Texte intégral
Bonjour, la journée a été longue et la discussion fournie, les sujets étaient lourds. Vous avez tous les documents en main, je vous fais grâce des points A, sauf de l'un d'entre eux qui concerne la piraterie et qui avait pour intitulé "la Somalie". C'est en effet au large de la Somalie, mais pas seulement, que les pirates sévissent. Dans certaines zones de pêche éloignées de 700 kilomètres de la Somalie, la piraterie est devenue une industrie bien organisée qui appelle une réponse également bien organisée des démocraties, en particulier de l'Union européenne.
En ce qui concerne les côtes somaliennes, l'Union européenne a décidé ce matin de mettre en oeuvre un plan contre la piraterie qui concernera les 27 Etats membres de l'Union européenne. Pour l'heure, cette action a déjà commencé en particulier avec l'Espagne et la France.
Deux résolutions ont été votées à cet égard : les résolutions 1814 et 1816. Ces résolutions, notamment la première, prescrivent une action internationale d'aide aux navires du Programme alimentaire mondial assurant les livraisons aux populations pauvres de Somalie. Ces mesures de protection ont déjà été mises en oeuvre par trois puis quatre pays de l'Union européenne. La résolution 1816 prescrit qu'une action soit mise en oeuvre par la communauté internationale. Ce matin, nous avons décidé de la participation effective de l'Union européenne à ce plan.
Je vous laisse imaginer qu'il ne sera pas simple de protéger toutes les zones de pêche. Un thonier a été attaqué au large des Seychelles. Il se trouve que ce thonier est français mais ce n'est pas pour cela que j'en parle, il y a d'autres bâtiments, d'autres nationalités qui sont attaqués et nous devons protéger l'ensemble de notre flotte. Voilà ce que je voulais souligner en ce qui concerne les points A.
Après la première partie de notre discussion sur l'OMC, au cours de laquelle nous avons entendu Mme Anne-Marie Idrac et le commissaire Peter Mandelson, nous avons abordé les points de politique extérieure.
Pour ce qui concerne le Zimbabwe, nous avons longuement entendu le commissaire Louis Michel. Nous nous sommes réjouis les uns et les autres de l'accord intervenu aujourd'hui à Harare grâce à l'entremise de l'Afrique du Sud et du président Thabo Mbeki lui-même, entre l'opposition, représentée par M. Tsvangirai, et l'ancien président Mugabe.
Nous avons apprécié ces derniers développements parce que c'est exactement ce que nous souhaitions. On nous a reproché notre fermeté. Nous avons été fermes, en effet. Nous avons estimé qu'avec 47 % de suffrages obtenus au 1er tour des dernières élections, l'opposition et M. Tsvangirai en particulier devaient diriger le gouvernement, le second tour n'ayant pas été possible pour cause d'assassinats. Les 27 pays de l'Union ainsi que la Commission ont été absolument déterminés et fermes. Je suis très heureux que cela se soit déroulé ainsi, cela prouve que nous ne devons rien abandonner sur le terrain des principes.
Nous avons entendu le commissaire Louis Michel nous dire ce qui avait déjà été fait et ce qui était en voie de réalisation, car l'aide économique est absolument nécessaire au Zimbabwe même si les problèmes politiques ne seront pas réglés pour autant. Un accord ne réglera pas le problème politique. Nous avons en effet l'habitude d'une certaine ténacité dans l'oppression en ce qui concerne ce pays. Nous sommes tout à fait heureux de ce dénouement mais nous demeurerons attentifs car ce n'est qu'une première étape. Ce sera là aussi un long processus.
Concernant le calendrier du Conseil européen du 15 octobre, nous aborderons bien sûr le problème du Traité de Lisbonne et nous demanderons au Premier ministre irlandais - nous lui avons déjà demandé un rapport - une communication, ses sentiments à propos de la manière dont son pays a voté "non" au référendum. Nous avons d'ailleurs déjà une certaine idée puisque les résultats d'un sondage ont été divulgués ces jours-ci. Ils donnent déjà beaucoup d'intérêt à la prochaine communication du Premier ministre.
L'autre point très important est évidemment la situation dans le Caucase. Nous avons discuté jusqu'à deux heures de l'après-midi sur la Géorgie elle-même. Les conclusions ont été très légèrement amendées après une discussion qui a témoigné d'une totale unité des 27 pays de l'Union européenne, de la Commission et du Haut représentant. Tout le monde était d'accord sur cette position. Cela n'allait pas de soi, les négociations ont été difficiles, à Moscou comme à Tbilissi - à Moscou surtout. Le document que le président Sarkozy a signé avec le président Medvedev et le président Saakachvili n'est pas un document parfait. Aucune négociation de paix ne produit jamais un document parfait dans un premier temps. C'est toujours un compromis qui laisse un arrière-goût. Là aussi, il s'agit de la première étape d'un processus qui commence à peine.
