Texte intégral
Roselyne Bachelot vient de vous exposer, avec la conviction qui la caractérise, nos objectifs en faveur de la reconnaissance de la place du sport dans l'économie et son rôle « sociétal ». Pour achever cette présentation, je souhaiterais évoquer notre souhait de mieux protéger la formation de nos clubs sportifs et d'encourager des dispositifs d'autorégulation au sein du mouvement sportif.
J'ai eu l'occasion lors d'une intervention récente au Parlement européen de souligner ma préoccupation face à l'évolution de certains sports professionnels, et pas seulement le football :
- de nombreux clubs sont systématiquement pillés sans avoir pu profiter des années consacrées à former les jeunes sportifs ;
- de très jeunes sportifs, européens ou non-européens, se trouvent déracinées et pour la plupart, en situation d'échec,
- de plus en plus de clubs, tout aussi déracinés, ne comptent plus aucun joueur de la ville ou de la région, parfois même du pays auquel ils appartiennent ;
- certaines compétitions européennes se jouent chaque année entre cinq ou six clubs et perdent ainsi une partie de l'incertitude qui fait l'intérêt de toute compétition sportive ;
- des équipes nationales sont en déclin parce que la plupart des joueurs nationaux sont sur le banc de touche ou dans des divisions inférieures.
Je sais que beaucoup d'entre vous partagent ce constat et ma préoccupation. Roselyne Bachelot recommandait tout à l'heure de faire preuve d'audace et de traiter les vrais problèmes, quelles que soient les difficultés.
C'est dans cet esprit et au nom d'une exception sportive, que j'ai exprimé mon soutien au principe de quotas de joueurs nationaux dans nos clubs, ce que l'on appelle parfois, par simplification, la règle du « 6+5 ». Mais peu importe les formules retenues dans chaque discipline, ce qui me parait essentiel, c'est la protection des clubs formateurs et de nos valeurs.
C'est aussi pourquoi, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une avancée notable et juridiquement satisfaisante, la règle dite des « home grown players », est à mon avis trop prudente. Elle ne serait pas exempte de nombreuses failles.
Je suis bien conscient des difficultés en l'état actuel des textes et de la jurisprudence. Nous devrons sur cette question chercher à concilier les principes fondateurs de l'Union européenne comme la libre circulation des personnes, auxquels nous sommes tous attachés, et des objectifs tels que la formation et la protection de nos jeunes sportifs ou la préservation de l'intérêt des compétitions sportives, que nos concitoyens jugent tout aussi essentiels et légitimes. Mon souhait est de profiter de nos prochaines rencontres, notamment celle de Biarritz en novembre, pour débattre sans tabous et, pourquoi pas, dégager une approche commune sur de cette question essentielle.
Mon deuxième sujet de préoccupation, qui touche aussi à la protection des sportifs concerne la réglementation de la profession des agents sportifs. Les agents sportifs de tous les pays d'Europe ont de grands pouvoirs, mais donnent parfois lieu à des dérives. En France, nous nous sommes attachés à maîtriser ces dérives, mais, sans une approche européenne, les efforts ne seront pas coordonnés. Pour ma part, une règlementation communautaire me paraîtrait une avancée intéressante.
Enfin, pour revenir sur le thème de la gestion des grands clubs européens, il me semble que nous pouvons contribuer à conforter le mouvement sportif dans une démarche d'autorégulation. Les règles de fonctionnement des clubs doivent être homogènes. Il nous faut contrer les méthodes déloyales et les distorsions de concurrence qui pourraient porter préjudice à une compétition équitable entre les équipes. Michel Platini et Frédéric Thiriez, président de la Ligue Française de football, viendront à Biarritz lancer le débat.
Avant de conclure cette intervention, je souhaiterais évoquer les principaux rendez-vous sportifs de la Présidence française.
Le premier a déjà eu lieu : la cordée d'Européennes qui a atteint le sommet du Mont-Blanc le 1er juillet. Le drapeau de l'Union a été déployé sur le sommet de l'Europe. Le triple message « Ecologie - égalité - Europe » nous a offert un moment privilégié pour l'ouverture de la présidence française.
Le second intitulé « Vivre l'Europe, vivre le sport » se déroulera devant la Tour Eiffel à Paris le 5 octobre 2009 en présence du Président Sarkozy. Nous souhaitons mettre à l'honneur dix-huit sports dans le cadre de démonstrations et d'initiations populaires destinées à un public de jeunes et de moins jeunes. Des sportifs de chacun de vos pays respectifs seront conviés ; je compte sur votre aide, Mesdames, Messieurs pour faciliter leur venue.
Mais la présidence française de l'Union ne se limitera pas à cette manifestation parisienne. Elle vous offrira également la diversité de ses territoires. Nous aurons avec Roselyne Bachelot le plaisir de vous faire découvrir Biarritz où sera organisée une réunion des ministres des sports dans le prolongement, Monsieur le représentant de la Commission européenne, d'un forum européen du sport que nous organiserons conjointement. Vous n'y apprécierez pas seulement la pelote et les chants basques, nous y définirons aussi ensemble les orientations de l'Europe du sport de demain sur la base des accords que nous aurons pu trouver dans un esprit de dialogue et de coopération.
Roselyne Bachelot et moi-même vous remercions de votre attention et vous souhaitons de nombreux succès olympiques puis paralympiques. Que le meilleur gagne !
source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 août 2008