Point de presse de M. Bernard kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les grands axes de la diplomatie française, concernant notamment la Présidence française de l'Union européenne, le Moyen-Orient, les relations avec les Etats-unis et l'OTAN, la libération des otages en Colombie, la question du Darfour, l'Union pour la Méditerranée et les relations avec la Pologne, à Paris le 18 juillet 2008.

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Bonjour Mesdames et Messieurs,
Je pense que vous sélectionnerez vous-mêmes les questions et les sujets que nous pouvons traiter et, en particulier, peut-être le début de la Présidence française.
En vous remerciant de venir à ce point de presse, je voudrais revenir avec vous sur un an et près de trois mois de diplomatie française caractérisée par la rupture, la rupture avec le passé, la rupture avec l'immobilisme.
Oui, il y a eu rupture avec l'immobilisme. Certains dossiers étaient complètement clos et nous avons réouvert et même ouvert un nombre considérable de dossiers. Evidemment, cette rupture n'a pas produit des effets immédiats, il fallait attendre. La politique et la diplomatie doivent aller plus souvent ensemble, même si ce n'est pas la même chose et même si la diplomatie connaît des chemins différents, des méthodes dissemblables.
Mais un certain nombre de sujets qui n'étaient plus abordés l'ont été. Et nous avons, je crois, fait entendre notre voix, la voix de la France sur tous les dossiers. Nous sommes au centre du jeu diplomatique dans de nombreux dossiers.
Je ne parle pas seulement de l'Union pour la Méditerranée, qui a clos cette première saison diplomatique de façon remarquable. Là aussi, ne prenez pas l'Union pour la Méditerranée et la réunion de dimanche à Paris des 43 pays comme un événement clos ; cela faisait un an et trois mois que nous y travaillions, que cette maison, le Quai d'Orsay, ses diplomates - qu'ils soient ici dans le réseau, ou qu'ils soient à l'Elysée, ce sont les diplomates du Quai d'Orsay - y travaillaient. Nous avons obtenu ce premier résultat, qui ne sera que remarquable s'il ne se poursuit pas. Le travail se poursuit, et même plus fortement encore, à propos de ce dossier de l'Union pour la Méditerranée et il faudra, maintenant, avancer sur les projets.
Et pour les autres sujets, la même méthode a été adoptée. Une méthode de dialogue et de mouvement. La méthode diplomatique actuelle de la France est fondée sur le dialogue et le mouvement.
Bien sûr, nous n'obtenons pas toujours les mêmes résultats. Mais je vous rappelle qu'il y a eu de nombreuses et importantes rencontres : la Celle Saint-Cloud sur le Liban, la conférence sur le Darfour, la conférence sur l'Etat palestinien, la conférence sur l'Afghanistan, avec la société civile afghane, ainsi que le sommet de l'Union pour la Méditerranée.
La France est au centre d'un certain nombre de dossiers diplomatiques et j'ajoute que Paris est devenu - si on la compare aux autres capitales que je ne veux pas effacer - une des capitales de la diplomatie, une des capitales du mouvement diplomatique.
Sur chaque dossier, pendant un an, nous avons avancé avec des "petits pas" sur le terrain et de grandes ambitions. Nous nous sommes efforcés - cela ne se voit pas toujours -, d'avoir des approches humaines. Il y a une dimension humaine de notre diplomatie qui, si vous parlez du Liban, si vous parlez de la Palestine, est évidente. Je suis allé au Liban à de nombreuses reprises, pour plusieurs jours à chaque fois. Je suis allé tous les deux mois en Palestine. En Colombie, j'ai vu le président Uribe et les familles des otages cinq fois.
C'est la diplomatie des petits pas, pas la diplomatie des grands discours. Les grands discours, nous les réservons au président de la République. Je vous rappelle qu'il y a eu trois grands discours : le discours aux Etats-Unis, le deuxième à Londres et le troisième, à la Knesset. Et ces discours du Congrès, de Westminster et celui de la Knesset et de la Palestine - puisque ce discours était adressé à la Palestine et à Israël dans les mêmes termes - ont été unanimement salués.
Le dialogue a bien sûr inclus les chancelleries et la diplomatie classique, mais pas seulement ; nous nous sommes efforcés de rencontrer, tout au long de cette année écoulée, les organisations non gouvernementales, la société civile, les familles. De plus, je vous rappelle qu'il y eu, ne l'oublions pas, l'inauguration du Centre de crise qui, en ce moment, est en alerte pour toutes sortes de raisons. Il y a maintenant un accueil des familles, des journalistes, de ce qu'on appelle la société civile. Tout le monde a accès à ces agents qui veillent nuit et jour et qui travaillent sur des sujets parfois extrêmement délicats.