Le 12 août, il fallait obtenir un cessez-le-feu et nous l'avons obtenu. La Présidence française de l'Union européenne a fait ce qu'elle a pu pour que les troupes russes n'aillent pas jusqu'à Tbilissi et que le président Saakachvili ne soit pas obligé de s'éloigner de la capitale. Nous avons obtenu un premier document, après avoir recueilli l'assentiment de l'ensemble des 27 Etats membres. Le 13 août, nous avons eu un rendez-vous ici à Bruxelles et nous avons obtenu l'assentiment de tous sur un document, sur des conclusions, qui étaient exactement fondées, écrites, réfléchies à partir du document que les Russes et les Géorgiens avaient signé.
Il fallait absolument que le calendrier de retrait des troupes soit négocié, c'est ce que nous avons fait la semaine dernière. Tout ceci est très imparfait, je le sais, nous le savons tous, mais c'est la deuxième étape de ce qui avait été commencé au mois d'août. Bien sûr, il y a des accords sur l'interprétation, c'est toujours comme cela, mais ce qui était important, c'était d'obtenir un calendrier et des dates pour le retrait des troupes hors du territoire géorgien, de la zone adjacente à l'Ossétie et l'Abkhazie. Nous l'avons obtenu et nous nous réjouissons, tous se réjouissent aujourd'hui que les troupes russes autour de Poti et sur les check-points en question se soient déjà retirées.
Rien n'est achevé, nous ne nous faisons pas d'illusions, mais nous avons obtenu une date, le 1er octobre, pour le déploiement des observateurs de l'Union européenne, pas moins de 200 et sans doute plus. Nous avons déjà un nombre supérieur. Il s'agit de les équiper mais là-dessus Javier Solana nous dira son sentiment. Nous avons obtenu que leur arrivée, le 1er octobre, permette d'amorcer le retrait des troupes russes. Celles-ci devront se retirer des zones adjacentes avec l'arrivée des observateurs qui seront soit inclus dans un accord avec l'OSCE, soit inclus dans un accord avec la MONUG en Abkhazie, soit employés de façon autonome comme observateurs de l'Union européenne. Javier Solana vous en parlera.
Nous avons aussi obtenu la tenue d'une réunion politique à Genève, à la mi-octobre. Nous avons ainsi tenu à affirmer un processus politique, une étape suivante, une étape supplémentaire. L'Union européenne continuera de jouer un rôle majeur en liaison avec les Nations unies, l'OSCE, etc. Je ne sais pas encore sous quel format, nous sommes en train d'y travailler avec tous nos amis. Je vous rappelle également que le document que le Conseil a soutenu dès le Gymnich d'Avignon à l'unanimité prévoyait le principe d'une enquête internationale, indépendante, sur les origines du conflit.
Nous l'avons répété, la priorité maintenant, la seconde priorité, acceptée par un document mais pas encore mise en oeuvre, la seconde priorité après que la première ait été respectée, c'est-à-dire le cessez-le-feu, c'est le retrait des troupes. J'espère qu'avant la fin du mois nous aurons d'autres signes encourageants en ce sens.
Un Représentant spécial de l'Union européenne a été nommé. Il s'agit de Pierre Morel. Le champ de ses compétences et la durée de son mandat seront définis dans les jours qui viennent. Ce sera une durée très courte dans un premier temps. Il nous présentera un certain nombre de propositions pour la mise en oeuvre du plan négocié entre les présidents Sarkozy, Medvedev et Saakachvili.
Dernier point avant de donner la parole à Javier Solana : la Serbie. Là non plus, ce n'est pas simple et il ne faut pas que l'on se laisse gagner par les urgences. L'urgence c'était la Géorgie, on le comprend très bien. Je pense que l'Union européenne a été présente. Je vous fais d'ailleurs remarquer qu'en dehors de l'Union européenne personne n'a été présent. Même si nous allons composer, pour les discussions politiques, avec bien d'autres organisations, pour le moment il n'y a que l'Union européenne et il n'y a qu'un seul plan en discussion, ce sont les six points.
Nous avons également eu un long débat sur la Serbie. Nous avons dialogué avec le procureur Brammetz, le procureur général du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie ; son exposé était riche d'enseignements. Il arrivait de Belgrade et il nous a donné son opinion de juriste et de procureur général.
