Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Madame la Consul Général des Etats-Unis à Marseille,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs élus,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 64 ans, le 15 août 1944, débutait ici, sur les plages du rivage méditerranéen, le Débarquement de Provence.
A la faveur de cette opération, 140.000 hommes, appuyés par d'imposants moyens aériens et maritimes, établissaient avec succès une seconde tête de pont en France, après le Débarquement de Normandie.
Préparé depuis le début de l'année 1944, ce débarquement de grande envergure s'était vu assigner par les Alliés d'importants objectifs : prendre et tenir un grand port de Méditerranée pour constituer une solide base logistique, puis, remonter le Rhône, pour effectuer la jonction avec les troupes du Débarquement de Normandie, avant l'assaut final contre l'Allemagne.
Le 15 août 1944 consacrait la grande renaissance de l'armée Française.
Pour la première fois depuis 1940, la France pouvait déployer une armée complète sur un théâtre d'opération de la Seconde Guerre mondiale.
Pour la première fois depuis 1940, les effectifs terrestres français étaient prépondérants dans une opération conjointe avec les anglo-américains.
Pour la première fois depuis 1940, les armées de la France allaient jouer un rôle décisif dans une bataille pour la libération du pays.
Symbolique en Normandie, la présence Française est déterminante lors du Débarquement de Provence : à côté de la 7e armée du général Patch et d'une division aéroportée britannique, la France jette dans la bataille sept de ses huit divisions récemment réarmées par les américains.
Il y a, parmi celles-ci, la 1ère Division de marche d'infanterie et la 2e Division d'infanterie marocaine, qui a fait l'admiration des Américains dans les Abruzzes.
Il y a la 3ème Division d'infanterie algérienne, qui s'est également illustrée en Italie, et la 4e Division de marche marocaine, avec ses célèbres tabors marocains, qui ont pris d'assaut, à dos d'âne, le massif du Petrella, ouvrant aux Alliés les portes de Rome.
Il y a la 9e Division d'infanterie coloniale et bien sûr la 1ère Division motorisée d'infanterie, l'ancienne DFL, emblématique de tous les combats de la France Libre depuis 1940, en Erythrée, au Levant, dans les déserts de Libye, de Tunisie et en Italie, l'héritière de Bir Hakeim qui s'est couverte de gloire.
Enfin, la France aligne aux côtés des Alliés 34 bâtiments de guerre, dont le vieux cuirassé Lorraine et une dizaine de croiseurs qui tiennent leur rang parmi l'armada des 5.000 navires mobilisés pour le Débarquement.
Le matin du 15 août, la première vague de Débarquement atteint les plages de Cavalaire, de Saint-Tropez, de Sainte-Maxime et de Saint-Raphaël.
Dès le premier jour, les parachutistes français ont été en action, avec les commandos d'Afrique, qui détruisent les batteries côtières et le groupe naval d'assaut.
Sur terre, les Forces Françaises de l'Intérieur ont activement préparé le Débarquement, en fournissant aux Alliés du renseignement et par des actions de sabotage, qui perturbent les défenses Allemandes. Depuis le Printemps, les FFI ont également mené des actions de diversion, qui ont contraint les Allemands à considérablement étirer leurs effectifs, du Languedoc à Nice.
Au soir du 15 août, le bilan des opérations est impressionnant : une tête de pont de 75 km sur 30 km a été établie, 2.000 soldats allemands ont été capturés.
Les Alliés déplorent 320 morts. L'opération est un succès, encore plus net que celui du Débarquement de Normandie.
Dès le 17 août, les Alliés peuvent ainsi attaquer leur second objectif, où les troupes du général De Lattre vont magnifiquement s'illustrer : libérer les ports de Méditerranée. Guidés par les FFI, les troupes de la première armée s'élancent alors vers Toulon et Marseille.
Le général Brosset, qui a succédé à Koenig à la tête de la 1ère DFL, marche sur Toulon, où les Allemands ont l'ordre de tenir coûte que coûte, pendant que l'armée allemande fait retraite.
Les combats sont féroces. Pourtant, le 27, Toulon se rend. Le lendemain, c'est au tour de Marseille, insurgée depuis le 19 août, de tomber, un mois plus tôt que l'objectif initial.
Ces hommes iront bien au-delà des plages de Provence et des ports de Méditerranée : ils remonteront la vallée du Rhône, libèreront l'Alsace, avant de franchir le Rhin.
Mesdames et Messieurs, en ce jour de commémoration, notre pensée va aux morts, français et alliés, qui ont laissé leur vie durant les combats de ce Débarquement de Provence.
Mais au-delà de l'éclatant succès militaire, qui consacre la renaissance des armées françaises, le Débarquement de Provence revêt également une dimension politique très forte.
