Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les enjeux de sécurité entre l'Union européenne et l'Asie centrale liés notamment aux trafics de drogue ou d'armes et à l'eau, Paris le 18 septembre 2008.

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Circonstance : Forum Union européenne - Asie centrale le 18 septembre 2008 à Paris

Texte intégral

Merci Monsieur le Secrétaire général. Merci pour ces paroles fortes, pour ces paroles pleines d'espoir.
Monsieur le Secrétaire général de l'OCDE,
Messieurs, Mesdames, les Ministres des Affaires étrangères d'Asie centrale,
Monsieur le Président en exercice de l'OSCE,
Monsieur le Secrétaire général et Haut Représentant,
Madame la Commissaire,
Chers Collègues de l'Union européenne, pays membres et candidats,
Monsieur le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Asie centrale,
Mesdames, Messieurs les Représentants d'organisations et banques de développement,
Chers Amis,
Ce qui vient de vous être exposé par le Secrétaire général, M. Gurria qui a mis à notre disposition ce magnifique Château de la Muette refait par les soins d'un architecte de très grande qualité, me dispense de prononcer un très long discours.
Je souligne simplement que c'est la première fois que se réunissent ensemble, les ministres d'Asie centrale et ceux de l'Union européenne et que ceux-ci, Union européenne et Asie centrale montrent l'importance des enjeux communs de sécurité que vous avez soulignés et qui seront l'objet de nos travaux.
L'Union européenne a adopté en juin 2007, vous vous en souvenez, grâce au dynamisme de la Présidence allemande, - et je souligne ce dynamisme -, avec l'Asie centrale un partenariat de très grande qualité, un partenariat qui s'imposait. Cette stratégie a été mise en place par la Présidence allemande à l'époque et nous l'en remercions.
Le bilan d'étape est positif.
Le dialogue politique à haut niveau s'est développé. Je citerai, vous l'avez rappelé Monsieur le Secrétaire général, la Troïka Union européenne-Asie centrale qui s'est tenue à Achgabad les 9 et 10 avril derniers, à laquelle j'ai eu le plaisir de participer, mais aussi la réunion d'hier soir au Quai d'Orsay, parce que nous avons parlé de la Géorgie et des questions soulevées par la crise en Géorgie lors d'un dialogue hautement politique. Nous avons abordé cette crise avec franchise, sincérité et une confiance mutuelle que je souhaite voir aujourd'hui régner de la même manière dans les dialogues sur les trois thèmes qui nous intéressent. Il y a eu également une réunion à Tachkent.
Nous sommes donc très heureux de voir que nos relations se précisent, s'affinent, que l'Union européenne et les pays d'Asie centrale sont manifestement destinés à travailler ensemble pour longtemps. La nomination de cinq coordonnateurs et l'identification des priorités nationales en témoignent.
Nous allons donc décliner ces enjeux de sécurité durant trois sessions en plénière avec à chaque fois, les interventions d'un modérateur, d'un ministre de l'Union européenne et d'un ou deux pays d'Asie centrale.
Puis, je vous inviterai - avec une certaine fermeté en ce qui concerne le minutage des interventions - tous à réagir et je souhaite, je le répète, que nous ayons des échanges aussi vivants qu'hier soir, sur un sujet pourtant difficile.
La première session portera sur les trafics. Cela concerne avant tout la lutte contre la drogue, liée à la crise en Afghanistan.
L'Union européenne n'est pas le fournisseur mais n'oublions pas que l'Union est le consommateur. Ceci nous concerne donc tous avec autant d'acuité.
Nous allons donc tenter de poursuivre le dialogue qui a commencé à la Conférence de Paris sur l'Afghanistan, et c'est, d'une certaine manière, une part de la suite de la Conférence de Paris, qui s'est tenue en juin dernier.
Je voudrais préciser l'importance de la question des précurseurs. On ne peut prétendre mettre en place une politique efficace de lutte contre le trafic d'héroïne sans en faire un des axes majeurs. Concernant ces précurseurs chimiques, l'Union européenne a fait un effort considérable pour former des policiers, pour établir un certain nombre de barrages qui sont, je l'espère, mis en place en ce moment et qui interviendront avec efficacité.
Il s'agit pour les trafics de ne pas négliger non plus le trafic d'armes.
Une deuxième session qui portera sur la prévention du terrorisme et de la prolifération.
Là aussi, nous devons évoquer le nom de l'Afghanistan. Mais, comme cela l'a été souligné à la Conférence de Paris, il nous faut associer l'ensemble des pays de la région, en particulier, les voisins du Nord afin d'apporter un peu plus de stabilité.
La troisième session portera sur la sécurité énergétique, sur l'Environnement et particulièrement sur l'eau. C'est-à-dire que cette eau, source de vie essentielle, constitue un enjeu tant pour les pays d'où elle provient que pour les pays qui la consomment.
Hier soir déjà, nous avons abordé cette question et je crois qu'il sera nécessaire d'obtenir à ce propos, une attention particulière afin de l'inscrire sur le document final de cette réunion.
L'énergie est un enjeu stratégique pour chacun de nos pays. L'eau et l'énergie sont des éléments intimement liés, l'un et l'autre se conjuguent et se combattent mais ils sont indispensables au développement des pays. Je dois saluer l'"Initiative européenne de l'eau" que la stratégie de l'Union européenne a promue.
Je souhaite, au cours de notre Forum, examiner avec vous tous quelles sont les voies d'un renforcement de la coopération et de la solidarité en Asie centrale et avec l'Union européenne dans tous ces domaines que je viens de citer.
Dites-nous ce que vous attendez de l'Union européenne, qui a une certaine expérience de l'approche coopérative. Ce n'est pas simple de parler entre pays qui ont des intérêts communs mais aussi des sensibilités différentes et également des intérêts divergents, c'est toujours ainsi.
Je vous assure qu'il n'a pas été facile - cela a commencé depuis plus de 50 ans - que les six pays se parlent, puis 9, puis 12, puis 15 pays et maintenant les 27. Nous avons l'expérience de ces difficultés d'harmonisation entre les pays.
Je vous remercie. Parlons-nous franchement et amicalement.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2008