Entretien de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, à I-Télé le 12 septembre 2008, notamment sur la politique étrangère de l'Union européenne.

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Média : I-télévision

Texte intégral

Q - Vous êtes le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes mais je vais vous demander d'abord un mot sur les Etats-Unis. Bernard Kouchner a avoué que vous aviez avec d'autres de ses confrères fait un petit pronostic sur le futur président des Etats-Unis lors d'une réunion récente. Vous votez Obama ou vous votez Mc Cain ?
R - Cela nous a été proposé par M. David Miliband mais on n'est pas allé jusqu'au bout du pari. Je ne crois pas que les résultats aient été communiqués.
Q - Vous attendiez l'avis de M. Milliband pour donner le vôtre ?
R - Non, moi mon avis est assez clair. J'ai toujours été pour les démocrates aux Etats-Unis donc je ne vais pas changer, je suis pour Obama. Ce n'est pas ce que j'ai entendu qui va me faire changer d'avis.
Q - On parle de la réussite diplomatique de l'Union européenne. Est-ce qu'elle ne le doit pas non plus à la personnalité et à l'énergie de celui qui préside l'Union européenne en ce moment et au fait que c'était la France qui présidait cette Union et qu'elle a un poids particulier ?
R - Incontestablement. Pour être une puissance sur le plan international, il faut avoir un "leadership" et Nicolas Sarkozy a incarné ce "Leadership" et c'est vrai que c'est tombé à un moment où c'était la Présidence française.
Q - Si c'était l'Irlande, par exemple, est-ce que ça aurait eu le même poids ?
R - Là, vous ne pouvez pas le savoir parce que la difficulté, contrairement à ce qu'on dit, c'est qu'on vit encore sans qu'il y ait d'institutions fortes qui doivent nous arriver avec le Traité de Lisbonne. On a eu la bonne réaction, au bon moment avec un "leadership" fort. Mais ce que je constate, c'est que l'Europe est à 27 un acteur global et une puissance internationale.
Q - Cela rend encore plus nécessaire l'approbation par tout le monde du Traité de Lisbonne cette crise ?
R - Oui. Je crois qu'en vous répondant que le leadership a joué, on voit bien qu'il faut une certaine continuité. Quand vous avez des conversations entre le président de l'Union européenne Nicolas Sarkozy, le président de la Fédération de Russie, M. Medvedev, il faut bien après assurer la continuité. Cela rend encore plus nécessaire le Traité de Lisbonne.
Q - Le président russe Medvedev affirme aujourd'hui que le 8 août date des débuts des hostilités en Géorgie c'est le 11 septembre russe. Une réaction M. Jean-Pierre Jouyet ?
R - Vous ne pouvez pas comparer deux évènements. On comprend ce que la Russie a éprouvé mais ce n'est pas de même nature. Ces conflits, ce n'est pas pour rien qu'on les appelle des conflits gelés, existent depuis trois siècles et il y a eu aussi incontestablement des imprudences du coté géorgien. Ils ont sous-estimé les réactions de la Russie en ce domaine.
Q - Il dit aussi que si la Géorgie avait été membre de l'OTAN, la Russie aurait agi de la même façon. Vous le croyez ou vous dites du coup qu'il faut une défense européenne forte ?
R - Il faut une défense européenne forte et je ne crois pas que cela aurait changé grand chose pour la Géorgie.
Q - Une influence sur la gestion du dossier iranien, ce qu'il s'est passé avec la Géorgie. Le Premier ministre iranien est en Russie aujourd'hui. Est-ce que vous avez senti une faille où les Iraniens pourraient s'engouffrer ?
R - Non, cela montre qu'il faut avoir avec la Russie une relation confiante, apaisée et également ferme mais cela montre que nous avons besoin de la Russie pour régler les grandes affaires du monde. Ce que vous avez montré tout à l'heure sur l'Amérique du Sud ce n'est pas fortuit non plus par rapport au sentiment qu'on pu éprouver les Russes d'un certain encerclement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2008