Texte intégral
O. Mazerolle En même temps que D. Baudis, c'est toute une dynastie familiale qui a passé la main ici à Toulouse, et du coup, la ville se demande si elle n'a pas envie de retourner à ses amours de gauche ?
- "Les Toulousains sont des citoyens très lucides, qui l'ont prouvé depuis longtemps, avec une grande maturité politique. Ils font la différence entre les élections nationale où, c'est vrai, la gauche est souvent majoritaire ici, et les élections municipales qui ont toujours vu le centre-droit - depuis 30 ans maintenant, depuis P. Baudis en 1971 - l'emporter. Ici, on se demande quel projet et quelle équipe pour Toulouse."
Le fait que vous soyez un homme politique national à qui la défaite est interdite, est-ce un handicap pour vous ?
- "Ici, il y a une grande différence avec Paris, c'est qu'on parle de moins en moins de politique nationale. On parle très peu de petites querelles politiciennes entre partis, on parle de sécurité, de propreté, de circulation et surtout de développement économique. Ils savent donc aussi que quelqu'un qui a eu des responsabilités nationales ne peut pas être un "moins" ; peut-être pas un "plus" mais pas un "moins.""
Il y a tout de même ici un enjeu national. L. Jospin est venu le dire la semaine dernière, F. Hollande a dit également que suivant les résultats, il y aurait des répercussions pour les législatives et la présidentielle.
- "Il y a un enjeu national, c'est évident, puisque c'est la quatrième ville de France. En même temps, l'enjeu est aussi de savoir si l'on veut oui ou non, continuer l'action de D. Baudis qui, pendant 18 ans, a transformé cette ville ? 85 % des Toulousains qui répondent à cette question disent que le bilan de D. Baudis est bon. Ou veut-on, au contraire, une rupture avec celui qui aujourd'hui se présente contre moi et qui, pendant 6 ans, a critiqué ce bilan ?"
Beaucoup de Toulousains pensent que vous êtes un des leaders de l'Assemblée nationale et que vous ne resterez pas à Toulouse si vous êtes élu maire.
- "Vous ne pouvez pas être maire de la quatrième ville de France et ne pas vous occuper de cette ville. Il y a eu ce grand débat : est-ce que le maire de Toulouse peut être député ? Certains disent "non"; mais en même temps, toutes les communes socialistes autour de Toulouse ont des députés-maires. Pourquoi voulez-vous que les Toulousains, dans le pays le plus centralisé d'Europe, aient moins de chance que les autres ?"
Vous faisiez allusion à la sécurité tout à l'heure. Toulouse est une ville particulière parce qu'après les évènements du Mirail en 1998, il y a eu la signature d'un des premiers contrats locaux de sécurité entre l'Etat et la mairie. Du coup, cela s'est amélioré. Cela veut-il dire que la police de proximité marche ?
- "En 13 mois de campagne, j'ai beaucoup évolué sur énormément de sujets. Cela fait vraiment du bien de travailler avec les gens et de les écouter car souvent, quand on est dans un parti politique, on ne se rend pas compte, on vit entre nous et on ne connaît pas les vrais sujets. Aujourd'hui, les Français en général et les Toulousains en particulier, connaissent les problèmes de la délinquance, d'une délinquance nouvelle de la société française qui est celle des mineurs. Pour plusieurs raisons : d'abord, parce que les mineurs d'aujourd'hui ne ressemblent pas à ceux de 1945. Une ordonnance de 1945 donne une sorte d'impunité aux mineurs, y compris quand ils sont arrêtés. Lorsqu'un policier arrête un mineur de 14 ans qui brûle ou vole une voiture, trois heures après, il le voit passer devant le commissariat. Il y a aujourd'hui une démotivation progressive des policiers. Il faut donc que le maire puisse agir de plus en plus."
Comment ?
- "Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut une nouvelle loi pour qu'il y ait des maires co-responsables avec le préfet de police, avec le ministre de l'Intérieur sur la sécurité des mineurs. M. Jospin dit qu'on va "shérifer."..
Il dit que vous voulez mettre un "shérif."
- "M. Jospin dit qu'on va "shérifer" ; non, on ne va pas "shérifer." Le maire est aujourd'hui le seul capable de savoir dans quel quartier commence un deal de drogue, dans quelle rue on commence à avoir de vrais délinquants mineurs. Un délinquant mineur qui a 14 ans, si vous ne le sanctionnez pas immédiatement, même par un travail d'intérêt général - il ne s'agit pas de lui faire faire de la prison, évidemment - deviendra à 18, 19 ou 20 ans un grand délinquant. C'est donc l'un des grands enjeux nationaux qui se joue aujourd'hui dans ces campagnes municipales."
