Déclaration de Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle, sur l'histoire de la représentation féminine dans la vie politique, Paris le 8 mars 1999.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "La Parité en marche", à Paris le 8 mars 1999

Texte intégral

Je suis particulièrement heureuse d'inaugurer cette exposition aujourd'hui, à la délégation régionale d'Ile-de-France, en présence de Monsieur DUPORT, Préfet de Région, de Madame GRESY, Chef du Service des droits des femmes et de Madame MORBOIS, Déléguée Régionale des droits des femmes.
J'ai conscience, comme vous, que par le débat sur la parité entre les femmes et les hommes engagé depuis l'automne dernier, les femmes ont un certain rendez-vous avec leur histoire.
Cette exposition rappelle tout d'abord la longue marche des femmes vers la reconnaissance de leurs droits.
En effet, si la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1789 proclame que " les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ", c'est cette même année que, lors des débats préparatoires des assemblées, le principe du droit de vote aux femmes n'est même pas évoqué.
En 1791, Olympe de Gouges rédige une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dont l'article 1er indique " la femme naît libre et égale à l'homme en droits ".
Malgré six tentatives d'attribuer le vote aux femmes dans la Constitution entre les deux guerres, il faut attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 pour que " les femmes (soient) électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ".
Mais la question de l'égalité dans la représentation n'est pas posée alors : sans doute paraissait-il évident qu'une fois électrices et éligibles, les femmes se verraient confier, comme les hommes, les mandats politiques.
Chacun connaît les difficultés qui entravent l'accès des femmes à la vie politique ; cette exposition a sélectionné, sous forme de clin d'oeil, quelques morceaux choisis (phrases ou illustrations) d'une vision stéréotypée de femmes dans notre société.
Cinquante ans après le droit de vote, quelle est la situation ?
Depuis juin 1997, l'Assemblée Nationale compte 10,9 % de députées, soit 63 femmes sur 577 élus. Lors de la précédente législature, elles étaient 35, représentant 6 % des députés, soit légèrement moins qu'en 1945. Cela signifie que la loi est votée par une assemblée composée à 90 % par les hommes.
Au Sénat, seules 19 femmes siègent parmi les 321 élus, soit moins de 6 %.
La participation des femmes aux assemblées locales et régionales reste dans les mêmes proportions, puisqu'une seule femme préside un conseil général et deux, depuis quelques semaines, un conseil régional.
Seuls 7,9 % des conseillers régionaux sont des femmes et dans 23 conseils généraux aucune femme n'a été élue.
Depuis les élections municipales de 1995, les femmes forment 21 % des conseillers municipaux et 7 % des maires. Les femmes maires de villes de plus de 50000 habitants sont moins de dix.
Seul le parlement européen présente une participation plus équilibrée entre femmes et hommes puisque les eurodéputées sont 27,6 %, toutes nationalités confondues, soit 173 femmes dont 26 françaises qui, pour une partie significative d'entre elles, l'a été grâce à la liste paritaire du parti socialiste.
Face à ce constat navrant, indigne d'une démocratie telle que la nôtre, l'objectif de la parité s'impose à nous.
Chacun sait bien que la capacité des femmes pour exercer des responsabilités n'est pas en cause. Parce que les femmes représentent la moitié de notre population et qu'elles sont porteuses et riches d'autant de talents et d'intelligence que les hommes, parce que leur sous-représentation à la prise de décision ne permet pas l'expression de valeurs et d'idées différentes et que leur place marginale dans notre société ne peut être acceptée plus longtemps, enfin, parce que l'égalité formelle et effective entre les femmes et les hommes constitue un droit fondamental de l'être humain, le Premier ministre a fait de l'égalité entre les femmes et les hommes un des piliers de la rénovation de notre vie publique et de la modernisation de notre société.
Tel est bien le pari que fait le Gouvernement : ouvrir un chantier ambitieux où la parité poserait les bases d'un nouveau contrat entre femmes et hommes et fonderait un nouveau fonctionnement de notre société, notre démocratie.
Je tiens à remercier tout particulièrement le Service des droits des femmes et le Service de l'information et de la communication (SICOM) grâce à qui la conception et la réalisation de cette exposition, inaugurée aujourd'hui dans toutes les régions, a été possible, et je vous invite à en suivre le chemin.
(Source http://www.travail.gouv.fr ; le 19 mars 1999)