Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Raduta,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis,
Je souhaite tout d'abord vous dire mon profond regret de ne pouvoir être à vos côtés, aujourd'hui. Comme vous le savez, l'actualité internationale chargée de ces dernières semaines nous a conduits à organiser un Conseil extraordinaire ce 1er septembre, à Bruxelles. Je me réjouissais de l'échange que nous devions avoir ce matin. Cette importante rencontre me prive de ce plaisir.
Vous représentez dans le monde un pays ami de longue date de la France. Nous avons avec vous une relation privilégiée, sans équivalent dans la région. Votre tradition francophone et francophile, le nombre important d'étudiants roumains en France, la grande richesse de notre coopération culturelle et universitaire, tout cela témoigne des liens étroits qui nous unissent.
Ces liens anciens, nous avons entrepris de les renforcer, comme l'avait souhaité le président Sarkozy dès le début de son mandat. La conclusion, en février de cette année, d un accord de partenariat stratégique, dont la feuille de route a été agréée en avril, a permis de donner un nouveau souffle à la relation franco-roumaine, à notre dialogue et à notre coopération.
Si le président Sarkozy a souhaité que la Roumanie soit le premier des nouveaux Etats membres avec lequel nous avons conclu un partenariat stratégique, c'est aussi du fait de l'intensité des relations économiques entre nos pays. La France est en effet le troisième investisseur étranger en Roumanie, son cinquième fournisseur, son troisième client. On ne compte plus les grandes sociétés françaises implantées dans votre pays - Renault, Carrefour, Société générale ou Eurocopter, pour n'en citer que quelques-unes unes - attirées par le dynamisme de la croissance roumaine et la qualité de votre accueil. Le rattrapage économique de la Roumanie vis-à-vis de ses voisins européens est maintenant pleinement engagé, et les entreprises françaises veulent y contribuer.
Je regrette également, Mes Chers Amis, de ne pas pouvoir échanger avec vous sur la Présidence française de l'Union européenne. Les premiers mois ont été fructueux et nous ont permis d'avancer sur chacune des principales priorités de notre présidence.
Une feuille de route a ainsi été fixée pour le paquet énergie-climat, en vue de rechercher les grandes lignes d'un compromis politique lors du conseil de décembre.
De même, la réunion informelle des ministres de la Justice et des Affaires intérieures, qui s'est tenue à Cannes les 7-8 juillet, a permis d'enregistrer un très large accord des partenaires sur le projet de Pacte européen sur l'immigration et l'asile.
Dans le domaine de l'agriculture, le Conseil du 15 juillet a permis de poursuivre les débats d'orientation sur les propositions législatives du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (PAC), en vue de propositions de compromis qui seront présentées par la présidence à l'automne.
Les travaux sur les réponses à la hausse des prix des hydrocarbures ont été engagés lors du Conseil Ecofin du 8 juillet, conformément aux conclusions du Conseil européen de juin dernier. Un premier accord politique a été trouvé sur le principe d'une publication hebdomadaire des stocks pétroliers.
Sur ces sujets, et sur bien d'autres, nos partenaires européens ont été non seulement à l'écoute, mais aussi ouverts au compromis, avec la volonté de faire prévaloir en permanence l'intérêt général européen, comme nous le souhaitons. Nous sommes bien loin des clichés parfois véhiculés par les médias. Il nous reviendra, dans les prochains mois, de continuer à démontrer que l'Union européenne n'est pas cette lourde et inefficace machinerie que se plaisent à décrire les eurosceptiques, mais au contraire une machine bien huilée, capable de prendre, à vingt-sept, les décisions qui s'imposent.
C'est pourquoi il est essentiel que l'Europe se donne les moyens de défendre ses valeurs et son projet. Sur ce sujet, le soutien de la Roumanie au Traité de Lisbonne, qu'elle a été parmi les premiers pays à ratifier, nous est précieux. Ce traité, qui permet la relance institutionnelle de l'Union, est un outil décisif pour permettre à l'Europe de définir et de conduire les politiques qu'attendent les citoyens européens. Nous sommes déterminés à rénover les institutions européennes pour qu'elles puissent fonctionner correctement dans une Europe élargie.
