Texte intégral
P. Weill.- On se pose la question ce matin : la zone euro est-elle au bord de la récession ? Les économistes s'attendent à un recul des PIB de l'Allemagne, de la France et de l'Espagne, au second trimestre ; les chiffres seront publiés dans quelques heures. On vient d'apprendre que la croissance allemande est en baisse de 0,5 % au deuxième trimestre, pour la France. Vous avez les chiffres ?
Ils vont tomber dans quelques instants, puisque l'Insee doit donner sa prévision à 8h45, donc je pense que ça n'est pas tragique si je brûle un tout petit peu la politesse...
Oui, oui, allez-y !
Vous l'avez dit, l'Allemagne est à - 0,5 %, on savait que l'Italie était à - 0,3 %, la France sera donc en prévision sur le trimestre numéro 2 à - 0,3 %. Donc un peu mieux que l'Allemagne et au même niveau que l'Italie. C'est un phénomène qui est européen et qui, au-delà même, est mondial, puisque le Japon était à - 0,6 %. Donc, on le voit, tous les pays développés sont affectés par ces ralentissements économiques dont on hérite. C'est vraiment un choc économique en retour de la crise financière de l'été dernier, qui a amené une augmentation très, très significative - je dirais même vertigineuse - du prix des matières premières et en particulier du pétrole, ce qui a entraîné, par voie de conséquence, une résurgence de l'inflation comme on ne l'avait pas vue depuis de nombreux mois. Donc ce sont des chiffres auxquels on s'attendait et qui ne sont pas bons, c'est clair.
Une baisse de la croissance en France de 0,3 %, mauvaise nouvelle pour l'économie française. Quelle conséquence pour les Français qui nous écoutent ?
Ecoutez, moi, je me projette un petit peu surtout dans l'avenir, parce que vous savez, le deuxième trimestre, c'était les mois d'avril, mai, juin, donc c'est derrière nous, on a subi cette période-là. La question qu'on doit se poser, c'est qu'est-ce qui va se passer dans les mois qui viennent ? C'est pour ça que c'est important de comprendre ce qui s'est passé et ce qui a entraîné cette situation-là. Ce qui l'a entraînée, c'est très clairement les augmentations du cours des matières premières, l'affaiblissement du dollar et par voie de conséquence, le renforcement de l'euro et une situation d'inflation qui, je le crois, a atteint son pic en juin-juillet, puisqu'on a eu le même chiffre en juillet qu'en juin, et qu'on devrait tout simplement mathématiquement avoir une diminution de l'inflation dans les mois qui viennent. Je crois que l'on est dans une situation où les circonstances économiques qui ont créé ce ralentissement devraient créer les conditions d'un rebond. Alors, peut-être pas dans les mois qui viennent, mais je pense que la fin de l'année 2008, début 2009, seront plus favorables. Mais au-delà ce cela, ce qui compte, c'est ce que l'on va faire.
Mais on dit toujours que c'est la faute d'éléments extérieurs. Et nous, on n'est pas en cause ?
On est toujours en cause, ce n'est jamais la faute à personne et c'est la responsabilité de tout le monde. Ce qui est important, c'est ce que l'on va faire, ce que l'on a fait, et la manière...
Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans l'économie française actuellement ?
Je vous le redis, c'est un phénomène européen, qui touche aussi bien l'Italie que la France, encore plus l'Allemagne, on aura les chiffres espagnols et néerlandais dans les minutes qui viennent, ils seront du même ordre. Donc, ce n'est pas un phénomène propre à l'économie française, c'est de nature européenne. Mais ce que l'on doit faire, me semble-t-il, c'est évidemment continuer la politique qui consiste à soutenir l'offre. On a pris un certain nombre de mesures pour améliorer l'offre française, qui concerne à la fois le crédit impôt recherche, les pôles de compétitivité, la réforme des universités, tout ça c'est pour rendre l'offre des entreprises beaucoup plus compétitive. Si on ajoute à cela un affaiblissement de l'euro, qui est caractérisé actuellement, puisqu'on tournait autour de 1,60 par rapport au dollar, on est redescendu autour de 1,50, on est légèrement autour de 1,50, ça devrait vraiment favoriser plus nos entreprises qu'elles ne l'ont été au cours des semaines qui viennent. Ça, c'est pour ce qui concerne les entreprises. Pour ce qui concerne les particuliers, vous savez que l'on a pris un certain nombre de mesures pour soutenir le pouvoir d'achat au début de l'année, que la loi de modernisation de l'économie, en particulier en permettant de mieux faire jouer la concurrence, va certainement permettre - si les acteurs jouent le jeu, et ça on va y veiller - va certainement permettre de peser sur les prix pour améliorer le pouvoir d'achat des Français. Et puis, pardon de revenir sur un phénomène extérieur, mais, clairement, la baisse du baril de pétrole de plus de 30 % depuis la mi-juillet, c'est aussi une mesure qui va favoriser la baisse des prix et favoriser aussi le pouvoir d'achat.
