Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Aux Jeux Olympiques de l'économie, donnez-vous une médaille d'or à la politique économique de votre gouvernement ?
Je crois que la politique économique en tout cas, elle est constante et elle est claire.
Mais vous lui donnez une médaille ?
Oui, je lui donne une médaille, parce qu'on résiste plutôt mieux que les autres pays. Ce n'est pas de l'autosatisfaction. Et en même temps, j'essaye d'éviter l'autodénigrement.
Et qui doit s'exercer aujourd'hui à être meilleur ?
Tout le monde. Les entreprises notamment, parce qu'il faut plus de compétitivité, et puis l'Etat aussi, la sphère publique, parce qu'il faut moins de dépense publique, parce que la dépense publique aujourd'hui en France est plus importante que dans la plupart des autres pays. Donc il faut la rendre plus efficace, c'est ce qu'on essaye de faire.
C'est-à-dire qu'il faut des efforts, des efforts, encore des efforts ?
Il faut beaucoup réduire la dépense publique pour parvenir à l'équilibre des Finances publiques, parce que ce n'est pas une vision comptable des choses, l'équilibre des Finances publiques. C'est au fond, retrouver des marges de manoeuvre. On l'a bien vu dans les débats des dernières semaines. C'est réduire la dépense publique d'abord ; c'est ça qui est très très important, faire en sorte qu'elle soit la plus adaptée possible, dans l'enseignement par exemple, on est en pleine rentrée scolaire, et puis aussi, en même temps, essayer d'avoir des recettes supplémentaires, pas par l'augmentation des prélèvements obligatoires contrairement à ce que certains proposent.
Et alors, vous en avez des recettes supplémentaires ?
...mais par la croissance économique et donc par la réforme.
Et elles viennent d'où ?
Justement, par la croissance économique, et donc par la réforme.
Oui, mais la croissance économique est en panne !
Aujourd'hui, elle est en panne ; aujourd'hui, le monde est en crise, comme rarement sur le plan économique depuis les chocs pétroliers. On doit faire face à cela, c'est ce qu'on fait.
L'économie souffre en France aussi. Le Premier ministre déplore un ralentissement durable. En combien de mois un ralentissement devient-il une récession ?
Pour l'instant il n'y a pas de récession...Tout ça, c'est un problème de mots. La France est en croissance. En 2007 et en 2008... En 2007, il y a eu une croissance, évidemment. En 2008, il y aura croissance du Produit intérieur brut. Il y a une croissance qui est très inférieure à ce qui était attendu, ça c'est clair. Et puis, en même temps, il y a un monde qui ralentit. On voit bien qu'il y a plusieurs chocs.
D'accord, mais quand on dit : en 2008 il y aura une croissance positive, on a envie de dire de combien ? Et est-ce que ça ressemble à ce que aviez prévu, qui était 1,7 à 2 ?
Il y a aujourd'hui une prévision de croissance qui est une fourchette entre 1,7, fourchette basse, C. Lagarde, qui est responsable de tout cela, a plusieurs fois...
Mais qui n'est plus valable...
...a plusieurs fois indiqué. Et puis on réajuste les chiffres deux fois par an. On a réajusté au mois d'avril, on réajustera à la fin du mois de septembre au moment de la présentation du projet de loi de Finances. C'est ce qu'on fera.
Et aujourd'hui, que sentez-vous, là où vous êtes, pour nous rassurer ?
Lisez ce que disent les différents économistes...
Ils disent 1 % !
...il y aura une croissance supérieure à ça, il y a une croissance en 2008 qui est une croissance faible parce que le monde croît faiblement. Nous, ce qu'il faut, c'est qu'en France on puisse réagir par la réforme. Ce n'est pas...on ne dit pas cela en boucle. Ce qui est très important c'est, qu'au fur et à mesure du temps, les réformes que nous faisons, dans l'université, sur l'Education nationale, dans l'économie, soient des réformes qui accrochent la France au futur cycle de reprise qui aura lieu. Nécessairement, il va y avoir un cycle de reprise. Regardez, les matières premières sont en train de...
Quand ?