Une fois de plus, c'était une discussion passionnante, surtout sur un sujet comme celui-là. Après l'élection d'un gouvernement favorable à l'Union européenne, avec lequel nous nous entretenons très facilement, le retour des ambassadeurs en poste dans tous les pays de l'Union et l'arrestation de Radovan Karadzic, devons-nous aller plus loin dans le dégel de l'application du plan d'accord intérimaire ? La Présidence ne vous cache pas qu'il y a quand même une très grande majorité pour dire qu'il faut le dégel, non seulement la Commission, Olli Rehn vous en parlera, mais aussi la très grande majorité des pays. Il n'y a cependant pas l'unanimité et nous allons travailler, nous ne désespérons pas. Il a été difficile, dans un premier temps, d'obtenir un accord intérimaire gelé, et puis maintenant il faut avancer.
Nous sommes très fortement partisans - mais pas à l'unanimité - du dégel de cet accord et d'une collaboration, plus étroite encore, avec les autorités serbes. Nous pensons que la Serbie a vocation à être membre de l'Union européenne, nous le pensons très sincèrement, surtout ceux qui ont été comme un certain nombre d'entre nous, en particulier Carl Bildt et moi-même, associés à tout ce processus des Balkans occidentaux.
Q - En ce qui concerne la piraterie. Comment faut-il comprendre cette phrase un peu sibylline sur "une éventuelle opération navale de l'Union européenne" ? Est-ce qu'il faut s'attendre à une politique offensive sinon agressive de la part des bateaux de guerre qui seraient présents dans la région vis-à-vis des pirates ?
Deuxième question qui concerne la Géorgie : même si la décision a été prise aujourd'hui d'envoyer les deux cents observateurs, il y a tout de même un certain nombre de pays, les amis de la Géorgie, qui regrettent la façon dont cela se passe et qui pensent que quelque part on entérine la dislocation de la Géorgie, en se contentant d'aller dans les zones adjacentes. J'aimerais bien savoir comment vous imaginez la suite. Puisque gouverner c'est prévoir, alors prévoyons, comment vous imaginez-vous la suite ? Comment faire pour que les forces, les missions d'observations soient présentes en Abkhazie sans passer par une demande au gouvernement abkhaze ou ossète ?
R - En n'étant pas pessimiste d'abord, en considérant que chaque chose doit se faire en son temps et le temps est important dans une telle situation. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes dépêchés.
Quant aux amis de la Géorgie, j'aimerais les voir sur le terrain. Quand nous y étions, ils n'y étaient pas. Je n'ai rien contre eux au contraire mais nous nous sommes sentis désespérément seuls, heureusement que les 26 pays de l'Union européenne étaient derrière nous. Ce n'était pas facile. Certes, gouverner c'est prévoir, néanmoins la critique est facile mais l'art est difficile. On ne sait jamais ce que l'on va obtenir dans une mission de paix. Il n'y a pas que la bonne volonté qui compte. Nous avons obtenu ce que nous voulions, imparfaitement je le répète, mais les troupes ont cessé de combattre. Personne ne nous a condamnés là-dessus. Au contraire, tout le monde a approuvé. Ils émettent maintenant des critiques ? Je leur souhaite bonne chance. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais je sais de quoi demain aurait été fait si nous n'avions rien fait.
Concernant votre première question au sujet de la piraterie, je n'ai pas vu se déclencher d'opération de quelconques bateaux pour le moment. Il y a une action commune qui va être déterminée mais il faut d'abord y réfléchir. L'Europe a décidé de se mobiliser. Comment voulez-vous qu'avec tous les bateaux qui naviguent dans cette zone nous puissions accompagner chacun d'entre eux ? Par ailleurs, les pirates ont un dispositif techniquement très au point, à partir d'un gros bateau réserve, ils repèrent leurs proies qu'ils abordent ensuite à l'aide de bateaux plus rapides, ces opérations vont très vite. J'ai une petite expérience de la piraterie en mer, les "boat people" étaient souvent attaqués, cela a duré des années, pas un seul pirate n'a été pris sur le fait. C'est très difficile, les zones sont immenses et c'est toujours dans les secteurs où l'on ne s'y attend pas qu'il y a des attaques. Il faut que les pays s'entendent pour assurer une surveillance. C'est le minimum que l'on puisse faire à ce stade.
Q - Quelles sont les conditions précises pour relancer l'aide de l'Union européenne au Zimbabwe ? De quelle importance pourrait être l'aide de l'Union européenne ?
