Déclaration de M. Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'industrie et à la consommation, porte-parole du gouvernement, sur le pari gouvernemental sur l'innovation technologique et les pôles de compétitivité, Paris le 1er octobre 2008.

Prononcé le 1er octobre 2008

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Circonstance : 4 ème journée nationale des Pôles de compétitivité à Paris le 1er octobre 2008

Texte intégral

* L'innovation comme outil de notre politique industrielle
Je suis heureux de partager ce moment avec vous. Je vous remercie de votre présence, ainsi que les représentants des collectivités locales, qui accompagnent avec constance le développement des pôles de compétitivité depuis leur création en 2005.
Je suis très heureux de vous accueillir, vous qui représentez la France des entrepreneurs, la France qui innove, la France qui se bat au quotidien pour que notre pays prépare l'industrie et les services de demain. Vous qui savez ce que le travail collaboratif veut dire, je pense aux coopérations entre PME et grands-groupes, au travail public-privé et qui est si précieux dans le domaine de l'innovation et de la recherche.
Vous êtes l'un des principaux leviers de notre politique industrielle, comme le premier Ministre l'a d'ailleurs rappelé le 24 septembre à Grenoble. Vous êtes notre fer de lance industriel. Vous représentez une politique industrielle tout entière tournée vers l'innovation.
L'innovation, est devenue aujourd'hui la clé de la compétitivité des pays développés, face à l'arrivée de la concurrence des pays à bas coûts. Quand on ne peut pas se battre sur les prix, il faut se battre sur les idées !
Mais attention l'innovation ne se décrète pas. Elle résulte d'un ensemble de politiques qui vont aussi bien de la fiscalité, de l'aménagement du territoire, de l'éducation ou de la politique industrielle.
Par exemple la France a fait le choix de la stimuler par la fiscalité. Désormais La France a le meilleur dispositif de soutien à la recherche et développement des pays industrialisés. La prévision de coût du crédit impôt recherche (CIR) est de près de 3 milliards par an à terme.
L'innovation se développe également lorsqu'elle bénéficie d'un terreau propice à la création. Les pôles de compétitivité s'inscrivent parfaitement dans cette logique, en rassemblant sur un même territoire et autour de projets communs un ensemble d'entreprises, d'établissements d'enseignement et de centres de recherche, à la fois publics et privés.
* Bilan de la politique des pôles
La politique des pôles de compétitivité engagée par le gouvernement s'avère être, globalement, une très grande réussite pour notre économie et notre industrie. Elle a créé une dynamique forte et prometteuse en amenant grands groupes, PME, universités et centres de recherche à nouer des liens étroits et à développer des projets communs. Autour des PME, de tous âges, qui sont au coeur de cette stratégie, on voit désormais se développer une vraie logique de « clusters ». En écho aux attentes mieux exprimées des acteurs économiques, les pouvoirs publics, Etat, conseil régional et autres collectivités locales apportent des réponses actualisées, personnalisées et bien mieux coordonnées.
Puisqu'il faut du temps pour atteindre le meilleur niveau, le gouvernement a décidé de soutenir la deuxième étape de la politique des pôles pour une durée de trois ans : les pôles 2.0. Aujourd'hui la maturité et le degré de développement des pôles de compétitivité sont très variables. Chaque pôle a son histoire et son rythme de développement. Si certains pôles ont déjà une assez forte structure et visibilité, d'autres ont encore besoin d'approfondir leur stratégie et leurs axes de développement. Nous avons donc fait le choix, suite à l'évaluation, de leur fournir 'un accompagnement personnalisé afin de les aider à atteindre l'optimum économique.
* La deuxième phase de la politique des pôles
Cette journée se déroule dans un contexte économique particulier. La croissance économique est atone, la finance internationale traverse une période de crise et l'industrie traverse aussi une période particulièrement difficile. Pourtant l'histoire nous prouve que l'industrie est tombée plusieurs fois mais a toujours su se relever. Car l'industrie n'a jamais cessée d'innover. Quand la conjoncture va mal, ce n'est pas le moment de faire le dos ronds et d'attendre que les choses aillent mieux. Au contraire, il faut aller de l'avant, innover et investir pour l'avenir. C'est ce que fait le gouvernement en matière d'innovation.
C'est pourquoi malgré un budget difficile, le gouvernement a fait le choix stratégique de ne pas sacrifier l'avenir, mais plutôt d'investir dans l'avenir. Le projet de loi de finances pour 2009 reflète ce choix.
Ce choix se traduit notamment dans la phase 2.0 de la politique des pôles. Pour cette deuxième phase 2009-2011, le gouvernement a décidé de consacrer de nouveau 1,5 milliard d'euros pour les accompagner. Bien entendu les trois fondements de la politique de la phase 1 sont réaffirmés : priorité à la R&D collaborative, anticipation des besoins en compétences par les entreprises et les établissements de formation et coopération internationale.
