Texte intégral
Madame la Directrice,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Il y a aujourd'hui un peu plus d'une semaine, dix de nos soldats sont tombés en Afghanistan. Dix jeunes gens ont été tués au cours d'une embuscade menée par les rebelles taliban. Vous avez tous suivi cet épisode douloureux, vous avez vu les visages de ces garçons dont les plus jeunes n'avaient pas vingt ans. J'ai vécu sur place le désarroi de leurs camarades. J'ai écouté la détresse des rescapés. J'ai partagé à Paris la douleur immense de leurs familles, mais j'ai vu aussi leur détermination. J'ai entendu des polémiques, ceux qui nous reprochent tout ce que nous faisons et ont voulu tirer de ce drame la condamnation d'une opération militaire qu'ils estiment vouée à l'échec. C'est, d'ailleurs, parce qu'il y avait cette session extraordinaire des deux commissions de la Défense et des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, que je n'ai pas pu vous rejoindre à la Mutualité pour vous apporter ce message.
Mais à vous, je peux le dire : oui, si notre présence en Afghanistan se limitait à des objectifs militaires, l'échec serait à peu près certain. Mais nos soldats ne sont pas seuls. La stratégie militaire n'est pas la seule. Nous avons la chance d'avoir en Afghanistan, comme partout dans le monde, une force intelligente qui propose aux populations civiles, aux femmes, aux hommes, aux enfants, un projet de développement partagé, une solidarité fondée sur l'esprit.
Cette force, c'est notre réseau de coopération et ses partenaires, c'est vous.
En Afghanistan, nous combattons le terrorisme, bien sûr, c'est notre honneur et notre devoir. Mais notre honneur, c'est aussi d'avoir ouvert le Centre culturel français de Kaboul en 2003 et d'y dispenser des cours à plus de 650 étudiants. Notre honneur, c'est de soutenir l'hôpital de la mère et de l'enfant à Kaboul avec l'Aga Khan et avec la Chaîne de l'Espoir. Notre honneur, c'est d'avoir aidé à la réouverture du lycée de garçons Esteqlal, du lycée de filles Malalaï et de favoriser l'apprentissage du français à près de 7.000 personnes.
Ces 7.000 personnes, toutes celles et ceux que nous aidons à accéder aux soins, à l'éducation, à la culture, sont l'avenir de l'Afghanistan. Vous pouvez être fiers d'oeuvrer aux côtés de nos troupes, en complément de leur action, pour la paix et pour la démocratie.
Je vous demande très précisément de mettre au point de nouveaux projets de solidarité pour le peuple afghan, concrétisant le fort engagement de la France que nous avons manifesté à l'occasion du Sommet de Bucarest et de la Conférence de Paris.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, je parle aujourd'hui de l'Afghanistan car ce sujet occupe nos esprits, mais je pourrais multiplier les exemples qui attestent de votre rôle central dans la stratégie et l'action de ce ministère. Je pourrais parler de la santé et de l'action d'Unitaid, après bien d'autres initiatives qui ont fait le tour du monde. Je pourrais parler de la crise alimentaire mondiale et de votre travail de coordination et d'impulsion du groupe de travail interministériel ; de l'attractivité de notre système universitaire et de l'oeuvre des espaces CampusFrance pour accueillir les étudiants étrangers ; de ce vecteur de promotion de la démocratie et des Droits de l'Homme qu'est la francophonie ; de la solidarité scientifique avec les pays du Sud pour le développement durable ; des états généraux de l'enseignement français à l'étranger qui se dérouleront à Paris le 26 septembre prochain.
Sur tous ces sujets, vous avez la chance de tenir entre vos mains le coeur de notre diplomatie, sa partie concrète, et, je le pense, sa partie la plus noble.
C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, notre rencontre d'aujourd'hui est pour moi très importante. Pour vous remercier de tout ce que vous entreprenez chaque jour, dans des conditions que je sais difficiles. Mais aussi pour vous encourager à prendre toute votre place, à faire valoir tous vos talents dans les grands chantiers diplomatiques qui sont les nôtres et pour lesquels, comme en Afghanistan, nous ne pourrons rien sans vous.
J'ai déjà eu l'occasion de vous dire le prix que j'accorde à votre liberté, à votre capacité d'initiative, à votre créativité. Je les crois plus que jamais nécessaires et j'en ai besoin.
J'en ai besoin par exemple pour l'Union pour la Méditerranée, ce grand défi que nous avons lancé à ceux qui nous annoncent un choc des civilisations.
Cette Union, vous la construisez déjà par les initiatives que vous avez prises, comme la Rencontre scientifique méditerranéenne qui s'est tenue à Paris dès le 26 juin et a formalisé un projet d'Espace méditerranéen de la science autour de propositions sur la sécurité alimentaire, l'environnement marin et le climat.
Vous l'avez préfiguré aussi à travers la richesse de nos centres et instituts tout autour de la Méditerranée : de l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul à l'Institut français du Proche-Orient à Damas, Amman et Beyrouth, du Centre de recherche français de Jérusalem au Centre d'études et de documentations économiques, juridiques et social du Caire... sans oublier nos grandes missions archéologiques en Turquie, en Egypte ou ailleurs.
