Texte intégral
M. Biraben et C. Roux.- M. Biraben : L'interview politique de la Matinale. Votre invité Caroline ?
C. Roux : B. Hortefeux, ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, ami historique du Président et quand il se dit à la disposition de N. Sarkozy, on prend ça pour de l'ambition. On se dit qu'il se prépare pour le ministère de l'Intérieur mais on se trompe, nous dit-il, concentré sur l'harmonisation du droit d'asile en Europe. Plus simple peut-être à gérer que la reculade du Gouvernement sur le fichier EDVIGE. Bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Le président de la République est donc intervenu dans le dossier EDVIGE. Pour clore la polémique, est-ce que cette intervention vous permet de donner une réponse claire à la question que vous posait hier notre invité J. Peyrelevade du Modem. Caroline, la question.
C. Roux : La question était : moi, J. Peyrelevade, serai-je fiché sur EDVIGE ?
D'abord il y a des réalités à rappeler, c'est que le fichier EDVIGE n'est pas quelque chose qui est sorti comme ça du chapeau la semaine dernière. C'était en fait un fichier qui avait été créé en 1991, je crois que c'était sous le gouvernement d'E. Cresson, peut-être de M. Rocard. Et à l'époque, il avait été décidé de créer un fichier. Le fichier a été adapté par le ministère de l'Intérieur en tenant compte de l'évolution de la société. Par exemple, il y a une réalité qui n'est pas contestable, c'est que la délinquance juvénile, la délinquance des mineurs augmente et c'était une manière peut-être d'anticiper. Ce fichier existait depuis longtemps, il a été adapté. Deuxième réalité, c'est un débat qui n'est pas secondaire, c'est un débat au contraire très important : c'est l'équilibre entre les mesures sécuritaires, c'est-à-dire pour anticiper les troubles à l'ordre public et puis pour protéger les citoyens qui sont d'ailleurs souvent les plus modestes quand ils sont touchés par la délinquance. Et puis le respect des libertés individuelles. Cet équilibre est une question essentielle. Le président de la République a démontré, et c'est la troisième remarque que...
C. Roux : Vous avez un quatrième point ou pas parce qu'on a pas le temps là ?
Je peux continuer jusqu'au 27ème mais je vais m'arrêter au troisième si vous m'y invitez. Le président de la République a démontré qu'il souhaitait être, une fois de plus, à l'écoute de nos concitoyens en demandant cette concertation.
C. Roux : Juste la question de J. Peyrelevade, est-ce qu'il sera fiché sur EDVIGE ? C'est la question. Oui ou non ?
Dans le fichier initial prévu au mois de juillet, les personnalités qui exercent des fonctions en vue - en clair, c'est-à-dire des fonctions d'élus, des fonctions syndicales, des fonctions de chef d'entreprise et J. Peyrelevade qui n'est pas discret, qui s'exprime au contraire très facilement, très largement, est une personnalité en vue...
C. Roux : ...Qui sera fiché. Est-ce que c'est normal...
Non, qui serait.
C. Roux : Qui serait ? Parce que les choses ont changé depuis hier soir ?
La langue française est riche et donc il y a plusieurs temps.
M. Biraben : C'est le conditionnel que vous employez.
C'est le conditionnel puisqu'il y a une concertation qui va être engagée. Cette concertation, elle est saine et elle est juste.
C. Roux : Je peux faire les questions s'il vous plait, j'ai plein de questions à vous poser. Est-ce que c'est normal que N. Sarkozy ait dû intervenir sur ce dossier ?
A partir du moment où c'est quelque chose qui intéressait, qui mobilisait, qui suscitait des débats et des réflexions, je trouve ça sain que le président de la République s'y intéresse. Le président de la République, N. Sarkozy, ce n'est pas quelqu'un qui reste sur son Aventin.
C. Roux : Ce n'est pas parce que le dossier a été mal préparé par exemple ?
On ne peut pas dire que les présidents de la République sont trop souvent derrière leur château, derrière leur muraille, isolés. Au contraire là, N. Sarkozy montre qu'il est totalement au coeur du débat de la société. Ce n'est pas un Président qui reste sur l'Aventin, c'est un Président qui s'engage.