Mais les matières premières par exemple...Le monde ne peut pas durablement fonctionner avec un ralentissement économique et des prix très très élevés. Donc, on voit bien que les matières premières aujourd'hui marquent le pas, pour l'instant en tout cas. Et on voit bien qu'il y aura à un moment donné un cycle de reprise. La France ne peut intégrer ce train de reprise que si elle s'est profondément réformée. C'est toute l'optique du gouvernement de F. Fillon et de N. Sarkozy.
Vous dites : il y aura un train de reprise, un redémarrage, etc. Pouvez-vous dire quand ? Et pouvez-vous dire par exemple quels ajustements vous allez faire en 2009 sur les prévisions qui avaient été faites, parce qu'aujourd'hui les budgets, vos budgets, ne sont pas sincères ?
Non, "les budgets ne sont pas sincères" ? Des budgets d'abord, ce sont des prévisions, donc les prévisions par principe, elles peuvent être...ce sont des prévisions ; après, on constate les choses, on réadapte. J'ai indiqué au mois de juin ou juillet derniers qu'on aurait entre 3 et 5 milliards d'euros de moins, et malheureusement, mais je le constate, et je dis la vérité, de recettes fiscales par rapport à la prévision. On va s'adapter, on s'adapte à cela. Et 2009...
Et ici même, vous aviez dit que le Gouvernement avait mis en réserve 7 milliards d'euros. Vous allez en geler une partie ? Vous gelez ou vous annulez ?
Oui, c'est vrai. Par prudence, on va annuler une partie de ces crédits, on va annuler probablement entre 2 et 3 milliards d'euros de crédits sur le budget 2008 pour faire face à des augmentations.
Lesquels ?
On va le répartir sur tous les ministères.
Mais qui sera concerné, quels crédits ?
On va le répartir sur tous les ministères, et c'était une réserve, donc elle n'était pas affectée à une dépense donnée, c'est bien une réserve. Mais ce qu'il faut bien voir, c'est que cette réserve qui sera en partie annulée, permettra d'absorber des dépenses supplémentaires. Je pense par exemple aux d'intérêts de la dette. L'Etat français est endetté comme les ménages, même si les ménages français sont moins endettés que les autres, l'Etat français est plus endetté que les autres Etats, que certains autres Etats, certains pas tous. Cette charge d'intérêts de la dette a beaucoup augmenté. Pourquoi ? Notamment à cause de l'inflation parce qu'une partie est indexée sur l'inflation. Il faut faire face à cela, nous sommes prêts à le faire, évidemment. Mais ce que je souhaite, c'est que le budget 2009 soit construit ; nous avons construit les dépenses, le Premier ministre nous a aidés à beaucoup serrer la dépense, comme jamais. Et cette dépense publique est aujourd'hui la plus efficacement je pense gérée. Et en même temps, il faut qu'on ait des prévisions de croissance sur 2009 qui seront annoncées à la fin du mois de septembre, quand on présentera, qui soient les plus raisonnables et les plus réalistes possibles. Réalistes, réalistes.
Alors, "les plus raisonnables"...De combien sont-elles ces prévisions ? Vous ne pouvez pas être à Bercy et dire : on attend septembre...
Mais c'est dans un mois.
...on attend octobre...
Mais si, si, parce qu'on a un calendrier. On n'est pas comme ça, un bateau qui est sans voiles et qui est bercé au fur et à mesure au gré des vents. Il y a des prévisions, il y a des réalisations qui se mesurent trimestre par trimestre.
Alors, les prévisions ?
Nous serons, le 24 septembre, lorsqu'on présentera le projet de loi de financement de l'Etat, on fera le point. Et sur la Sécurité sociale, je vous donne la date, le 29 septembre, nous présenterons le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale.
Sur l'assurance maladie...
On sera à ces rendez-vous-là.
Sur l'assurance maladie, l'économie devait être de 3 milliards, ce sera 3 milliards ou plus ?