Par cette richesse unique, vous êtes les mieux à même de donner sens et de donner corps à cette Union nouvelle, qui ne pourra fonctionner qu'en s'appuyant sur des projets locaux, concrets, originaux, associant la société civile, les Universités, les entreprises.
L'Union pour la Méditerranée, mes Chers Amis, a besoin de vous et je prendrai connaissance avec intérêt des résultats de l'atelier que vous avez tenu ce matin. Là aussi, je vous demande d'être une force de proposition, pour traduire sur le terrain l'éclatant succès du Sommet de Paris pour la Méditerranée, le 13 juillet dernier.
Troisième et dernier exemple, je voudrais vous remercier de votre mobilisation autour de la Présidence française de l'Union européenne à travers notamment la saison culturelle européenne et vos actions en faveur du plurilinguisme en Europe. Ne laissons pas retomber cet élan après le 31 décembre, je vous en prie. Continuons à mobiliser notre réseau autour de projets européens, dans les pays de l'Union et ailleurs.
Mais, vous le savez bien, il ne sert à rien de réaffirmer des ambitions, de promettre des aventures, si l'on ne se donne pas les moyens de les mener à bien. Et la question des moyens de notre diplomatie est aujourd'hui posée.
Intervenant devant vous il y a un an, je vous avais dit ma volonté de faire de notre maison un ministère de la mondialisation. Un an après, les choses ont commencé à bouger. La réforme est en route. Chacun je pense a eu connaissance du double chantier que nous avons entamé, avec d'un côté le Livre blanc de la politique étrangère et européenne et d'autre part la Révision générale des politiques publiques - autrement dit la RGPP.
Je tiens à rendre hommage à la contribution considérable que votre directrice générale, Anne Gazeau-Secret, et ses équipes ont apporté à la réflexion.
Ces deux exercices, je le sais, suscitent l'inquiétude. Réduits à la brutalité des chiffres, ils se traduisent généralement par de tristes soustractions... les montants circulent de bouche à oreille, déconnectés de toute autre réalité, comme des promesses de lendemains qui forcément déchanteraient.
C'est pour vous un sujet d'inquiétude légitime et c'est pour notre maison un enjeu capital.
C'est pourquoi je voudrais profiter de ce que nous sommes réunis pour faire avec vous le point sur la réforme en cours. Car, je le crois, cette réforme est une chance pour notre ministère, pour notre réseau et pour vous-même.
C'est une chance pour notre ministère, qui se montre exemplaire dans ce grand chantier de réforme. La France a trop longtemps vécu à crédit, la France a trop facilement reporté sur ses enfants une gestion hasardeuse pour que nous ayons encore les moyens, aujourd'hui, de contester la nécessité d'économies qui vont au-delà d'ambitions comptables : il ne s'agit pas seulement de maîtriser les budgets de l'Etat ; il s'agit de réinventer notre fonctionnement, de rompre avec des inerties administratives confortables mais sclérosantes.
Vous le savez, la philosophie de la coopération a profondément changé. Il s'agit plus d'octroyer, mais de construire ensemble. Il ne s'agit plus d'imposer, mais de s'enrichir mutuellement dans des échanges de moins en moins inégaux. Il en va de l'efficacité de notre aide dans des pays de plus en plus jaloux de leur souveraineté.
L'évolution des sociétés implique aussi de concevoir nos politiques en acceptant le rôle accru des collectivités locales, des ONG, des universités, des entreprises, des syndicats. Bref de tous ceux qui sont déjà vos partenaires, nos partenaires.
Sans vouloir enrégimenter des structures dont la liberté fait la force, nous devons les fédérer, leur donner cohérence : notre rôle de coordination de l'action extérieure de la France, réaffirmé par le chef de l'Etat et le Premier ministre, nous impose d'étendre cette coordination aux nouveaux acteurs de la diplomatie.
C'est un métier dont vous avez été les inventeurs ces dernières années, par exemple en lançant des programmes de bourses pour les élèves ingénieurs des grands pays émergents cofinancés avec des entreprises françaises. Nous devons multiplier ces initiatives.
Mais, pour cela, la DGCID souffre d'une position qui n'est pas suffisamment centrale dans l'organisation du Quai d'Orsay. C'est pourquoi il est impératif de faire évoluer votre direction générale vers une véritable direction d'état-major.
Derrière ce vocable guerrier, j'entends la nécessité de retrouver une ambition et des moyens adaptés aux réalités de notre temps, en faisant de la direction générale le lieu de définition de nos politiques et de préparation des stratégies de la France dans le domaine du développement et de la coopération : si vous ne le faites pas, qui peut conduire la politique de la France dans le domaine de la coopération en santé, par exemple ? Bien sûr, il faut se faire aider, bien sûr il faut travailler avec d'autres ministères. Qui peut proposer les éléments d'une politique cohérente et ambitieuse d'attractivité de notre système universitaire ? Bien sûr aussi, avec d'autres ministères. Qui d'autre est capable de définir nos politiques d'échanges culturels, artistiques, cinématographiques ? Qui d'autre peut favoriser des partenariats scientifiques internationaux, au bénéfice de la recherche et du développement ?
