Texte intégral
Je veux tout d'abord remercier ma collègue du trio, Madame Sabuni, la Ministre de l'intégration et de l'égalité de Suède pour son intervention. Je pense en effet que ce passage de témoin est essentiel. Changer les pratiques et changer les mentalités, est un travail de longue haleine, et, comme l'a dit Xavier Bertrand hier, c'est un travail d'équipe. La participation de mes collègues, hier en ouverture et aujourd'hui au dernier panel, témoigne de cet engagement, aux quatre coins de l'Europe.
Je remercie également la Commission, représentée ce matin par M. VAN DER PAS, pour son engagement. Elle a formidablement contribué à la réussite de ce sommet. Des liens précieux se sont créés entre nos équipes et les vôtres.
Je voudrais enfin remercier les membres du comité de pilotage qui a réuni des représentants de la Commission, de notre représentation permanente à Bruxelles, de notre organisme de lutte contre les discriminations, la Haute autorité de lutte contre les discriminations, et de nombreux ministères, pas seulement le mien.
La richesse des débats engagés depuis hier sur les questions d'égalité et de discrimination qui, je le répète, sont au premier rang des priorités de la Présidence française en matière sociale a permis de mieux identifier les défis auxquels l'Europe est confrontée dans un contexte économique et social particulièrement difficile. Les échanges de bonnes pratiques en matière d'égalité et de lutte contre les discriminations multiples contribuent à faire de la cohésion un enjeu fondamental de l'Europe sociale.
Certes la non-discrimination est reconnue comme l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne mais, comme vous le savez, le niveau de protection juridique en place pour défendre ces valeurs varie en fonction des Etats membres et des motifs de discrimination.
Au regard des inégalités qui persistent fondées sur la race ou l'origine ethnique, sur l'âge, les convictions, le handicap et sur le sexe, il est important de renforcer le droit communautaire et de répondre aux aspirations des citoyennes et citoyens européens et nous avons à ce sujet eu, il y a quelques jours, un entretien très intéressant avec M.Mohamed AZIZ et une délégation du réseau européen ENAR.
Pour la suite des travaux et je pense en particulier aux travaux qui seront conduits dans le cadre du futur groupe d'experts gouvernementaux, je souhaite qu'il puisse travailler sur la question du « mainstreaming » : l'intégration des questions d'égalité dans les politiques publiques.
Ce groupe sera en effet le lieu privilégié pour débattre et échanger des bonnes pratiques sur les moyens non législatifs de combattre les discriminations.
Nous avons par exemple l'ambition de faire évoluer les mentalités dans un de mes domaines de compétence : l'égalité entre les femmes et les hommes.
Les Etats membres sont ainsi appelés à promouvoir des actions spécifiques afin d'éradiquer les stéréotypes dans l'éducation, la culture, la formation, l'orientation professionnelle et l'emploi.
Les inégalités persistent dans tous les pays quant à l'accès des femmes aux responsabilités. Le fameux plafond de verre résiste. De même, en dépit de l'accroissement des femmes diplômées, 30 % de femmes seulement sont chefs d'entreprise en Europe contre 50 % aux Etats-Unis.
Ces constats montrent à l'évidence qu'un long chemin reste à parcourir. Nous aurons l'occasion d'en débattre les 13 et 14 novembre prochains à Lille lors de la Conférence que j'animerai.
Les ministres l'ont reconnu au niveau européen le 9 juin en adoptant des conclusions visant à éliminer les stéréotypes de genre dans la société.
Nous ne pouvons que nous réjouir.
Je tiens aussi à saluer le rapport de Madame Eva-Britt SVENSSON sur « l'impact du marketing et de la publicité des genres ».
A cet égard, je saisis l'opportunité de la Présidence Française pour lancer un projet de « monitorage » des médias afin de donner une impulsion pour que les 27 Etats membres adhèrent à une démarche qui s'inscrit entièrement dans le cadre du « mainstreaming ».
Le cadre législatif est une chose, sa mise en oeuvre concrète et effective en est une autre : c'est l'engagement de tous les acteurs, à tous les niveaux, qui permettra de faire connaître et d'appliquer les droits et les devoirs que la législation impose. Les organismes d'égalité et la société civile, mais aussi les partenaires sociaux, les autorités locales, les médias ont un rôle essentiel à jouer.
Les discussions lors du Sommet ont permis, d'une part, de faire un bilan des principales discriminations dans l'accès à l'éducation, à l'emploi, la carrière, la formation professionnelle et dans l'accès aux biens et services.
Elles ont d'autre part été l'occasion d'analyser plus avant le rôle de certains acteurs dont l'action contre les discriminations pourrait être renforcée, tels les organismes d'égalité, les acteurs locaux et les « faiseurs d'opinion ».
Elles ont enfin offert l'occasion de débattre des différents outils à notre disposition pour faire changer les réalités sur le terrain, tels l'outil législatif et les actions volontaires au-delà de la législation.
Cette conférence a en outre été une première occasion d'aborder et de débattre avec tous les acteurs concernés de la proposition de directive présentée par la Commission. M. Van der Pas vient de l'évoquer. Ces discussions, le Conseil EPSSCO du 2 octobre permettra d'en débattre à nouveau.
Sur ce dossier, la volonté de la Présidence française est d'arriver le plus vite possible au meilleur texte possible.
Comme l'a rappelé hier Xavier BERTRAND, c'est l'engagement de tous les acteurs en maintenant un niveau d'ambition élevé, qui permettra de compléter la législation communautaire en matière de lutte contre les discriminations.
Dans le domaine du travail, la lutte contre les discriminations dont peuvent être victimes les personnes au motif de leur âge, d'un handicap, de leur genre, de leur origine, leur religion, leur orientation sexuelle est une priorité. M. Van der Pas l'a dit, le rôle positif que peuvent jouer les entreprises, les partenaires sociaux est essentiel.
L'idée de chartes volontaires, signées par les entreprises ou les collectivités locales, l'idée de labels qui identifient les entreprises ayant mis en place de bonnes pratiques, sont des idées qui, en France, sont maintenant répandues et mises en place, et leur extension dans certains pays de l'Union nous semble prometteuse.
Je crois que l'essentiel est dit, place maintenant à la musique. Nous avions très envie de vous faire découvrir la Maîtrise de Radio France qui a été fondée il y a plus de soixante ans. Cette maîtrise - qui est plus qu'une simple chorale -, est au coeur d'un projet initié il y a bientôt deux ans. Elle permet à 60 enfants de 8 à 17 ans et sont de 14 nationalités différentes et d'horizons très divers, de suivre à la fois leur scolarité et une formation musicale de haut niveau, centrée autour du chant choral.
Un grand merci aux artistes qui vont monter en scène !
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 2 octobre 2008