C. Roux : Est-ce que ce dossier a été bien préparé par M. Alliot- Marie ?
Ecoutez-moi, j'essaie d'avoir un engagement politique qui évite de faire des remarques ou de formuler des remarques sur des personnes.
C. Roux : Il paraît qu'on peut tout se dire dans ce Gouvernement, qu'il faut débattre, qu'il faut tout mettre sur la table. Donc est-ce que ce dossier a été bien préparé ?
Précisément, il faut qu'il y ait des débats sur le fond et pas sur les personnes.
C. Roux : C'est le fond, là, je vous promets. C'est le texte, c'est le décret qui a été adopté.
Vous me posez une question - d'abord j'ai très mal compris, ce qui est très ennuyeux, mais c'est tôt le matin - vous me posez une question sur une personne, moi je ne vous réponds pas sur une personne, je vous réponds sur le fond de cette affaire : voilà l'origine et voilà la décision qui a été prise par le président de la République. Cela me semble sain, utile et juste.
C. Roux : Est-ce que ça aurait pu se passer différemment si le dossier avait été mieux préparé ?
On peut toujours faire mieux naturellement mais je pense que ce n'est pas là le sujet.
C. Roux : Est-ce que c'est un désaveu de M. Alliot-Marie et de F. Fillon ? On va rappeler pour nos téléspectateurs qu'ils ont tous les deux défendu, il y a deux jours, le fichier EDVIGE et qu'aujourd'hui le Président appelle à une concertation et semble revenir sur ce fichier.
Mais parce qu'il y a une écoute, il y a une attention portée à l'opinion et c'est l'inverse qui serait surprenant. Incontestablement, il y a une préoccupation. La preuve, c'est que vous, vous en parlez beaucoup et vous m'interrogez là-dessus alors que ce n'est pas de ma compétence. Alors ça prouve que c'est un sujet qui est important, qui intéresse les médias, qui intéresse l'opinion et c'est l'inverse qui m'aurait choqué, c'est qu'on n'en tienne pas compte.
C. Roux : Le PS crie victoire. Est-ce que ça veut dire que c'est une reculade du Gouvernement ?
Ecoutez si ça suffit à leur bonheur, il ne faut pas qu'ils se gênent. Franchement, le PS, vous avez vu précisément toutes ces dernières semaines où c'était exclusivement des débats de personnes, aucun débat de fond, aucune proposition, rien sur rien, rien sur la Sécurité sociale, rien sur l'immigration, rien sur la sécurité, rien sur la situation économique.
C. Roux : Là, ils avaient raison ou pas sur ce dossier, de s'emparer de ce dossier ?
S'ils sont contents, je suis heureux pour eux.
C. Roux : Est-ce qu'ils avaient raison, est-ce qu'ils ont eu raison de se saisir de ce dossier ? Vous, personnellement, est-ce que vous considérez que dans ce dossier, il y a des clarifications à apporter comme l'a dit R. Yade, membre du Gouvernement ?
Là où il y a une raison, c'est que nous avons besoin d'une opposition et moi je ne me réjouis pas que dans une démocratie moderne, il n'y ait pas d'opposition. Alors si le Parti socialiste trouve aujourd'hui le moyen de s'exprimer, de dire quelque chose et d'évoquer d'autres sujets que des questions de personnes et des divisions qui existent chez eux, tant mieux pour eux.
C. Roux : On a sanctionné H. Morin parce qu'il avait pris des libertés par rapport au fichier EDVIGE. On est plus dans ce temps-là.
Ah bon, qu'est-ce qu'il y a eu comme sanction ?
C. Roux : Un rappel à l'ordre de la part du Premier ministre, un certain F. Fillon.
Attendez, ce n'est pas des sanctions ça.
C. Roux : C'est un rappel à l'ordre.
Ce qui est dit, c'est qu'il y a la nécessité de la cohésion gouvernementale et la cohésion gouvernementale, ça n'empêche pas non plus le débat.