Je souhaiterais revenir sur les dix-huit premiers jours de la Présidence française. Je crois que nous nous étions bien préparés. Entre Jean-Pierre Jouyet et moi-même, le travail est bien réparti. Je crois que nous avons beaucoup travaillé en amont avec, en ce qui concerne Jean-Pierre Jouyet, beaucoup de réflexions et de connaissances. Le président de la République, le Premier Ministre, Jean-Pierre Jouyet et moi-même, nous avons rencontré toutes les commissions du Parlement européen, nous nous sommes rendus dans les 26 autres pays. Le Parlement européen nous a réservé un accueil formidable et encourageant, d'abord évidemment pour le président Sarkozy le 10 juillet dernier et puis, avant-hier, à la commission des Affaires étrangères et à la commission constitutionnelle.
Concernant un premier bilan, il y a déjà eu deux Conseils de l'Union européenne, Ecofin et Agriculture présidés respectivement par Christine Lagarde et Michel Barnier ; il y a eu cinq réunions ministérielles informelles dont l'une concernant l'environnement. Lors de cette dernière réunion ont été abordées les principales préoccupations en matière d'environnement dont les échanges et les quotas de gaz à effet de serre, ou encore le problème lié aux normes non européennes, en effet qu'est ce que l'on fait avec des produits qui sont fabriqués selon d'autres normes de pollution que celles appliquées dans l'Union européenne ?
A Cannes, dans le domaine de la justice et des affaires intérieures, nous avons obtenu l'accord des Vingt-sept sur le pacte pour l'immigration et l'asile. C'est un succès que nous ne pensions pas obtenir aussi vite, constatant que la préoccupation française était la préoccupation de tous. On pourrait s'interroger sur cette préoccupation : pourquoi l'Europe est tellement anxieuse ? Pourquoi ce problème est en tête des priorités ? La réponse réside dans la globalisation. Il y a une inquiétude européenne dont nous parlerons peut-être à propos du résultat du référendum en Irlande, mais cette inquiétude européenne se traduit aussi par cette nécessité et cette démonstration de rapidité en ce qui concerne l'accord des Vingt-sept sur le Pacte pour l'immigration et l'asile.
A Chantilly, s'est tenue la réunion informelle des Affaires sociales et de l'Emploi, présidée par Xavier Bertrand avec des propositions sur l'Europe sociale qui sont beaucoup plus ambitieuses que nous ne l'attendions.
Enfin, aujourd'hui à Jouy-en-Josas, c'est le Conseil Compétitivité auquel Jean Pierre Jouyet participe.
En un mot, on ne peut pas être content de l'état du monde, on ne peut pas être satisfait seulement de ce que l'on a fait. Mais je pense que quelque chose change, que quelque chose bouge, que le vent n'est pas le même, que la "feuille de route" n'est pas la même dans cette diplomatie. Pourtant, je comprends les difficultés et les inquiétudes.
Dans un monde qui bouge, ce ne sont plus les mêmes méthodes qui doivent être employées. La dimension de notre diplomatie a été récemment soulignée par le Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France, dirigé par Alain Juppé et Louis Schweitzer, ainsi que dans le cadre de la révision générale des politiques publiques. Nous adapterons notre réseau en fonction des exigences locales, nous n'aurons pas un modèle unique dans le monde parce qu'il n'y a plus de modèle unique possible.
Dans notre monde de l'Internet, qu'est-ce que la diplomatie d'influence ? Ce n'est pas comme avant et, pourtant, nous avons et nous maintenons un instrument indispensable, apprécié dans le monde entier, l'instrument culturel de la France : les centres culturels, les Alliances françaises, les lycées français. Ce n'est pas facile parce que l'équilibre budgétaire est tel cette année que l'on ne pourra pas tout financer.
Vous ne pouvez pas faire la même diplomatie en Afrique, avec ce retour des Africains eux-mêmes dans leurs propres affaires - retour légitime d'ailleurs -, et puis en Asie, qui se développe à toute allure. Vous ne pouvez pas avoir la même diplomatie en Amérique latine, après les otages - il en reste d'ailleurs et nous demeurons très vigilants.
Bref, la diplomatie française évolue. Je crois que ce mouvement est très positif et je suis heureux de rencontrer le plus souvent possible les agents de ce ministère, pas seulement les ambassadeurs. Je n'arrive pas à les rencontrer suffisamment. Mais je me sens avec eux en rapport fraternel. Ils ont une même vision du monde et de la nécessité pour la France de n'abandonner aucun dossier, d'être impliqué, de n'être à la remorque de personne.
Et ne me dites pas, s'il vous plaît, que nous avons, sur les dossiers principaux, été les suivistes des Américains, c'est tellement faux !