Toulouse est une ville en pleine expansion économique. Il y a eu 18 000 emplois créés durant les cinq dernières années dans cette ville et pourtant, il y a 12 % de chômeurs, c'est-à-dire plus que la moyenne nationale, pourquoi ?
- "Toulouse est la capitale européenne de l'avion et de l'espace, de l'électronique pour les automobiles. Elle va recevoir l'A380, soit 10 000 nouveaux emplois dans les 10 ans qui viennent. Il faut être à la hauteur de cet enjeu et en même temps, il n'y pas suffisamment, à Toulouse comme ailleurs, de formations professionnelles adaptées à ce qui se passe. Un des grands enjeux de la communauté d'agglomération demain, qui fait de 700 à 750 000 habitants et dont le président sera le maire de Toulouse, c'est de préparer les jeunes toulousains et les jeunes de Midi-Pyrénées à ces nouvelles industries. Evidemment, c'est très bien que des ingénieurs viennent d'ailleurs, c'est très bien que les techniciens viennent d'ailleurs mais ce serait encore mieux que ça vienne de Toulouse."
Une des particularités de Toulouse, c'est qu'il n'y a pas d'endettement. La liste alternative, "Motivé" qui est appuyé par le groupe Zebda, et qui pourrait faire plus de 10 %, selon les sondages de la semaine dernière, dit : "ici, c'est la ville de la dette zéro, mais des jeunes en galère" ?
- "Malheureusement, les jeunes sont souvent en galère, pas à Toulouse particulièrement. C'est vrai que cette ville est considérée par tous les observateurs comme la ville la plus dynamique, la moins endettée, la mieux équipée et qui a l'avenir peut-être le plus sûr. Et en même temps, c'est vrai qu'il faut écouter tous les quartiers, qu'il y a eu des erreurs architecturales très importantes qui ont fait de véritables ghettos à Toulouse, comme ailleurs. D. Baudis a énormément travaillé pour mettre en place les services publics de proximité y compris dans ces quartiers sensibles, comme Le Mirail, Bagatelle et les quartiers nord. Il y a certains jeunes qui se sentent encore isolés. J'ai beaucoup écouté ce qu'ont dit les "Motivés" du groupe Zebda. J'ai écouté de quoi ils parlent. Ils disent : "nous avons besoin d'une démocratie de proximité et d'une démocratie participative." Je suis persuadé que demain, personne, je dis bien personne, au niveau national comme au niveau local, ne pourra faire de la politique s'il n'y a pas une participation et une écoute particulière des habitants. Donc, je les ai écoutés, j'ai décidé d'ailleurs de proposer aux Toulousains d'avoir un maire délégué par quartier, qui sera responsable, avec les associations de quartiers, de locataires, de propriétaires, de résidents, de commerçants, pour faire une politique de quartier."
Vous avez pris des rugbymen sur votre liste. Il y a le président du Stade toulousain, il y a W. Spanghero. Pour vous, un homme politique ...
- "Ne vous moquez pas des "r" de Toulouse."
Mais pas du tout, je dis cela par sympathie, parce qu'il nous a tous marqués avec son accent de rocaille. Pour vous, un homme politique c'est une ligne d'arrière qui va marquer des essais ou un demi d'ouverture qui distribue le jeu ...
- "Ma liste est une équipe. Nous avons à la fois, pour la moitié d'entre elle, des femmes et des hommes d'expérience qui ont fait Toulouse avec D. Baudis, et puis des gens qui n'ont jamais fait de politique, qui n'ont jamais eu de carte de parti politique, comme le président du Stade toulousain, qui a une sensibilité plutôt à gauche ou W. Spanghero. Nous avons voulu aussi montrer qu'il faut un renouvellement avec des gens qui imaginent un nouveau Toulouse. Si la politique est faite de plus en plus par des gens qui renouvellent le personnel politique, personne ne s'en plaindra."
Demi d'ouverture ou ligne d'arrière ?