Il souligne en effet l'unité retrouvée de la France, de toute la France, unie soudain dans un ultime élan, dans un ultime effort, pour mener l'assaut final contre le nazisme.
Il témoigne de la solidité de l'amalgame réalisé entre l'armée d'Afrique et les croisés de la Croix de Lorraine, gardiens de la flamme gaulliste, rejoints en Afrique du Nord par les évadés de France et par les FFI après le Débarquement.
Ecoutons De Lattre, évoquant son armée :
« Une armée magnifique (...), une armée comme la France en
a peu connue car elle associe à la science de ceux qui
méritent le titre de « grognards » - les vétérans des FFL, ceux
des champs de bataille de Tunisie et d'Italie - l'enthousiasme
des volontaires de 1792 ».
Effondrée en 1940, divisée durant quatre ans, la France, à travers cet amalgame, panse ses plaies et refait son unité.
Le Débarquement de Provence, c'est l'Empire qui libère sa métropole, ce sont les deux rives de la Méditerranée qui se rejoignent enfin. Ce sont aussi les deux rives de la France du refus, les deux rives de la Résistance, extérieure et intérieure, qui se rejoignent, après quatre années d'une longue séparation.
Cette prouesse, ce miracle, digne des plus belles pages de notre histoire nationale, conduira la France à la table des vainqueurs, au Printemps 1945.
Après tant d'épreuves, après la précarité des premiers pas de la France Libre, après les heurts et les incompréhensions de la France Combattante avec ses Alliés, après les ralliements successifs de toutes les forces vives du pays par le général de Gaulle, la France s'élance en cet été 1944, pleine d'espoir, unie dans un même élan, pour libérer son territoire.
Je voudrais pour finir citer quelques lignes du maréchal De Lattre, notées dans ses mémoires :
« L'avance sur l'horaire prévu va se répercuter sur toute
la campagne. C'est par là que la victoire de Provence
apparaît dans sa réelle importance. En imposant à la
lutte un rythme extraordinaire de rapidité, en empêchant
l'ennemi de jamais de se ressaisir, et de jouer de ses
réserves, nos soldats n'ont pas seulement affirmé leur
supériorité et remporté des succès locaux considérables :
ils ont littéralement hâté l'heure de la victoire finale »
source http://www.defense.gouv.fr, le 20 août 2008
Madame la Consul Général des Etats-Unis à Marseille,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs élus,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 64 ans, le 15 août 1944, débutait ici, sur les plages du rivage méditerranéen, le Débarquement de Provence.
A la faveur de cette opération, 140.000 hommes, appuyés par d'imposants moyens aériens et maritimes, établissaient avec succès une seconde tête de pont en France, après le Débarquement de Normandie.
Préparé depuis le début de l'année 1944, ce débarquement de grande envergure s'était vu assigner par les Alliés d'importants objectifs : prendre et tenir un grand port de Méditerranée pour constituer une solide base logistique, puis, remonter le Rhône, pour effectuer la jonction avec les troupes du Débarquement de Normandie, avant l'assaut final contre l'Allemagne.
Le 15 août 1944 consacrait la grande renaissance de l'armée Française.
Pour la première fois depuis 1940, la France pouvait déployer une armée complète sur un théâtre d'opération de la Seconde Guerre mondiale.
Pour la première fois depuis 1940, les effectifs terrestres français étaient prépondérants dans une opération conjointe avec les anglo-américains.
Pour la première fois depuis 1940, les armées de la France allaient jouer un rôle décisif dans une bataille pour la libération du pays.
Symbolique en Normandie, la présence Française est déterminante lors du Débarquement de Provence : à côté de la 7e armée du général Patch et d'une division aéroportée britannique, la France jette dans la bataille sept de ses huit divisions récemment réarmées par les américains.
Il y a, parmi celles-ci, la 1ère Division de marche d'infanterie et la 2e Division d'infanterie marocaine, qui a fait l'admiration des Américains dans les Abruzzes.
Il y a la 3ème Division d'infanterie algérienne, qui s'est également illustrée en Italie, et la 4e Division de marche marocaine, avec ses célèbres tabors marocains, qui ont pris d'assaut, à dos d'âne, le massif du Petrella, ouvrant aux Alliés les portes de Rome.
Il y a la 9e Division d'infanterie coloniale et bien sûr la 1ère Division motorisée d'infanterie, l'ancienne DFL, emblématique de tous les combats de la France Libre depuis 1940, en Erythrée, au Levant, dans les déserts de Libye, de Tunisie et en Italie, l'héritière de Bir Hakeim qui s'est couverte de gloire.
