Propos de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors d'une conférence de presse commune avec M. Milan Rocen, ministre des affaires étrangères de la République du Montenegro, portant notamment sur les relations du Montenegro et des pays de l'ancienne Yougoslavie avec l'Union européenne et sur l'état des négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire, à Paris le 23 juillet 2008.

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Texte intégral

J'ai reçu mon collègue, ministre des Affaires étrangères du Monténégro, M. Milan Rocen. Je lui ai affirmé notre souhait de voir le Monténégro devenir candidat à l'Union européenne, comme d'autres pays des Balkans occidentaux. Je sais quels sont les progrès accomplis par le Monténégro et je m'en réjouis. Vous savez que l'Accord d'association et de stabilisation a été signé l'année dernière par le Monténégro et que nous sommes dans un travail pour que le processus de délivrance des visas se fasse plus facilement. C'est la Feuille de route qui a été présenté et travaillé par nos amis monténégrins et qui sera, je crois, terminé assez vite.
Je n'ai pas caché à nos amis monténégrins que des problèmes institutionnels se dressaient sur la route de l'Union européenne, mais que nous en viendrions à bout, tout comme nous sommes venus à bout de tous les problèmes jusque-là.
Je me réjouis de la trajectoire et de la stabilité du Monténégro, qui pourrait être montré en exemple aux autres pays des Balkans. J'espère que j'aurais l'occasion de visiter à nouveau ce pays que je connais bien. J'ai vu d'ailleurs son président qui, comme vous le savez, a assisté à la réunion de l'Union pour la Méditerranée.
J'ai été très heureux de cet échange qui nous a également permis d'évoquer les échanges industriels et commerciaux entre nos deux pays, ainsi que la perspective de la restitution au Monténégro d'archives que nous avons retrouvées au ministère à l'occasion du réaménagement de nos archives sur le site de La Courneuve.
Q - Avez-vous évoqué l'arrestation de Radovan Karadzic ?
R - Bien sûr, et mon collègue Milan Rocen a approuvé cette arrestation.
Q - Durant cette présidence, la France soutiendra-t-elle l'engagement du Monténégro pour devenir membre de l'Union européenne?
R - La France soutenait la candidature du Monténégro dans l'Union européenne avant d'assumer la Présidence du Conseil de l'Union européenne. Nous disions que tous les pays des Balkans occidentaux devaient être membres de l'Union européenne et nous le disons encore. C'est fait pour la Slovénie et c'est en bonne voie pour la Croatie. Le Monténégro, qui a déjà signé son accord de stabilisation et d'association, est également sur la bonne voie. En tout état de cause, il faut d'abord que les pays qui le souhaite deviennent candidats, ce qui n'est pas encore le cas, et puis, encore une fois, nous avons des problèmes institutionnels, les Irlandais ont voté "non". Il faut donc travailler à tout cela. Mais bien sûr nous soutenons les initiatives.
Q - Où en sont les négociations avec l'Iran ? Quel a été le rôle de la Syrie ?
R - Nous avons demandé en effet à la Syrie si elle pouvait intervenir auprès de l'Iran pour dire à ce pays combien nous prenions sérieusement en considération la situation et qu'il était, pour nous, absolument impossible d'accepter l'idée même d'une bombe atomique, c'est-à-dire d'une utilisation militaire du pouvoir nucléaire par l'Iran. Pour le moment, il est un peu tôt pour tirer des conclusions.
Cela ne m'étonne guère que le président iranien dise que l'Iran ne bougera pas d'un pouce. Le président iranien a déjà été remarqué à la fois par la ténacité et par une quasi-incapacité à être plus souple en politique.
Ce sont des propos que nous prenons très au sérieux, et certaines déclarations du président Ahmadinejad ne sont pas acceptables. Lorsque le président Ahmadinejad dit qu'il veut détruire l'Etat d'Israël, ce n'est pas acceptable, pas seulement par la France, mais aussi par l'ensemble des pays démocratiques.
Nous sommes donc déçus et nous espérons que ce ne sera pas le dernier mot. La France a constamment demandé que les sanctions soient accompagnées de propositions de dialogues et nous avons beaucoup dialogué avec les Iraniens. Je dois dire que les représentants iraniens qui nous sont envoyés ou qui nous ont été envoyés sont beaucoup plus souples que le président Ahmadinejad. Ils ont des perspectives de relations entre l'Iran et les autres pays beaucoup plus ouvertes. Nous ne désespérons pas et nous continuerons.
Je pense qu'il s'agissait samedi, à Genève, d'un début dont, personnellement, je n'attendais rien. J'espère toujours une solution mais c'est toujours très décevant de voir combien, à des efforts de paix, s'oppose une volonté tenace de blocage qui n'est vraiment pas un bon argument, ni un bénéfice pour le peuple iranien.
Nous voudrions que le peuple iranien se rende compte que nous sommes partisans, pour eux, de l'énergie nucléaire civile. Ils ont évidemment le droit d'avoir une énergie nucléaire civile et nous sommes prêts à les aider en ce sens.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2008