Permettez-moi de vous citer des exemples. A propos de ce qui se passera samedi avec les Américains, présents à Genève, dans le dialogue amorcé - début, balbutiements de dialogue - avec l'Iran. Qui était partisan du dialogue ? Depuis un an et trois mois, la France. Qui était hostile à ce dialogue ? Les Etats-Unis d'Amérique. Qu'est ce qui vient d'être fait ? Les Etats-Unis d'Amérique vont à Genève. Je ne sais pas ce qu'il s'y dira. Je n'attends rien tout de suite, bien entendu, soyons prudents. J'ai d'ailleurs dit que j'en espérais beaucoup et que je n'en attendais rien, parce que cela va mettre du temps.
Et à propos de la présence de M. Bachar Al Assad à Paris, par qui avons-nous été félicités ? Par les Israéliens qui avaient commencé avant nous - les Américains n'étaient pas très contents. Mais comme il y a un pragmatisme américain et que nous sommes en très bonnes relations avec le président Bush et avec Mme Condoleezza Rice - nous nous parlons souvent -, non seulement ils ont compris ce que nous faisions, mais ils nous ont félicités pour l'Union pour la Méditerranée.
Revenons sur le supposé alignement sur l'OTAN que nous n'avons pas amorcé. C'est incroyable ce que je lis à ce sujet ! On n'a encore rien décidé sur l'OTAN ; on fera peut-être quelque chose pour rejoindre le Comité stratégique des plans l'année prochaine à Strasbourg Kehl. Pour le moment, nous n'avons rien décidé, nous avons dit et le président de la République l'a répété devant les 3.500 militaires à la Porte de Versailles : nous n'avancerons vers l'OTAN que si nous avançons sur l'Europe de la Défense.
On pourrait prendre tous ces exemples un par un. Nous n'avons été alignés sur personne. Au Liban, nous avons poursuivi qui n'était pas celle que les Etats-Unis voulaient voir mise en oeuvre. Même démarche en Irak ou en Afghanistan. Nous avons organisé une conférence internationale de soutien à l'Afghanistan en juin, je crois que l'on peut parler politique à propos de l'Afghanistan comme jamais cela n'avait été fait ; c'est-à-dire que l'on a dit aux Afghans : il n'y aura pas qu'une solution militaire, certes nous renforçons nos troupes, car il faut sécuriser les régions où nous devons accéder. Nous avons organisé cette conférence avec des représentants des ONG de protection des Droits de l'Homme, associations afghanes et internationales, qui étaient là et qui se sont exprimés à la Conférence des donateurs devant tous les participants, notamment MM. Ban Ki-moon et Sarkozy.
Il y a d'autres exemples : le protocole de Kyoto ou la question de l'énergie, qui nous font être différents de nos amis américains. Maintenant, il y a une telle confiance que l'on peut absolument tout se dire. Je vous rappelle, qu'à Bucarest, lors du sommet de l'OTAN, cela n'a pas été facile de dire à nos amis américains que nous n'étions pas d'accord. Les six pays fondateurs de l'Europe n'ont pas voté en faveur du MAP c'est-à-dire à l'accès immédiat à la candidature pour l'Ukraine et la Géorgie. Vous pouvez trouver d'autres exemples mais sur l'essentiel, c'est-à-dire la façon de se parler face à ce monde en mouvement et en danger, nous avons été en permanence dans le dialogue, dans l'échange, dans la confiance. La confiance ne signifie pas le suivisme et nous ne l'avons pas pratiqué.
Voilà, Mesdames et Messieurs, un bilan rapide et synthétique d'un an et pas encore et demi de diplomatie, de travail intense fondé sur la qualité des personnels du ministère des Affaires étrangères.
Q - Après l'échange de prisonniers politiques entre Israël et le Hezbollah, avez-vous l'impression qu'il existe un nouveau climat dans la région, un déblocage. Par ailleurs, concernant l'établissement de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban, pensez-vous que c'est une chose possible, avant la visite du président Sarkozy à Damas ? Quand vous rendrez-vous dans cette capitale pour préparer cette visite ?
R - Concernant la dernière partie de votre question, ce sera avant la fin du mois de septembre.
Votre première question est évidemment très intéressante et très importante.
Ai-je le sentiment qu'il y a un changement d'atmosphère ? Oui. Oui et pas seulement pour l'exemple que vous citez même si l'exemple est bon. L'échange des prisonniers, des corps en tout cas - des restes des soldats qui sont morts, avec toute la douleur que cela représente pour les familles, d'un côté comme de l'autre, mais surtout du côté israélien, dans la mesure où certains, jusqu'il y a peu de temps, pouvait penser que les deux soldats étaient en vie - est très important. Et ce geste est très important après d'autres gestes. L'ouverture, vous l'avez dit - c'est la seconde partie de votre question -, l'espoir entre la Syrie et Israël, c'est tout à fait capital d'autant que le président syrien a dit dans un entretien avec une télévision française qu'il avait un calendrier particulier. Ce n'est peut-être pas celui qui sera suivi, bien entendu, mais enfin, c'était une idée, de six mois à deux ans, des contacts directs qui auront lieu assez vite. D'après ce que je sais, ces contacts directs sont véritablement envisagés dans un avenir proche. Nous en avons évidemment parlé avec nos amis israéliens et nous avons parlé avec les Syriens.