Enfin, la France aligne aux côtés des Alliés 34 bâtiments de guerre, dont le vieux cuirassé Lorraine et une dizaine de croiseurs qui tiennent leur rang parmi l'armada des 5.000 navires mobilisés pour le Débarquement.
Le matin du 15 août, la première vague de Débarquement atteint les plages de Cavalaire, de Saint-Tropez, de Sainte-Maxime et de Saint-Raphaël.
Dès le premier jour, les parachutistes français ont été en action, avec les commandos d'Afrique, qui détruisent les batteries côtières et le groupe naval d'assaut.
Sur terre, les Forces Françaises de l'Intérieur ont activement préparé le Débarquement, en fournissant aux Alliés du renseignement et par des actions de sabotage, qui perturbent les défenses Allemandes. Depuis le Printemps, les FFI ont également mené des actions de diversion, qui ont contraint les Allemands à considérablement étirer leurs effectifs, du Languedoc à Nice.
Au soir du 15 août, le bilan des opérations est impressionnant : une tête de pont de 75 km sur 30 km a été établie, 2.000 soldats allemands ont été capturés.
Les Alliés déplorent 320 morts. L'opération est un succès, encore plus net que celui du Débarquement de Normandie.
Dès le 17 août, les Alliés peuvent ainsi attaquer leur second objectif, où les troupes du général De Lattre vont magnifiquement s'illustrer : libérer les ports de Méditerranée. Guidés par les FFI, les troupes de la première armée s'élancent alors vers Toulon et Marseille.
Le général Brosset, qui a succédé à Koenig à la tête de la 1ère DFL, marche sur Toulon, où les Allemands ont l'ordre de tenir coûte que coûte, pendant que l'armée allemande fait retraite.
Les combats sont féroces. Pourtant, le 27, Toulon se rend. Le lendemain, c'est au tour de Marseille, insurgée depuis le 19 août, de tomber, un mois plus tôt que l'objectif initial.
Ces hommes iront bien au-delà des plages de Provence et des ports de Méditerranée : ils remonteront la vallée du Rhône, libèreront l'Alsace, avant de franchir le Rhin.
Mesdames et Messieurs, en ce jour de commémoration, notre pensée va aux morts, français et alliés, qui ont laissé leur vie durant les combats de ce Débarquement de Provence.
Mais au-delà de l'éclatant succès militaire, qui consacre la renaissance des armées françaises, le Débarquement de Provence revêt également une dimension politique très forte.
Il souligne en effet l'unité retrouvée de la France, de toute la France, unie soudain dans un ultime élan, dans un ultime effort, pour mener l'assaut final contre le nazisme.
Il témoigne de la solidité de l'amalgame réalisé entre l'armée d'Afrique et les croisés de la Croix de Lorraine, gardiens de la flamme gaulliste, rejoints en Afrique du Nord par les évadés de France et par les FFI après le Débarquement.
Ecoutons De Lattre, évoquant son armée :
« Une armée magnifique (...), une armée comme la France en
a peu connue car elle associe à la science de ceux qui
méritent le titre de « grognards » - les vétérans des FFL, ceux
des champs de bataille de Tunisie et d'Italie - l'enthousiasme
des volontaires de 1792 ».
Effondrée en 1940, divisée durant quatre ans, la France, à travers cet amalgame, panse ses plaies et refait son unité.
Le Débarquement de Provence, c'est l'Empire qui libère sa métropole, ce sont les deux rives de la Méditerranée qui se rejoignent enfin. Ce sont aussi les deux rives de la France du refus, les deux rives de la Résistance, extérieure et intérieure, qui se rejoignent, après quatre années d'une longue séparation.
Cette prouesse, ce miracle, digne des plus belles pages de notre histoire nationale, conduira la France à la table des vainqueurs, au Printemps 1945.
Après tant d'épreuves, après la précarité des premiers pas de la France Libre, après les heurts et les incompréhensions de la France Combattante avec ses Alliés, après les ralliements successifs de toutes les forces vives du pays par le général de Gaulle, la France s'élance en cet été 1944, pleine d'espoir, unie dans un même élan, pour libérer son territoire.
Je voudrais pour finir citer quelques lignes du maréchal De Lattre, notées dans ses mémoires :
« L'avance sur l'horaire prévu va se répercuter sur toute
la campagne. C'est par là que la victoire de Provence
apparaît dans sa réelle importance. En imposant à la
lutte un rythme extraordinaire de rapidité, en empêchant
l'ennemi de jamais de se ressaisir, et de jouer de ses
réserves, nos soldats n'ont pas seulement affirmé leur
supériorité et remporté des succès locaux considérables :
ils ont littéralement hâté l'heure de la victoire finale »
source http://www.defense.gouv.fr, le 20 août 2008