C. Roux : Est-ce qu'il faut un débat à l'Assemblée nationale sur ce décret, comme le propose A. Juppé ?
Tout est possible. M. Alliot-Marie a indiqué hier et elle a eu raison qu'elle engageait cette phase de concertation. J'imagine qu'elle ne décide pas ce qui sera, ce qui devra se produire alors que la concertation n'a pas encore eu lieu. Donc laissons le temps de la concertation et puis après il y aura certainement une initiative à prendre.
C. Roux : Mais vous, finalement, vous pouvez avoir un avis, vous pouvez dire que ce décret pourrait faire l'objet d'un débat. Il faut redonner l'image du Parlement, redonner du pouvoir au Parlement. Est-ce que ce n'est pas l'occasion ?
Je ne suis pas à la place de M. Alliot-Marie mais je comprends sa position. Il faut d'abord écouter la concertation avant de prendre la décision. Ca me paraît une démarche qui est cohérente, progressive et là aussi lisible.
M. Biraben : On parle un peu politique ?
Qu'est-ce que vous avez fait jusqu'à maintenant ?
C. Roux : Non, c'était : "Je ne suis pas ministre de l'Intérieur". Donc du coup, on se disait : tiens, quand vous avez dit « je suis à la disposition du président de la République », est-ce que c'est au ministère de l'Intérieur que vous pensiez, pour dire les choses clairement ce matin ?
Moi j'avance dans ma vie politique avec des idées simples. Je suis homme de mission, pas d'ambition, je n'ai pas de plan de carrière et ainsi de suite. Moi c'est très simple. Je suis dans la famille UMP. Je suis un militant parmi les autres et je ne suis candidat à aucune responsabilité, à aucune fonction. Je peux partager mes convictions sans exercer, sans avoir de titre. Deuxième réflexion, la ligne est simple : mon engagement est aux côtés de N. Sarkozy. Ca signifie tout simplement et j'allais dire très banalement que je suis à la disposition du président de la République pour les fonctions qu'il voudrait me confier, ni plus, ni moins. Maintenant, si vous me posez la question : est-ce que je suis candidat à une fonction ? La réponse est clairement non. J'ai un ministère qui est un ministère passionnant, très difficile, très exigeant parce qu'il touche à la personne humaine. Croyez-moi cela suffit à ma tâche.
M. Biraben : La Coordination française pour le droit d'asile a dénoncé la situation préoccupante des exilés le long des littoraux de la Manche et de la Mer du Nord. On parle évidemment de Sangatte. Considérez-vous que six ans après la fermeture de Sangatte, l'affaire est réglée ?
Comment voulez-vous qu'une affaire soit définitivement réglée ? La réponse est non, tout n'est pas réglé. En revanche, est-ce que cela a progressé ? Oui, de manière spectaculaire. Vous évoquez la situation, il y a six ans. Il y a six ans, il y avait 3 à 4000 personnes qui étaient là sur le camp de Sangatte et N. Sarkozy s'y était rendu. Je rappelle d'ailleurs que c'était le premier ministre qui se rendait sur le camp de Sangatte et d'ailleurs je l'avais accompagné au moins une fois. Depuis, qu'observe-t-on ? C'est qu'il y a par exemple aujourd'hui, maximum 300 personnes qui sont sur ce camp. Attendez, là aussi il faut que les choses soient dites.
C. Roux : Je donne les chiffres de la Coordination française pour le droit d'asile qui dit entre 1000 et 1500 migrants qui occuperaient différents campements informels.
Là, à Sangatte, sur le pourtour du site, il y a en réalité aujourd'hui 300 personnes. Il y en avait 3.000 il y a six ans. C'est-à-dire que ça a diminué largement puisqu'on est passé de 3.000 à 300.