Il s'agit donc de réaffirmer votre position dans le dispositif de coopération : vous êtes le point d'appui sur lequel nous poserons le levier d'une politique réinventée.
Cette nouvelle organisation, que je présenterai après demain à l'ouverture de la Conférence des ambassadeurs, verra le jour dès l'an prochain. Et je m'y engage aujourd'hui : aucune des missions actuelles de la DGCID n'en sera absente, y compris le pilotage de l'audiovisuel extérieur dans le cadre de la réforme lancée il y a quelques mois.
L'évolution de la DGCID s'accompagnera d'un transfert plus systématique de la gestion et de l'instruction des projets à des opérateurs.
Cette division du travail doit permettre d'agir plus efficacement. Elle implique cependant d'exercer une vraie tutelle sur ces opérateurs, une tutelle que je veux stricte et efficace : nous en définirons très précisément, ensemble, les règles du jeu.
Le réseau d'opérateurs que nous devons mettre en place, vous en connaissez déjà les contours.
L'Agence Française de Développement verra sa gouvernance et donc ses statuts modifiés. Nous y avons beaucoup travaillé avec Alain Joyandet, qui était ce matin avec vous.
L'AEFE portera le plan de développement de l'enseignement français à l'étranger. Nous avons beaucoup de discussions à mener avec l'AEFE.
CulturesFrance, dont le statut d'association est aujourd'hui inadapté, doit se transformer en un établissement public industriel et commercial (dit EPIC) chargé des partenariats et des échanges culturels au sens large.
Enfin, un nouvel opérateur chargé de la mobilité internationale sera créé, lui aussi doté du statut d'EPIC. Il nous donnera la structure et la masse critique qui nous font aujourd'hui défaut pour gérer plus efficacement les programmes d'échanges, pour mener les actions de promotion à l'étranger de notre enseignement supérieur et pour mobiliser au mieux l'expertise française dans le monde, ce qui est un enjeu d'influence considérable.
Un dispositif interministériel, avec les ministères en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche d'une part, de l'immigration et du développement solidaire d'autre part, sera mis en place pour piloter notre politique d'attractivité et de mobilité universitaire et scientifique.
Le même travail de refondation sera entrepris dans notre réseau à l'étranger, un réseau qui doit refléter les compétences transversales de la direction.
La révision générale des politiques publiques et le Livre Blanc ont réaffirmé la vocation de l'ambassadeur à coordonner l'ensemble des dispositifs de l'action extérieure de l'Etat, son autorité interministérielle. Nos ambassades, plus que jamais, doivent être, comme je l'ai souhaité, des "cabinets conseils" de la France en même temps que des maisons des Droits de l'Homme, car nous ne pouvons pas séparer valeurs et intérêts. Elles ont le devoir, troisième nécessité, d'accueillir l'expertise de tous nos ministères.
Dans les pays partenaires de l'aide publique au développement de la France, l'ambassadeur animera un "pôle développement" associant l'ensemble des acteurs publics concernés, parmi lesquels le représentant de l'Agence Française de Développement. La modification déjà mentionnée des statuts confortera les pouvoirs de coordination des ambassadeurs, y compris vis-à-vis des agences locales de l'AFD, et rassemblera l'ensemble des dispositions concernant ces pouvoirs.
Il sera procédé à un examen détaillé de la situation ambassade par ambassade. C'est à partir de cet examen que nous organiserons le dispositif en fonction des spécificités et des nécessités locales.
Partout où cela est possible, nos services de coopération et d'action culturelle en ambassade fusionneront avec nos centres et nos instituts culturels. Ces nouvelles entités permettront de regrouper nos forces et nos moyens et bénéficieront de l'autonomie financière, sous l'autorité de l'ambassadeur, pour nous permettre de monter des partenariats et d'augmenter nos moyens.
La carte de nos implantations culturelles doit évoluer avec le monde : le redéploiement de notre réseau au profit des pays émergents sera donc poursuivi.
Pour accroître la cohérence de ce nouveau dispositif, ces nouvelles plate-formes recevront un label unique. Chacun connaît les instituts Goethe, les British Councils et les instituts Cervantès : je vous propose, mais nous discuterons des noms, de donner à ces "Espaces France", à ces lieux de rayonnement et d'influence française le nom d'un grand esprit français, j'ai une petite faiblesse pour Albert Camus, d'autres ont proposé d'autres noms ou simplement le nom d'instituts français.
Dès 2009, des expérimentations seront conduites dans treize pays pour tester la formule de regroupement des services de coopération et des centres culturels.
Les missions pour la science et la technologie seront maintenues dans les grands pays scientifiques.
Enfin, nous continuerons à développer notre relation étroite et féconde avec l'Alliance française, réorganisée récemment autour d'une Fondation.