Et puis, le vent, c'est aussi cette brise entre la Syrie et le Liban, c'est l'échange d'ambassadeurs qui va intervenir. Je ne sais pas quand car les Syriens nous ont dit qu'il existait un certain nombre d'obstacles administratifs, mais cela se fera avant la fin de l'année, je l'espère. Alors, là, c'est quand même nouveau, c'est la reconnaissance d'un Etat libanais et c'est tout à fait essentiel.
En même temps, si on met en parallèle le dialogue qui, grâce à la Turquie, s'est noué entre les deux pays et le dialogue qui, grâce à l'Egypte se noue - et qui a abouti à une trêve presque respectée - entre le Hamas et l'Etat d'Israël. Si on pense, comme je le pense ces jours-ci - je peux me tromper - que les choses ne vont pas si mal entre les Palestiniens et les Israéliens, cela fait beaucoup.
Cela fait-il un succès et la paix à la fin de l'année ? Ce n'est pas sûr du tout, mais nous pouvons avoir de bonnes surprises.
Vous savez, ma méthode est assez simple, je m'attends toujours au pire, comme cela, j'ai quelques bonnes surprises. J'étais donc plutôt pessimiste. Et puis, je suis heureux après la réunion de l'Union pour la Méditerranée.
Q - Vous venez de dire, concernant la rencontre entre les Etats-Unis et l'Iran, que vous n'en attendiez rien, si c'était bien votre phrase. Pouvez-vous la commenter ?
R - Vous savez, après tant de difficultés, tant d'insistance, je ne peux pas me contenter de dire : "nous avons eu raison", car les Européens et en particulier la France ont eu raison. N'oubliez pas que cela a commencé à trois, puis cinq, puis six maintenant.
Il y a eu une unanimité des Six, les cinq membres du Conseil de sécurité plus l'Allemagne, pour proposer les résolutions qui ont été acceptées à l'unanimité : une sans sanction et trois avec des sanctions.
Si vous me demandez si les sanctions ont joué un rôle, je vous répondrais oui. Mais, à chaque fois qu'il y a eu des sanctions, la France a dit : "la sanction ne suffit pas, il faut du dialogue."
Je l'ai dit et je le répète, nous, nous avons dialogué à Genève, cela ne nous surprend pas. Nous n'avons pas cessé de dialoguer avec les Iraniens. Nous avons même dialogué à l'extérieur, ils sont venus ici. Nous n'avons jamais renoncé à dialoguer.
Je sais par expérience que les dossiers sont extrêmement lourds. N'oubliez pas que la demande à Six a été : "dialoguons", et que la réponse iranienne, qui est arrivée il y a quelques jours, était également : "dialoguons ; mais pas sur l'essentiel. N'oubliez pas que la réponse a été : "nous devons nous parler."
Les Américains nous rejoignent, c'est un formidable progrès, nous sommes maintenant six à tenter le dialogue. Lorsque je dis que je n'attends rien de la réunion de Genève, je veux dire qu'il ne faut pas en espérer, tout de suite, une amélioration et un changement d'attitude.
Si je me trompe, je reconnaîtrais volontiers que je me suis trompé, ce sera encore une fois une bonne surprise. Là, je pense que c'est déjà en soi une bonne nouvelle, c'est déjà de l'espoir pour aboutir à des solutions pacifiques.
Q - Comment interprétez-vous le rapprochement iranien vis-à-vis des Etats-Unis ?
R - Je crois que c'est le fruit d'une obstination, ce n'est pas un rapprochement au sens strict, c'est la proposition de dialogue qui a été faite avec les Etats-Unis. Je vous rappelle que dans la délégation accompagnant M. Javier Solana, qui est allée porter la lettre, il n'y avait pas les Américains. Ils ne voulaient pas se rendre à Téhéran ; nous, nous y sommes allés.
C'est donc un rapprochement de la position américaine, pardonnez-moi de répéter ce que je viens de dire, de la position européenne, de la position des Russes et des Chinois qui eux, étaient également plein d'allant. Ils les voient d'ailleurs souvent et échangent un certain nombre de marchés et conquièrent, pendant ce temps, un certain nombre de marchés. Ils ne sont pas les seuls.
Q - Vous venez de dire que vous avez été félicité par les Américains quand on a reçu Bachar al Assad, ils n'étaient pas très contents mais ils nous ont félicités pour l'UPM. Cela veut-il dire que les Américains aussi vous rejoignent sur l'ouverture, sur Bachar Al Assad ? Ces félicitations ont-elles été uniquement pour la réunion bilatérale avec Bachar Al Assad ?