C. Roux : Ce n'est pas satisfaisant, qu'est-ce que vous proposez ?
Dix fois moins. Vous savez que pour Sangatte, la situation est la suivante, c'est que ce sont des personnes qui veulent passer en Grande- Bretagne, qui veulent passer au Royaume-Uni et le Royaume-Uni, d'ailleurs, ne le souhaite pas pour l'essentiel. Et donc il y a un partenariat avec le Royaume-Uni, qui a été engagé, que l'on doit prolonger, que l'on doit approfondir et d'ailleurs le 30 septembre, je serai avec le ministre britannique pour une réunion sur ce sujet, pour voir comment on peut essayer effectivement de diminuer encore. Mais là aussi, il ne faut pas laisser accréditer quelque chose qui serait faux. Il y avait 3.000 personnes en 2002, il y en a 300 aujourd'hui en moyenne. C'est donc un progrès spectaculaire.
M. Biraben : Et un problème à régler encore. J'aime/j'aime pas Y. Jégo qui jette l'éponge ?
C'est de sa responsabilité. J'aime bien Y. Jégo. Il a annoncé qu'il jetait l'éponge parce qu'il ne voulait pas diviser. Effectivement, en politique, c'est bien d'unir plutôt que de diviser donc je respecte cette décision.
C. Roux : J'aime/j'aime pas la pression sur R. Domenech ?
J'aime pas trop parce que c'est un peu trop violent. Faire peser toute la responsabilité d'une situation sur une seule personne, ça me paraît excessif.
M. Biraben : J'aime/j'aime pas L. Amstrong qui revient sur son vélo ? Il le fait pour montrer que les gens qui sont malades du cancer peuvent s'en sortir.
Sur cet aspect-là, son combat était spectaculaire et parfaitement respectable. Donc ça j'aimerais plutôt. Bon il y a d'autres aspects qui sont peut-être plus compliqués.
M. Biraben : La gagne du huitième Tour, ça vous plaît pas particulièrement ?
C'est plus compliqué.
M. Biraben : Merci beaucoup.
Merci, même si je n'ai pas parlé de la conférence sur l'asile, qui a été un grand succès. Mais comme ça a été un succès et que ça s'est fait dans l'unanimité, vous ne m'avez pas posé de question dessus.
M. Biraben : Vous savez quoi ? Vous reviendrez.
J'espère bien.
M. Biraben : Vous êtes le bienvenu sur le plateau de la Matinale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 septembre 2008
C. Roux : B. Hortefeux, ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, ami historique du Président et quand il se dit à la disposition de N. Sarkozy, on prend ça pour de l'ambition. On se dit qu'il se prépare pour le ministère de l'Intérieur mais on se trompe, nous dit-il, concentré sur l'harmonisation du droit d'asile en Europe. Plus simple peut-être à gérer que la reculade du Gouvernement sur le fichier EDVIGE. Bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Le président de la République est donc intervenu dans le dossier EDVIGE. Pour clore la polémique, est-ce que cette intervention vous permet de donner une réponse claire à la question que vous posait hier notre invité J. Peyrelevade du Modem. Caroline, la question.
C. Roux : La question était : moi, J. Peyrelevade, serai-je fiché sur EDVIGE ?
D'abord il y a des réalités à rappeler, c'est que le fichier EDVIGE n'est pas quelque chose qui est sorti comme ça du chapeau la semaine dernière. C'était en fait un fichier qui avait été créé en 1991, je crois que c'était sous le gouvernement d'E. Cresson, peut-être de M. Rocard. Et à l'époque, il avait été décidé de créer un fichier. Le fichier a été adapté par le ministère de l'Intérieur en tenant compte de l'évolution de la société. Par exemple, il y a une réalité qui n'est pas contestable, c'est que la délinquance juvénile, la délinquance des mineurs augmente et c'était une manière peut-être d'anticiper. Ce fichier existait depuis longtemps, il a été adapté. Deuxième réalité, c'est un débat qui n'est pas secondaire, c'est un débat au contraire très important : c'est l'équilibre entre les mesures sécuritaires, c'est-à-dire pour anticiper les troubles à l'ordre public et puis pour protéger les citoyens qui sont d'ailleurs souvent les plus modestes quand ils sont touchés par la délinquance. Et puis le respect des libertés individuelles. Cet équilibre est une question essentielle. Le président de la République a démontré, et c'est la troisième remarque que...