Voilà, Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, les grandes lignes de la réforme que je souhaite mettre en oeuvre avec vous. Une réforme à la mesure des efforts que vous déployez chaque jour. Une réforme qui nous permettra d'adapter réellement notre fonctionnement aux réalités du monde, du moins je l'espère mais le monde change beaucoup et très vite. Une réforme qui sera dans ses différents éléments mise en oeuvre progressivement et qui devra être en place début 2010. A condition, bien sûr, d'avoir les moyens, financiers et humains, de la mener...
Je sais vos inquiétudes à ce sujet. Derrière ces structures, derrière ces schémas, derrière ces chiffres, il s'agit bien de femmes et d'hommes. Il s'agit bien de vous.
J'ai, donc, le devoir d'être franc : il y aura des diminutions d'emplois, comme dans l'ensemble du ministère et comme dans l'ensemble de l'administration française. Mais les réformes ne sont pas là pour permettre des économies. Les réformes sont là pour améliorer notre efficacité, adapter notre organisation, exprimer notre volonté. Je sais que ce type de discours suscite toujours le scepticisme. Soyez convaincu pourtant de ma sincérité et de ma détermination quand je tiens celui-ci devant vous.
Par ailleurs, ces diminutions d'effectifs seront compensées par des transferts vers les opérateurs.
Enfin, je veillerai à ce que ces réformes soient conduites en veillant avec le plus grand souci à la qualité du dialogue social, et à ce que personne ne soit laissé au bord du chemin. Suite à vos discussions hier matin, l'inquiétude des nombreux contractuels qui travaillent dans le réseau culturel a été portée à mon attention et j'ai demandé à mon directeur de cabinet de recevoir immédiatement Georges Diener, président de l'association des contractuels pour que leur situation soit prise en compte dans la conduite du changement.
Nous aurons d'ailleurs besoin de chacune des compétences que vous représentez. Je m'y engage : chaque situation individuelle sera regardée avec le souci de tenir compte de vos aspirations. Votre directrice générale a pris l'initiative de s'adjoindre les compétences de spécialiste de la gestion des ressources humaines, je la remercie.
Les moyens financiers du ministère des Affaires étrangères et européennes augmentent légèrement dans leur globalité, mais c'est vrai, le niveau de nos budgets bilatéraux est menacé par des subventions et des engagements multilatéraux qui font plus qu'absorber cette légère hausse. Pourtant je ne renoncerai jamais à défendre les crédits d'intervention des ambassades, qui, mieux que tous les investissements internationaux, donnent des résultats mesurables et une meilleure visibilité à notre action. Dans les choix et les arbitrages difficiles que nous avons à faire - nous ne pouvons plus "tout faire partout"-, je me battrai pour préserver un minimum de moyens pour notre coopération bilatérale, car je suis convaincu que c'est la condition indispensable de l'efficacité de nos politiques d'aide au développement et de rayonnement.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, je sais ce que vous apportez à notre politique étrangère. Ces journées, dont je prendrai connaissance avec intérêt des résultats, confirmeront les trésors d'imagination et d'enthousiasme dont vous faites preuve. Partout où je passe, on me dit votre travail, votre connaissance des autres, votre intelligence du monde. J'ai demandé à Olivier Poivre d'Arvor de me remettre avant la fin de l'année des propositions qui nous permettront, ensemble, de mieux valoriser votre action culturelle, de favoriser encore ce bouillonnement qui fait votre richesse.
Ce ministère nouveau, qui devra fonctionner avec des logiques parfois iconoclastes, sera le vôtre. Notre réforme, pour réussir, ne peut être celle d'un ministre, ni d'un gouvernement. Elle doit émaner d'une administration moderne, consciente plus qu'aucune autre des défis et des périls de notre monde, et décidée à y répondre avec audace et détermination.
Ce qui est en jeu, c'est notre efficacité, mais aussi notre liberté et notre modèle, un modèle dont les méthodes évoluent mais qui reste celui de la créativité et de la générosité intellectuelle. La diplomatie de la société civile que vous incarnez, qui fait remonter l'intelligence de la base vers le sommet, je veux la défendre. Je veux en faire le coeur de notre maison.
Si, en revanche, nos ambitions me paraissaient menacées, ou si les efforts qui nous sont demandés allaient au-delà de ce que j'estime juste, je serai à vos côtés pour défendre cette maison, comme j'ai défendu becs et ongles depuis plus d'un an ses missions et son périmètre de compétences, aussi son budget, même si le résultat n'a pas été exactement à la hauteur de ce que j'espérais.
Je sais que les ministres ne laissent pas grand-chose de leur passage et j'en connais beaucoup qui sont passés ici. Mais j'aimerais que dans quelques années, s'il reste quelque chose de mon passage ici, ce soit cette vraie réorganisation de votre travail. C'est une ambition élevée, trop élevée peut-être, mais je la forme devant vous pour nous tous, et pour vous d'abord.
