Interview de M. Alain Richard, ministre de la défense, à RFI le 28 avril 2001, sur le recrutement de jeunes militaires, le projet de deuxième porte-avions nucléaire, le "syndrome de la guerre du Golfe" et la destruction des munitions chimiques datant de la première guerre mondiale.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

PIERRE GANTZ
Pour l'EXPRESS et Radio France internationale, l'invité de cette semaine est aujourd'hui le ministre de la Défense, bonjour Alain RICHARD.
ALAIN RICHARD
Bonjour.
PIERRE GANTZ
Beaucoup de sujets à aborder avec vous aujourd'hui en compagnie d'Alain LOUTYOT de la rédaction de l'EXPRESS. Depuis les suites sanitaires des conflits dans le Golfe, dans les Balkans, à la gestion des stocks d'obus chimiques de 1ère Guerre Mondiale en passant par la dernière ligne droite du passage à l'armée professionnelle, c'est dans 18 mois maintenant pour la défense européenne, il y a des rendez-vous importants qui viennent, par la volonté américaine de lancer un bouclier anti-missiles. Donc, beaucoup de sujets et est ALAIN LOUYOT, rédacteur en chef à l'EXPRESS qui va poser la 1ère question.
ALAIN LOUYOT
Oui, bonjour monsieur de ministre, comme vient de le dire PIERRE GANTZ, dans 18 mois, le service militaire aura disparu, serons-nous prêt pour ce rendez-vous de fin 2002 qui implique, évidemment, une professionnalisation et une grande refonte des capacités opérationnelles de nos armées, alors, est-ce que nous serons prêts ?
ALAIN RICHARD
Oui, nous le sommes déjà entre 85 et 90 %. Cette réforme consiste, en réalité, à refaire l'organigramme complet de toutes les unités et de toutes les capacités que représente la défense de ce pays. Cet organigramme a été construit en 96, légèrement ajusté, complété depuis lors. Ce dispositif est cohérent et on le remplit petit à petit. Que ce soit en ressources humaines, en ressources financières et en organisation, on a suivi scrupuleusement et efficacement le planning. Je veux signaler que le contexte a très profondément changé sur le plan social, dans les deux sens. Nous avons une situation d'emplois qui est bien meilleure qu'en 96, qui a eu un impact très favorable dans la mesure où les multiples restructurations, les fermetures d'unités, les regroupements de bases aériennes, d'établissements du matériel, d'écoles de formation militaires, qui avaient des impacts dans toute une série de bassins d'emplois, ont pu être franchis dans des conditions humaines et sociales tout à fait acceptables. Le revers de la médaille, c'est que, évidemment, l'employeur défense est aujourd'hui sur un marché du travail où les jeunes, puisque l'on recrute à 99 % des jeunes, ont un choix, et c'est heureux, bien sûr, qui s'est élargi. Cela veut dire que nous sommes assurés de rencontrer aujourd'hui des candidats au recrutement qui viennent vraiment parce que cela les intéresse et pas simplement parce qu'ils n'ont pas trouvé autre chose. La réalité montre que nous gardons un bon niveau de candidature et donc de sélection au recrutement parce que, dès le début, la majorité des candidats qui venait n'était pas des jeunes qui venaient par second choix mais par vocation.
ALAIN LOUYOT
Est-ce que vous ne craignez pas que l'armée soit coupée de la Nation ? Et qu'est-ce que vous prévoyez pour éviter cela ?
ALAIN RICHARD
D'abord, la défense recrutera même après 2002, 25.000 jeunes Français par an et la grande majorité, 70 %, peut-être 80 % des militaires professionnels feront une carrière courte, c'est-à-dire qu'à 35, 38, 42 ans, ils entreront à nouveau dans la société civile. Il y aura donc un brassage, il y aura une interpénétration des deux sociétés qui sera forte. Ensuite, nous veillons dans la formation et dans les méthodes de commandement à ce que les militaires d'aujourd'hui vivent comme des citoyens qui ont fait un choix d'engagement spécifique, mais comme des citoyens. Troisièmement, il faut, évidemment, que les politiques veillent à ce que l'emploi des forces armées coïncident avec des choix démocratiques que les Français partagent et comprennent. Cela a été le cas, à l'évidence, lorsque nous avons engagé nos forces au Kosovo. C'est le cas aussi quand les armées interviennent dans des situations d'urgence et d'utilité publique. On constate aujourd'hui, un niveau de reconnaissance de professionnalisme des Français vers les militaires qui est très élevé et qui nous aide aussi pour le recrutement. Et donc, il y a cet ensemble, si vous voulez, de facteurs qui nous préparent, je crois, une relation de dialogue de confiance mutuelle entre la nation et son armée qui est bonne mais il ne faut jamais s'en satisfaire, il faut toujours chercher plus la communication.