C. Roux : Vous avez un quatrième point ou pas parce qu'on a pas le temps là ?
Je peux continuer jusqu'au 27ème mais je vais m'arrêter au troisième si vous m'y invitez. Le président de la République a démontré qu'il souhaitait être, une fois de plus, à l'écoute de nos concitoyens en demandant cette concertation.
C. Roux : Juste la question de J. Peyrelevade, est-ce qu'il sera fiché sur EDVIGE ? C'est la question. Oui ou non ?
Dans le fichier initial prévu au mois de juillet, les personnalités qui exercent des fonctions en vue - en clair, c'est-à-dire des fonctions d'élus, des fonctions syndicales, des fonctions de chef d'entreprise et J. Peyrelevade qui n'est pas discret, qui s'exprime au contraire très facilement, très largement, est une personnalité en vue...
C. Roux : ...Qui sera fiché. Est-ce que c'est normal...
Non, qui serait.
C. Roux : Qui serait ? Parce que les choses ont changé depuis hier soir ?
La langue française est riche et donc il y a plusieurs temps.
M. Biraben : C'est le conditionnel que vous employez.
C'est le conditionnel puisqu'il y a une concertation qui va être engagée. Cette concertation, elle est saine et elle est juste.
C. Roux : Je peux faire les questions s'il vous plait, j'ai plein de questions à vous poser. Est-ce que c'est normal que N. Sarkozy ait dû intervenir sur ce dossier ?
A partir du moment où c'est quelque chose qui intéressait, qui mobilisait, qui suscitait des débats et des réflexions, je trouve ça sain que le président de la République s'y intéresse. Le président de la République, N. Sarkozy, ce n'est pas quelqu'un qui reste sur son Aventin.
C. Roux : Ce n'est pas parce que le dossier a été mal préparé par exemple ?
On ne peut pas dire que les présidents de la République sont trop souvent derrière leur château, derrière leur muraille, isolés. Au contraire là, N. Sarkozy montre qu'il est totalement au coeur du débat de la société. Ce n'est pas un Président qui reste sur l'Aventin, c'est un Président qui s'engage.
C. Roux : Est-ce que ce dossier a été bien préparé par M. Alliot- Marie ?
Ecoutez-moi, j'essaie d'avoir un engagement politique qui évite de faire des remarques ou de formuler des remarques sur des personnes.
C. Roux : Il paraît qu'on peut tout se dire dans ce Gouvernement, qu'il faut débattre, qu'il faut tout mettre sur la table. Donc est-ce que ce dossier a été bien préparé ?
Précisément, il faut qu'il y ait des débats sur le fond et pas sur les personnes.
C. Roux : C'est le fond, là, je vous promets. C'est le texte, c'est le décret qui a été adopté.
Vous me posez une question - d'abord j'ai très mal compris, ce qui est très ennuyeux, mais c'est tôt le matin - vous me posez une question sur une personne, moi je ne vous réponds pas sur une personne, je vous réponds sur le fond de cette affaire : voilà l'origine et voilà la décision qui a été prise par le président de la République. Cela me semble sain, utile et juste.
C. Roux : Est-ce que ça aurait pu se passer différemment si le dossier avait été mieux préparé ?
On peut toujours faire mieux naturellement mais je pense que ce n'est pas là le sujet.
C. Roux : Est-ce que c'est un désaveu de M. Alliot-Marie et de F. Fillon ? On va rappeler pour nos téléspectateurs qu'ils ont tous les deux défendu, il y a deux jours, le fichier EDVIGE et qu'aujourd'hui le Président appelle à une concertation et semble revenir sur ce fichier.
Mais parce qu'il y a une écoute, il y a une attention portée à l'opinion et c'est l'inverse qui serait surprenant. Incontestablement, il y a une préoccupation. La preuve, c'est que vous, vous en parlez beaucoup et vous m'interrogez là-dessus alors que ce n'est pas de ma compétence. Alors ça prouve que c'est un sujet qui est important, qui intéresse les médias, qui intéresse l'opinion et c'est l'inverse qui m'aurait choqué, c'est qu'on n'en tienne pas compte.