- "Pour tout vous dire, on ne peut pas faire du rugby sans marquer des essais. Moi, je suis plutôt ligne arrière. Mais s'il n'y a pas devant des gros piliers et de très bons talonneurs, on ne voit jamais les lignes arrières marquer des essais."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 9 mars 2001)
- "Les Toulousains sont des citoyens très lucides, qui l'ont prouvé depuis longtemps, avec une grande maturité politique. Ils font la différence entre les élections nationale où, c'est vrai, la gauche est souvent majoritaire ici, et les élections municipales qui ont toujours vu le centre-droit - depuis 30 ans maintenant, depuis P. Baudis en 1971 - l'emporter. Ici, on se demande quel projet et quelle équipe pour Toulouse."
Le fait que vous soyez un homme politique national à qui la défaite est interdite, est-ce un handicap pour vous ?
- "Ici, il y a une grande différence avec Paris, c'est qu'on parle de moins en moins de politique nationale. On parle très peu de petites querelles politiciennes entre partis, on parle de sécurité, de propreté, de circulation et surtout de développement économique. Ils savent donc aussi que quelqu'un qui a eu des responsabilités nationales ne peut pas être un "moins" ; peut-être pas un "plus" mais pas un "moins.""
Il y a tout de même ici un enjeu national. L. Jospin est venu le dire la semaine dernière, F. Hollande a dit également que suivant les résultats, il y aurait des répercussions pour les législatives et la présidentielle.
- "Il y a un enjeu national, c'est évident, puisque c'est la quatrième ville de France. En même temps, l'enjeu est aussi de savoir si l'on veut oui ou non, continuer l'action de D. Baudis qui, pendant 18 ans, a transformé cette ville ? 85 % des Toulousains qui répondent à cette question disent que le bilan de D. Baudis est bon. Ou veut-on, au contraire, une rupture avec celui qui aujourd'hui se présente contre moi et qui, pendant 6 ans, a critiqué ce bilan ?"
Beaucoup de Toulousains pensent que vous êtes un des leaders de l'Assemblée nationale et que vous ne resterez pas à Toulouse si vous êtes élu maire.
- "Vous ne pouvez pas être maire de la quatrième ville de France et ne pas vous occuper de cette ville. Il y a eu ce grand débat : est-ce que le maire de Toulouse peut être député ? Certains disent "non"; mais en même temps, toutes les communes socialistes autour de Toulouse ont des députés-maires. Pourquoi voulez-vous que les Toulousains, dans le pays le plus centralisé d'Europe, aient moins de chance que les autres ?"
Vous faisiez allusion à la sécurité tout à l'heure. Toulouse est une ville particulière parce qu'après les évènements du Mirail en 1998, il y a eu la signature d'un des premiers contrats locaux de sécurité entre l'Etat et la mairie. Du coup, cela s'est amélioré. Cela veut-il dire que la police de proximité marche ?
- "En 13 mois de campagne, j'ai beaucoup évolué sur énormément de sujets. Cela fait vraiment du bien de travailler avec les gens et de les écouter car souvent, quand on est dans un parti politique, on ne se rend pas compte, on vit entre nous et on ne connaît pas les vrais sujets. Aujourd'hui, les Français en général et les Toulousains en particulier, connaissent les problèmes de la délinquance, d'une délinquance nouvelle de la société française qui est celle des mineurs. Pour plusieurs raisons : d'abord, parce que les mineurs d'aujourd'hui ne ressemblent pas à ceux de 1945. Une ordonnance de 1945 donne une sorte d'impunité aux mineurs, y compris quand ils sont arrêtés. Lorsqu'un policier arrête un mineur de 14 ans qui brûle ou vole une voiture, trois heures après, il le voit passer devant le commissariat. Il y a aujourd'hui une démotivation progressive des policiers. Il faut donc que le maire puisse agir de plus en plus."
Comment ?
- "Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut une nouvelle loi pour qu'il y ait des maires co-responsables avec le préfet de police, avec le ministre de l'Intérieur sur la sécurité des mineurs. M. Jospin dit qu'on va "shérifer."..
Il dit que vous voulez mettre un "shérif."
- "M. Jospin dit qu'on va "shérifer" ; non, on ne va pas "shérifer." Le maire est aujourd'hui le seul capable de savoir dans quel quartier commence un deal de drogue, dans quelle rue on commence à avoir de vrais délinquants mineurs. Un délinquant mineur qui a 14 ans, si vous ne le sanctionnez pas immédiatement, même par un travail d'intérêt général - il ne s'agit pas de lui faire faire de la prison, évidemment - deviendra à 18, 19 ou 20 ans un grand délinquant. C'est donc l'un des grands enjeux nationaux qui se joue aujourd'hui dans ces campagnes municipales."
