Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur Hollande,
Oui, je crois qu'il y a des moments dans la vie d'un pays où l'unité nationale est nécessaire. En disant cela, je ne vous demande pas d'approuver la politique économique et sociale du Gouvernement, vous n'avez pas été élus pour cela. Et je vais vous faire une confidence : nous non plus. Mais il est nécessaire de faire bloc autour des mesures qui permettront à notre pays de passer cette crise financière dont vous avez eu l'honnêteté de rappeler qu'elle était née outre-Atlantique.
Je note d'ailleurs que c'est ce que font les forces politiques de la plupart des grands pays qui sont affectés par cette crise. Aujourd'hui, les républicains et les démocrates négocient ensemble, ce n'est pas facile, mais ils négocient ensemble au Congrès. Et j'ai noté que le chef du parti conservateur britannique venait d'apporter son soutien à la politique conduite par le Premier ministre britannique, pour faire face à la crise. Parce que cette crise, Mesdames et Messieurs les députés, elle est mondiale, et lorsque vous essayez de faire croire qu'elle est franco-française, c'est évidemment oublier que l'ensemble des pays de la zone euro connaissent un ralentissement équivalent de leur croissance, ou que l'Espagne, dirigée par un gouvernement socialiste, vient de connaître une augmentation de 25 % de son chômage en douze mois.
Ce que nous vous demandons, monsieur Hollande, c'est de discuter ensemble de la refondation des institutions financières internationales. Je crois d'ailleurs avoir lu que c'était quelque chose que vous aviez vous-même demandé. Ce que je vous propose, monsieur Hollande, c'est que nous discutions ensemble des conditions pour permettre la mise en oeuvre d'une régulation financière internationale plus stricte et plus efficace. Ce que je vous propose, monsieur Hollande, c'est que nous discutions ensemble des conditions de l'intervention de l'Etat pour faire en sorte qu'aucune grande banque française ne soit acculée à la faillite. Enfin, ce que je vous propose, monsieur Hollande, c'est que nous discutions ensemble des conditions pour assurer le soutien financier aux petites et moyennes entreprises. Et dans cet esprit, je veux d'abord vous dire que le Premier ministre est à votre disposition pour discuter de ces sujets avec les représentants de vos groupes politiques.
Deuxièmement, je veux vous dire que le Gouvernement, et madame Lagarde au premier rang, sont à la disposition permanente de l'Assemblée nationale, pour débattre de ces sujets. Et d'ailleurs, dès 9 heures mardi matin, la première chose que j'ai faite, c'est d'appeler le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale et le président de la commission des finances du Sénat, pour les informer dans le détail des décisions que nous avons prises dans la nuit pour sauver Dexia.
Voilà la proposition que nous faisons. C'est maintenant votre responsabilité d'y répondre. Vous avez le choix : vous pouvez faire, comme vous avez fait pour la réforme des institutions, c'est-à-dire dire non", alors même que vous la souhaitiez et alors que vous êtes les premiers, maintenant, à en réclamer l'application ; vous pouvez faire, comme vous avez fait avec l'Afghanistan, en refusant de voter le soutien aux forces françaises que vous avez vous-mêmes envoyées là-bas en 2001. Ce sont des attitudes qui sont peut-être payantes du côté de Reims, mais je veux vous dire qu'elles ne sont pas utiles à la France.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 octobre 2008