Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la nécessité d'une refondation du système financier international, Québec le 19 octobre 2008.

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Circonstance : 12e sommet de la francophonie, à Québec du 17 au 19 octobre 2008

Texte intégral

Prises de parole du Premier ministre
M. François FILLON
lors de la Conférence de presse au Sommet de la Francophonie
à Québec
Première prise de parole
Le Canada et le Québec, ont été à la hauteur de l'organisation d'un des plus beaux évènements que la francophonie ait organisé. Mais c'est aussi un sommet qui marquera, en raison des décisions qui ont été prises. Je veux simplement, à ma place, me féliciter de l'appui du sommet de la Francophonie à l'initiative de la France, soutenue par l'Union européenne, d'organiser un sommet mondial pour refonder le système financier international et pour repenser la gouvernance mondiale. La crise que nous traversons est une crise de la globalisation. La globalisation nécessite que l'on mette en place des institutions, en terme de gouvernance, qui y soient adaptées et d'une certaine façon, l'initiative du président de la République française de demander la refondation de la gouvernance mondiale répond bien aux valeurs qui sont celles de la francophonie et que nous mettons en oeuvre depuis déjà longtemps à l'intérieur de ce qui est sans doute le premier forum Nord-Sud. Je me félicite de l'accord du Président des Etats-Unis d'organiser dans les meilleurs délais ces rencontres, qui vont permettre de répondre à des questions vitales, à des questions essentielles sur lesquelles les citoyens du monde entier attendent des réponses. Je voudrais aussi me réjouir que nous ayons enfin trouvé la solution permettant de mettre à la disposition de la francophonie les lieux qui sont à la hauteur de ses ambitions. Je voudrais féliciter le Président Diouf qui incarne avec beaucoup de brio, avec beaucoup de sagesse, avec beaucoup de talent, la problématique de la francophonie, l'image de la francophonie et, enfin, je voudrais féliciter Madagascar qui va accueillir le sommet de 2010.
Deuxième prise de parole
J'entends, depuis quelques instants, parler de protectionnisme, de réglementation, comme si l'initiative, au fond, que nous avons prise visait à aller dans ce sens. C'est tout le contraire. C'est tout le contraire. Personne ne veut des règlementations supplémentaires, personne ne veut mettre en place un protectionnisme. Ce que l'on veut, simplement, c'est une régulation du système financier, qui soit cohérente et harmonieuse sur l'ensemble des territoires de la planète. Aujourd'hui, il y a des institutions financières qui échappent à la régulation. Certaines banques d'affaires ne sont pas régulées du tout. Aujourd'hui, il y a des paradis fiscaux, qui échappent à toute règle ; aujourd'hui, il y a des règles prudentielles qui ne sont pas les mêmes d'un Etat à l'autre, qui ne sont pas les mêmes d'un continent à l'autre, ce qui crée des déséquilibres et ce qui crée d'ailleurs des distorsions de concurrence. Donc, ce que nous voulons, c'est une harmonisation des règles, c'est une régulation qui soit plus efficace, qui soit plus transparente, mais en aucun cas un protectionnisme ou une réglementation qui viendrait freiner les échanges. Je pense qu'il faut tout de suite mettre un terme à ce débat, qui est au fond la meilleure façon d'essayer de tuer l'initiative qui a été prise par les Européens, et que je pourrais résumer en une seule formule : nous, nous ne voulons pas que ceux qui ont conduit le système financier international là où il en est aujourd'hui puissent recommencer demain à faire exactement la même chose, parce qu'on n'aura pas pris les décisions qui s'imposent pour aire en sorte que ce système soit plus efficace, plus juste et qu'en particulier, tous les pays du monde puissent, à travers une gouvernance mondiale plus équilibrée, s'exprimer sur la manière dont ce système doit être conduit.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 octobre 2008