Interview de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative à RMC le 14 août 2008, sur les jeux olympiques de Pékin et le sport de compétition.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral


 
 
 
J.-J. Bourdin.- Notre invité ce matin est ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Ne l'oublions pas, parce que dans le monde du sport, les associations ont leur place et toute leur place. Tout à fait ! Vous étiez évidemment à la piscine olympique ce matin, vous avez rendu hommage à A. Bernard. Vous l'avez même surnommé "le Petit prince de l'épreuve reine".
 
Je dirais même "le grand prince", quand on voit la façon dont Alain est taillé. C'est vrai que si j'avais dû choisir, si on m'avait dit avant les Jeux "il n'y aura qu'une seule médaille d'or pour la France", peut être sans doute aurais-je souhaité que ce soit à A. Bernard qu'elle soit donnée.
 
Pourquoi ?
 
Parce qu'à mon avis, il y a deux courses emblématiques, qui sont vraiment de la qualité sportive pure, c'est le 100 mètres nage libre et puis c'est le 100 mètres d'athlétisme. On n'avait pas de concurrent sur le 100 mètres ...
 
Pour le 100 mètres d'athlé, on n'a aucune chance, que les choses soient claires !
 
Aucune chance. Pardon aux autres, parce que je suis très contente de toutes les médailles d'or françaises. Mais c'est vrai qu'Alain est un sportif extraordinaire et d'une certaine façon...
 
C'est une médaille qui a plus de valeur ?
 
D'une certaine façon, oui, parce qu'elle est emblématique, le 100 mètres nage libre bien entendu. Et puis, A. Bernard c'est un garçon que j'aime beaucoup, c'est vrai, mais tout d'un coup, il a pris une maturité sans doute aussi que ce demi-échec... Moi, je hurle quand je l'entends parler d'échec au 4 fois 100 mètres parce que cette médaille d'argent, elle était sublime - battre le record du monde dans un mouchoir à quelques centièmes du vainqueur. Mais tout d'un coup, cela lui a donné de la relativité, de la profondeur et cette médaille d'or, je l'ai vu tout de suite après qu'il l'a gagné, j'ai été l'embrassée, il va la savourer, oui, avec maturité.
 
Futur gendarme A. Bernard, il va servir la République ; futur gendarme assez emblématique... Heureusement, heureusement, qu'est arrivé un lutteur hier et A. Bernard ce matin.
 
C'est merveilleux !
 
Parce qu'on était mal barré !
 
On n'était mal barré ?...
 
Ah, quand même Roseline !
 
Non, on avait quand même neuf médailles. C'est vrai que ce qui déclenche le classement, ce sont les médailles d'or. On était 12ème avec la médaille d'or de Steeve hier, et là on est les 8ème.
 
Et surtout, on est 4ème on est au nombre total de médailles...
 
Ce qui est très, très bien. Mais vous savez la France a une caractéristique, c'est qu'elle se bat sur 22 des 28 disciplines olympiques, ce qui est un éventail extrêmement large. On a des pays qui se spécialisent sur deux ou trois disciplines et qui étaient devant nous. Mais cette étendue de notre éventail de disciplines va finir par payer.
 
Faisons un petit pronostic : est-ce qu'on va battre notre record qui date rappelons de Sidney, 38 médailles.
 
Oui, on était à 33 à Athènes. Donc, j'ai fixé la barre...
 
Entre 35 et 40.
 
Voilà, c'est cela, à peu près là. Mais c'est très difficile de faire des pronostics, parce que ce qui est très surprenant dans ces Jeux, c'est bien cela d'ailleurs la caractéristique des Jeux Olympiques, c'est qu'il y a des médailles qu'on considérait comme à peu près sûres et qu'on n'a pas eues, et puis il y a d'autres médailles qu'on attendait absolument pas. Je vais quand même saluer la deuxième médaille de bronze de H. Duboscq ; on tablait sur une. Hugues est un sportif vraiment d'une régularité et qui a eut une deuxième médaille de bronze.
 
200 mètres brasse...
 
... La médaille des filles au tir à l'arc, notre première médaille dans des conditions météo absolument impensables ; la médaille de bronze de C. Guénot, du frère de Steeve. Donc on voit bien que les Jeux Olympiques, il faut les savourer épreuve par épreuve.
 