Toulouse est une ville en pleine expansion économique. Il y a eu 18 000 emplois créés durant les cinq dernières années dans cette ville et pourtant, il y a 12 % de chômeurs, c'est-à-dire plus que la moyenne nationale, pourquoi ?
- "Toulouse est la capitale européenne de l'avion et de l'espace, de l'électronique pour les automobiles. Elle va recevoir l'A380, soit 10 000 nouveaux emplois dans les 10 ans qui viennent. Il faut être à la hauteur de cet enjeu et en même temps, il n'y pas suffisamment, à Toulouse comme ailleurs, de formations professionnelles adaptées à ce qui se passe. Un des grands enjeux de la communauté d'agglomération demain, qui fait de 700 à 750 000 habitants et dont le président sera le maire de Toulouse, c'est de préparer les jeunes toulousains et les jeunes de Midi-Pyrénées à ces nouvelles industries. Evidemment, c'est très bien que des ingénieurs viennent d'ailleurs, c'est très bien que les techniciens viennent d'ailleurs mais ce serait encore mieux que ça vienne de Toulouse."
Une des particularités de Toulouse, c'est qu'il n'y a pas d'endettement. La liste alternative, "Motivé" qui est appuyé par le groupe Zebda, et qui pourrait faire plus de 10 %, selon les sondages de la semaine dernière, dit : "ici, c'est la ville de la dette zéro, mais des jeunes en galère" ?
- "Malheureusement, les jeunes sont souvent en galère, pas à Toulouse particulièrement. C'est vrai que cette ville est considérée par tous les observateurs comme la ville la plus dynamique, la moins endettée, la mieux équipée et qui a l'avenir peut-être le plus sûr. Et en même temps, c'est vrai qu'il faut écouter tous les quartiers, qu'il y a eu des erreurs architecturales très importantes qui ont fait de véritables ghettos à Toulouse, comme ailleurs. D. Baudis a énormément travaillé pour mettre en place les services publics de proximité y compris dans ces quartiers sensibles, comme Le Mirail, Bagatelle et les quartiers nord. Il y a certains jeunes qui se sentent encore isolés. J'ai beaucoup écouté ce qu'ont dit les "Motivés" du groupe Zebda. J'ai écouté de quoi ils parlent. Ils disent : "nous avons besoin d'une démocratie de proximité et d'une démocratie participative." Je suis persuadé que demain, personne, je dis bien personne, au niveau national comme au niveau local, ne pourra faire de la politique s'il n'y a pas une participation et une écoute particulière des habitants. Donc, je les ai écoutés, j'ai décidé d'ailleurs de proposer aux Toulousains d'avoir un maire délégué par quartier, qui sera responsable, avec les associations de quartiers, de locataires, de propriétaires, de résidents, de commerçants, pour faire une politique de quartier."
Vous avez pris des rugbymen sur votre liste. Il y a le président du Stade toulousain, il y a W. Spanghero. Pour vous, un homme politique ...
- "Ne vous moquez pas des "r" de Toulouse."
Mais pas du tout, je dis cela par sympathie, parce qu'il nous a tous marqués avec son accent de rocaille. Pour vous, un homme politique c'est une ligne d'arrière qui va marquer des essais ou un demi d'ouverture qui distribue le jeu ...
- "Ma liste est une équipe. Nous avons à la fois, pour la moitié d'entre elle, des femmes et des hommes d'expérience qui ont fait Toulouse avec D. Baudis, et puis des gens qui n'ont jamais fait de politique, qui n'ont jamais eu de carte de parti politique, comme le président du Stade toulousain, qui a une sensibilité plutôt à gauche ou W. Spanghero. Nous avons voulu aussi montrer qu'il faut un renouvellement avec des gens qui imaginent un nouveau Toulouse. Si la politique est faite de plus en plus par des gens qui renouvellent le personnel politique, personne ne s'en plaindra."
Demi d'ouverture ou ligne d'arrière ?
- "Pour tout vous dire, on ne peut pas faire du rugby sans marquer des essais. Moi, je suis plutôt ligne arrière. Mais s'il n'y a pas devant des gros piliers et de très bons talonneurs, on ne voit jamais les lignes arrières marquer des essais."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 9 mars 2001)