Oui, ce sera un peu plus, ce sera probablement aux alentours de 4 milliards d'euros. On a présentés avec R. Bachelot des mesures extrêmement efficaces là-dessus et qui ne touchent pas les malades. Je le dis parce que, très vite, les polémiques vont vite là-dessus. Je le dis très simplement et très...
Le chèque transport, dont le Medef ne veut pas entendre parler. Si les partenaires sociaux sont en désaccord, l'Etat prendra-t-il ce chèque transport à sa charge ?
Non...Enfin, les choses ne se voient pas comme cela, il faut que ce soit en partenariat avec l'ensemble des partenaires sociaux, avec les entreprises. Les salariés qui aujourd'hui ont une augmentation de leur coût de transport...
Non, mais pouvez-vous répondre concrètement, concrètement et directement ?
Mais il y a plusieurs...On a donné jusqu'au 15 septembre aux partenaires sociaux pour faire des propositions sur ce sujet. Je vois que c'est difficile, je vois que le Medef a un peu de mal à réunir l'ensemble des partenaires sociaux sur le sujet, c'est comme ça. Il y a plusieurs voies, le Premier ministre l'a indiqué ; il y a plusieurs possibilités, dont notamment, la possibilité d'exonérer de charges sociales les prises en charge par les entreprises des frais de transports, frais de transports collectifs, quand on prend des transports collectifs ; ou frais de transports dans certaines conditions, dans sa voiture...Le choix sera fait courant du mois de septembre, on l'a indiqué et on le fera.
Et s'il y a un chèque transport il sera appliqué à partir de quand ?
Je n'ai pas non plus la date là-dessus ; j'imagine que ce sera des mesures du projet de loi de Finances 2009.
Croyez-vous que le Grenelle de l'environnement peut être un nouveau moteur de l'économie ? Y a-t-il une croissance verte ?
Oui, je crois profondément à cela. Bien sûr, l'écologie est un moteur de croissance, évidemment. Et puis en même temps, je parle comme ministre du Budget, il faut faire attention aux dépenses que nous faisons, ce sont des dépenses d'investissement, je suis d'accord, et en même temps, il y a des dépenses qui rapportent, je suis d'accord avec ça, et en même temps, on a un déficit aujourd'hui persistant. Donc, il faut faire très attention à la dépense publique et bien mesurer son efficacité. Je ne dis pas plus que cela.
J.-L. Borloo propose d'étendre d'ici fin 2008, le bonus-malus de l'automobile, qui est appliqué avec succès, à une vingtaine de produits polluants. Par exemple, les téléviseurs, les ordinateurs, les pneus. Pourquoi y êtes-vous défavorable ?
Je serai favorable aux arbitrages qui seront rendus, mais moi je pense qu'on peut parvenir au même résultat sans nécessairement afficher des bonus qui coûtent cher aux Finances publiques. Je pense que si on labellise des produits très clairement, comme écologiquement corrects, et qu'en même temps, on a des malus sur des produits qui ne sont pas écologiquement corrects, on parvient au même résultat. Le problème, c'est de parvenir à un résultat où change les habitudes de consommation. Je pense qu'on peut le faire en ménageant les Finances publiques, c'est mon combat.
Est-ce que vous êtes sûr de savoir où vous allez et de ne pas faire fausse route ?
Là-dessus, il faut toujours être très humble. Le monde change vite. Moi, je crois qu'on sait parfaitement bien où on va. On a une politique économique fondées sur la relance du travail, c'est cela qui est important, où il y a des contreparties, où il n'y pas de dépenses publiques sans contrepartie, où on ménage les entreprises, où on ménage la compétitivité française, on fait des réformes. Et puis, en même temps, on essaye de s'adapter à un monde qui change beaucoup. Non, je pense qu'on fait vraiment face avec beaucoup de sang-froid.
Comment garde-t-on le moral avec tout ce que vous avez annoncé depuis tout à l'heure ?
Mais en regardant lucidement la situation, puis en fondant des solutions raisonnables, acceptées. Il faut faire beaucoup de pédagogie. Les Français sont prêts à accepter d'entendre un langage de vérité.
Mais pas n'importe quoi. Dites-leur la vérité, pas n'importe quoi.
