Interview de M. Bernard Laporte, secrétaire d'Etat aux sports, à la jeunesse et à la vie associative, dans "Le Monde" du 8 août 2008, sur les jeux olympiques de Pékin et les relations entre la France et la Chine.

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

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Q - Le débat sur la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture reprend de la vigueur à l'approche de l'événement. Quel est votre point de vue ?
R - Je suis là pour parler de sport et je parlerai de sport. Je suis là pour accompagner les athlètes français. Ce débat regarde le président, cela ne me regarde pas. Vous savez, pour les athlètes, c'est extraordinaire que le président de la République assiste à la cérémonie d'ouverture. C'est important et valorisant pour eux. Depuis 1992, aucun président n'y a plus assisté.
Q - Pour les opposants à cette démarche, il aurait fallu ne pas participer à cette cérémonie pour faire pression sur le gouvernement chinois en matière de libertés...
R - Si cela avait changé quelque chose de ne pas participer à la cérémonie d'ouverture, nous l'aurions fait. Mais qu'est-ce que cela changerait ? Si ce n'est de les énerver plus. Et si je viens à la cérémonie d'ouverture, ce n'est pas pour faire plaisir au gouvernement chinois, mais à 1,3 milliard de citoyens chinois.
Q - Le parcours chaotique de la flamme, notamment en France, provoque-t-il aujourd'hui une tension des Chinois envers les Français ?
R - Non, je ne sens pas d'agressivité de la part des Chinois, pas d'animosité anti-française. Au contraire, je les trouve adorables. Ni de tension générale, malgré l'attentat qui a fait 16 morts lundi 4 août. On sent que c'est organisé, qu'il y a des contrôles, mais sans agressivité démesurée.
Q - Allez-vous rencontrer Jacques Rogge, le président du Comité International Olympique, qui a fait l'objet de critiques ces derniers mois sur la gestion des problèmes soulevés par les Jeux de Pékin ?
R - Je le verrai certainement avec plaisir. Vous savez, il n'a pas eu la tâche facile. C'était dur, mais il a assumé. Et apparemment, sur des sujets comme l'accès à Internet, cela s'arrange bien.
Q - Y a-t-il une possibilité que des athlètes manifestent pour les Droits de l'Homme, à l'image de ce que voulaient faire les sportifs français avec le port d'un badge, que le CIO a finalement récusé ?
R - Pour ce qui est du badge, cela ne se fera effectivement pas. Le CIO a dit qu'il serait intransigeant avec les athlètes qui sortiront des règles de la Charte olympique. Si on décide de faire les Jeux, il faut en accepter les règles. Si on ne les accepte pas, il ne faut pas venir. Bien sûr que l'on peut tout politiser, partout dans le monde quel que soit le régime politique. Mais je crois que lorsque les compétitions vont démarrer, tout cela sera fini et le sport l'emportera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2008