMD. Nous pouvons considérer comme un succès européen la reprise in extenso de notre ambition par le G8.
Nous travaillerons donc sous présidence sur les trois volets de ce partenariat.
D'abord, la cohérence et la coordination. Le traitement de la crise alimentaire passe avant tout par son lien avec les APE, les programmes régionaux, l'eau, l'énergie, les biocarburants, le climat, le développement économique, et l'éducation professionnelle. Les politiques des acteurs ne peuvent plus être contradictoires. Nous avons besoin d'un système mondial et commercial stable.
Ensuite, l'expertise. Nous avons besoin d'un groupe scientifique qui fournisse une analyse a-politique des besoins et des risques du futur, à l'instar du GIEC pour l'environnement.
Enfin, la mobilisation des financements. Au-delà des financements additionnels, souvent en premier sur le devant de la scène, nous devons d'abord corriger le traitement de ce secteur essentiel devenu orphelin de l'aide et surtout des politiques.
IV. Conclusion
Vous l'aurez compris au-delà de tous les sujets qui seront traités et qui sont tous importants, notre priorité est la relance de l'agriculture familiale et vivrière de façon à lutter contre la crise alimentaire durablement. L'échec de la politique alimentaire provoquerait un recul général des OMD inacceptable.
L'union Européenne est le premier bailleur mondial. Elle a d'autant plus la responsabilité de définir une stratégie alimentaire de long terme. Une approche, au-delà de la crise actuelle, qui doit aider à préparer l'alimentation mondiale d'un XXIe siècle à 9 milliards d'habitants.
Une approche, qui traite aussi d'une forme d'exception alimentaire.
Voila mesdames messieurs les députés européens les éléments de travail, encore tous très ouverts, que je voulais partager avec vous.
Laissez moi conclure en soulignant que vous trouverez en nous une présidence ouverte et à l'écoute du Parlement européen, et d'ailleurs de l'ensemble des acteurs du développement dont je vois un bon nombre dans la salle.
Il est inutile de vous rappeler notre appui à la budgétisation du Fond Européen
de Développement et du rôle accru qui en découle pour cette commission et que
nous soutenons.
Merci de votre attention.
Source http://www.ue2008.fr, le 6 août 2008