Je la forme parce que j'ai confiance en notre capacité d'agir ensemble dans l'idée que nous nous faisons de la vocation de la France à être présente dans le monde.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 août 2008
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Il y a aujourd'hui un peu plus d'une semaine, dix de nos soldats sont tombés en Afghanistan. Dix jeunes gens ont été tués au cours d'une embuscade menée par les rebelles taliban. Vous avez tous suivi cet épisode douloureux, vous avez vu les visages de ces garçons dont les plus jeunes n'avaient pas vingt ans. J'ai vécu sur place le désarroi de leurs camarades. J'ai écouté la détresse des rescapés. J'ai partagé à Paris la douleur immense de leurs familles, mais j'ai vu aussi leur détermination. J'ai entendu des polémiques, ceux qui nous reprochent tout ce que nous faisons et ont voulu tirer de ce drame la condamnation d'une opération militaire qu'ils estiment vouée à l'échec. C'est, d'ailleurs, parce qu'il y avait cette session extraordinaire des deux commissions de la Défense et des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, que je n'ai pas pu vous rejoindre à la Mutualité pour vous apporter ce message.
Mais à vous, je peux le dire : oui, si notre présence en Afghanistan se limitait à des objectifs militaires, l'échec serait à peu près certain. Mais nos soldats ne sont pas seuls. La stratégie militaire n'est pas la seule. Nous avons la chance d'avoir en Afghanistan, comme partout dans le monde, une force intelligente qui propose aux populations civiles, aux femmes, aux hommes, aux enfants, un projet de développement partagé, une solidarité fondée sur l'esprit.
Cette force, c'est notre réseau de coopération et ses partenaires, c'est vous.
En Afghanistan, nous combattons le terrorisme, bien sûr, c'est notre honneur et notre devoir. Mais notre honneur, c'est aussi d'avoir ouvert le Centre culturel français de Kaboul en 2003 et d'y dispenser des cours à plus de 650 étudiants. Notre honneur, c'est de soutenir l'hôpital de la mère et de l'enfant à Kaboul avec l'Aga Khan et avec la Chaîne de l'Espoir. Notre honneur, c'est d'avoir aidé à la réouverture du lycée de garçons Esteqlal, du lycée de filles Malalaï et de favoriser l'apprentissage du français à près de 7.000 personnes.
Ces 7.000 personnes, toutes celles et ceux que nous aidons à accéder aux soins, à l'éducation, à la culture, sont l'avenir de l'Afghanistan. Vous pouvez être fiers d'oeuvrer aux côtés de nos troupes, en complément de leur action, pour la paix et pour la démocratie.
Je vous demande très précisément de mettre au point de nouveaux projets de solidarité pour le peuple afghan, concrétisant le fort engagement de la France que nous avons manifesté à l'occasion du Sommet de Bucarest et de la Conférence de Paris.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, je parle aujourd'hui de l'Afghanistan car ce sujet occupe nos esprits, mais je pourrais multiplier les exemples qui attestent de votre rôle central dans la stratégie et l'action de ce ministère. Je pourrais parler de la santé et de l'action d'Unitaid, après bien d'autres initiatives qui ont fait le tour du monde. Je pourrais parler de la crise alimentaire mondiale et de votre travail de coordination et d'impulsion du groupe de travail interministériel ; de l'attractivité de notre système universitaire et de l'oeuvre des espaces CampusFrance pour accueillir les étudiants étrangers ; de ce vecteur de promotion de la démocratie et des Droits de l'Homme qu'est la francophonie ; de la solidarité scientifique avec les pays du Sud pour le développement durable ; des états généraux de l'enseignement français à l'étranger qui se dérouleront à Paris le 26 septembre prochain.
Sur tous ces sujets, vous avez la chance de tenir entre vos mains le coeur de notre diplomatie, sa partie concrète, et, je le pense, sa partie la plus noble.
C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, notre rencontre d'aujourd'hui est pour moi très importante. Pour vous remercier de tout ce que vous entreprenez chaque jour, dans des conditions que je sais difficiles. Mais aussi pour vous encourager à prendre toute votre place, à faire valoir tous vos talents dans les grands chantiers diplomatiques qui sont les nôtres et pour lesquels, comme en Afghanistan, nous ne pourrons rien sans vous.
J'ai déjà eu l'occasion de vous dire le prix que j'accorde à votre liberté, à votre capacité d'initiative, à votre créativité. Je les crois plus que jamais nécessaires et j'en ai besoin.
J'en ai besoin par exemple pour l'Union pour la Méditerranée, ce grand défi que nous avons lancé à ceux qui nous annoncent un choc des civilisations.
Cette Union, vous la construisez déjà par les initiatives que vous avez prises, comme la Rencontre scientifique méditerranéenne qui s'est tenue à Paris dès le 26 juin et a formalisé un projet d'Espace méditerranéen de la science autour de propositions sur la sécurité alimentaire, l'environnement marin et le climat.
Vous l'avez préfiguré aussi à travers la richesse de nos centres et instituts tout autour de la Méditerranée : de l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul à l'Institut français du Proche-Orient à Damas, Amman et Beyrouth, du Centre de recherche français de Jérusalem au Centre d'études et de documentations économiques, juridiques et social du Caire... sans oublier nos grandes missions archéologiques en Turquie, en Egypte ou ailleurs.