Toujours la vérité, et avec beaucoup de sang-froid.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 août 2008
Je crois que la politique économique en tout cas, elle est constante et elle est claire.
Mais vous lui donnez une médaille ?
Oui, je lui donne une médaille, parce qu'on résiste plutôt mieux que les autres pays. Ce n'est pas de l'autosatisfaction. Et en même temps, j'essaye d'éviter l'autodénigrement.
Et qui doit s'exercer aujourd'hui à être meilleur ?
Tout le monde. Les entreprises notamment, parce qu'il faut plus de compétitivité, et puis l'Etat aussi, la sphère publique, parce qu'il faut moins de dépense publique, parce que la dépense publique aujourd'hui en France est plus importante que dans la plupart des autres pays. Donc il faut la rendre plus efficace, c'est ce qu'on essaye de faire.
C'est-à-dire qu'il faut des efforts, des efforts, encore des efforts ?
Il faut beaucoup réduire la dépense publique pour parvenir à l'équilibre des Finances publiques, parce que ce n'est pas une vision comptable des choses, l'équilibre des Finances publiques. C'est au fond, retrouver des marges de manoeuvre. On l'a bien vu dans les débats des dernières semaines. C'est réduire la dépense publique d'abord ; c'est ça qui est très très important, faire en sorte qu'elle soit la plus adaptée possible, dans l'enseignement par exemple, on est en pleine rentrée scolaire, et puis aussi, en même temps, essayer d'avoir des recettes supplémentaires, pas par l'augmentation des prélèvements obligatoires contrairement à ce que certains proposent.
Et alors, vous en avez des recettes supplémentaires ?
...mais par la croissance économique et donc par la réforme.
Et elles viennent d'où ?
Justement, par la croissance économique, et donc par la réforme.
Oui, mais la croissance économique est en panne !
Aujourd'hui, elle est en panne ; aujourd'hui, le monde est en crise, comme rarement sur le plan économique depuis les chocs pétroliers. On doit faire face à cela, c'est ce qu'on fait.
L'économie souffre en France aussi. Le Premier ministre déplore un ralentissement durable. En combien de mois un ralentissement devient-il une récession ?
Pour l'instant il n'y a pas de récession...Tout ça, c'est un problème de mots. La France est en croissance. En 2007 et en 2008... En 2007, il y a eu une croissance, évidemment. En 2008, il y aura croissance du Produit intérieur brut. Il y a une croissance qui est très inférieure à ce qui était attendu, ça c'est clair. Et puis, en même temps, il y a un monde qui ralentit. On voit bien qu'il y a plusieurs chocs.
D'accord, mais quand on dit : en 2008 il y aura une croissance positive, on a envie de dire de combien ? Et est-ce que ça ressemble à ce que aviez prévu, qui était 1,7 à 2 ?
Il y a aujourd'hui une prévision de croissance qui est une fourchette entre 1,7, fourchette basse, C. Lagarde, qui est responsable de tout cela, a plusieurs fois...
Mais qui n'est plus valable...
...a plusieurs fois indiqué. Et puis on réajuste les chiffres deux fois par an. On a réajusté au mois d'avril, on réajustera à la fin du mois de septembre au moment de la présentation du projet de loi de Finances. C'est ce qu'on fera.
Et aujourd'hui, que sentez-vous, là où vous êtes, pour nous rassurer ?
Lisez ce que disent les différents économistes...
Ils disent 1 % !
...il y aura une croissance supérieure à ça, il y a une croissance en 2008 qui est une croissance faible parce que le monde croît faiblement. Nous, ce qu'il faut, c'est qu'en France on puisse réagir par la réforme. Ce n'est pas...on ne dit pas cela en boucle. Ce qui est très important c'est, qu'au fur et à mesure du temps, les réformes que nous faisons, dans l'université, sur l'Education nationale, dans l'économie, soient des réformes qui accrochent la France au futur cycle de reprise qui aura lieu. Nécessairement, il va y avoir un cycle de reprise. Regardez, les matières premières sont en train de...
Quand ?
