Texte intégral
Q - M. Sarkozy appelle à un retrait sans délais des troupes Russes de Géorgie. A-t-il une chance d'être entendu ?
R - M. Sarkozy va avoir une conversation avec le président Medvedev ce soir. Il lui rappellera que la seule base est ce qui a été signé par le président Medvedev et le président Saakashivili, lorsque le président de la République, accompagné par Bernard Kouchner, s'est rendu à Moscou. C'est la seule voie raisonnable pour trouver une solution politique respectueuse du droit international.
Q - Bernard Kouchner estime que la Russie dans cette affaire s'est mise hors la loi internationale. Le président Russe Medvedev affirme le contraire. Qui dit vrai ?
R - Lorsqu'il y a une violation de frontières, vous admettrez avec moi que ce n'est pas banal. Cette décision russe constitue une violation des principes fondamentaux du droit international d'indépendance, de souveraineté, et d'intégrité territoriale, voilà ce qu'a voulu signifier Bernard Kouchner.
Q - Quand vous entendez Medvedev dire qu'il n'a pas peur de la guerre froide, ou lorsqu'on entend Mikhaïl Gorbatchev le dernier président de l'URSS, dire qu'il y a un risque de cataclysme mondial, d'enchaînements comme celui qui nous a conduit à la Première Guerre mondiale, est-ce que les Russes en rajoutent ou la situation est-elle grave à ce point-là ?
R - Il faut faire la part des choses entre ce qui est rhétorique et la situation de gravité. J'ai aussi entendu ce qui a été dit par le Premier ministre de Russie, qui n'est autre que Vladimir Poutine. Vladimir Poutine a dit que la référence à la guerre froide n'était pas de mise, et je crois aussi que c'est un point d'accord entre l'Union européenne, les partenaires et la Russie. Nous ne sommes pas dans une situation qui est une situation de guerre froide, où il y avait une confrontation des idéologies, cela n'est pas le cas aujourd'hui : la Russie est un pays qui défend ses intérêts de manière agressive et qui a des droits et des devoirs sur le plan international. Elle a également ses devoirs dans le respect du droit international. Je crois que tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire que nous ne sommes pas dans une situation de guerre froide.
Q - Lundi prochain un sommet européen extraordinaire sera convoqué à la demande de Nicolas Sarkozy. Que peuvent faire concrètement les 27 chefs d'Etat ?
R - Ils ont déjà beaucoup fait. Je lis et j'entends que l'Europe serait désemparée. C'est quand même l'Europe qui est intervenue la première dans ce conflit. Le président de la République et M. Kouchner ont obtenu le cessez-le-feu, ils ont obtenu l'envoi d'observateurs de l'OSCE, l'envoi d'observateurs sur le terrain, ils ont dépêché une aide humanitaire avec l'aide de la Commission européenne. L'Europe a joué son rôle, je veux le dire, dans le respect de ses procédures. Le Conseil européen a été convoqué avant ces derniers évènements, il a été convoqué à la demande d'un certain nombre de nos partenaires qui ont souhaité qu'on fasse le point de la situation sur le terrain en Géorgie et qu'on fasse le point sur la situation entre l'Union européenne et la Russie. Nous considérons que la Russie est un grand partenaire de l'Europe. Nous souhaitons qu'il y ait un dialogue avec la Russie. Nous souhaitons qu'il y ait la meilleure insertion possible de la Russie dans la communauté internationale, nous souhaitons et c'était déjà prévu sous Présidence française, qu'il y ait un partenariat qui existe entre l'Union européenne et la Russie. Maintenant c'est à la Russie de nous dire ce qu'elle souhaite. Est-ce qu'elle est attachée, comme l'Europe hier, à avoir un partenariat qui suppose le respect des règles internationales ? Nous reconnaissons qu'il y a eu des imprudences du président Saakashivili mais dans le plan qui avait été proposé par le président de la République et par Bernard Kouchner, ce qui est important, c'est qu'il doit y avoir une résolution de ces conflits sur la base du droit international et une conférence internationale en ce qui concerne l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.
Q - Peut-on envisager des sanctions de la part de l'Union européenne ou est-ce vraiment très maladroit?.