PIERRE GANTZ
ALAIN RICHARD, l'équipement des armées et notamment de l'armée de terre vieillit-il ? Selon le président de l'industrie de l'armée, qui s'exprimait il y a quelques jours, la capacité opérationnelle est tombée à un niveau inquiétant, notamment avec les blindés légers vieillissants et l'effondrement, tout cela ce sont des citations, bien sûr, et l'effondrement, dit-il, du parc d'hélicoptères de transport.
ALAIN RICHARD
Ecoutez, il m'arrive de me voir critiqué parce que je ferais de la langue de bois. Quand j'entends les propos retracés du président du groupement de l'industrie de l'armement terrestre, je me dis que je ne suis pas le seul ! Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on l'attend dans ce rôle là
PIERRE GANTZ
Ne faites pas de langue de bois ! Est-ce que ça vieillit ou pas ?
ALAIN RICHARD
Je veux dire que cette prise de position dans un salon professionnel est une prise de position convenue. Précisément, j'ai pris pas mal de temps et même de risques pour décider le lancement d'une nouvelle série de matériels de blindés légers qui vient compléter le LECLERC comme moyen de transport protégé de troupe et de combat rapproché. Donc, ce programme est en route et le groupement des industries terrestres le sait. Le point qui n'a pas été mis en débat récemment mais qui me préoccupe parce que c'est une des répercussions de notre organisation, c'est l'entretien, c'est la réparation et le maintien en condition opérationnelle de matériels qui sont tous très complexes, dont certains doivent durer longtemps et qui sont, évidemment, soumis à des conditions d'emploi exigeantes. Nous avons eu, c'est indéniable, au cours des années 99 et 2000 une baisse de ce que l'on appelle le niveau de disponibilité, c'est-à-dire la proportion d'engins en état de marche immédiat pour les hélicoptères, pour les avions de combat, certains matériels terrestres sur lesquels nous sommes au travail parce qu'il faut remonter cela. Ce n'est pas principalement une question de volume de crédit, c'est une question d'organisation des chaînes de réparation. Et puis, il faut bien le dire, quand vous avez une économie qui tourne rond, dans laquelle beaucoup d'industriels qui sont nos partenaires ont de bonnes commandes, ils sont parfois un peu moins rapides à la réplique quand on leur demande un effort, par exemple, de livraison de pièces détachées qui sont des pièces en faible série et dont ils ne tirent pas une grande rentabilité.
ALAIN LOUYOT
Mais, justement, dans ce contexte, est-ce qu'un 2ème porte-avions nucléaire est nécessaire ou alors est-ce que c'est un luxe compte tenu d'autres priorités, peut-être dans la marine, il y a d'autres priorités ?
ALAIN RICHARD
Nous ferons ce choix dans l'année qui vient. Bien sûr qu'à terme il est beaucoup plus logique qu'il y ait un 2ème porte-avions pour assurer une permanence complète de la possibilité de projeter des forces massives dans un théâtre où nous aurions une responsabilité politique particulière. Ce sera à regarder dans un contexte européen, ce sont des interventions que nous aurons sans doute vocation à faire, groupées avec d'autres pays au cours des années qui viennent.
PIERRE GANTZ
Est-ce qu'il ne pourrait pas forcément y avoir un 2ème porte-avions français mais un porte-avions d'une autre nationalité
ALAIN RICHARD
La question devient concrète parce que les Britanniques, qui n'avaient plus de porte-avions depuis très longtemps, ont fait le choix de construire deux nouveaux porte-avions d'ici le début de la prochaine décennie. Si le type de porte-avions choisi permet bien d'avoir des avions de combat, de meilleures capacités comparables aux systèmes que nous avons sur le CHARLES-DE-GAULLE, à ce moment là, la date à laquelle il nous faudrait notre propre 2ème porte-avions, peut être réexaminée et comme le disait ALAIN LOUYOT, il y a aussi la question de savoir si tout ce qui est autour du porte-avions, si tout ce qui donne des possibilités de projection de forces à partir de la mer, dans des crises, sera à la hauteur parce que si nous avions, en priorité, le 2ème porte-avions avec ensuite un nombre de frégates, de corvettes, de navires de débarquement qui aillent avec, qui soient très insuffisants ou en mauvais état, nous aurions fait une politique insatisfaisante.
PIERRE GANTZ
ALAIN RICHARD, je voudrais que l'on revienne un instant sur ce que la presse appelle, je mets des guillemets aux mots, " le syndrome de la guerre du Golfe ", vous avez annoncé cette semaine avec votre collègue chargé de la santé, Bernard KOUCHNER, qu'il va y avoir, systématiquement la vérification de l'état de santé des militaires qui ont servi, notamment dans les Balkans et dans le Golfe
ALAIN RICHARD
Dans le Golfe.