Dans cette perspective, je veux vous dire tout l'intérêt de l'engagement européen de la Roumanie. Quoique entré dans l'Union européenne il y a peu, votre pays joue pleinement le jeu européen, dont il a remarquablement assimilé les règles. Votre dynamisme, votre volontarisme, votre souplesse, y compris sur des sujets complexes et sensibles politiquement, sont la preuve qu'en vous accueillant parmi ses membres le 1er janvier 2007 l'Union européenne a fait le bon choix. La France, tout particulièrement, veut vous remercier du soutien que vous apportez à ses priorités en matière de politique européenne.
La Roumanie, j'en ai la conviction, est prête à occuper toute sa place en Europe. Les prochains défis qui l'attendent - l'adhésion à l'espace Schengen, le passage à l'euro - demanderont encore, vous le savez comme moi, beaucoup d'efforts et de travail. L'Union européenne a des attentes en matière de justice et d'affaires intérieures, auxquelles la Roumanie doit impérativement répondre. La France, vous le savez, est prête à vous apporter toute l'aide dont vous pourriez avoir besoin, comme le prévoit notre partenariat stratégique. Le jeu, soyez-en sûrs, en vaut largement la chandelle.
Car le projet européen, fondé sur le vieux rêve d'une Europe en paix, rassemblée autour de valeurs communes, reste, aujourd'hui plus que jamais, d'actualité. Ce rêve, l'Europe en a fait une réalité. Espace de liberté, de sécurité et de justice, espace de progrès social et technique, promoteur du dynamisme économique, l'Union européenne a beaucoup accompli.
Mais l'Europe, puissance industrielle, agricole, économique et financière majeure, n'est pas aujourd'hui l'acteur global qu'elle devrait être dans le monde. La stratégie européenne de sécurité devrait ainsi être actualisée afin de prendre en compte l'élargissement de l'Union intervenu depuis 2003 et les nouvelles menaces telles que, par exemple, les atteintes à la sécurité alimentaire, à la sécurité énergétique, la prolifération et la cyber-criminalité. La multiplication des crises nécessite également que les Européens renforcent leurs capacités militaires et civiles. Les leçons tirées des opérations PESD montrent que, malgré les efforts déjà réalisés pour le développement des capacités, les États membres doivent s'engager davantage dans ce sens. Ce renforcement de la PESD sera mené en complémentarité avec l'OTAN. Il s'agit d'un engagement politique très fort du président de la République, qu'il a encore rappelé ici même lors du sommet de l'OTAN du 2 avril.
Les événements récents en Géorgie viennent confirmer notre ambition de faire de l'Europe un acteur majeur sur la scène internationale. Cette crise montre d'ailleurs que l'Union est tout a fait capable d'agir à vingt-sept et que les nouveaux Etats membres contribuent à renforcer son influence. Le consensus qui a pu se dégager autour du plan de paix proposé par le président de la République, prouve que l'Union est capable de parler d'une même voix et partage les mêmes valeurs, au premier rang desquelles le primat du droit sur la force.
La Roumanie, je crois, l'a bien compris : au Kosovo, vous avez choisi de participer à la KFOR, à la MINUK, puis à EULEX, à hauteur de plusieurs centaines d'hommes. Je veux vous remercier encore une fois de cette attitude courageuse et constructive, qui contribue au processus de rapprochement entre la Serbie et l'Union européenne que nous souhaitons tous.
Je regrette, enfin, de n'être pas avec vous pour vous dire l'intérêt avec lequel nous observons l'émergence de la Roumanie en tant qu'acteur régional. Les derniers mois ont apporté de nombreuses preuves de l'ambition de la diplomatie roumaine. Les avancées récentes sur le dossier transnistrien, dans un contexte de renouveau des relations entre Bucarest et Chisinau, les déplacements du président Basescu dans les pays du Caucase et en Ukraine, les nombreuses manifestations organisées dernièrement par la Roumanie sur le thème de la Mer Noire, tout cela témoigne du rôle que votre pays dans la région.