R - Comment pouvez-vous détacher l'un de l'autre ? Tout d'abord, nous en avons beaucoup parlé, je ne dis pas du tout que les Etats-Unis sont sur la ligne de la France et qu'ils rencontreront demain M. Bachar al Assad, je n'en sais rien. C'est à eux de décider et, en tout cas, ils nous ont félicités pour ce sommet sur l'Union pour la Méditerranée, à Paris, le 13 juillet dernier, qui incluait Bachar Al Assad. A l'occasion d'une réunion avec M. Bush et Mme Condoleezza Rice, à Paris, avant le dîner, nous nous sommes entretenus pendant quatre heures. Nous avons présenté la position française et, à partir de là, nos amis américains, de façon très pragmatique, ont raisonné à partir de ce qui était une nouvelle donne.
Si vous me demandez si les Américains vont rencontrer les Syriens, je vous dirai que je n'en sais rien du tout, je ne peux pas vous répondre. Si les Américains rencontrent les Syriens, d'abord, ils ne nous le diront pas tout de suite.
Q - Pardonnez-moi, je n'ai pas complété ma question. Ma seconde question concernait l'Arabie saoudite. On entend ici et là, que l'Arabie Saoudite n'était pas informée par la France avant sur cette réunion avec Bachar Al Assad, est-il concevable que le président de la République qui se trouve au Maroc aujourd'hui rencontre le Roi d'Arabie qui est également au Maroc ?
R - Tout est possible et, d'ailleurs, nous avons rencontré son frère il y a trois jours. Bien sûr, nous avons tenu au courant l'Arabie Saoudite.
L'Arabie saoudite, c'est vrai, n'était pas très partisane de notre rencontre avec le président syrien. Lui-même n'est pas allé en Arabie saoudite, mais le ministre saoudien des Affaires étrangères est venu voir le président syrien.
Ce sont des rapports compliqués, délicats et je comprends très bien que les deux attitudes soient très différentes à l'intérieur de ce monde arabe. Mais je crois que tout le monde a compris la position de la France. C'est une position qui allait vers la paix, c'est une position qui voulait la détente, c'est une position qui signifiait l'apaisement. Nos amis saoudiens, que nous voyons souvent, n'ont pas été surpris puisqu'ils le savaient. Ils peuvent approuver notre démarche dans un premier temps ou bien, dans un deuxième temps, la désapprouver, mais je n'ai pas le sentiment que cela se fera de cette façon.
Je pense que cela fait partie de cette nouvelle configuration géographique, politique et stratégique. Vous savez, quand je dis que c'est une diplomatie du dialogue et du mouvement, je veux dire que par le dialogue arrive le mouvement et le mouvement est permanent. Cela évolue beaucoup au Moyen-Orient.
Q - Pour rester un peu sur le thème de l'Iran et la rencontre de Damas si vous le permettez, tout le monde sait que les Iraniens participent demain à cette fameuse rencontre en disant qu'il n'est pas question qu'ils arrêtent l'enrichissement de l'uranium. Alors à quoi cela sert de négocier, de parler de cette fameuse étape dans les négociations ? Deuxième question, n'avez-vous pas l'impression que les Iraniens, comme certains analystes le pensent, sont en train de gagner du temps ? Ma question est simple, si par malheur ces négociations n'aboutissent pas, va-t-on se diriger vers d'autres sanctions ?
R - Je constate que pour gagner du temps, le mieux c'est la négociation, et pour gagner du temps sur la guerre, le mieux c'est la paix. Vous êtes déjà en train de parler d'échec. Mais il y a quatre jours, on pensait que cette rencontre n'aurait pas lieu, et maintenant elle a lieu. Pour le moment, nous ne savons pas sur quoi aboutira la réunion de demain et nous espérons vivement que ce sera un progrès, peut-être vers la tenue d'une autre réunion. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que je n'en attendais rien. Avec cette confrontation, avec l'existence éventuelle d'armes atomiques en Iran, vous ne pouvez pas attendre d'un seul coup et d'une seule réunion que tout se résolve. Même si cette réunion était un échec et que les Six sortaient de leur rencontre avec les Iraniens en disant qu'ils n'ont pas voulu parler de l'essentiel, je considérerais déjà que c'est un progrès. On avance à petits pas, même parfois on fait du sur place.
Q - Sur la Colombie, je voudrais savoir sur quels points portent les efforts de la France pour les otages parce que vous savez que le gouvernement colombien a dit qu'il ne voulait plus de médiations ou d'interférences d'autres pays sur le sujet des otages. Vous savez qu'il y a une enquête sur le représentant suisse, pensez-vous qu'il pourrait y en avoir une sur le représentant français ?
R - Une enquête pour avoir aider à libérer les otages, ce serait intéressant.