R - Je ne me souviens pas des chiffres avancés par Louis Michel. Les chiffres exacts vous seront transmis. Les dispositions ont été prises. Ce que nous attendions c'était la signature de cet accord aujourd'hui. Nous avons décidé d'entretenir des liens très étroits avec le Zimbabwe. De nombreux pays de l'Union européenne avaient contacté M. Tsvangirai pour lui promettre que nous allions le soutenir. La Présidence a décidé de se rendre au plus vite au Zimbabwe dès que l'accord serait signé.
Q - Au sujet de la Somalie je trouve votre réponse un peu facile, il y avait tout de même une option militaire qui était étudiée, Javier Solana peut, peut-être, nous le confirmer. Un ou deux Etats membres ont été particulièrement contre un engagement militaire.
R - Dans un premier temps, il y a eu une concertation pour protéger les bateaux du PAM. Je l'ai dit précisément, j'ai dit qu'un bateau français, un bateau danois, un bateau allemand s'étaient vu confier successivement cette mission qu'ils ont acceptée. Ce n'est pas un fait nouveau. Deuxièmement, il y a une détermination non seulement pour protéger les bateaux du PAM mais aussi pour assurer en permanence une protection plus globale que nous étudions à partir d'un dispositif qui serait permanent et international. C'est la raison pour laquelle il y a deux mois et demi a été votée la résolution 1816 au Conseil de sécurité des Nations unies à la demande de la France. Dans ce dispositif, pour le moment, il y a la France et l'Espagne. Nous souhaitons que d'autres nations des 27 se joignent à nous.
Q - Sur le PAM fin septembre, il n'y aura plus de protection ?
R - Il y aura évidemment, si nous arrivons à la mettre sur pied, une protection pour les navires du PAM. Ce qui représente une mission assez facile puisqu'il s'agit d'un seul bateau à escorter à chaque fois qu'il se rend au port, les bateaux français en particulier - je le sais puisque c'est moi qui en ait fait la demande auprès de l'armée française - l'ont fait à plusieurs reprises. Un navire français de surveillance en provenance de Djibouti a assuré cette mission pendant près de deux mois, j'espère qu'il y en aura d'autres. Mais il ne s'agit pas simplement d'une protection pour les bateaux du PAM. Nous devons en effet également protéger un certain nombre de navires qui croisent dans la zone et qui sont de plus en plus nombreux à faire l'objet d'attaques. Il faut multiplier les efforts. Nous étudions sérieusement cette question.
Q - Pourriez-vous être un peu plus précis quant à cet appel que vous lancez au gouvernement serbe pour démarrer la mise en oeuvre de l'accord intermédiaire, absence de décision du Conseil à ce sujet et de l'ASA ? Si je peux ajouter, l'avis de M. Brammetz aujourd'hui n'est pas suffisamment positif, il n'y a pas d'unanimité ?
R - Nous n'attendions pas du procureur général qu'il nous donne un avis politique, ce n'est ni son travail ni ce que nous lui avions demandé. Il nous a beaucoup éclairé en disant qu'il y avait des progrès très nets, non seulement des progrès dans le dialogue entre le TPI et le gouvernement de Belgrade mais également des progrès au sein des services. Désormais, à chacun son rôle. D'ailleurs la question "que feriez-vous à notre place (à la place des Etats membres) ?" lui a été posée et il a répondu "je n'y suis pas". Je ne vais donc pas me mettre à sa place, c'est à l'Union européenne de prendre sa responsabilité politique pour dire "est-ce que nous dégelons l'accord intérimaire ?". Personnellement, je suis très partisan de cela. Je pense que nous devons le faire. Maintenant, nous devons convaincre à l'intérieur de nos propres rangs et nous avons encore quelques jours pour le faire. Ce serait bien avant la réunion d'octobre, peut-être à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies. C'est ce que nous souhaitons, arriver à une position commune sur le dégel. Vous savez, ce n'est pas la responsabilité du gouvernement ni du président Tadic ni d'ailleurs du Procureur général mais cela relève du fonctionnement de l'Europe, il faut l'unanimité. Alors nous cherchons l'unanimité. Nous ne l'avons pas eue.
Q - Que pensez-vous des remarques faites par le Secrétaire général de l'OTAN concernant l'accord entre l'Union européenne et la Russie, sur le fait que la présence de troupes aussi nombreuses sur le territoire de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie n'était pas acceptable ?