C'est à vous, Chers Amis, qu'il revient de donner corps à cette politique. Soyez assurés que la France se tient à vos côtés dans vos efforts, et que nous souhaitons, ensemble, travailler à ce projet que formulait Javier Solana en 2003 : "Une Europe plus sûre dans un monde meilleur". Je vous remercie, Mes Chers Amis, de votre attention et forme des voeux de succès pour votre conférence.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis,
Je souhaite tout d'abord vous dire mon profond regret de ne pouvoir être à vos côtés, aujourd'hui. Comme vous le savez, l'actualité internationale chargée de ces dernières semaines nous a conduits à organiser un Conseil extraordinaire ce 1er septembre, à Bruxelles. Je me réjouissais de l'échange que nous devions avoir ce matin. Cette importante rencontre me prive de ce plaisir.
Vous représentez dans le monde un pays ami de longue date de la France. Nous avons avec vous une relation privilégiée, sans équivalent dans la région. Votre tradition francophone et francophile, le nombre important d'étudiants roumains en France, la grande richesse de notre coopération culturelle et universitaire, tout cela témoigne des liens étroits qui nous unissent.
Ces liens anciens, nous avons entrepris de les renforcer, comme l'avait souhaité le président Sarkozy dès le début de son mandat. La conclusion, en février de cette année, d un accord de partenariat stratégique, dont la feuille de route a été agréée en avril, a permis de donner un nouveau souffle à la relation franco-roumaine, à notre dialogue et à notre coopération.
Si le président Sarkozy a souhaité que la Roumanie soit le premier des nouveaux Etats membres avec lequel nous avons conclu un partenariat stratégique, c'est aussi du fait de l'intensité des relations économiques entre nos pays. La France est en effet le troisième investisseur étranger en Roumanie, son cinquième fournisseur, son troisième client. On ne compte plus les grandes sociétés françaises implantées dans votre pays - Renault, Carrefour, Société générale ou Eurocopter, pour n'en citer que quelques-unes unes - attirées par le dynamisme de la croissance roumaine et la qualité de votre accueil. Le rattrapage économique de la Roumanie vis-à-vis de ses voisins européens est maintenant pleinement engagé, et les entreprises françaises veulent y contribuer.
Je regrette également, Mes Chers Amis, de ne pas pouvoir échanger avec vous sur la Présidence française de l'Union européenne. Les premiers mois ont été fructueux et nous ont permis d'avancer sur chacune des principales priorités de notre présidence.
Une feuille de route a ainsi été fixée pour le paquet énergie-climat, en vue de rechercher les grandes lignes d'un compromis politique lors du conseil de décembre.
De même, la réunion informelle des ministres de la Justice et des Affaires intérieures, qui s'est tenue à Cannes les 7-8 juillet, a permis d'enregistrer un très large accord des partenaires sur le projet de Pacte européen sur l'immigration et l'asile.
Dans le domaine de l'agriculture, le Conseil du 15 juillet a permis de poursuivre les débats d'orientation sur les propositions législatives du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (PAC), en vue de propositions de compromis qui seront présentées par la présidence à l'automne.
Les travaux sur les réponses à la hausse des prix des hydrocarbures ont été engagés lors du Conseil Ecofin du 8 juillet, conformément aux conclusions du Conseil européen de juin dernier. Un premier accord politique a été trouvé sur le principe d'une publication hebdomadaire des stocks pétroliers.
Sur ces sujets, et sur bien d'autres, nos partenaires européens ont été non seulement à l'écoute, mais aussi ouverts au compromis, avec la volonté de faire prévaloir en permanence l'intérêt général européen, comme nous le souhaitons. Nous sommes bien loin des clichés parfois véhiculés par les médias. Il nous reviendra, dans les prochains mois, de continuer à démontrer que l'Union européenne n'est pas cette lourde et inefficace machinerie que se plaisent à décrire les eurosceptiques, mais au contraire une machine bien huilée, capable de prendre, à vingt-sept, les décisions qui s'imposent.
C'est pourquoi il est essentiel que l'Europe se donne les moyens de défendre ses valeurs et son projet. Sur ce sujet, le soutien de la Roumanie au Traité de Lisbonne, qu'elle a été parmi les premiers pays à ratifier, nous est précieux. Ce traité, qui permet la relance institutionnelle de l'Union, est un outil décisif pour permettre à l'Europe de définir et de conduire les politiques qu'attendent les citoyens européens. Nous sommes déterminés à rénover les institutions européennes pour qu'elles puissent fonctionner correctement dans une Europe élargie.