Oui, mais enfin, vous savez très bien que des évènements de politique extérieure, l'hiver qui approche, la tendance peut s'inverser très vite.
Oui, mais vous savez, je crois qu'on a enclenché une autre politique, qui est aussi une politique de fond, qui commence à produire des résultats, c'est celle qui consiste à essayer de se détacher de la contrainte pétrolière. C'est la politique lancée par J.-L. Borloo et à laquelle j'adhère profondément, ainsi que de très nombreux Français. Prenez une mesure, la mesure du bonus-malus qu'on a appliquée aux voitures, qui consiste à soutenir l'achat des voitures qui consomment moins, qui produisent moins de CO2, c'est une mesure qui marche formidablement bien, au-delà de toutes espérances, d'ailleurs. On va continuer sur cette lancée, et un certain nombre d'autres produits, définis par J.-L. Borloo et son équipe, et avec nos services, puisqu'on travaille en étroite collaboration sur ces matières-là, eh bien seront, elles aussi soumises au principe du bonus-malus.
Madame Lagarde, une question concernant le porte-monnaie des Français. Un chiffre : dans la grande distribution, les prix, en hausse de 0,2 % en juillet, ça fait 5,3 % de hausse sur un an ; les salaires n'ont pas augmenté en France de 5,3 %.
Ce qui va être très important, c'est les mois à venir. Vous savez que la loi de modernisation de l'économie, qui était réclamée par certains à grands cris, pour le volet droit de la concurrence, c'est-à-dire possibilité pour les grandes surfaces que vous venez de citer, de s'implanter de manière plus souple, y compris en centre-ville, eh bien ces mesures-là entrent en oeuvre dès maintenant. Et je veillerai à ce que tous les décrets d'application soient pris avant la fin de l'année. Il va falloir que tout le monde joue le jeu, vous comprenez, parce que ceux qui disaient haut et fort "nous voulons la libéralisation, nous voulons plus de flexibilité, en échange, bien sûr, nous jouerons le jeu et nous ferons baisser les prix puisque la concurrence jouera à plein", ça, on va y être très, très attentifs, et des augmentations majeures ou qui n'auraient aucun lien avec l'augmentation des matières premières, qui sont en train maintenant de baisser, ne seront pas explicables.
Bon, enfin, un peu de patience encore.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 août 2008
Ils vont tomber dans quelques instants, puisque l'Insee doit donner sa prévision à 8h45, donc je pense que ça n'est pas tragique si je brûle un tout petit peu la politesse...
Oui, oui, allez-y !
Vous l'avez dit, l'Allemagne est à - 0,5 %, on savait que l'Italie était à - 0,3 %, la France sera donc en prévision sur le trimestre numéro 2 à - 0,3 %. Donc un peu mieux que l'Allemagne et au même niveau que l'Italie. C'est un phénomène qui est européen et qui, au-delà même, est mondial, puisque le Japon était à - 0,6 %. Donc, on le voit, tous les pays développés sont affectés par ces ralentissements économiques dont on hérite. C'est vraiment un choc économique en retour de la crise financière de l'été dernier, qui a amené une augmentation très, très significative - je dirais même vertigineuse - du prix des matières premières et en particulier du pétrole, ce qui a entraîné, par voie de conséquence, une résurgence de l'inflation comme on ne l'avait pas vue depuis de nombreux mois. Donc ce sont des chiffres auxquels on s'attendait et qui ne sont pas bons, c'est clair.
Une baisse de la croissance en France de 0,3 %, mauvaise nouvelle pour l'économie française. Quelle conséquence pour les Français qui nous écoutent ?
Ecoutez, moi, je me projette un petit peu surtout dans l'avenir, parce que vous savez, le deuxième trimestre, c'était les mois d'avril, mai, juin, donc c'est derrière nous, on a subi cette période-là. La question qu'on doit se poser, c'est qu'est-ce qui va se passer dans les mois qui viennent ? C'est pour ça que c'est important de comprendre ce qui s'est passé et ce qui a entraîné cette situation-là. Ce qui l'a entraînée, c'est très clairement les augmentations du cours des matières premières, l'affaiblissement du dollar et par voie de conséquence, le renforcement de l'euro et une situation d'inflation qui, je le crois, a atteint son pic en juin-juillet, puisqu'on a eu le même chiffre en juillet qu'en juin, et qu'on devrait tout simplement mathématiquement avoir une diminution de l'inflation dans les mois qui viennent. Je crois que l'on est dans une situation où les circonstances économiques qui ont créé ce ralentissement devraient créer les conditions d'un rebond. Alors, peut-être pas dans les mois qui viennent, mais je pense que la fin de l'année 2008, début 2009, seront plus favorables. Mais au-delà ce cela, ce qui compte, c'est ce que l'on va faire.