Mais les matières premières par exemple...Le monde ne peut pas durablement fonctionner avec un ralentissement économique et des prix très très élevés. Donc, on voit bien que les matières premières aujourd'hui marquent le pas, pour l'instant en tout cas. Et on voit bien qu'il y aura à un moment donné un cycle de reprise. La France ne peut intégrer ce train de reprise que si elle s'est profondément réformée. C'est toute l'optique du gouvernement de F. Fillon et de N. Sarkozy.
Vous dites : il y aura un train de reprise, un redémarrage, etc. Pouvez-vous dire quand ? Et pouvez-vous dire par exemple quels ajustements vous allez faire en 2009 sur les prévisions qui avaient été faites, parce qu'aujourd'hui les budgets, vos budgets, ne sont pas sincères ?
Non, "les budgets ne sont pas sincères" ? Des budgets d'abord, ce sont des prévisions, donc les prévisions par principe, elles peuvent être...ce sont des prévisions ; après, on constate les choses, on réadapte. J'ai indiqué au mois de juin ou juillet derniers qu'on aurait entre 3 et 5 milliards d'euros de moins, et malheureusement, mais je le constate, et je dis la vérité, de recettes fiscales par rapport à la prévision. On va s'adapter, on s'adapte à cela. Et 2009...
Et ici même, vous aviez dit que le Gouvernement avait mis en réserve 7 milliards d'euros. Vous allez en geler une partie ? Vous gelez ou vous annulez ?
Oui, c'est vrai. Par prudence, on va annuler une partie de ces crédits, on va annuler probablement entre 2 et 3 milliards d'euros de crédits sur le budget 2008 pour faire face à des augmentations.
Lesquels ?
On va le répartir sur tous les ministères.
Mais qui sera concerné, quels crédits ?
On va le répartir sur tous les ministères, et c'était une réserve, donc elle n'était pas affectée à une dépense donnée, c'est bien une réserve. Mais ce qu'il faut bien voir, c'est que cette réserve qui sera en partie annulée, permettra d'absorber des dépenses supplémentaires. Je pense par exemple aux d'intérêts de la dette. L'Etat français est endetté comme les ménages, même si les ménages français sont moins endettés que les autres, l'Etat français est plus endetté que les autres Etats, que certains autres Etats, certains pas tous. Cette charge d'intérêts de la dette a beaucoup augmenté. Pourquoi ? Notamment à cause de l'inflation parce qu'une partie est indexée sur l'inflation. Il faut faire face à cela, nous sommes prêts à le faire, évidemment. Mais ce que je souhaite, c'est que le budget 2009 soit construit ; nous avons construit les dépenses, le Premier ministre nous a aidés à beaucoup serrer la dépense, comme jamais. Et cette dépense publique est aujourd'hui la plus efficacement je pense gérée. Et en même temps, il faut qu'on ait des prévisions de croissance sur 2009 qui seront annoncées à la fin du mois de septembre, quand on présentera, qui soient les plus raisonnables et les plus réalistes possibles. Réalistes, réalistes.
Alors, "les plus raisonnables"...De combien sont-elles ces prévisions ? Vous ne pouvez pas être à Bercy et dire : on attend septembre...
Mais c'est dans un mois.
...on attend octobre...
Mais si, si, parce qu'on a un calendrier. On n'est pas comme ça, un bateau qui est sans voiles et qui est bercé au fur et à mesure au gré des vents. Il y a des prévisions, il y a des réalisations qui se mesurent trimestre par trimestre.
Alors, les prévisions ?
Nous serons, le 24 septembre, lorsqu'on présentera le projet de loi de financement de l'Etat, on fera le point. Et sur la Sécurité sociale, je vous donne la date, le 29 septembre, nous présenterons le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale.
Sur l'assurance maladie...
On sera à ces rendez-vous-là.
Sur l'assurance maladie, l'économie devait être de 3 milliards, ce sera 3 milliards ou plus ?
Oui, ce sera un peu plus, ce sera probablement aux alentours de 4 milliards d'euros. On a présentés avec R. Bachelot des mesures extrêmement efficaces là-dessus et qui ne touchent pas les malades. Je le dis parce que, très vite, les polémiques vont vite là-dessus. Je le dis très simplement et très...