Q - Il aurait payé une somme.
R - D'abord, nous ne sommes pas accusés d'avoir versé de l'argent et comme nous n'en avons pas donné, nous attendons l'enquête.
Quant à Jean-Pierre Gontard, qui est un homme que je connais depuis vingt ans, ce qui m'intéresse c'est son courage. Jean-Pierre Gontard, Noël Saez sont des gens exceptionnels, je les défendrai jusqu'au bout. D'ailleurs, de quoi les accuserait-on ? Si j'ai bien compris, Jean-Pierre Gontard a été accusé dans une toute autre négociation, qui n'avait rien à voir avec celle dont il est question, d'avoir transmis de l'argent. Je n'en sais rien, je veux bien qu'il y ait une enquête sur ce sujet mais cela n'enlève rien à son courage au service des otages qui ont été libérés. Ils se sont rendus vingt fois en Colombie, au péril de leur vie.
Pour répondre à la première partie de votre question, pour le moment, on ne nous a pas signifié que l'on ne voulait pas de médiation. J'ai rencontré longuement il y a quelques jours à Bogota, les familles des otages encore détenus. Ce qui est difficile, c'est qu'il s'agit de personnes faisant partie de la police ou de l'armée. Donc c'est évidemment au gouvernement colombien. J'entretiens personnellement les meilleurs rapports avec les autorités colombiennes. Avec M. Santos, avec le ministre des Affaires étrangères, avec M. Uribe, nous sommes à leur disposition et à la disposition du président. Si nous pouvons jouer un rôle, nous le ferons au maximum et nous continuerons à jouer notre rôle en attirant l'attention sur les otages qui restent prisonniers. Ce sont des otages qui méritent notre respect autant que les autres. A chaque fois que j'ai parlé d'Ingrid Betancourt, j'ai aussi cité les autres otages. Mais je ne vous cache pas mon immense joie de voir que notre otage française, Ingrid Betancourt, qui va devenir une des voix du monde, a été libérée. Mais franchement il n'y a pas de querelles. On a accusé aussi le gouvernement colombien d'avoir donné de l'argent, que les enquêtes se fassent.
Six otages ont été libérés par des voies que n'appréciait pas le président Uribe, il ne nous a rien interdit, il était au courant de tout, mais il n'aimait pas le fait que l'on passe par des pays intermédiaires. Je le comprends, il est président d'un pays qui se bat contre une rébellion et une situation qui dure depuis quarante ans. Nous avons donc libéré six otages de cette manière. Cela a attiré l'attention du monde, et depuis très longtemps, depuis que nous l'avons fait - je ne dis pas du tout que Dominique de Villepin, Jacques Chirac, ou même Lionel Jospin n'ont pas fait d'efforts. Je dis que tous ces efforts additionnés et le fait de faire jouer ce que j'appellerais la loi du tapage - vieille loi, dont j'ai contribué à fixer les contours - pour que tout le monde et surtout en Amérique latine, les Latino-américains s'emparent de ce problème. C'est devenu un combat international pour la liberté, c'est devenu autre chose qu'une affaire intérieure colombienne, ce qui légitimement était le cas au départ. Nous continuons d'avoir d'excellentes relations avec le gouvernement colombien, d'ailleurs M. Santos était à Paris il y a peu de temps.
Q - Vous allez accompagner le président Sarkozy en Irlande bientôt, j'aimerais savoir quel message, quels arguments vous allez pouvoir apporter aux Irlandais pour les convaincre, d'une part de revoter sur le Traité de Lisbonne et d'autre part, de le faire dans un sens positif ?
R - Je n'entends pas les convaincre de revoter. Il y a un programme très précis qui est un programme d'écoute. Nous allons rencontrer les politiques, un certain nombre d'intellectuels, les syndicats et nous allons les écouter. C'est le Président Sarkozy qui dirigera cette visite de la Présidence française et l'intention n'est pas de leur asséner des leçons, d'ailleurs nous n'aurions pas aimé qu'on nous en assénât quinze jours ou trois semaines après notre propre vote négatif en 2005. Si aussitôt après quelqu'un était venu nous dire ce qu'il fallait faire, je pense que cela n'aurait pas été bien compris, donc nous n'avons pas l'intention de le faire. Néanmoins, il va falloir à un moment donné, mais certainement pas lors de ce voyage, choisir entre le Traité de Lisbonne et le Traité de Nice.
Je ne sais pas quand l'échéance viendra, avant la fin de la Présidence française ou après, quelles seront les propositions qui viendront entre-temps pour que peut être, c'est une des hypothèses, au moment du vote pour le Parlement européen il y ait quelque chose qui se passe. Tout cela est très hypothétique. Le but et l'organisation de ce voyage en Irlande, c'est d'écouter les Irlandais.