R - En ce qui concerne le premier point je me tourne vers Javier Solana parce que le Secrétaire général de l'OTAN a corrigé cette remarque. Si j'ai bien compris, il a nié qu'il avait critiqué l'accord. Il a déclaré être fortement préoccupé par le fait que la Russie soit présente sur le terrain, il reste très partisan et soutient l'accord qui a été négocié par le président Sarkozy. Il a seulement exprimé quelques réserves à propos de son application par la Russie, en particulier sur les points concernant le retour aux lignes d'avant le 7 août.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2008
En ce qui concerne les côtes somaliennes, l'Union européenne a décidé ce matin de mettre en oeuvre un plan contre la piraterie qui concernera les 27 Etats membres de l'Union européenne. Pour l'heure, cette action a déjà commencé en particulier avec l'Espagne et la France.
Deux résolutions ont été votées à cet égard : les résolutions 1814 et 1816. Ces résolutions, notamment la première, prescrivent une action internationale d'aide aux navires du Programme alimentaire mondial assurant les livraisons aux populations pauvres de Somalie. Ces mesures de protection ont déjà été mises en oeuvre par trois puis quatre pays de l'Union européenne. La résolution 1816 prescrit qu'une action soit mise en oeuvre par la communauté internationale. Ce matin, nous avons décidé de la participation effective de l'Union européenne à ce plan.
Je vous laisse imaginer qu'il ne sera pas simple de protéger toutes les zones de pêche. Un thonier a été attaqué au large des Seychelles. Il se trouve que ce thonier est français mais ce n'est pas pour cela que j'en parle, il y a d'autres bâtiments, d'autres nationalités qui sont attaqués et nous devons protéger l'ensemble de notre flotte. Voilà ce que je voulais souligner en ce qui concerne les points A.
Après la première partie de notre discussion sur l'OMC, au cours de laquelle nous avons entendu Mme Anne-Marie Idrac et le commissaire Peter Mandelson, nous avons abordé les points de politique extérieure.
Pour ce qui concerne le Zimbabwe, nous avons longuement entendu le commissaire Louis Michel. Nous nous sommes réjouis les uns et les autres de l'accord intervenu aujourd'hui à Harare grâce à l'entremise de l'Afrique du Sud et du président Thabo Mbeki lui-même, entre l'opposition, représentée par M. Tsvangirai, et l'ancien président Mugabe.
Nous avons apprécié ces derniers développements parce que c'est exactement ce que nous souhaitions. On nous a reproché notre fermeté. Nous avons été fermes, en effet. Nous avons estimé qu'avec 47 % de suffrages obtenus au 1er tour des dernières élections, l'opposition et M. Tsvangirai en particulier devaient diriger le gouvernement, le second tour n'ayant pas été possible pour cause d'assassinats. Les 27 pays de l'Union ainsi que la Commission ont été absolument déterminés et fermes. Je suis très heureux que cela se soit déroulé ainsi, cela prouve que nous ne devons rien abandonner sur le terrain des principes.
Nous avons entendu le commissaire Louis Michel nous dire ce qui avait déjà été fait et ce qui était en voie de réalisation, car l'aide économique est absolument nécessaire au Zimbabwe même si les problèmes politiques ne seront pas réglés pour autant. Un accord ne réglera pas le problème politique. Nous avons en effet l'habitude d'une certaine ténacité dans l'oppression en ce qui concerne ce pays. Nous sommes tout à fait heureux de ce dénouement mais nous demeurerons attentifs car ce n'est qu'une première étape. Ce sera là aussi un long processus.
Concernant le calendrier du Conseil européen du 15 octobre, nous aborderons bien sûr le problème du Traité de Lisbonne et nous demanderons au Premier ministre irlandais - nous lui avons déjà demandé un rapport - une communication, ses sentiments à propos de la manière dont son pays a voté "non" au référendum. Nous avons d'ailleurs déjà une certaine idée puisque les résultats d'un sondage ont été divulgués ces jours-ci. Ils donnent déjà beaucoup d'intérêt à la prochaine communication du Premier ministre.
L'autre point très important est évidemment la situation dans le Caucase. Nous avons discuté jusqu'à deux heures de l'après-midi sur la Géorgie elle-même. Les conclusions ont été très légèrement amendées après une discussion qui a témoigné d'une totale unité des 27 pays de l'Union européenne, de la Commission et du Haut représentant. Tout le monde était d'accord sur cette position. Cela n'allait pas de soi, les négociations ont été difficiles, à Moscou comme à Tbilissi - à Moscou surtout. Le document que le président Sarkozy a signé avec le président Medvedev et le président Saakachvili n'est pas un document parfait. Aucune négociation de paix ne produit jamais un document parfait dans un premier temps. C'est toujours un compromis qui laisse un arrière-goût. Là aussi, il s'agit de la première étape d'un processus qui commence à peine.
