Texte intégral
J.-J. Bertolus ...V. Pécresse bonjour.
Bonjour.
Vous êtes ministre de l'Education nationale (sic) et de la Recherche. D'abord une question politique : J.-F. Copé, le président du groupe UMP a dit - c'est un petit peu un tacle aux socialistes - a dit : place aux jeunes. Aujourd'hui, les socialistes, ils doivent régler une question importante : qui va diriger le groupe parlementaire à l'Assemblée nationale ? J.-M. Ayrault ou A. Montebourg ? Vous dites place aux jeunes, place par exemple à A. Montebourg, que vous connaissez bien.
Je crois que c'est aux socialistes de se doter de leur chef. Ce qui est vrai et ce qui est tout à fait remarquable, c'est que le président Sarkozy, lui, a fait place aux jeunes. Il a fait place aux jeunes dans son Gouvernement, il a fait place aux jeunes à l'UMP et je crois que c'est une de nos forces aujourd'hui d'avoir réussi à gérer ce saut générationnel.
Vous trouvez qu'au PS, il y a un petit retard de ce point de vue-la ?
Je crois qu'au PS, c'est l'encombrement des éléphants et donc on a un encombrement de quinquagénaires et de sexagénaires. Alors je n'ai rien contre mais je crois qu'en politique, c'est important d'avoir une diversité de générations, comme c'est important d'avoir une parité homme/femme, comme c'est important d'avoir des Français qui représentent l'ensemble de la communauté française.
Alors effectivement, parlons maintenant des facs. Vous parliez d'embouteillage, quelle remontée vous avez du terrain, notamment sur les inscriptions dans les facs qui ont commencé hier ? 74% de bacheliers peuvent désormais s'inscrire, est-ce que ça va bien se passer ou est-ce que comme chaque année, effectivement, il va y avoir des problèmes ?
Ecoutez, pour la première fois cette année, on a mis en place un système de pré inscription dès le deuxième semestre de la terminale et un système de pré inscription où on a accompagné les lycéens. On les a pris par la main. Et les deux tiers des lycéens ont été emmenés dans un processus où ils ont fait des choix sur Internet et ce qui est intéressant, c'est de voir que la moitié de ces lycéens ont vu leur premier choix confirmé. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que les lycéens, ils ont eu une orientation qui était à la fois raisonnable et qui correspondait bien à leur cursus. Donc ça veut dire que les choses se mettent en place petit à petit. On est en train de passer, j'allais dire, d'un système où il y avait une forme de jungle, où il n'y avait pas d'aide à l'orientation à un système...
Le système RAVEL explosait à peu près chaque année. Donc là, cette année, il ne devrait pas y avoir de bug ?
Ecoutez, il y aura sûrement... Vous savez, il y a plusieurs de centaines de milliers d'étudiants.
Qu'est-ce que vous conseillez aux étudiants et aux familles qui sont encore un petit peu incertains sur les inscriptions ?
Je crois que déjà il faut suivre les avis qui ont été rendus dans le cadre de l'orientation active. C'est-à-dire que s'il y avait des réserves émises sur certains choix, s'il y avait des propositions de réorientation, il ne faut pas les prendre à la légère. Ce n'est pas, j'allais dire, un blocage fait à une candidature, c'est vraiment une réflexion qu'ont les enseignants à l'université sur le lycéen. Et il montre, il pointe du doigt les difficultés qu'il aura ensuite. Donc il faut vraiment prendre au sérieux les avis qui ont été rendus sur les choix des lycéens par le monde universitaire.
Un mot à propos des facs aussi, vous aviez annoncé effectivement avoir dégagé 5 milliards d'euros, c'est beaucoup, pour la rénovation de dix universités. Vous en avez déjà choisi six. On sait, effectivement, que ce choix a été un petit peu critiqué en disant : finalement l'argent est réservé aux facs des plus grandes villes. Est-ce que pour les quatre projets que vous allez annoncer, je crois que c'est à la fin de la semaine, le 11 juillet, vous allez en quelque sorte un petit peu rectifier le tir. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Ce Plan campus, il a une originalité : c'est que c'est une sélection. C'est une sélection avec un jury international. Donc pour la première fois, ce n'est pas l'Etat qui décide de donner à untel ou à untel, de manière totalement opaque et dans les conditions qu'on sait de pression.
Mais est-ce que les villes moyennes vont quand même, l'effort universitaire des villes moyennes va quand même être reconnu ?
Je crois qu'il faut dire que le Plan campus, ça va créer une dynamique qui sera bénéfique à tout le monde. Aux grands campus qui seront sélectionnés mais qui sont les campus les plus ambitieux. Les dix campus de l'opération campus, c'est les plus ambitieux. C'est nos cités scientifiques, vitrines du 21ème siècle. Donc ce sera forcément des grands projets. En revanche, le Plan campus c'est des crédits exceptionnels, donc ça me dégage moi, dans le cadre de mon ministère, des crédits qui auraient été, j'allais dire, mangés par les rénovations.
On n'en saura pas plus sur les quatre campus qui vont être retenus le 11 juillet ?
Pour l'instant c'est un jury.
Non mais encore une fois, ça peut effectivement être dans des villes de moyenne importance ?
Je ne pense pas que ce seront des petits projets parce qu'il reste encore aujourd'hui d'exceptionnels projets en lice qui sont des projets...