Q - Barack Obama va venir en Europe et ici à Paris, quelles sont vos attentes de cette visite et quelles sont les attentes de la France ?
R - Ce sera tout d'abord le plaisir d'une rencontre avec Barack Obama qui a mené une campagne exceptionnelle aux primaires démocrates. Le même plaisir que nous avons eu à rencontrer M. McCain qui est déjà venu à Paris. Ce sera aussi un plaisir personnel parce que nous avons eu des contacts indirects- je sais de quel dévouement et de quelle invention issus de la société civile et du militantisme personnel, Barack Obama a témoigné lorsqu'il était dans les quartiers difficiles de Chicago. Je connais très bien son conseiller en matière de politique internationale, Mme Samantha Power. Je serais très heureux de le rencontrer, mais il vient voir le président de la République. Il arrivera le 25 juillet et restera en France très peu de temps. Je me réjouis d'entendre les réflexions internationales pour ce qui me concerne et il a déjà beaucoup dit sur les crises que traversent les Etats-Unis et donc que traverse le monde, sur l'Irak, sur l'Iran, sur le Moyen-Orient, sur tout ce dont nous venons de parler. Ce sera donc passionnant de l'entendre, même si ce sera très rapide. Et puis après nous laisserons la campagne américaine se dérouler car c'est leur campagne et c'est aux Américains de choisir leur président, et nous n'entendons pas exprimer le moindre jugement sur l'un ou sur l'autre. Encore une fois, nous aurons reçu les deux.
Q - Il y a une crise à laquelle vous n'avez pas fait allusion, c'est le Soudan. Il y a deux jours vous avez fait une proposition pour dénouer cette crise. Je voudrais savoir si vous avez eu un écho concernant votre proposition. Par ailleurs, il y a une certaine mobilisation qui gagne le monde arabe et islamique concernant le président soudanais. Ne craignez-vous pas que cela ravive les tensions entre l'Est et l'Ouest ? Quel serait le moyen de contourner cette crise sinon de la résoudre ?
R - D'abord, j'espère que cela ne ravivera pas les tensions, parce qu'il serait difficile de faire pire que ce qui s'est passé. N'oublions pas que les tensions, comme vous dites pudiquement, ne touchent pas seulement le personnel des Nations unies, les ONG ou le personnel des brigades qui sont engagées dans la force hybride, c'est-à-dire au nom de l'Union africaine et au nom de l'ONU. Ces tensions sont meurtrières sur les Darfouri. Ce sont eux qui meurent et ils continuent de mourir. Ce sont eux qui sont par centaines de milliers chassés de chez eux vers des camps de réfugiés d'où personne ne sort actuellement, la situation étant tellement dangereuse que personne ne songe à revenir chez soi. C'est cela qui me préoccupe. Vous avez cependant raison, cela a déjà entraîné des réactions du gouvernement soudanais. Il faudra veiller, les Nations unies l'ont déjà fait en évacuant une partie de leur personnel, à ce que les volontaires et les agents de la communauté internationale ne soient pas menacés. Le gouvernement soudanais a d'ailleurs indiqué qu'il n'y aurait aucune répression exercée contre eux.
Livrer deux ministres, c'est une décision de la Cour pénale internationale qui avait déjà, et sans résultat, demandé à ce que MM. Haroun et Kushayb soient livrés. L'un d'entre eux est maintenant - et c'est une vraie provocation - responsable des Affaires humanitaires. Je pense que le gouvernement et M. Béchir serait bien inspiré de livrer les personnes faisant l'objet de mandat d'arrêt, comme les autres pays l'ont fait. Ce n'est pas une nouveauté : M. Milosevic a été livré, M. Taylor aussi.
Il y a une justice pénale internationale, qui accuse de crime contre l'humanité, de meurtre de masse et de génocide - le terme est employé -, certains responsables. On ne peut pas à la fois se féliciter de ce qu'il y ait une justice internationale et, en même temps, lui mettre des bâtons dans les roues et contrecarrer ses effets. Vous savez comment cela se passe : le procureur qui a des éléments de preuve - pas de suspicion mais de preuve - va livrer ses éléments aux juges et les juges ont trois ou quatre mois pour délivrer ou non des mandats d'arrêt. Si dans l'intervalle, les premiers qui ont été inculpés, dont le mandat a été délivré par la Cour internationale, sont livrés ou se livrent, je pense que c'est de nature à apaiser, peut-être, les tensions.
Mais ce n'est pas suffisant. Ce qui serait suffisant, c'est que toutes les mesures de la communauté internationale, votées à l'unanimité du Conseil de sécurité, soient mises en application pour que la protection des Darfouri soit assurée. C'est cela qui compte et nous le savons très bien avec Adbullahid Al Nur, qui en ce moment est aux Etats-Unis où il participe aux pourparlers de paix, avant de revenir en France. Il nous a fait remarquer cela depuis très longtemps. Tant que les Darfouri souffriront et ils souffrent continûment que les injonctions de la justice internationale ou, en tout cas, les mesures de la communauté internationale ne seront pas appliquées, il faudra continuer de "se plaindre", d'attirer l'attention et d'exiger que cela se termine. J'espère que la sagesse reviendra.
