Texte intégral
PASSAGE A L'EURO
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'ECONOMIE,
DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE,
M. LAURENT FABIUS,
AVEC LE QUOTIDIEN "LE PARISIEN"
(Paris, 16 février 2001)
Q - La plupart des sondages confirment qu'une majorité des entreprises françaises ne sont, à un an de la disparition du franc, toujours pas prêtes à passer à l'euro. Cela vous inquiète-t-il ?
R - Pour les entreprises - notamment les PME - il faut accélérer l'allure ! Beaucoup se disent "On a le temps d'ici au 1er janvier 2001", elles se trompent ! Il faut entre trois et six mois pour opérer et tester le passage à l'euro (comptabilité, informatique, prix, paye, sans oublier la formation du personnel), il n'y a donc pas de temps à perdre. Je présenterai aujourd'hui la campagne qui, dès lundi, va les encourager à passer à l'euro. Celles qui ne seraient pas prêtes dans les délais risquent de connaître des difficultés, il faut donc passer à la vitesse supérieure. Nous allons d'ailleurs distribuer 800 000 documents d'information aux PME.
Q - Les particuliers, aussi, semblent mal préparés à l'euro !
R - Il reste des progrès à faire, mais il n'y a pas lieu de s'alarmer. C'est normal que, depuis le 1er janvier 1999, l'intérêt des gens soit retombé : ces dernières années, passer de l'euro revenait à dire "Apprenez à danser sans musique et sans cavalière". Mais désormais, les échéances se rapprochent et nous allons connaître une véritable montée en régime. Au premier semestre, nous allons fortement sensibiliser les particuliers y compris les publics les plus fragiles (personnes âgées, handicapés, exclus...). Ensuite viendront le basculement des comptes bancaires, le paiement des fonctionnaires et de nombreux salariés en euros. A partir du 15 décembre, il y aura les pièces et, entre temps, il y aura eu le double étiquetage, la distribution de convertisseurs... Résultat : durant les quinze premiers jours de janvier 85 % des échanges devraient se faire en euros. Je ne pense pas, au total, que nous soyons en retard.
Q - Revenons aux entreprises, beaucoup se plaignent que les cotisations sociales, les fournisseurs et les clients soient toujours en francs. De nombreux patrons se sentent perdus, que leur répondez-vous ?
Cette remarque, je l'ai souvent entendue. Les chefs d'entreprise doivent savoir qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, d'ores et déjà faire leurs déclarations et payer leurs cotisations sociales en euros auprès des Urssaf.
Q - Les entreprises françaises ne sont-elles pas dès maintenant en retard ?
R - Il paraît que nous sommes en avance par rapport à d'autres pays, mais il ne faut pas se satisfaire de cela.
Q - Le fait de dire "On est dans les temps" ne crée-t-il pas, a contrario, un effet démotivant ?
R - On m'avait donné le choix entre deux types de campagnes pour les entreprises : une très "cool" et une plus musclée insistant notamment sur le risque de pots cassés en cas de retard. J'ai choisi la deuxième. S'il ne faut évidemment pas inquiéter à tort, il faut malgré tout inciter - et aider - les chefs d'entreprise à se mobiliser.
Q - Que leur direz-vous à travers la campagne que vous présentez ce matin ?
R - Dès lundi, nous leur dirons : bougez-vous, passez rapidement vos fonctions (comptabilité, informatique prix, salaires...) en euros, sinon, attention aux conséquences. Parallèlement, il y aura également d'autres campagnes au niveau des chambres de commerce, banques, grande distribution... On va s'installer dans l'esprit euro.
Q - Si, malgré tout, certaines entreprises traînaient encore des pieds, cela n'entraînerait-il pas des risques pour l'économie ?
R - Nous travaillons pour que cela ne soit pas le cas. La période la plus délicate sera entre le 1er janvier et le 17 février 2002 si les gens ne s'y retrouvaient pas dans la double circulation franc-euro. Mais en informant, en facilitant les conversions, en mettant en place les pièces avant... nous ferons le maximum pour éviter cela.
Q - Craignez-vous un dérapage sur les prix ?
R - Partout où cela est possible, il y aura le double étiquetage. De plus, j'ai demandé aux entreprises d'éviter d'augmenter leurs prix entre le 1er janvier et le 17 février. Des commissions surveilleront les éventuels dérapages. En sens inverse, il y aura des éléments positifs. Le change étant gratuit pendant la période de double circulation, de nombreux billets qui dorment actuellement dans les bas de laine vont être convertis. Cette "déthésaurisation" peut être un encouragement important à la consommation en pleine période des soldes. Et puis, l'euro est un "plus" pour la croissance, la stabilité monétaire, donc l'emploi.
Q - La facture du passage à l'euro s'annonce salée. Les particuliers redoutent, au final, d'avoir à régler. N'ont-ils pas raison quelque part ?
R - Le principe retenu par l'Europe est simple : chacun paye la note en ce qui le concerne. Les banques prendront en charge les opérations qui les concernent, les commerçants les frais des doubles caisses, les entreprises les modifications informatiques, la formation... et l'Etat paiera pour l'organisation générale et une partie de la sécurité. Je rappelle qu'à côté de l'aspect technique, l'euro représente un avantage économique considérable.
Q - Avez-vous déjà utilisé l'euro ?