Concentrons nos efforts finalement ?
Voilà, le Plan campus c'est l'idée de faire émerger une dizaine de pôles d'excellence internationale. Et à côté, les universités des villes moyennes ne seront pas laissées seules parce que j'ai 1 milliard d'euros chaque année de crédits immobiliers qui, du coup, n'iront pas à la rénovation du campus de Toulouse Le Mirail ou de Lyon qui, eux, sont déjà dans l'opération campus mais qui iront, au contraire, dans des universités de province qui sont en général oubliées.
Ok. Revenons aux préoccupations immédiates des étudiants. Vous avez annoncé une bonne nouvelle, 2,5% d'augmentation pour les bourses étudiantes dès la rentrée. L'UNEF a joué les Cassandre en disant : mais attention, à côté des augmentations du ticket restaurant, à côté de l'augmentation des frais d'inscription, à côté effectivement de l'augmentation des cotisations sociales, tout ça n'est pas beaucoup. Est-ce qu'on fait assez pour les questions sociales des étudiants en France ?
Je crois que depuis deux ans, c'est vraiment notre priorité. D'abord on aura l'année prochaine plus...
C'est moins que l'inflation quand même, 2,5%.
Non, les prévisions de l'Insee sont à 2% pour 2009 parce que c'est 2009, ce n'est pas 2008.
Vous y croyez donc ? Diviser par deux quoi, voilà.
C'est là-dessus que sera fondé tout le budget. Donc ça veut dire qu'on met 0,5% de plus. Et ce qui est important, c'est de dire que cette augmentation de 2,5 fait suite à une précédente augmentation de 2,5. Ca fait 5% en deux ans, c'est du jamais vu pour les bourses. Et je rajoute...
C'est vrai, l'UNEF le reconnaît mais en même temps, c'est vrai que les frais d'inscription ont augmenté.
Oui mais vous savez que les boursiers ne paient pas les frais d'inscription et les boursiers ne paient pas...
Pour une certaine catégorie.
Non tous les boursiers. Les boursiers sont exonérés de charges sociales, pardon de cotisations de Sécurité sociale et ils sont exonérés de frais d'inscription.
Je vais vous poser la question autrement. On est l'un des pays de l'OCDE qui fait le moins pour tout ce qui est question sociale à peu près des étudiants. C'est-à-dire qu'on a à peu près 8% des dépenses en matière d'éducation réservés en matière sociale pour les étudiants, contre une moyenne de 16%. Est-ce qu'on fait assez pour la santé des étudiants, pour les frais d'inscription, pour le logement etc. ?
Attendez, je ne peux pas vous laisser dire une chose pareille. Allez voir les frais d'inscription à l'étranger. Nous avons une licence, un diplôme...
Pris globalement. Mais les bourses sont quelquefois plus importantes.
Attendez, le diplôme de licence en France coûte 165 euros alors que c'est des milliers d'euros dans toutes les facs du monde. Nous avons la gratuité de l'enseignement supérieur. C'est une particularité française que le monde entier nous envie. Et donc je ne crois vraiment pas qu'on puisse dire en France qu'on fait un effort moindre sur les aspects vie sociale. En revanche, là où il y a un effort considérable à faire c'est sur le logement des étudiants. Et la principale question aujourd'hui de vie quotidienne pour les étudiants, c'est où se loger, comment se loger et à quel prix ? Et là, nous avons un effort majeur à faire. Le Plan campus va nous y aider. C'est aussi pour ça que le Plan campus se concentre sur des grands pôles universitaires parce que l'essentiel, la question du logement, elle est évidemment dans les grandes villes. Quand on aura résolu le problème du logement étudiant, on aura résolu à mon avis 90% des difficultés de nos étudiants et c'est un devoir de la collectivité nationale parce que c'est aussi la place qu'on fait aux étudiants, leur permettre d'être autonomes, leur permettre d'avoir leur logement, c'est essentiel. Je suis en ce moment en pourparlers avec H. Morin parce qu'il libère beaucoup d'emprises militaires et moi...
Et vous voulez effectivement récupérer les terrains ?
... je souhaite les récupérer.
D'accord et alors à quel prix parce que là, on entre dans la phase dure des discussions budgétaires. On sait que le Gouvernement va avoir à faire un effort drastique en matière budgétaire s'il veut tenir ses objectifs en matière de déficit. Est-ce que vous allez être passée à la moulinette ? Est-ce qu'on va tenir l'engagement du président de la République, 1 milliard d'euros de plus pour l'enseignement supérieur chaque année ? Est-ce que d'ores et déjà vous avez vos arbitrages ?
La seule chose que je peux vous dire, c'est que les engagements du président de la République seront tenus.
Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que pour 2009, le budget 2009, l'enseignement supérieur va croître de combien à peu près ?
Ca veut dire que le président de la République a dit, 1 milliard d'euros supplémentaire pour l'enseignement supérieur, 800 millions de plus pour la recherche. Et ce sera des engagements qui seront tenus et j'allais dire, ils seront même décuplés par ces 5 milliards d'euros de crédit exceptionnels du plan campus.
D'accord. Alors on va tout de suite faire un petit peu un zapping des invités politiques de la matinale et tout de suite écouter B. Hortefeux. (Zapping). Merci beaucoup V. Pécresse.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er août 2008