Le 12 août, il fallait obtenir un cessez-le-feu et nous l'avons obtenu. La Présidence française de l'Union européenne a fait ce qu'elle a pu pour que les troupes russes n'aillent pas jusqu'à Tbilissi et que le président Saakachvili ne soit pas obligé de s'éloigner de la capitale. Nous avons obtenu un premier document, après avoir recueilli l'assentiment de l'ensemble des 27 Etats membres. Le 13 août, nous avons eu un rendez-vous ici à Bruxelles et nous avons obtenu l'assentiment de tous sur un document, sur des conclusions, qui étaient exactement fondées, écrites, réfléchies à partir du document que les Russes et les Géorgiens avaient signé.
Il fallait absolument que le calendrier de retrait des troupes soit négocié, c'est ce que nous avons fait la semaine dernière. Tout ceci est très imparfait, je le sais, nous le savons tous, mais c'est la deuxième étape de ce qui avait été commencé au mois d'août. Bien sûr, il y a des accords sur l'interprétation, c'est toujours comme cela, mais ce qui était important, c'était d'obtenir un calendrier et des dates pour le retrait des troupes hors du territoire géorgien, de la zone adjacente à l'Ossétie et l'Abkhazie. Nous l'avons obtenu et nous nous réjouissons, tous se réjouissent aujourd'hui que les troupes russes autour de Poti et sur les check-points en question se soient déjà retirées.
Rien n'est achevé, nous ne nous faisons pas d'illusions, mais nous avons obtenu une date, le 1er octobre, pour le déploiement des observateurs de l'Union européenne, pas moins de 200 et sans doute plus. Nous avons déjà un nombre supérieur. Il s'agit de les équiper mais là-dessus Javier Solana nous dira son sentiment. Nous avons obtenu que leur arrivée, le 1er octobre, permette d'amorcer le retrait des troupes russes. Celles-ci devront se retirer des zones adjacentes avec l'arrivée des observateurs qui seront soit inclus dans un accord avec l'OSCE, soit inclus dans un accord avec la MONUG en Abkhazie, soit employés de façon autonome comme observateurs de l'Union européenne. Javier Solana vous en parlera.
Nous avons aussi obtenu la tenue d'une réunion politique à Genève, à la mi-octobre. Nous avons ainsi tenu à affirmer un processus politique, une étape suivante, une étape supplémentaire. L'Union européenne continuera de jouer un rôle majeur en liaison avec les Nations unies, l'OSCE, etc. Je ne sais pas encore sous quel format, nous sommes en train d'y travailler avec tous nos amis. Je vous rappelle également que le document que le Conseil a soutenu dès le Gymnich d'Avignon à l'unanimité prévoyait le principe d'une enquête internationale, indépendante, sur les origines du conflit.
Nous l'avons répété, la priorité maintenant, la seconde priorité, acceptée par un document mais pas encore mise en oeuvre, la seconde priorité après que la première ait été respectée, c'est-à-dire le cessez-le-feu, c'est le retrait des troupes. J'espère qu'avant la fin du mois nous aurons d'autres signes encourageants en ce sens.
Un Représentant spécial de l'Union européenne a été nommé. Il s'agit de Pierre Morel. Le champ de ses compétences et la durée de son mandat seront définis dans les jours qui viennent. Ce sera une durée très courte dans un premier temps. Il nous présentera un certain nombre de propositions pour la mise en oeuvre du plan négocié entre les présidents Sarkozy, Medvedev et Saakachvili.
Dernier point avant de donner la parole à Javier Solana : la Serbie. Là non plus, ce n'est pas simple et il ne faut pas que l'on se laisse gagner par les urgences. L'urgence c'était la Géorgie, on le comprend très bien. Je pense que l'Union européenne a été présente. Je vous fais d'ailleurs remarquer qu'en dehors de l'Union européenne personne n'a été présent. Même si nous allons composer, pour les discussions politiques, avec bien d'autres organisations, pour le moment il n'y a que l'Union européenne et il n'y a qu'un seul plan en discussion, ce sont les six points.
Nous avons également eu un long débat sur la Serbie. Nous avons dialogué avec le procureur Brammetz, le procureur général du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie ; son exposé était riche d'enseignements. Il arrivait de Belgrade et il nous a donné son opinion de juriste et de procureur général.
