Texte intégral
Monsieur l'ambassadeur,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs les présidents des comités olympiques nationaux,
Mesdames et messieurs,
C'est un grand honneur et un grand plaisir de me trouver parmi vous en cette ville olympique de Pékin. Nous avons vécu ensemble, au cours des derniers jours, des moments exceptionnels et les mots qui me viennent sont : « émerveillement » pour la cérémonie d'ouverture, « magie » pour le feu d'artifice ou « sublimes » pour les principales architectures sportives, je pense notamment aux désormais célèbres « Nid d'oiseau » et « Aquacube ».
Je tiens aussi à souligner la qualité de l'accueil réservé à la famille olympique, aux athlètes du monde entier ainsi qu'aux délégations nationales qui les accompagnent. Au nom de l'ensemble des ministres européens des sports ici présents, je vous adresse, monsieur le ministre des sports, mes plus sincères félicitations pour cette organisation qui marquera l'histoire des Jeux Olympiques.
Elle fait honneur à la Chine et à son peuple. Je suis également heureuse de revoir, dans le cadre de ce grand événement, les responsables les plus éminents du sport européen.
Et je voudrais d'abord saluer ceux qui ont contribué au cours des derniers mois à bâtir l'Europe, et plus particulièrement l'Europe du sport, à laquelle nous tenons particulièrement. Le principal mérite revient à la présidence slovène et à son ministre des sports, Milan Zver à qui j'adresse les remerciements sincères de tous ses collègues.
Monsieur le ministre, je soulignerai plus particulièrement deux initiatives que vous avez prises au cours des mois écoulés. Vous avez en premier lieu eu l'audace de solliciter une rencontre immédiate avec John Fahey, le président de l'Agence mondiale antidopage, après son élection controversée. Elle a permis une discussion franche et montré la volonté de l'Europe de tenir toute sa place au sein de l'AMA.
Vous avez, en second lieu, pris une initiative originale en réunissant avec les ministres des sports de l'Union Européenne, l'ensemble des présidents des comités olympiques nationaux d'Europe, inaugurant ainsi ce qui pourrait devenir une forme de tradition. La spécificité du sport reconnue par le traité de Lisbonne a été au coeur des débats et les réflexions des Etats-membres sur les thèmes de l'agenda permanent, qu'il s'agisse du sport et de la santé ou du sport et de l'économie, ont été très fructueux.
Monsieur le ministre, la présidence de l'Union européenne est comparable à une course de relais. C'est pourquoi, je reçois bien volontiers le témoin que vous me transmettez, consciente du travail déjà accompli et soucieuse de poursuivre dans la voie tracée, avant de le remettre à mon tour à mes collègues suédois et tchèques en 2009.
Le sport comme la politique sont constitués de défis. Celui qui nous attend est de taille : comment faire progresser « la politique sportive européenne » dans l'attente de la ratification du traité de Lisbonne ?
Le traité évoque la spécificité du sport, nous incitant ainsi à mettre en évidence tous les domaines dans lesquels le sport ne peut être traité comme un service économique classique. Le Président en exercice du Conseil, Nicolas SARKOZY l'a récemment souligné devant le Parlement européen, nous devrons retenir pour le sport une approche voisine de « l'exception culturelle ».
Nous ne pourrons pas, bien sûr, explorer en même temps toutes les pistes ouvertes par le Livre Blanc. C'est pourquoi une approche des spécificités du sport « par paquets », traitant de manière groupée des préoccupations proches, me parait adaptée.
Mais si nous devons progresser à un rythme raisonnable, nous commettrions une erreur en nous contentant de traiter les sujets les plus simples, sur lesquels nous sommes sûrs de parvenir à un consensus. J'ai la conviction, de même que Bernard Laporte, que pour faire progresser le sentiment européen dans l'opinion publique, il faut répondre aux attentes réelles de nos concitoyens et dans le domaine du sport, celles-ci sont nombreuses. La raison ne devra donc pas empêcher l'audace.
C'est dans cet esprit que nous nous attacherons, dans la continuité des travaux engagés depuis un an, à aborder principalement trois séries de préoccupations :
- premièrement, souligner la place du sport dans le développement économique,
- deuxièmement, mettre en valeur son rôle « sociétal »,
- troisièmement, contribuer à sa bonne gouvernance.
Je présenterai plus particulièrement les deux premiers aspects, mon collègue Bernard Laporte évoquera pour sa part le troisième. Les précédentes présidences ont mis en évidence de manière très pertinente la contribution du sport à la richesse économique des pays. L'organisation de compétitions sportives de grande envergure est source de richesses économiques mais aussi de cohésion sociale. Or cet apport doit pouvoir être mesuré.
C'est pourquoi la constitution des comptes satellites du sport, oeuvre ingrate mais ô combien nécessaire, doit être soutenue. De même, dans une approche globale, nous souhaitons mettre à votre disposition les résultats d'une étude sur le financement du sport en Europe, au sein de laquelle nous pourrons identifier les sources de financement public et privé du sport dans l'Union.
Si le rôle économique du sport est aujourd'hui incontestable, son rôle « sociétal », clairement mis en évidence par le Livre Blanc, est - à mes yeux - encore plus important. Ma première préoccupation, qui ne vous surprendra pas, touche au domaine du sport et de la santé.
Je vous proposerai d'adhérer aux recommandations du groupe d'experts européen consistant à encourager l'activité physique et sportive et à bâtir, dans nos pays respectifs, des plans coordonnés visant à faire régresser la sédentarité et ses excès.
Vous connaissez aussi mon attachement à la lutte contre le dopage qui a connu ces dernières semaines des succès sans précédent. Vous déployez, vous aussi, dans vos pays respectifs des efforts importants. Mais l'action solitaire n'est pas suffisante. C'est un travail solidaire que je voudrais promouvoir ; une solidarité pour progresser sur des thèmes d'action commune : la lutte contre les trafics, la prévention auprès des jeunes publics, les échanges d'expériences en matière de contrôle et une meilleure connaissance de nos législations respectives.
Mais, pour poursuivre sur la voie tracée par Monsieur Zver, l'Europe doit être aussi unie hors de l'Europe et, en particulier, au sein de l'AMA. Nous ferons valoir à Montréal, en septembre, notre intention de clarifier les règles et structures de l'Agence, comme cette dernière s'y est engagée en mai.
Le rôle sociétal du sport, c'est aussi la protection de nos jeunes sportifs. Après avoir consacré l'essentiel de leur jeunesse à l'entraînement, la bonne insertion de nos athlètes dans la vie professionnelle après la compétition, et leur équilibre personnel dépendent de l'éducation dont ils auront bénéficié. C'est pourquoi il me semble essentiel d'encourager dans chacun de nos pays la mise en place progressive de dispositifs permettant à ces sportifs de suivre un double cursus, sportif et professionnel. La récente étude sollicitée par la Commission européenne, dont je salue la présence, nous fournit, à cet égard, des pistes intéressantes.
Avant de céder la parole à Bernard Laporte, je tiens vous redire que je compte sur la diversité de vos expériences et de vos opinions pour construire ensemble les fondations d'une politique sportive européenne. Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 août 2008