R - On en n'est pas là ! Le Conseil européen justement, a pour but de voir ce qu'il est possible de faire. Comme je vous l'ai dit il y a des étapes qui existent dans les relations entre l'Union européenne et la Russie. C'est au Conseil européen d'apprécier ces relations, compte tenu de la situation. Il faut voir à quel moment, dans quelles conditions, et s'il est encore possible de développer ces relations que, je rappelle, nous souhaitons. C'est aux Russes de nous apporter certaines réponses.
Q - Qu'est ce que vous dites aux Russes qui disent que c'est l'Europe qui a commencé dans cette affaire, que c'est en acceptant l'indépendance du Kosovo que vous avez ouvert la porte à l'acceptation de l'indépendance de l'Ossétie ?
R - Qu'aux yeux des Russes l'indépendance du Kosovo constitue un précédent c'est indéniable, que cela ne facilite pas les choses c'est aussi indéniable, pour autant nous ne sommes pas dans la même situation que celle qui existe dans le Caucase. Je vous rappelle que, en ce qui concerne le Kosovo, il y avait eu une résolution des Nations unies. Ce n'est pas le cas aujourd'hui en ce qui concerne les conflits dans le Caucase. Il y a eu une très longue négociation, des accords de Dayton jusqu'à la mission Athisaari. Entre 1998 et 2008 il y a eu 10 ans de négociations internationales sur le Kosovo. Il y avait une présence de l'ONU, il y avait une présence internationale, il y a quand même une situation qui est différente entre les deux, même si, bien évidemment, nous savons que les Russes ont toujours fait référence à la situation au Kosovo.
Q - Il y a peut être une autre erreur de Nicolas Sarkozy, qui, dans l'accord de cessez-le-feu du 12 août, ne parle à aucun moment de l'intégrité territoriale de la Géorgie ?
R - L'important c'était qu'il y ait un accord de cessez-le-feu. S'il n'y avait pas eu d'intervention du président de la République en tant que président de l'Union européenne, où en seraient aujourd'hui les Russes en Géorgie ? Aujourd'hui, il a été dit que le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie était un élément fondamental. Cela est fait. Il faut distinguer ce qu'est le moyen terme de l'urgence. Dans ce conflit, je le répète, c'est l'Europe qui a le plus agit, et pour la première fois à vingt-sept, en montrant son unité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008
R - M. Sarkozy va avoir une conversation avec le président Medvedev ce soir. Il lui rappellera que la seule base est ce qui a été signé par le président Medvedev et le président Saakashivili, lorsque le président de la République, accompagné par Bernard Kouchner, s'est rendu à Moscou. C'est la seule voie raisonnable pour trouver une solution politique respectueuse du droit international.
Q - Bernard Kouchner estime que la Russie dans cette affaire s'est mise hors la loi internationale. Le président Russe Medvedev affirme le contraire. Qui dit vrai ?
R - Lorsqu'il y a une violation de frontières, vous admettrez avec moi que ce n'est pas banal. Cette décision russe constitue une violation des principes fondamentaux du droit international d'indépendance, de souveraineté, et d'intégrité territoriale, voilà ce qu'a voulu signifier Bernard Kouchner.
Q - Quand vous entendez Medvedev dire qu'il n'a pas peur de la guerre froide, ou lorsqu'on entend Mikhaïl Gorbatchev le dernier président de l'URSS, dire qu'il y a un risque de cataclysme mondial, d'enchaînements comme celui qui nous a conduit à la Première Guerre mondiale, est-ce que les Russes en rajoutent ou la situation est-elle grave à ce point-là ?
R - Il faut faire la part des choses entre ce qui est rhétorique et la situation de gravité. J'ai aussi entendu ce qui a été dit par le Premier ministre de Russie, qui n'est autre que Vladimir Poutine. Vladimir Poutine a dit que la référence à la guerre froide n'était pas de mise, et je crois aussi que c'est un point d'accord entre l'Union européenne, les partenaires et la Russie. Nous ne sommes pas dans une situation qui est une situation de guerre froide, où il y avait une confrontation des idéologies, cela n'est pas le cas aujourd'hui : la Russie est un pays qui défend ses intérêts de manière agressive et qui a des droits et des devoirs sur le plan international. Elle a également ses devoirs dans le respect du droit international. Je crois que tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire que nous ne sommes pas dans une situation de guerre froide.