Mais on dit toujours que c'est la faute d'éléments extérieurs. Et nous, on n'est pas en cause ?
On est toujours en cause, ce n'est jamais la faute à personne et c'est la responsabilité de tout le monde. Ce qui est important, c'est ce que l'on va faire, ce que l'on a fait, et la manière...
Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans l'économie française actuellement ?
Je vous le redis, c'est un phénomène européen, qui touche aussi bien l'Italie que la France, encore plus l'Allemagne, on aura les chiffres espagnols et néerlandais dans les minutes qui viennent, ils seront du même ordre. Donc, ce n'est pas un phénomène propre à l'économie française, c'est de nature européenne. Mais ce que l'on doit faire, me semble-t-il, c'est évidemment continuer la politique qui consiste à soutenir l'offre. On a pris un certain nombre de mesures pour améliorer l'offre française, qui concerne à la fois le crédit impôt recherche, les pôles de compétitivité, la réforme des universités, tout ça c'est pour rendre l'offre des entreprises beaucoup plus compétitive. Si on ajoute à cela un affaiblissement de l'euro, qui est caractérisé actuellement, puisqu'on tournait autour de 1,60 par rapport au dollar, on est redescendu autour de 1,50, on est légèrement autour de 1,50, ça devrait vraiment favoriser plus nos entreprises qu'elles ne l'ont été au cours des semaines qui viennent. Ça, c'est pour ce qui concerne les entreprises. Pour ce qui concerne les particuliers, vous savez que l'on a pris un certain nombre de mesures pour soutenir le pouvoir d'achat au début de l'année, que la loi de modernisation de l'économie, en particulier en permettant de mieux faire jouer la concurrence, va certainement permettre - si les acteurs jouent le jeu, et ça on va y veiller - va certainement permettre de peser sur les prix pour améliorer le pouvoir d'achat des Français. Et puis, pardon de revenir sur un phénomène extérieur, mais, clairement, la baisse du baril de pétrole de plus de 30 % depuis la mi-juillet, c'est aussi une mesure qui va favoriser la baisse des prix et favoriser aussi le pouvoir d'achat.
Oui, mais enfin, vous savez très bien que des évènements de politique extérieure, l'hiver qui approche, la tendance peut s'inverser très vite.
Oui, mais vous savez, je crois qu'on a enclenché une autre politique, qui est aussi une politique de fond, qui commence à produire des résultats, c'est celle qui consiste à essayer de se détacher de la contrainte pétrolière. C'est la politique lancée par J.-L. Borloo et à laquelle j'adhère profondément, ainsi que de très nombreux Français. Prenez une mesure, la mesure du bonus-malus qu'on a appliquée aux voitures, qui consiste à soutenir l'achat des voitures qui consomment moins, qui produisent moins de CO2, c'est une mesure qui marche formidablement bien, au-delà de toutes espérances, d'ailleurs. On va continuer sur cette lancée, et un certain nombre d'autres produits, définis par J.-L. Borloo et son équipe, et avec nos services, puisqu'on travaille en étroite collaboration sur ces matières-là, eh bien seront, elles aussi soumises au principe du bonus-malus.
Madame Lagarde, une question concernant le porte-monnaie des Français. Un chiffre : dans la grande distribution, les prix, en hausse de 0,2 % en juillet, ça fait 5,3 % de hausse sur un an ; les salaires n'ont pas augmenté en France de 5,3 %.
Ce qui va être très important, c'est les mois à venir. Vous savez que la loi de modernisation de l'économie, qui était réclamée par certains à grands cris, pour le volet droit de la concurrence, c'est-à-dire possibilité pour les grandes surfaces que vous venez de citer, de s'implanter de manière plus souple, y compris en centre-ville, eh bien ces mesures-là entrent en oeuvre dès maintenant. Et je veillerai à ce que tous les décrets d'application soient pris avant la fin de l'année. Il va falloir que tout le monde joue le jeu, vous comprenez, parce que ceux qui disaient haut et fort "nous voulons la libéralisation, nous voulons plus de flexibilité, en échange, bien sûr, nous jouerons le jeu et nous ferons baisser les prix puisque la concurrence jouera à plein", ça, on va y être très, très attentifs, et des augmentations majeures ou qui n'auraient aucun lien avec l'augmentation des matières premières, qui sont en train maintenant de baisser, ne seront pas explicables.
Bon, enfin, un peu de patience encore.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 août 2008