R. Bachelot, n'êtes-vous pas frappée quand même par le gigantisme de ces jeux, franchement ?
 
Ah, c'est une organisation absolument incroyable. Les installations sportives sont de très, très grande qualité. On est dans une ville de 20 millions d'habitants, ce qui exige des structures, des sécurités absolument extraordinaires.
 
Est-ce qu'il ne va pas falloir revenir à un peu plus de simplicité, un peu plus de modestie dans l'organisation des Jeux Olympiques ?
 
Il y a aussi le fait que beaucoup de nations... Il y a plus de 200 nations qui concourent aux Jeux Olympiques, on ne va pas empêcher ces pays-là de venir avec leurs athlètes, leurs accompagnateurs. Il y a plus de 10.000 athlètes aux Jeux, entourés par un certain nombre de délégations officielles et de spectateurs de tous les pays qui veulent assister à la plus grande manifestation mondiale. Je crois que chaque pays, évidemment, va le faire avec sa culture. Quand on voit le clip que Londres a fait pour présenter sa candidature, on devine la façon sans doute très différente des Chinois.
 
Multiculturel...
 
Multiculturel, multiethnique, très ouvert. Je ne sais si vous vous souvenez de la façon dont ils avaient présenté ces enfants des quartiers londoniens.
 
Un budget deux fois moins important.
 
Oui, mais ils seront obligés de mettre des installations d'une certaines dimension et puis ils seront aussi confrontés à d'énormes problèmes de sécurité.
 
Est-ce que la France va repartir à l'attaque pour essayer d'organiser des JO d'été ?
 
Dans l'immédiat, pas tout de suite, parce qu'on réalise que cela tourne un peu dans les continents. Donc la place de la France pour concourir aux JO, c'est 2024. Ce n'est pas la peine, à mon avis, de songer à une candidature avant. Mais on peut après ces Jeux, bien entendu, c'est ce que l'on va faire avec le secrétaire d'Etat B. Laporte, on va d'abord tirer le bilan de ces jeux, voir ce qui a marché, ce qui n'a pas marché. Et puis, ce que nous voulons, c'est faire un calendrier d'épreuves internationales, de candidatures à de grandes manifestations internationales, parce qu'il ne faut pas que notre candidature vienne, en quelque sorte, cannibaliser une autre, voir là où on a plus de chance.
 
En 2024, la France pourrait faire acte de candidature ?
 
Oui, ce qui suppose pratiquement de s'y préparer dès le lendemain de Londres.
 
Dès le lendemain de Londres, vous allez poser la candidature française à l'organisation des Jeux de 2024 ?! C'est intéressant ! Vous ne serez peut-être plus ministre, moi, je ne serais plus au micro, mais nous regarderons ça devant notre...
 
Pour moi, ministre des Sports, certainement !
 
Ben pour moi aussi, évidemment.
 
Ne soyez pas pessimiste !
 
Mais nous regarderons cela devant notre télévision...
 
Avec des bières et en soutenant la France...
 
Exactement, en soutenant l'équipe de France en 2024.
 
A consommer avec modération, dit la ministre de la Santé.
 
Oui, parce que je vous entends dire "avec des bières", oh la, attention, vous êtes ministre de la Santé, ne l'oublions pas. Tout le monde dit "elle ne s'entend pas avec B. Laporte", est-ce vrai ? On ne vous voit pas souvent ensemble.
 
Tout le monde dit ?
 
J'entends cela, "ils ne s'entendent pas bien tous les deux, il y a une rivalité...
 
J'ai un secrétaire d'Etat absolument adorable, avec lequel je m'entends très bien. Ce qui a, c'est que, effectivement, sur ces jeux, nous essayons de nous partager, entre les épreuves. Et on avait fait un pari entre nous : celui qui assistera à la première médaille d'or paiera une bouffe à l'autre.
 
Vous avez perdu alors ?
 
Il a perdu, puisqu'il a assisté à la première médaille, donc c'est lui qui va m'inviter à dîner. Il était hier avec Steeve Guénot.
 
Vous allez choisir le restaurant ?
 
Absolument !
 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 août 2008