Par cette richesse unique, vous êtes les mieux à même de donner sens et de donner corps à cette Union nouvelle, qui ne pourra fonctionner qu'en s'appuyant sur des projets locaux, concrets, originaux, associant la société civile, les Universités, les entreprises.
L'Union pour la Méditerranée, mes Chers Amis, a besoin de vous et je prendrai connaissance avec intérêt des résultats de l'atelier que vous avez tenu ce matin. Là aussi, je vous demande d'être une force de proposition, pour traduire sur le terrain l'éclatant succès du Sommet de Paris pour la Méditerranée, le 13 juillet dernier.
Troisième et dernier exemple, je voudrais vous remercier de votre mobilisation autour de la Présidence française de l'Union européenne à travers notamment la saison culturelle européenne et vos actions en faveur du plurilinguisme en Europe. Ne laissons pas retomber cet élan après le 31 décembre, je vous en prie. Continuons à mobiliser notre réseau autour de projets européens, dans les pays de l'Union et ailleurs.
Mais, vous le savez bien, il ne sert à rien de réaffirmer des ambitions, de promettre des aventures, si l'on ne se donne pas les moyens de les mener à bien. Et la question des moyens de notre diplomatie est aujourd'hui posée.
Intervenant devant vous il y a un an, je vous avais dit ma volonté de faire de notre maison un ministère de la mondialisation. Un an après, les choses ont commencé à bouger. La réforme est en route. Chacun je pense a eu connaissance du double chantier que nous avons entamé, avec d'un côté le Livre blanc de la politique étrangère et européenne et d'autre part la Révision générale des politiques publiques - autrement dit la RGPP.
Je tiens à rendre hommage à la contribution considérable que votre directrice générale, Anne Gazeau-Secret, et ses équipes ont apporté à la réflexion.
Ces deux exercices, je le sais, suscitent l'inquiétude. Réduits à la brutalité des chiffres, ils se traduisent généralement par de tristes soustractions... les montants circulent de bouche à oreille, déconnectés de toute autre réalité, comme des promesses de lendemains qui forcément déchanteraient.
C'est pour vous un sujet d'inquiétude légitime et c'est pour notre maison un enjeu capital.
C'est pourquoi je voudrais profiter de ce que nous sommes réunis pour faire avec vous le point sur la réforme en cours. Car, je le crois, cette réforme est une chance pour notre ministère, pour notre réseau et pour vous-même.
C'est une chance pour notre ministère, qui se montre exemplaire dans ce grand chantier de réforme. La France a trop longtemps vécu à crédit, la France a trop facilement reporté sur ses enfants une gestion hasardeuse pour que nous ayons encore les moyens, aujourd'hui, de contester la nécessité d'économies qui vont au-delà d'ambitions comptables : il ne s'agit pas seulement de maîtriser les budgets de l'Etat ; il s'agit de réinventer notre fonctionnement, de rompre avec des inerties administratives confortables mais sclérosantes.
Vous le savez, la philosophie de la coopération a profondément changé. Il s'agit plus d'octroyer, mais de construire ensemble. Il ne s'agit plus d'imposer, mais de s'enrichir mutuellement dans des échanges de moins en moins inégaux. Il en va de l'efficacité de notre aide dans des pays de plus en plus jaloux de leur souveraineté.
L'évolution des sociétés implique aussi de concevoir nos politiques en acceptant le rôle accru des collectivités locales, des ONG, des universités, des entreprises, des syndicats. Bref de tous ceux qui sont déjà vos partenaires, nos partenaires.
Sans vouloir enrégimenter des structures dont la liberté fait la force, nous devons les fédérer, leur donner cohérence : notre rôle de coordination de l'action extérieure de la France, réaffirmé par le chef de l'Etat et le Premier ministre, nous impose d'étendre cette coordination aux nouveaux acteurs de la diplomatie.
C'est un métier dont vous avez été les inventeurs ces dernières années, par exemple en lançant des programmes de bourses pour les élèves ingénieurs des grands pays émergents cofinancés avec des entreprises françaises. Nous devons multiplier ces initiatives.
Mais, pour cela, la DGCID souffre d'une position qui n'est pas suffisamment centrale dans l'organisation du Quai d'Orsay. C'est pourquoi il est impératif de faire évoluer votre direction générale vers une véritable direction d'état-major.
Derrière ce vocable guerrier, j'entends la nécessité de retrouver une ambition et des moyens adaptés aux réalités de notre temps, en faisant de la direction générale le lieu de définition de nos politiques et de préparation des stratégies de la France dans le domaine du développement et de la coopération : si vous ne le faites pas, qui peut conduire la politique de la France dans le domaine de la coopération en santé, par exemple ? Bien sûr, il faut se faire aider, bien sûr il faut travailler avec d'autres ministères. Qui peut proposer les éléments d'une politique cohérente et ambitieuse d'attractivité de notre système universitaire ? Bien sûr aussi, avec d'autres ministères. Qui d'autre est capable de définir nos politiques d'échanges culturels, artistiques, cinématographiques ? Qui d'autre peut favoriser des partenariats scientifiques internationaux, au bénéfice de la recherche et du développement ?