PIERRE GANTZ
Dans le Golfe, ça fait 25.000 hommes, en même temps, les experts, vous-même, dites " il n'y a pas de syndrome " alors pourquoi faire cette vérification générale s'il n'y a pas de syndrome ?
ALAIN RICHARD
C'est une question de médecins. Le groupe de médecins qui est indépendant, à qui il a été demandé de faire la lumière sur cette question a dit : à partir de toutes les études internationales, on constate que le nombre de morts n'est pas supérieur à la moyenne de la population, le nombre de malades n'est pas supérieur à la moyenne de la population et on constate, en revanche, une augmentation par rapport à la moyenne, de plaintes, de certains signes, qui sont des fatigues, des douleurs articulaires, des difficultés respiratoires, des choses comme celles-là et, après énormément de recherches, personne n'a identifié une maladie spécifique qui expliquerait ces signes. Comme nous voulons absolument en avoir le cur net et que cette question de la multiplication du nombre de gens qui se plaignent de troubles limités mais existants est une question que nous voulons résoudre, nous allons envoyer un questionnaire de santé à tous les anciens militaires qui ont servi dans le Golfe pour identifier si, même à un niveau moindre, ces plaintes existent et ce sont donc les médecins indépendants qui feront ce questionnaire, comme cela, on aura fait l'ensemble des investigations que l'on devait faire mais il faut préciser, dans les études et les recherches qui ont été faites, on a observé que les signes que l'on constatait chez certains militaires américains n'avaient pas de lien avec la pyridostigmine
ALAIN LOUYOT
Qui est le médicament qui a été pris
ALAIN RICHARD
Contre les risques chimiques, qu'il n'y avait pas de lien avec les munitions à l'uranium appauvri, puisqu'elles ont été localisées à un certain nombre d'endroits sans que l'on constate une corrélation et qu'il n'y avait pas de lien non plus avec la question environnementale des incendies de puits de pétrole. Par contre, les domaines sur lesquels les experts médicaux disent qu'il faut continuer à chercher, c'est, d'une part, les multi-vaccinations, les vaccinations combinées et nous en avons fait beaucoup moins que nos partenaires américains et, d'autre part, le stress.
ALAIN LOUYOT
Monsieur le ministre, les Etats Unis affirment qu'ils mèneront une concertation approfondie avec leurs alliés sur le projet de bouclier anti-missiles, enfin, ce que l'on appelle MMD, alors, est-ce que cela pourrait modifier la position de la France sur ce projet ?
ALAIN RICHARD
Oui, je crois que l'on peut les croire. Il va de soi que si les Américains prenaient une attitude complètement unilatérale dans ce domaine et disaient "nous développons ce système pour nous-même et nous n'envisageons pas d'en faire bénéficier nos alliés ou nos partenaires stratégiques", ils créeraient beaucoup d'hostilité et beaucoup d'inquiétude et de méfiance. Je pense que c'est leur intérêt d'avoir une discussion stratégique. Dans cette discussion, les questions que nous posons, très rationnellement touchent aux effets pervers d'un tel système en matière de course aux armements, à son efficacité réelle. Ce sont des questions que l'on pense pouvoir discuter de manière sereine avec, non seulement, nos partenaires américains qui proposent le projet mais aussi avec nos partenaires européens ou certains autres grands alliés des Etats Unis, comme le Japon.
PIERRE GANTZ
Où en est la construction de l'armée européenne ? Beaucoup de décisions importantes ont été prises et mises en uvre, après le sommet de Nice notamment, avec la mise en place d'un comité opérationnel, d'un état major. Est-ce que les choses avancent suffisamment vite ?
ALAIN RICHARD
Oui, nous avançons à un rythme soutenu pour avoir un ensemble de forces de 60 000 hommes qui peuvent se projeter dans un théâtre de crises en 2003. Cela correspond à une volonté politique, à une analyse en commun des Quinze de ce qu'ont été leurs faiblesses, de ce qu'ont été leurs expériences au cours de la décennie 90 avec les crises des Balkans, et c'est donc, au fond, un outil supplémentaire dont les Européens veulent se doter pour pouvoir être un partenaire crédible dans la situation de conflit ou lorsqu'il y a une crise dans laquelle ils veulent prendre leurs responsabilités.
ALAIN LOUYOT
Quels sont les moyens, justement de cette défense européenne, à votre avis, qu'il faudrait, prioritairement, renforcer ?
ALAIN RICHARD
Il y a un grand programme sur lequel on est en train de se mettre d'accord qui est une nouvelle génération d'avions de transport. A partir du moment où vous voulez projeter vers un théâtre éloigné des moyens humains et matériels lourds, vous avez besoin d'une nouvelle gamme d'appareils. Nos vieux TRANSALLS ont marché formidablement mais vont avoir 40 ans, les autres Européens ont souvent des avions de transport plus petits, donc, des capacités de déploiement de force qui sont trop limitées et il y a consensus sur ce point là.