Quant aux tensions, pour le moment elles ne se manifestent pas davantage et je souhaite que cela continue. Cette procédure n'est pas destinée à provoquer des tensions supplémentaires. Elle est destinée à apaiser une situation de meurtres, d'assassinats et de déplacements de populations.
Q - Est-ce que vous considérez que le président polonais a vraiment changé d'avis sur la ratification du Traité de Lisbonne, parce que le communiqué que nous avons pu lire après l'entretien avec le président était assez vague. La phrase selon laquelle il ne ferait pas obstacle n'est pas précise. Est-ce qu'il a vraiment dit qu'il signerait cette ratification avant que la question irlandaise soit résolue d'une manière ou d'une autre ? Deuxième question, est-ce que vous savez qui représentera la France aux obsèques de Bronislaw Geremek ce lundi ?
R - Hélas ! Ce ne sera pas moi puisque je serais en Irlande. Hélas ! Parce que Bronislaw Geremek était un très grand frère pour moi. C'était un homme sur lequel on a toujours pu compter. Je l'avais rencontré lors des jours difficiles pour mes amis polonais de Solidarnosc, lorsque, avec Michel Foucault, avec la CFDT, avec Simone Signoret, Médecins du Monde, avec d'autres, nous nous occupions d'aider en matériel nos amis de Solidarnosc.
Nous avions rencontré, en particulier à Cracovie et à Varsovie, celui qui représentait le mieux, avec beaucoup de calme, de détermination et de courage, l'alliance des intellectuels polonais avec les militants autour de Lech Walesa. Nous nous sommes toujours vus et nous avons compté - la France, pas seulement moi - sur lui. A chaque fois il était là, lui le grand historien, lui l'homme engagé était terriblement disponible. Il était certainement l'exemple même du militant européen. Lorsque nous avons eu à nous exprimer sur l'OTAN, je lui ai téléphoné, plusieurs fois. J'ai rencontré Bronislaw parce que lui aussi a eu à affronter cette période alors qu'il était ministre des Affaires étrangères et que son pays se rapprochait de l'OTAN. La période n'était pas simple. Il est resté un immense ami très proche, comme Adam Michnik, comme Joseph Kouron et d'autres.
Il n'y a pas longtemps, Lech Walesa m'a demandé d'écrire un texte pour un livre qu'il consacre à l'histoire de Solidarnosc, et je pense qu'il va falloir que je parle beaucoup plus, hélas, de Bronislaw Geremek.
Lundi notre ambassadeur sera présent. Nous n'avons pas encore choisi qui représentera la France aux obsèques de Bronislaw Geremek car nous sommes, Jean-Pierre Jouyet et moi-même en Irlande avec le président de la République. Je ne sais pas qui viendra de France mais, croyez-moi, nous y serons représentés par une ou plusieurs personnalités de haut niveau.
Concernant votre deuxième question, je ne sais pas. Le président Kachinski a dit qu'il ne fallait pas que l'on soit inquiet et qu'en effet il signerait le texte. Il l'a promis devant nous. Il y avait là M. Zapatero, Tony Blair, le président de la République française, moi-même et le président qui, à l'époque, avait un frère jumeau qui était Premier ministre. Il a promis qu'il signerait et donc il le fera. Il l'a répété au président de la République française. Je n'étais pas à cette réunion parce que je négociais, entre les Palestiniens et les Israéliens, mais il l'a dit, le 13 juillet. J'ai donc vraiment confiance. Cela se fera, mais je ne sais pas à quelle date.
Q - Concernant les affaires des otages, y a-t-il du nouveau sur Gilad Shalit ?
R - Il y a une volonté qui n'est pas nouvelle mais qui s'est trouvée renforcée par le fait que d'autres otages qu'avait promis de faire libérer le président de la République, c'est-à-dire les infirmières bulgares et Ingrid Betancourt, ont été libérés. Comme ces deux missions ont été accomplies, on parle évidemment de Gilad Shalit. Le président de la République a promis de faire le maximum. Maintenant vous le savez, il ne faut pas que les initiatives se contrecarrent. Nous en avons parlé. Nous continuerons à faire de notre mieux. Il y a d'autres négociateurs très directs avec lesquels il faut compter, non pas pour les concurrencer mais pour éventuellement, s'ils en sont d'accord, les aider. C'est une manoeuvre délicate, puisque, depuis deux ans, hélas, Gilad Shalit est retenu. Beaucoup d'initiatives ont déjà été prises.
Je vous remercie beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2008