Il s'agit donc de réaffirmer votre position dans le dispositif de coopération : vous êtes le point d'appui sur lequel nous poserons le levier d'une politique réinventée.
Cette nouvelle organisation, que je présenterai après demain à l'ouverture de la Conférence des ambassadeurs, verra le jour dès l'an prochain. Et je m'y engage aujourd'hui : aucune des missions actuelles de la DGCID n'en sera absente, y compris le pilotage de l'audiovisuel extérieur dans le cadre de la réforme lancée il y a quelques mois.
L'évolution de la DGCID s'accompagnera d'un transfert plus systématique de la gestion et de l'instruction des projets à des opérateurs.
Cette division du travail doit permettre d'agir plus efficacement. Elle implique cependant d'exercer une vraie tutelle sur ces opérateurs, une tutelle que je veux stricte et efficace : nous en définirons très précisément, ensemble, les règles du jeu.
Le réseau d'opérateurs que nous devons mettre en place, vous en connaissez déjà les contours.
L'Agence Française de Développement verra sa gouvernance et donc ses statuts modifiés. Nous y avons beaucoup travaillé avec Alain Joyandet, qui était ce matin avec vous.
L'AEFE portera le plan de développement de l'enseignement français à l'étranger. Nous avons beaucoup de discussions à mener avec l'AEFE.
CulturesFrance, dont le statut d'association est aujourd'hui inadapté, doit se transformer en un établissement public industriel et commercial (dit EPIC) chargé des partenariats et des échanges culturels au sens large.
Enfin, un nouvel opérateur chargé de la mobilité internationale sera créé, lui aussi doté du statut d'EPIC. Il nous donnera la structure et la masse critique qui nous font aujourd'hui défaut pour gérer plus efficacement les programmes d'échanges, pour mener les actions de promotion à l'étranger de notre enseignement supérieur et pour mobiliser au mieux l'expertise française dans le monde, ce qui est un enjeu d'influence considérable.
Un dispositif interministériel, avec les ministères en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche d'une part, de l'immigration et du développement solidaire d'autre part, sera mis en place pour piloter notre politique d'attractivité et de mobilité universitaire et scientifique.
Le même travail de refondation sera entrepris dans notre réseau à l'étranger, un réseau qui doit refléter les compétences transversales de la direction.
La révision générale des politiques publiques et le Livre Blanc ont réaffirmé la vocation de l'ambassadeur à coordonner l'ensemble des dispositifs de l'action extérieure de l'Etat, son autorité interministérielle. Nos ambassades, plus que jamais, doivent être, comme je l'ai souhaité, des "cabinets conseils" de la France en même temps que des maisons des Droits de l'Homme, car nous ne pouvons pas séparer valeurs et intérêts. Elles ont le devoir, troisième nécessité, d'accueillir l'expertise de tous nos ministères.
Dans les pays partenaires de l'aide publique au développement de la France, l'ambassadeur animera un "pôle développement" associant l'ensemble des acteurs publics concernés, parmi lesquels le représentant de l'Agence Française de Développement. La modification déjà mentionnée des statuts confortera les pouvoirs de coordination des ambassadeurs, y compris vis-à-vis des agences locales de l'AFD, et rassemblera l'ensemble des dispositions concernant ces pouvoirs.
Il sera procédé à un examen détaillé de la situation ambassade par ambassade. C'est à partir de cet examen que nous organiserons le dispositif en fonction des spécificités et des nécessités locales.
Partout où cela est possible, nos services de coopération et d'action culturelle en ambassade fusionneront avec nos centres et nos instituts culturels. Ces nouvelles entités permettront de regrouper nos forces et nos moyens et bénéficieront de l'autonomie financière, sous l'autorité de l'ambassadeur, pour nous permettre de monter des partenariats et d'augmenter nos moyens.
La carte de nos implantations culturelles doit évoluer avec le monde : le redéploiement de notre réseau au profit des pays émergents sera donc poursuivi.
Pour accroître la cohérence de ce nouveau dispositif, ces nouvelles plate-formes recevront un label unique. Chacun connaît les instituts Goethe, les British Councils et les instituts Cervantès : je vous propose, mais nous discuterons des noms, de donner à ces "Espaces France", à ces lieux de rayonnement et d'influence française le nom d'un grand esprit français, j'ai une petite faiblesse pour Albert Camus, d'autres ont proposé d'autres noms ou simplement le nom d'instituts français.
Dès 2009, des expérimentations seront conduites dans treize pays pour tester la formule de regroupement des services de coopération et des centres culturels.
Les missions pour la science et la technologie seront maintenues dans les grands pays scientifiques.
Enfin, nous continuerons à développer notre relation étroite et féconde avec l'Alliance française, réorganisée récemment autour d'une Fondation.