Le chèque transport, dont le Medef ne veut pas entendre parler. Si les partenaires sociaux sont en désaccord, l'Etat prendra-t-il ce chèque transport à sa charge ?
Non...Enfin, les choses ne se voient pas comme cela, il faut que ce soit en partenariat avec l'ensemble des partenaires sociaux, avec les entreprises. Les salariés qui aujourd'hui ont une augmentation de leur coût de transport...
Non, mais pouvez-vous répondre concrètement, concrètement et directement ?
Mais il y a plusieurs...On a donné jusqu'au 15 septembre aux partenaires sociaux pour faire des propositions sur ce sujet. Je vois que c'est difficile, je vois que le Medef a un peu de mal à réunir l'ensemble des partenaires sociaux sur le sujet, c'est comme ça. Il y a plusieurs voies, le Premier ministre l'a indiqué ; il y a plusieurs possibilités, dont notamment, la possibilité d'exonérer de charges sociales les prises en charge par les entreprises des frais de transports, frais de transports collectifs, quand on prend des transports collectifs ; ou frais de transports dans certaines conditions, dans sa voiture...Le choix sera fait courant du mois de septembre, on l'a indiqué et on le fera.
Et s'il y a un chèque transport il sera appliqué à partir de quand ?
Je n'ai pas non plus la date là-dessus ; j'imagine que ce sera des mesures du projet de loi de Finances 2009.
Croyez-vous que le Grenelle de l'environnement peut être un nouveau moteur de l'économie ? Y a-t-il une croissance verte ?
Oui, je crois profondément à cela. Bien sûr, l'écologie est un moteur de croissance, évidemment. Et puis en même temps, je parle comme ministre du Budget, il faut faire attention aux dépenses que nous faisons, ce sont des dépenses d'investissement, je suis d'accord, et en même temps, il y a des dépenses qui rapportent, je suis d'accord avec ça, et en même temps, on a un déficit aujourd'hui persistant. Donc, il faut faire très attention à la dépense publique et bien mesurer son efficacité. Je ne dis pas plus que cela.
J.-L. Borloo propose d'étendre d'ici fin 2008, le bonus-malus de l'automobile, qui est appliqué avec succès, à une vingtaine de produits polluants. Par exemple, les téléviseurs, les ordinateurs, les pneus. Pourquoi y êtes-vous défavorable ?
Je serai favorable aux arbitrages qui seront rendus, mais moi je pense qu'on peut parvenir au même résultat sans nécessairement afficher des bonus qui coûtent cher aux Finances publiques. Je pense que si on labellise des produits très clairement, comme écologiquement corrects, et qu'en même temps, on a des malus sur des produits qui ne sont pas écologiquement corrects, on parvient au même résultat. Le problème, c'est de parvenir à un résultat où change les habitudes de consommation. Je pense qu'on peut le faire en ménageant les Finances publiques, c'est mon combat.
Est-ce que vous êtes sûr de savoir où vous allez et de ne pas faire fausse route ?
Là-dessus, il faut toujours être très humble. Le monde change vite. Moi, je crois qu'on sait parfaitement bien où on va. On a une politique économique fondées sur la relance du travail, c'est cela qui est important, où il y a des contreparties, où il n'y pas de dépenses publiques sans contrepartie, où on ménage les entreprises, où on ménage la compétitivité française, on fait des réformes. Et puis, en même temps, on essaye de s'adapter à un monde qui change beaucoup. Non, je pense qu'on fait vraiment face avec beaucoup de sang-froid.
Comment garde-t-on le moral avec tout ce que vous avez annoncé depuis tout à l'heure ?
Mais en regardant lucidement la situation, puis en fondant des solutions raisonnables, acceptées. Il faut faire beaucoup de pédagogie. Les Français sont prêts à accepter d'entendre un langage de vérité.
Mais pas n'importe quoi. Dites-leur la vérité, pas n'importe quoi.
Toujours la vérité, et avec beaucoup de sang-froid.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 août 2008