Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les efforts en vue de la création d'un Etat palestinien et le soutien de la France et de l'UE au processus de paix israélo-palestinien, Jénine le 4 octobre 2008.

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Circonstance : Tournée de Bernard Kouchner dans les Territoires palestiniens et en Israël du 3 au 5 octobre 2008 : intervention au gouvernorat de Jénine, à Jénine le 4

Texte intégral

Monsieur le Gouverneur,
Monsieur le Premier Ministre,
Merci pour votre accueil. Vous avez rappelé que certains, depuis longtemps, sont à vos côtés et le sont demeurés en dépit des années de difficultés, de batailles, d'attentats, de meurtres et de souffrances pour tous. Vous avez rappelé que certains, depuis longtemps, voient comme début de la solution la création de l'Etat palestinien, tout simplement, à côté de l'Etat israélien. Je le répète, c'est la première fois que je vous vois en chair et en os. Je vous remercie d'être là, membres de la municipalité, des associations. Je salue tout le monde, en particulier la représentante des femmes.
C'est la première fois que je sens que les efforts du Premier ministre, de l'ensemble de l'Autorité palestinienne et de tous ceux qui se sont dévoués depuis Annapolis, depuis la Conférence de Paris, que tous ces efforts prennent corps, que la situation qui à Naplouse était un peu difficile à appréhender est ici beaucoup plus clairement prise en charge par les Palestiniens eux-mêmes, ici à Jénine. Tous les amis de la paix se réjouissent de cela.
Il y a bien sûr des obstacles et il faut, de temps en temps, la détermination de tous nos amis palestiniens, singulièrement du Premier ministre dont je veux une fois de plus saluer le sérieux, le talent, l'autorité, pas seulement l'autorité de l'économiste, mais l'autorité du responsable politique.
Il a fallu s'obstiner pour que la tristesse et le désespoir, parfois la lenteur des progrès, ne l'emportent comme souvent au cours de toutes nos visites de travail pour le suivi de la conférence de Paris. Avec Pierre Duquesne, Christophe Bigot et maintenant Patrice Paoli, avec le consul général, qui s'obstine quotidiennement, de temps en temps, nous revenions très tristes et presque désespérés. Eh bien, ce n'est pas le cas aujourd'hui pour ceux qui vous ont rendu visite.
Malgré les difficultés, les obstacles, les colonies qui continuent - et là-dessus, vous connaissez notre position, répétée à la Knesset et à Ramallah par le président de la République, Nicolas Sarkozy : nous sommes hostiles à toute poursuite de la colonisation. Nous disons haut et fort à nos amis israéliens, malgré les obstacles qui tous les jours freinent le processus, que les choses changent. Je le vois dans les rues de Jénine, le long des routes, en parlant avec nos amis palestiniens. Pour cela, je ne remercie pas seulement les responsables, mais vous tous.
Je vous demande de poursuivre cet effort et vous verrez bientôt que ce qui a été commencé à Annapolis - nous étions peu à croire que cela signifiait quelque chose - et ce qui a été poursuivi à Paris va conduire à la naissance de cet Etat palestinien absolument indispensable. N'oublions pas Gaza, n'oublions pas les problèmes économiques, n'oublions pas les obstacles et les barrages sur les routes, bien sûr, mais n'oublions pas non plus que la situation au Proche-Orient est en train de changer positivement.
Il y a une ouverture, mais rien ne sera fait sans la création de l'Etat palestinien, tant que les racines de l'Etat palestinien ne sont pas solides. Pour cela, vous pouvez compter sans aucun doute sur la France et sur l'Union européenne dans son ensemble. Je vous assure que l'Union européenne est solide dans ces temps incertains où les administrations changent, où les nationalismes reviennent, où les dangers sont grands. Ce n'est pas facile parce que nous sommes vingt-sept, mais c'est cela l'école de la démocratie, du consensus, du compromis. Vous verrez, l'Union européenne sera à vos côtés tous les jours, les mois et les années qui viennent.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2008