R - Je le ferai surtout quand mon compte chèques et mon salaire passeront en euros, c'est-à-dire en juillet.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'ECONOMIE,
DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE,
M. LAURENT FABIUS,
AVEC LE QUOTIDIEN "LE PARISIEN"
(Paris, 16 février 2001)
Q - La plupart des sondages confirment qu'une majorité des entreprises françaises ne sont, à un an de la disparition du franc, toujours pas prêtes à passer à l'euro. Cela vous inquiète-t-il ?
R - Pour les entreprises - notamment les PME - il faut accélérer l'allure ! Beaucoup se disent "On a le temps d'ici au 1er janvier 2001", elles se trompent ! Il faut entre trois et six mois pour opérer et tester le passage à l'euro (comptabilité, informatique, prix, paye, sans oublier la formation du personnel), il n'y a donc pas de temps à perdre. Je présenterai aujourd'hui la campagne qui, dès lundi, va les encourager à passer à l'euro. Celles qui ne seraient pas prêtes dans les délais risquent de connaître des difficultés, il faut donc passer à la vitesse supérieure. Nous allons d'ailleurs distribuer 800 000 documents d'information aux PME.
Q - Les particuliers, aussi, semblent mal préparés à l'euro !
R - Il reste des progrès à faire, mais il n'y a pas lieu de s'alarmer. C'est normal que, depuis le 1er janvier 1999, l'intérêt des gens soit retombé : ces dernières années, passer de l'euro revenait à dire "Apprenez à danser sans musique et sans cavalière". Mais désormais, les échéances se rapprochent et nous allons connaître une véritable montée en régime. Au premier semestre, nous allons fortement sensibiliser les particuliers y compris les publics les plus fragiles (personnes âgées, handicapés, exclus...). Ensuite viendront le basculement des comptes bancaires, le paiement des fonctionnaires et de nombreux salariés en euros. A partir du 15 décembre, il y aura les pièces et, entre temps, il y aura eu le double étiquetage, la distribution de convertisseurs... Résultat : durant les quinze premiers jours de janvier 85 % des échanges devraient se faire en euros. Je ne pense pas, au total, que nous soyons en retard.
Q - Revenons aux entreprises, beaucoup se plaignent que les cotisations sociales, les fournisseurs et les clients soient toujours en francs. De nombreux patrons se sentent perdus, que leur répondez-vous ?
Cette remarque, je l'ai souvent entendue. Les chefs d'entreprise doivent savoir qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, d'ores et déjà faire leurs déclarations et payer leurs cotisations sociales en euros auprès des Urssaf.
Q - Les entreprises françaises ne sont-elles pas dès maintenant en retard ?
R - Il paraît que nous sommes en avance par rapport à d'autres pays, mais il ne faut pas se satisfaire de cela.
Q - Le fait de dire "On est dans les temps" ne crée-t-il pas, a contrario, un effet démotivant ?
R - On m'avait donné le choix entre deux types de campagnes pour les entreprises : une très "cool" et une plus musclée insistant notamment sur le risque de pots cassés en cas de retard. J'ai choisi la deuxième. S'il ne faut évidemment pas inquiéter à tort, il faut malgré tout inciter - et aider - les chefs d'entreprise à se mobiliser.
Q - Que leur direz-vous à travers la campagne que vous présentez ce matin ?
R - Dès lundi, nous leur dirons : bougez-vous, passez rapidement vos fonctions (comptabilité, informatique prix, salaires...) en euros, sinon, attention aux conséquences. Parallèlement, il y aura également d'autres campagnes au niveau des chambres de commerce, banques, grande distribution... On va s'installer dans l'esprit euro.
Q - Si, malgré tout, certaines entreprises traînaient encore des pieds, cela n'entraînerait-il pas des risques pour l'économie ?
R - Nous travaillons pour que cela ne soit pas le cas. La période la plus délicate sera entre le 1er janvier et le 17 février 2002 si les gens ne s'y retrouvaient pas dans la double circulation franc-euro. Mais en informant, en facilitant les conversions, en mettant en place les pièces avant... nous ferons le maximum pour éviter cela.
Q - Craignez-vous un dérapage sur les prix ?
R - Partout où cela est possible, il y aura le double étiquetage. De plus, j'ai demandé aux entreprises d'éviter d'augmenter leurs prix entre le 1er janvier et le 17 février. Des commissions surveilleront les éventuels dérapages. En sens inverse, il y aura des éléments positifs. Le change étant gratuit pendant la période de double circulation, de nombreux billets qui dorment actuellement dans les bas de laine vont être convertis. Cette "déthésaurisation" peut être un encouragement important à la consommation en pleine période des soldes. Et puis, l'euro est un "plus" pour la croissance, la stabilité monétaire, donc l'emploi.
Q - La facture du passage à l'euro s'annonce salée. Les particuliers redoutent, au final, d'avoir à régler. N'ont-ils pas raison quelque part ?
R - Le principe retenu par l'Europe est simple : chacun paye la note en ce qui le concerne. Les banques prendront en charge les opérations qui les concernent, les commerçants les frais des doubles caisses, les entreprises les modifications informatiques, la formation... et l'Etat paiera pour l'organisation générale et une partie de la sécurité. Je rappelle qu'à côté de l'aspect technique, l'euro représente un avantage économique considérable.
Q - Avez-vous déjà utilisé l'euro ?
R - Je le ferai surtout quand mon compte chèques et mon salaire passeront en euros, c'est-à-dire en juillet.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)