C. Roux : Le PS crie victoire. Est-ce que ça veut dire que c'est une reculade du Gouvernement ?
Ecoutez si ça suffit à leur bonheur, il ne faut pas qu'ils se gênent. Franchement, le PS, vous avez vu précisément toutes ces dernières semaines où c'était exclusivement des débats de personnes, aucun débat de fond, aucune proposition, rien sur rien, rien sur la Sécurité sociale, rien sur l'immigration, rien sur la sécurité, rien sur la situation économique.
C. Roux : Là, ils avaient raison ou pas sur ce dossier, de s'emparer de ce dossier ?
S'ils sont contents, je suis heureux pour eux.
C. Roux : Est-ce qu'ils avaient raison, est-ce qu'ils ont eu raison de se saisir de ce dossier ? Vous, personnellement, est-ce que vous considérez que dans ce dossier, il y a des clarifications à apporter comme l'a dit R. Yade, membre du Gouvernement ?
Là où il y a une raison, c'est que nous avons besoin d'une opposition et moi je ne me réjouis pas que dans une démocratie moderne, il n'y ait pas d'opposition. Alors si le Parti socialiste trouve aujourd'hui le moyen de s'exprimer, de dire quelque chose et d'évoquer d'autres sujets que des questions de personnes et des divisions qui existent chez eux, tant mieux pour eux.
C. Roux : On a sanctionné H. Morin parce qu'il avait pris des libertés par rapport au fichier EDVIGE. On est plus dans ce temps-là.
Ah bon, qu'est-ce qu'il y a eu comme sanction ?
C. Roux : Un rappel à l'ordre de la part du Premier ministre, un certain F. Fillon.
Attendez, ce n'est pas des sanctions ça.
C. Roux : C'est un rappel à l'ordre.
Ce qui est dit, c'est qu'il y a la nécessité de la cohésion gouvernementale et la cohésion gouvernementale, ça n'empêche pas non plus le débat.
C. Roux : Est-ce qu'il faut un débat à l'Assemblée nationale sur ce décret, comme le propose A. Juppé ?
Tout est possible. M. Alliot-Marie a indiqué hier et elle a eu raison qu'elle engageait cette phase de concertation. J'imagine qu'elle ne décide pas ce qui sera, ce qui devra se produire alors que la concertation n'a pas encore eu lieu. Donc laissons le temps de la concertation et puis après il y aura certainement une initiative à prendre.
C. Roux : Mais vous, finalement, vous pouvez avoir un avis, vous pouvez dire que ce décret pourrait faire l'objet d'un débat. Il faut redonner l'image du Parlement, redonner du pouvoir au Parlement. Est-ce que ce n'est pas l'occasion ?
Je ne suis pas à la place de M. Alliot-Marie mais je comprends sa position. Il faut d'abord écouter la concertation avant de prendre la décision. Ca me paraît une démarche qui est cohérente, progressive et là aussi lisible.
M. Biraben : On parle un peu politique ?
Qu'est-ce que vous avez fait jusqu'à maintenant ?
C. Roux : Non, c'était : "Je ne suis pas ministre de l'Intérieur". Donc du coup, on se disait : tiens, quand vous avez dit « je suis à la disposition du président de la République », est-ce que c'est au ministère de l'Intérieur que vous pensiez, pour dire les choses clairement ce matin ?
Moi j'avance dans ma vie politique avec des idées simples. Je suis homme de mission, pas d'ambition, je n'ai pas de plan de carrière et ainsi de suite. Moi c'est très simple. Je suis dans la famille UMP. Je suis un militant parmi les autres et je ne suis candidat à aucune responsabilité, à aucune fonction. Je peux partager mes convictions sans exercer, sans avoir de titre. Deuxième réflexion, la ligne est simple : mon engagement est aux côtés de N. Sarkozy. Ca signifie tout simplement et j'allais dire très banalement que je suis à la disposition du président de la République pour les fonctions qu'il voudrait me confier, ni plus, ni moins. Maintenant, si vous me posez la question : est-ce que je suis candidat à une fonction ? La réponse est clairement non. J'ai un ministère qui est un ministère passionnant, très difficile, très exigeant parce qu'il touche à la personne humaine. Croyez-moi cela suffit à ma tâche.