Q - Lundi prochain un sommet européen extraordinaire sera convoqué à la demande de Nicolas Sarkozy. Que peuvent faire concrètement les 27 chefs d'Etat ?
R - Ils ont déjà beaucoup fait. Je lis et j'entends que l'Europe serait désemparée. C'est quand même l'Europe qui est intervenue la première dans ce conflit. Le président de la République et M. Kouchner ont obtenu le cessez-le-feu, ils ont obtenu l'envoi d'observateurs de l'OSCE, l'envoi d'observateurs sur le terrain, ils ont dépêché une aide humanitaire avec l'aide de la Commission européenne. L'Europe a joué son rôle, je veux le dire, dans le respect de ses procédures. Le Conseil européen a été convoqué avant ces derniers évènements, il a été convoqué à la demande d'un certain nombre de nos partenaires qui ont souhaité qu'on fasse le point de la situation sur le terrain en Géorgie et qu'on fasse le point sur la situation entre l'Union européenne et la Russie. Nous considérons que la Russie est un grand partenaire de l'Europe. Nous souhaitons qu'il y ait un dialogue avec la Russie. Nous souhaitons qu'il y ait la meilleure insertion possible de la Russie dans la communauté internationale, nous souhaitons et c'était déjà prévu sous Présidence française, qu'il y ait un partenariat qui existe entre l'Union européenne et la Russie. Maintenant c'est à la Russie de nous dire ce qu'elle souhaite. Est-ce qu'elle est attachée, comme l'Europe hier, à avoir un partenariat qui suppose le respect des règles internationales ? Nous reconnaissons qu'il y a eu des imprudences du président Saakashivili mais dans le plan qui avait été proposé par le président de la République et par Bernard Kouchner, ce qui est important, c'est qu'il doit y avoir une résolution de ces conflits sur la base du droit international et une conférence internationale en ce qui concerne l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.
Q - Peut-on envisager des sanctions de la part de l'Union européenne ou est-ce vraiment très maladroit?.
R - On en n'est pas là ! Le Conseil européen justement, a pour but de voir ce qu'il est possible de faire. Comme je vous l'ai dit il y a des étapes qui existent dans les relations entre l'Union européenne et la Russie. C'est au Conseil européen d'apprécier ces relations, compte tenu de la situation. Il faut voir à quel moment, dans quelles conditions, et s'il est encore possible de développer ces relations que, je rappelle, nous souhaitons. C'est aux Russes de nous apporter certaines réponses.
Q - Qu'est ce que vous dites aux Russes qui disent que c'est l'Europe qui a commencé dans cette affaire, que c'est en acceptant l'indépendance du Kosovo que vous avez ouvert la porte à l'acceptation de l'indépendance de l'Ossétie ?
R - Qu'aux yeux des Russes l'indépendance du Kosovo constitue un précédent c'est indéniable, que cela ne facilite pas les choses c'est aussi indéniable, pour autant nous ne sommes pas dans la même situation que celle qui existe dans le Caucase. Je vous rappelle que, en ce qui concerne le Kosovo, il y avait eu une résolution des Nations unies. Ce n'est pas le cas aujourd'hui en ce qui concerne les conflits dans le Caucase. Il y a eu une très longue négociation, des accords de Dayton jusqu'à la mission Athisaari. Entre 1998 et 2008 il y a eu 10 ans de négociations internationales sur le Kosovo. Il y avait une présence de l'ONU, il y avait une présence internationale, il y a quand même une situation qui est différente entre les deux, même si, bien évidemment, nous savons que les Russes ont toujours fait référence à la situation au Kosovo.
Q - Il y a peut être une autre erreur de Nicolas Sarkozy, qui, dans l'accord de cessez-le-feu du 12 août, ne parle à aucun moment de l'intégrité territoriale de la Géorgie ?
R - L'important c'était qu'il y ait un accord de cessez-le-feu. S'il n'y avait pas eu d'intervention du président de la République en tant que président de l'Union européenne, où en seraient aujourd'hui les Russes en Géorgie ? Aujourd'hui, il a été dit que le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie était un élément fondamental. Cela est fait. Il faut distinguer ce qu'est le moyen terme de l'urgence. Dans ce conflit, je le répète, c'est l'Europe qui a le plus agit, et pour la première fois à vingt-sept, en montrant son unité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008