Dans cette perspective, je veux vous dire tout l'intérêt de l'engagement européen de la Roumanie. Quoique entré dans l'Union européenne il y a peu, votre pays joue pleinement le jeu européen, dont il a remarquablement assimilé les règles. Votre dynamisme, votre volontarisme, votre souplesse, y compris sur des sujets complexes et sensibles politiquement, sont la preuve qu'en vous accueillant parmi ses membres le 1er janvier 2007 l'Union européenne a fait le bon choix. La France, tout particulièrement, veut vous remercier du soutien que vous apportez à ses priorités en matière de politique européenne.
La Roumanie, j'en ai la conviction, est prête à occuper toute sa place en Europe. Les prochains défis qui l'attendent - l'adhésion à l'espace Schengen, le passage à l'euro - demanderont encore, vous le savez comme moi, beaucoup d'efforts et de travail. L'Union européenne a des attentes en matière de justice et d'affaires intérieures, auxquelles la Roumanie doit impérativement répondre. La France, vous le savez, est prête à vous apporter toute l'aide dont vous pourriez avoir besoin, comme le prévoit notre partenariat stratégique. Le jeu, soyez-en sûrs, en vaut largement la chandelle.
Car le projet européen, fondé sur le vieux rêve d'une Europe en paix, rassemblée autour de valeurs communes, reste, aujourd'hui plus que jamais, d'actualité. Ce rêve, l'Europe en a fait une réalité. Espace de liberté, de sécurité et de justice, espace de progrès social et technique, promoteur du dynamisme économique, l'Union européenne a beaucoup accompli.
Mais l'Europe, puissance industrielle, agricole, économique et financière majeure, n'est pas aujourd'hui l'acteur global qu'elle devrait être dans le monde. La stratégie européenne de sécurité devrait ainsi être actualisée afin de prendre en compte l'élargissement de l'Union intervenu depuis 2003 et les nouvelles menaces telles que, par exemple, les atteintes à la sécurité alimentaire, à la sécurité énergétique, la prolifération et la cyber-criminalité. La multiplication des crises nécessite également que les Européens renforcent leurs capacités militaires et civiles. Les leçons tirées des opérations PESD montrent que, malgré les efforts déjà réalisés pour le développement des capacités, les États membres doivent s'engager davantage dans ce sens. Ce renforcement de la PESD sera mené en complémentarité avec l'OTAN. Il s'agit d'un engagement politique très fort du président de la République, qu'il a encore rappelé ici même lors du sommet de l'OTAN du 2 avril.
Les événements récents en Géorgie viennent confirmer notre ambition de faire de l'Europe un acteur majeur sur la scène internationale. Cette crise montre d'ailleurs que l'Union est tout a fait capable d'agir à vingt-sept et que les nouveaux Etats membres contribuent à renforcer son influence. Le consensus qui a pu se dégager autour du plan de paix proposé par le président de la République, prouve que l'Union est capable de parler d'une même voix et partage les mêmes valeurs, au premier rang desquelles le primat du droit sur la force.
La Roumanie, je crois, l'a bien compris : au Kosovo, vous avez choisi de participer à la KFOR, à la MINUK, puis à EULEX, à hauteur de plusieurs centaines d'hommes. Je veux vous remercier encore une fois de cette attitude courageuse et constructive, qui contribue au processus de rapprochement entre la Serbie et l'Union européenne que nous souhaitons tous.
Je regrette, enfin, de n'être pas avec vous pour vous dire l'intérêt avec lequel nous observons l'émergence de la Roumanie en tant qu'acteur régional. Les derniers mois ont apporté de nombreuses preuves de l'ambition de la diplomatie roumaine. Les avancées récentes sur le dossier transnistrien, dans un contexte de renouveau des relations entre Bucarest et Chisinau, les déplacements du président Basescu dans les pays du Caucase et en Ukraine, les nombreuses manifestations organisées dernièrement par la Roumanie sur le thème de la Mer Noire, tout cela témoigne du rôle que votre pays dans la région.
C'est à vous, Chers Amis, qu'il revient de donner corps à cette politique. Soyez assurés que la France se tient à vos côtés dans vos efforts, et que nous souhaitons, ensemble, travailler à ce projet que formulait Javier Solana en 2003 : "Une Europe plus sûre dans un monde meilleur". Je vous remercie, Mes Chers Amis, de votre attention et forme des voeux de succès pour votre conférence.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008