Une fois de plus, c'était une discussion passionnante, surtout sur un sujet comme celui-là. Après l'élection d'un gouvernement favorable à l'Union européenne, avec lequel nous nous entretenons très facilement, le retour des ambassadeurs en poste dans tous les pays de l'Union et l'arrestation de Radovan Karadzic, devons-nous aller plus loin dans le dégel de l'application du plan d'accord intérimaire ? La Présidence ne vous cache pas qu'il y a quand même une très grande majorité pour dire qu'il faut le dégel, non seulement la Commission, Olli Rehn vous en parlera, mais aussi la très grande majorité des pays. Il n'y a cependant pas l'unanimité et nous allons travailler, nous ne désespérons pas. Il a été difficile, dans un premier temps, d'obtenir un accord intérimaire gelé, et puis maintenant il faut avancer.
Nous sommes très fortement partisans - mais pas à l'unanimité - du dégel de cet accord et d'une collaboration, plus étroite encore, avec les autorités serbes. Nous pensons que la Serbie a vocation à être membre de l'Union européenne, nous le pensons très sincèrement, surtout ceux qui ont été comme un certain nombre d'entre nous, en particulier Carl Bildt et moi-même, associés à tout ce processus des Balkans occidentaux.
Q - En ce qui concerne la piraterie. Comment faut-il comprendre cette phrase un peu sibylline sur "une éventuelle opération navale de l'Union européenne" ? Est-ce qu'il faut s'attendre à une politique offensive sinon agressive de la part des bateaux de guerre qui seraient présents dans la région vis-à-vis des pirates ?
Deuxième question qui concerne la Géorgie : même si la décision a été prise aujourd'hui d'envoyer les deux cents observateurs, il y a tout de même un certain nombre de pays, les amis de la Géorgie, qui regrettent la façon dont cela se passe et qui pensent que quelque part on entérine la dislocation de la Géorgie, en se contentant d'aller dans les zones adjacentes. J'aimerais bien savoir comment vous imaginez la suite. Puisque gouverner c'est prévoir, alors prévoyons, comment vous imaginez-vous la suite ? Comment faire pour que les forces, les missions d'observations soient présentes en Abkhazie sans passer par une demande au gouvernement abkhaze ou ossète ?
R - En n'étant pas pessimiste d'abord, en considérant que chaque chose doit se faire en son temps et le temps est important dans une telle situation. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes dépêchés.
Quant aux amis de la Géorgie, j'aimerais les voir sur le terrain. Quand nous y étions, ils n'y étaient pas. Je n'ai rien contre eux au contraire mais nous nous sommes sentis désespérément seuls, heureusement que les 26 pays de l'Union européenne étaient derrière nous. Ce n'était pas facile. Certes, gouverner c'est prévoir, néanmoins la critique est facile mais l'art est difficile. On ne sait jamais ce que l'on va obtenir dans une mission de paix. Il n'y a pas que la bonne volonté qui compte. Nous avons obtenu ce que nous voulions, imparfaitement je le répète, mais les troupes ont cessé de combattre. Personne ne nous a condamnés là-dessus. Au contraire, tout le monde a approuvé. Ils émettent maintenant des critiques ? Je leur souhaite bonne chance. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais je sais de quoi demain aurait été fait si nous n'avions rien fait.
Concernant votre première question au sujet de la piraterie, je n'ai pas vu se déclencher d'opération de quelconques bateaux pour le moment. Il y a une action commune qui va être déterminée mais il faut d'abord y réfléchir. L'Europe a décidé de se mobiliser. Comment voulez-vous qu'avec tous les bateaux qui naviguent dans cette zone nous puissions accompagner chacun d'entre eux ? Par ailleurs, les pirates ont un dispositif techniquement très au point, à partir d'un gros bateau réserve, ils repèrent leurs proies qu'ils abordent ensuite à l'aide de bateaux plus rapides, ces opérations vont très vite. J'ai une petite expérience de la piraterie en mer, les "boat people" étaient souvent attaqués, cela a duré des années, pas un seul pirate n'a été pris sur le fait. C'est très difficile, les zones sont immenses et c'est toujours dans les secteurs où l'on ne s'y attend pas qu'il y a des attaques. Il faut que les pays s'entendent pour assurer une surveillance. C'est le minimum que l'on puisse faire à ce stade.
Q - Quelles sont les conditions précises pour relancer l'aide de l'Union européenne au Zimbabwe ? De quelle importance pourrait être l'aide de l'Union européenne ?
R - Je ne me souviens pas des chiffres avancés par Louis Michel. Les chiffres exacts vous seront transmis. Les dispositions ont été prises. Ce que nous attendions c'était la signature de cet accord aujourd'hui. Nous avons décidé d'entretenir des liens très étroits avec le Zimbabwe. De nombreux pays de l'Union européenne avaient contacté M. Tsvangirai pour lui promettre que nous allions le soutenir. La Présidence a décidé de se rendre au plus vite au Zimbabwe dès que l'accord serait signé.
