Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense et président du Nouveau Centre, dans "Le Dauphiné Libéré" du 24 octobre 2008, notamment sur l'envoi de militaires supplémentaires en Afghanistan.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Dauphiné libéré

Texte intégral

550 chasseurs du 27ème BCA vont être envoyés en Afghanistan à partir du 19 novembre. Ils auraient dû être 150 de plus ? Pourquoi avoir pris la décision de laisser une compagnie en Haute-Savoie ?
En permanence dans l'Armée, il y a des unités qui se préparent et ne partent pas. C'est un phénomène que connaissent bien les militaires, et qu'ils vivent régulièrement.
Cette décision est liée au fait que nous voulions éviter une disparité dans le commandement et garantir la cohésion des unités déployées sur le terrain. Je m'explique : en Afghanistan le détachement français est réparti sur deux régions mitoyennes mais distinctes. La vallée de Surobi en région "Centre" est une zone où sont déjà déployés des parachutistes. Il est logique que nous y maintenions des unités de même nature. L'autre région, dans laquelle se trouve la vallée de la Kapisa est la région où seront déployés les deux compagnies de combat du 27ème BCA. Tout ceci est une question de cohérence opérationnelle. Mais la déception des chasseurs qui ne peuvent partir en Afghanistan montre aussi leur formidable motivation.
Envoyer 550 chasseurs en Afghanistan durant six mois, combien ça coûte ?
Le coût global de l'opération en Afghanistan est de 200 à 250 millions d'euros par an, sur un total de 800 millions d'euros consacrés aux autres opérations extérieures (Liban, Tchad, Kosovo...).
Les chasseurs vont former des soldats de l'Ana (Armée nationale afghane) n'est-ce pas prendre le risque d'enseigner notre savoir-faire français à de potentiels et futurs Talibans ?
Si la communauté internationale n'offre pas aux Afghans les institutions leur permettant d'assurer la sécurité de leur pays, elle sera condamnée à y demeurer. Nous devons donner à l'Afghanistan les instruments, et notamment une police, une justice et une armée, ce qui veut dire les former. Nous venons de leur confier, il y a quelques jours, le Nord de la région de Kaboul après le centre de la ville, preuve que les efforts que nous effectuons commencent à porter leurs fruits.
Irez-vous rendre visite aux chasseurs ?
Je suis déjà allé en Afghanistan une demi-douzaine de fois et je compte m'y rendre en décembre avec mon collègue allemand. J'aurai donc l'occasion de les rencontrer.
Par qui seront-ils relevés dans six mois ?
Je ne peux pas vous le dire à ce stade, mais une chose est certaine : ils seront relevés par des soldats d'un très haut niveau opérationnel, tout comme le sont les chasseurs du 27.
Quels enseignements l'Armée a-t-elle retiré de l'embuscade du 18 août qui avait entraîné la mort de dix soldats français ?
Nous avons envoyé des moyens d'observation complémentaires mais ils ne nous permettront jamais d'atteindre le risque zéro. Car le risque zéro n'existe pas pour des opérations militaires et nos soldats le savent bien. Les Américains, qui ont des moyens technologiques très importants, ont subi des pertes bien plus grandes que les nôtres. Cela dit, il faut que nos chasseurs connaissent parfaitement le terrain. C'est pour cette raison qu'ils partent six mois.
La dernière question sera d'ordre de politique intérieure. Vous allez voir le maire d'Annecy, Jean-Luc Rigaut, qui appartient au Nouveau Centre dont vous êtes le fondateur. Quel est le poids de votre parti en Rhône-Alpes et en Haute-Savoie ?
Cette région, d'une vieille tradition centriste, a souffert plus que d'autres de l'éclatement de l'UDF. Nous avons beaucoup de choses à reconstruire ; et de belles espérances avec des hommes tels que Jean-Luc Rigaut ou Jean-Paul Amoudry.
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 24 octobre 2008