Voilà, Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, les grandes lignes de la réforme que je souhaite mettre en oeuvre avec vous. Une réforme à la mesure des efforts que vous déployez chaque jour. Une réforme qui nous permettra d'adapter réellement notre fonctionnement aux réalités du monde, du moins je l'espère mais le monde change beaucoup et très vite. Une réforme qui sera dans ses différents éléments mise en oeuvre progressivement et qui devra être en place début 2010. A condition, bien sûr, d'avoir les moyens, financiers et humains, de la mener...
Je sais vos inquiétudes à ce sujet. Derrière ces structures, derrière ces schémas, derrière ces chiffres, il s'agit bien de femmes et d'hommes. Il s'agit bien de vous.
J'ai, donc, le devoir d'être franc : il y aura des diminutions d'emplois, comme dans l'ensemble du ministère et comme dans l'ensemble de l'administration française. Mais les réformes ne sont pas là pour permettre des économies. Les réformes sont là pour améliorer notre efficacité, adapter notre organisation, exprimer notre volonté. Je sais que ce type de discours suscite toujours le scepticisme. Soyez convaincu pourtant de ma sincérité et de ma détermination quand je tiens celui-ci devant vous.
Par ailleurs, ces diminutions d'effectifs seront compensées par des transferts vers les opérateurs.
Enfin, je veillerai à ce que ces réformes soient conduites en veillant avec le plus grand souci à la qualité du dialogue social, et à ce que personne ne soit laissé au bord du chemin. Suite à vos discussions hier matin, l'inquiétude des nombreux contractuels qui travaillent dans le réseau culturel a été portée à mon attention et j'ai demandé à mon directeur de cabinet de recevoir immédiatement Georges Diener, président de l'association des contractuels pour que leur situation soit prise en compte dans la conduite du changement.
Nous aurons d'ailleurs besoin de chacune des compétences que vous représentez. Je m'y engage : chaque situation individuelle sera regardée avec le souci de tenir compte de vos aspirations. Votre directrice générale a pris l'initiative de s'adjoindre les compétences de spécialiste de la gestion des ressources humaines, je la remercie.
Les moyens financiers du ministère des Affaires étrangères et européennes augmentent légèrement dans leur globalité, mais c'est vrai, le niveau de nos budgets bilatéraux est menacé par des subventions et des engagements multilatéraux qui font plus qu'absorber cette légère hausse. Pourtant je ne renoncerai jamais à défendre les crédits d'intervention des ambassades, qui, mieux que tous les investissements internationaux, donnent des résultats mesurables et une meilleure visibilité à notre action. Dans les choix et les arbitrages difficiles que nous avons à faire - nous ne pouvons plus "tout faire partout"-, je me battrai pour préserver un minimum de moyens pour notre coopération bilatérale, car je suis convaincu que c'est la condition indispensable de l'efficacité de nos politiques d'aide au développement et de rayonnement.
Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, je sais ce que vous apportez à notre politique étrangère. Ces journées, dont je prendrai connaissance avec intérêt des résultats, confirmeront les trésors d'imagination et d'enthousiasme dont vous faites preuve. Partout où je passe, on me dit votre travail, votre connaissance des autres, votre intelligence du monde. J'ai demandé à Olivier Poivre d'Arvor de me remettre avant la fin de l'année des propositions qui nous permettront, ensemble, de mieux valoriser votre action culturelle, de favoriser encore ce bouillonnement qui fait votre richesse.
Ce ministère nouveau, qui devra fonctionner avec des logiques parfois iconoclastes, sera le vôtre. Notre réforme, pour réussir, ne peut être celle d'un ministre, ni d'un gouvernement. Elle doit émaner d'une administration moderne, consciente plus qu'aucune autre des défis et des périls de notre monde, et décidée à y répondre avec audace et détermination.
Ce qui est en jeu, c'est notre efficacité, mais aussi notre liberté et notre modèle, un modèle dont les méthodes évoluent mais qui reste celui de la créativité et de la générosité intellectuelle. La diplomatie de la société civile que vous incarnez, qui fait remonter l'intelligence de la base vers le sommet, je veux la défendre. Je veux en faire le coeur de notre maison.
Si, en revanche, nos ambitions me paraissaient menacées, ou si les efforts qui nous sont demandés allaient au-delà de ce que j'estime juste, je serai à vos côtés pour défendre cette maison, comme j'ai défendu becs et ongles depuis plus d'un an ses missions et son périmètre de compétences, aussi son budget, même si le résultat n'a pas été exactement à la hauteur de ce que j'espérais.
Je sais que les ministres ne laissent pas grand-chose de leur passage et j'en connais beaucoup qui sont passés ici. Mais j'aimerais que dans quelques années, s'il reste quelque chose de mon passage ici, ce soit cette vraie réorganisation de votre travail. C'est une ambition élevée, trop élevée peut-être, mais je la forme devant vous pour nous tous, et pour vous d'abord.
Je la forme parce que j'ai confiance en notre capacité d'agir ensemble dans l'idée que nous nous faisons de la vocation de la France à être présente dans le monde.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 août 2008