PIERRE GANTZ
C'est l'AIRBUS A 400.M ?
ALAIN RICHARD
Exactement. Et donc, avec un peu de chance parce qu'il y a encore un peu de travail financier et contractuel à faire, nous serons capables de signer ce contrat qui sera le plus grand contrat d'acquisitions militaires ayant jamais existé à plusieurs pays pour l'été, au moment du salon du BOURGET.
PIERRE GANTZ
D'autres programmes, d'autres demandes ?
ALAIN RICHARD
Les forces à la base, les militaires sur le terrain, les bateaux, les avions de combat, les Européens les ont. Par contre, nous avons un effort, qui n'est pas si simple, d'entraînement commun et d'ajustement de ces matériels de manière qu'ils puissent vraiment opérer ensemble, cela a été un des points faibles que l'on a senti au Kosovo. Les Européens ont un progrès à faire de ce point de vue là. Mais, en équipement, le point essentiel, ce sont les moyens de commandement, les moyens de coordination d'une force avec toute l'électronique et tous les systèmes de télécommunication qui vont avec et puis l'observation sattelitaire.
PIERRE GANTZ
A ce micro, un de nos invités récemment, Philippe CAMUS, le président d'EADS, disait qu'à terme, la défense européenne signifierait la disparition de deux avions de combat en Europe, le RAFALE et l'EUROFIGHTER et que la prochaine génération, il y en aurait qu'un seul.
ALAIN RICHARD
Il a tout à fait raison, il faut préciser que cette prochaine génération est dans 20 à 25 ans.
ALAIN LOUYOT
Je voudrais revenir un petit peu sur le problème des obus chimiques. Est-ce que vous pouvez nous faire, un petit peu, le bilan de cette opération et est-ce que, finalement, à la lumière de ce que l'on a trouvé, vous n'êtes pas inquiet de ce que l'on risque de trouver, notamment lors de la construction du TGV EST ?
ALAIN RICHARD
Ecoutez, il y a eu des millions de tonnes de projectiles échangés sur toute une ligne de front entre Arras et Lille, jusque vers Metz pendant 4 ans et demi et l'essentiel de ces munitions sont restées dans le sol et on en retrouve entre 400, 500, 550 tonnes par an et on connaît les sites. C'est pour cela qu'il y a Vimy, parce que Vimy est une petite ville qui est au centre géographique d'une zone de combat dans laquelle la densité de ces munitions est particulièrement forte. Alors, on peut reconstituer dans la durée, puisque l'on fait cela depuis 80 ans, que les quantités tendent quand même à baisser et puis, naturellement, les munitions, quand on les retrouve au bout de 80 ou 90 ans, sont, quand même, moins dangereuses, pour beaucoup, elles sont désactivées.
ALAIN LOUYOT
Pas les obus chimiques justement.
ALAIN RICHARD
Les obus chimiques on les détruisait en les faisant exploser dans un site extérieur près d'une côte jusqu'en 93. Cela a été déclaré interdit en vertu de la convention sur les armes chimiques qui ne permet plus un tel traitement. Donc, aujourd'hui, on a amassé, je peux vous le dire, quelque chose comme une quinzaine de tonnes de munitions chimiques en 8 ans. C'est évidemment préoccupant, c'est en même temps une quantité minime et on sait bien qu'elle ira en baissant. Alors, vous avez tout à fait raison de dire que, vraisemblablement, sur certains sites où on va faire des excavations dans le chantier du TGV EST, il y aura une remontée parce que, à ce moment là, on travaillera, on creusera sur un site où il y en a vraisemblablement.
ALAIN LOUYOT
Il y a des précautions très particulières à prendre ?
ALAIN RICHARD
Bien sûr ! Il y a des procédures de travail dans les zones où on a pu identifier la présence de munitions dangereuses.
PIERRE GANTZ
Pourquoi est-ce que cette usine n'a pas été mise en construction en 93 ou peu après 93, quand la France a signé les accords contre l'utilisation des armes chimiques ?
ALAIN RICHARD
Parce que les données techniques à mettre en place étaient très nouvelles et
PIERRE GANTZ
Ce n'est pas parce que c'est trop cher par rapport aux besoins ?
ALAIN RICHARD
Il y a d'autres besoins et on doit aussi vérifier que le nombre de centaines de millions de francs que l'on affecte à cette opération de destruction définitive des munitions chimiques est compatible avec d'autres programmes d'investissements publics que nous avons à faire. Mais, en plus, la mise au point du procédé de destruction a demandé du temps.
PIERRE GANTZ
Donc, on va continuer à les stocker et on pourra les détruire quand, dans 4, 5 ans ?
ALAIN RICHARD
A peu près, oui.
PIERRE GANTZ
Merci ALAIN RICHARD.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 10 mai 2001)