Interview de M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes, à la chaîne ORF2 de la télévision autrichienne le 17 juillet 2008, sur les suites du référendum irlandais concernant le traité de Lisbonne, les relations entre les Etats-Unis et l'Iran et la proposition de créer une centrale d'achat européenne pour l'approvisionnement en gaz.

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Texte intégral

Q - La réaction de votre homologue irlandais après l'appel de M. Nicolas Sarkozy à un second référendum en Irlande vous a-t-elle étonné ?
R - Si, en France, on nous avait dit quinze jours après la tenue du référendum que l'on devait adopter une attitude ou une autre, nous n'aurions pas apprécié. Ce n'est pas du tout notre objectif. Nous, nous voulons écouter les Irlandais.
Q - Selon plusieurs quotidiens, les Etats-Unis souhaiteraient rouvrir une représentation à Téhéran ?
R - Franchement, je n'en sais rien. En tout cas, à Genève, je suis sûr qu'il y en a une.
Q - Pour vous c'est un signe positif ?
R - C'est un signe positif ! C'est exactement la même chose qu'avec Bachar Al Assad. Je vous signale que les Américains ont dit : pendant qu'il sera à Paris, profitons-en pour faire avancer la paix. Les Américains ont également dit : on ne parle pas avec l'Iran ; ils sont en train de parler avec les Iraniens et c'est bien.
Q - Pour revenir sur une question plus européenne, il y a la proposition de faire une centrale d'achat pour le gaz pour les Européens...
R - Ce serait bien, au lieu de voir dialoguer chacun des Etats de l'Union européenne, un par un, avec les Russes. Si on pouvait le faire collectivement, ce serait mieux. Mais il s'agit là aussi d'une espérance. Il faut la bâtir, il faut passer à l'acte: c'est compliqué mais nous allons essayer.
Q - Vous avez dit tout à l'heure que vous n'aviez pas voté Sarkozy mais que vous étiez persuadé que c'était lui qui allait faire les réformes...
R - Le président Sarkozy est un homme de réformes, je crois que ce pays en a besoin, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai accepté de servir mon pays, à cet endroit, à côté de lui. Cependant, ce n'est pas un secret, je reste un homme de gauche. D'ailleurs personne ne me demande de changer. Je pense que les réformes sont indispensables à notre pays. Malheureusement, la gauche ne les proposait pas ou pas assez. La gauche a d'autres conceptions, j'espère qu'elle changera. D'ailleurs, la social-démocratie européenne a déjà changé.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2008