M. Biraben : La Coordination française pour le droit d'asile a dénoncé la situation préoccupante des exilés le long des littoraux de la Manche et de la Mer du Nord. On parle évidemment de Sangatte. Considérez-vous que six ans après la fermeture de Sangatte, l'affaire est réglée ?
Comment voulez-vous qu'une affaire soit définitivement réglée ? La réponse est non, tout n'est pas réglé. En revanche, est-ce que cela a progressé ? Oui, de manière spectaculaire. Vous évoquez la situation, il y a six ans. Il y a six ans, il y avait 3 à 4000 personnes qui étaient là sur le camp de Sangatte et N. Sarkozy s'y était rendu. Je rappelle d'ailleurs que c'était le premier ministre qui se rendait sur le camp de Sangatte et d'ailleurs je l'avais accompagné au moins une fois. Depuis, qu'observe-t-on ? C'est qu'il y a par exemple aujourd'hui, maximum 300 personnes qui sont sur ce camp. Attendez, là aussi il faut que les choses soient dites.
C. Roux : Je donne les chiffres de la Coordination française pour le droit d'asile qui dit entre 1000 et 1500 migrants qui occuperaient différents campements informels.
Là, à Sangatte, sur le pourtour du site, il y a en réalité aujourd'hui 300 personnes. Il y en avait 3.000 il y a six ans. C'est-à-dire que ça a diminué largement puisqu'on est passé de 3.000 à 300.
C. Roux : Ce n'est pas satisfaisant, qu'est-ce que vous proposez ?
Dix fois moins. Vous savez que pour Sangatte, la situation est la suivante, c'est que ce sont des personnes qui veulent passer en Grande- Bretagne, qui veulent passer au Royaume-Uni et le Royaume-Uni, d'ailleurs, ne le souhaite pas pour l'essentiel. Et donc il y a un partenariat avec le Royaume-Uni, qui a été engagé, que l'on doit prolonger, que l'on doit approfondir et d'ailleurs le 30 septembre, je serai avec le ministre britannique pour une réunion sur ce sujet, pour voir comment on peut essayer effectivement de diminuer encore. Mais là aussi, il ne faut pas laisser accréditer quelque chose qui serait faux. Il y avait 3.000 personnes en 2002, il y en a 300 aujourd'hui en moyenne. C'est donc un progrès spectaculaire.
M. Biraben : Et un problème à régler encore. J'aime/j'aime pas Y. Jégo qui jette l'éponge ?
C'est de sa responsabilité. J'aime bien Y. Jégo. Il a annoncé qu'il jetait l'éponge parce qu'il ne voulait pas diviser. Effectivement, en politique, c'est bien d'unir plutôt que de diviser donc je respecte cette décision.
C. Roux : J'aime/j'aime pas la pression sur R. Domenech ?
J'aime pas trop parce que c'est un peu trop violent. Faire peser toute la responsabilité d'une situation sur une seule personne, ça me paraît excessif.
M. Biraben : J'aime/j'aime pas L. Amstrong qui revient sur son vélo ? Il le fait pour montrer que les gens qui sont malades du cancer peuvent s'en sortir.
Sur cet aspect-là, son combat était spectaculaire et parfaitement respectable. Donc ça j'aimerais plutôt. Bon il y a d'autres aspects qui sont peut-être plus compliqués.
M. Biraben : La gagne du huitième Tour, ça vous plaît pas particulièrement ?
C'est plus compliqué.
M. Biraben : Merci beaucoup.
Merci, même si je n'ai pas parlé de la conférence sur l'asile, qui a été un grand succès. Mais comme ça a été un succès et que ça s'est fait dans l'unanimité, vous ne m'avez pas posé de question dessus.
M. Biraben : Vous savez quoi ? Vous reviendrez.
J'espère bien.
M. Biraben : Vous êtes le bienvenu sur le plateau de la Matinale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 septembre 2008