Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je viens de m'entretenir très longuement avec le ministre des Affaires étrangères de Géorgie, Mme Eka Tkeshelashvili, et ce fut une conversation à la fois très agréable et très sérieuse. Nous avons reçu des explications très précieuses sur la situation des Géorgiens, sur leurs sentiments face à ces difficultés prolongées : qu'est-ce que cela veut dire d'être abkhaze dans cette situation ? Qu'est-ce que cela signifie dans la vie quotidienne ? Et puis aussi, après la visite de mon prédécesseur, M. Dimitri Rupel, de Carl Bildt, de M. Frank-Walter Steinmeier, quelle place pouvons-nous occuper dans ces tentatives généreuses de paix et surtout d'apaisement ?
J'ai rassuré Mme la ministre des Affaires étrangères. Je lui ai confirmé l'intérêt et la nécessité pour la Présidence du Conseil de l'Union européenne de s'occuper de cet apaisement. J'ai dit à Eka que nous étions disposés à le faire, avec nos amis, et particulièrement avec ceux qui s'étaient déjà impliqués.
J'ai promis de visiter la Géorgie au mois de septembre prochain, dès que cette visite pourra être organisée, et j'exprime notre détermination à nous engager - sans précipitation, sans idée préconçue, mais en comprenant bien l'enjeu - avec nos amis géorgiens.
Ce n'est pas la première fois que nous rencontrons le président géorgien, que je connais depuis longtemps. Le président Sarkozy et le président Saakachvili se sont déjà rencontrés.
La situation en Géorgie est un sujet de préoccupation internationale et nous sommes disposés à faire de notre mieux auprès de nos amis géorgiens et nous sommes disposés, bien sûr, comme nous l'avons déjà fait, à écouter nos amis russes.
Q - (A propos des incidents en Géorgie)
R - Je ne veux pas minimiser l'agression, mais si nous voulons être impliqués dans le processus de paix nous devons trouver les moyens d'être à la fois efficaces et utiles dans ce processus. Il n'y a aucun doute sur le fait que je prête une attention particulière à la vie quotidienne des populations. Mais je ne veux pas limiter ou ramener cette large question politique à des termes d'agression ou pas. Ce n'est vraiment qu'une part du problème. Laissez-moi vous dire que nous faisons face à un moment particulier ; la Russie parle désormais d'une voix qui porte plus, c'est un pays immense et important qui revient sur le devant de la scène. Avec nos amis géorgiens, nous voulons donc trouver une approche particulière.
Q - (A propos de l'évolution de la situation en Abkhazie)
R - J'espère que vous avez tort, mais je constate que vous avez raison. Laissez-nous essayer tout d'abord écouter nos amis russes et géorgiens, puis écouter les 26 autres pays de l'Union européenne. Nous sommes tous concernés par cette crise. Nous voulons que la situation s'apaise et non pas qu'elle empire. Nous travaillons jour et nuit, avec détermination, au niveau de la Présidence du Conseil de l'Union européenne que nous occupons depuis seulement 15 jours. Le Sommet de l'Union pour la Méditerranée vient tout juste de se conclure et nous retrouvons nos partenaires mardi, à Bruxelles, pour le Conseil Affaires Générales. Nous n'abandonnons personne. Votre pays fait partie de nos principaux sujets d'intérêt.
Q - Pourquoi attendre le mois de septembre ? N'y a-t-il pas d'urgence selon vous ?
R - Tout simplement parce que mon ami le ministre des Affaires étrangères allemand est en ce moment en Géorgie. Ne nous précipitons pas, ce n'est pas un stade de football, nous n'allons pas essayer d'entrer tous au même moment. Il faut que nous nous concertions. Il faut que cette intervention ait du poids, du sens, de l'efficacité. Je pense qu'il est plus raisonnable, d'abord, de parler avec nos amis, avec ceux qui ont déjà été très impliqués. Je rappelle, à cet égard, que nous l'avons été aussi.
Encore une fois, nous avons souvent rencontré le président Saakachvili. Il faut avoir une approche coordonnée. Ce qui est important, c'est ce qui est décidé ensemble. Je crois que c'est le bon moment pour se rendre en Géorgie dans le cadre d'une visite efficace au nom de l'Union européenne et de sa Présidence française.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juillet 2008