Q - Au sujet de la Somalie je trouve votre réponse un peu facile, il y avait tout de même une option militaire qui était étudiée, Javier Solana peut, peut-être, nous le confirmer. Un ou deux Etats membres ont été particulièrement contre un engagement militaire.
R - Dans un premier temps, il y a eu une concertation pour protéger les bateaux du PAM. Je l'ai dit précisément, j'ai dit qu'un bateau français, un bateau danois, un bateau allemand s'étaient vu confier successivement cette mission qu'ils ont acceptée. Ce n'est pas un fait nouveau. Deuxièmement, il y a une détermination non seulement pour protéger les bateaux du PAM mais aussi pour assurer en permanence une protection plus globale que nous étudions à partir d'un dispositif qui serait permanent et international. C'est la raison pour laquelle il y a deux mois et demi a été votée la résolution 1816 au Conseil de sécurité des Nations unies à la demande de la France. Dans ce dispositif, pour le moment, il y a la France et l'Espagne. Nous souhaitons que d'autres nations des 27 se joignent à nous.
Q - Sur le PAM fin septembre, il n'y aura plus de protection ?
R - Il y aura évidemment, si nous arrivons à la mettre sur pied, une protection pour les navires du PAM. Ce qui représente une mission assez facile puisqu'il s'agit d'un seul bateau à escorter à chaque fois qu'il se rend au port, les bateaux français en particulier - je le sais puisque c'est moi qui en ait fait la demande auprès de l'armée française - l'ont fait à plusieurs reprises. Un navire français de surveillance en provenance de Djibouti a assuré cette mission pendant près de deux mois, j'espère qu'il y en aura d'autres. Mais il ne s'agit pas simplement d'une protection pour les bateaux du PAM. Nous devons en effet également protéger un certain nombre de navires qui croisent dans la zone et qui sont de plus en plus nombreux à faire l'objet d'attaques. Il faut multiplier les efforts. Nous étudions sérieusement cette question.
Q - Pourriez-vous être un peu plus précis quant à cet appel que vous lancez au gouvernement serbe pour démarrer la mise en oeuvre de l'accord intermédiaire, absence de décision du Conseil à ce sujet et de l'ASA ? Si je peux ajouter, l'avis de M. Brammetz aujourd'hui n'est pas suffisamment positif, il n'y a pas d'unanimité ?
R - Nous n'attendions pas du procureur général qu'il nous donne un avis politique, ce n'est ni son travail ni ce que nous lui avions demandé. Il nous a beaucoup éclairé en disant qu'il y avait des progrès très nets, non seulement des progrès dans le dialogue entre le TPI et le gouvernement de Belgrade mais également des progrès au sein des services. Désormais, à chacun son rôle. D'ailleurs la question "que feriez-vous à notre place (à la place des Etats membres) ?" lui a été posée et il a répondu "je n'y suis pas". Je ne vais donc pas me mettre à sa place, c'est à l'Union européenne de prendre sa responsabilité politique pour dire "est-ce que nous dégelons l'accord intérimaire ?". Personnellement, je suis très partisan de cela. Je pense que nous devons le faire. Maintenant, nous devons convaincre à l'intérieur de nos propres rangs et nous avons encore quelques jours pour le faire. Ce serait bien avant la réunion d'octobre, peut-être à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies. C'est ce que nous souhaitons, arriver à une position commune sur le dégel. Vous savez, ce n'est pas la responsabilité du gouvernement ni du président Tadic ni d'ailleurs du Procureur général mais cela relève du fonctionnement de l'Europe, il faut l'unanimité. Alors nous cherchons l'unanimité. Nous ne l'avons pas eue.
Q - Que pensez-vous des remarques faites par le Secrétaire général de l'OTAN concernant l'accord entre l'Union européenne et la Russie, sur le fait que la présence de troupes aussi nombreuses sur le territoire de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie n'était pas acceptable ?
R - En ce qui concerne le premier point je me tourne vers Javier Solana parce que le Secrétaire général de l'OTAN a corrigé cette remarque. Si j'ai bien compris, il a nié qu'il avait critiqué l'accord. Il a déclaré être fortement préoccupé par le fait que la Russie soit présente sur le terrain, il reste très partisan et soutient l'accord qui a été négocié par le président Sarkozy. Il a seulement exprimé quelques réserves à propos de son application par la Russie, en particulier sur les points concernant le retour aux lignes d'avant le 7 août.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2008