Les points clefs de la deuxième phase on tété définis tant à partir des réussites les plus marquantes à l'international, en Scandinavie, aux Etats-Unis et en Asie, qu'à partir de nos débats depuis un an et bien sûr de l'évaluation conduite.
Les pôles 2.0, consiste bien entendu à faciliter et resserrer les liens entres partenaires, de la start-up au capital risqueur, de l'inventeur au client, à enrichir ce bouillon de talents, d'idées et de projets. J'en retiens pour ma part trois priorités :
La première priorité est d'accroître l'accompagnement des PME dans leur croissance. Chaque pôle doit trouver une réponse aux besoins locaux : incubateurs, pépinières, accompagnement par des entreprises plus importantes, mise en relation clients-fournisseurs dont les innovations se conjuguent, implication des consommateurs dans les phases de développement des produits, etc.
Des contacts plus étroits entre entrepreneurs et financeurs privés doivent être développés. La mesure ISF PME a connu un grand succès avec près d'un milliard d'euros investis dans les PME au premier semestre. Chaque pôle doit travailler avec des clubs de business angels de proximité, et le plus souvent avec des capitaux risqueurs, eux pas nécessairement locaux.
La deuxième priorité doit être de dépasser les simples projets de R&D collaborative pour mettre en place des outils partagés de développement : les plates formes ou les projets structurants, j'y reviendrai dans un instant.
Enfin partager une vision de long terme et préparer l'avenir. La feuille de route stratégique, la « roadmap », comme vous l'appelez, part d'une analyse des points forts des acteurs du pôle et des opportunités des futurs marchés. Elle priorise les actions à mener en commun pour positionner les entreprise en leader sur des créneaux porteurs.
Cette feuille de route à 3-5ans, doit s'accompagner d'une vision à plus long terme :
- comment organiser le développement géographique de l'agglomération pour renforcer l'esprit de communauté du pôle ;
- quelles infrastructures à partager, hôtel d'entreprises, pépinières, centres de conférences, plates formes technologiques ; et quelle proximité de celles-ci avec les entreprises, les laboratoires et les universités. Quelques projets de campus émergent déjà, c'est une initiative prometteuse à soutenir, et à développer, au moins sur les pôles les plus importants.
De nouveaux outils vont être mis en place pour permettre la concrétisation de cette génération 2.0 des pôles.
Tout d'abord j'ai beaucoup poussé pour qu'un dispositif permettant la création de plates-formes d'innovation et de services, au bénéfice des entreprises des pôles. Car j'ai la conviction que l'évolution des pôles de compétitivité vers de véritables écosystèmes d'innovation, sur le modèle des meilleurs exemples internationaux comme la Silicon Valley, ne pourra se faire qu'en mettant à disposition des entreprises des équipements collectifs propices à la création et au développement des entreprises innovantes (incubateurs, hôtels, centre de congrès, écoles, calculateurs, laboratoires collectifs...)
Ainsi nous avons décidé, conjointement avec la Caisse des dépôts, de lancer un appel à projets spécifique afin d'accélérer la mise en place de telles infrastructures d'innovation. Un montant de 35Meuros par an sera alloué par l'Etat à l'ensemble des projets qui seront retenus suite à des appels à projets. Le premier appel à projets de ce type, est lancé aujourd'hui même.
Par ailleurs, cette deuxième phase des pôles de compétitivité va aussi être marquée par la mise en place de contrats de performance pluriannuels entre l'Etat et chaque pôle. Ces contrats de performance signés par les pôles, l'Etat et les collectivités territoriales permettront de définir les objectifs stratégiques assortis d'indicateurs de performance pour chacun des pôles.
* Les pôles sont au coeur des problématiques de la politique industrielle du gouvernement
Je citerai en exemple deux secteurs prioritaires et d'actualité pour le gouvernement :
Le secteur automobile. Ce secteur est très concurrentiel et très mature. L'achat d'une voiture est directement lié au contexte macro-économique. Il doit faire face aujourd'hui à des difficultés. Conserver ses parts de marché est un combat de tous les jours. Une chose est sûre, pour être le meilleur il faut être créatif et innover. C'est ce à quoi les équipementiers et les constructeurs concourent tous les jours. Autour des pôles Mov'eo, Véhicule haut de gamme, automobile du Futur et Systematic, nombre d'entre vous sont là pour y contribuer et je les remercie.
Le secteur des technologies de l'environnement. J'ai une conviction forte : Aucun des enjeux environnementaux ne trouvera de réponse s'il n'y a pas des entreprises industrielles pour mettre au point et commercialiser des solutions. A cet égard le Premier Ministre a annoncé la semaine dernière le gel des labellisations des pôles de compétitivité sauf pour un secteur, celui des écotechnologies, c'est un signe qui ne trompe pas. L'intégration des enjeux et des technologies de l'environnement est un désormais considéré comme un levier stratégique pour gagner le point de croissance qui manque à la France. C'est le sens du Comité stratégique pour les éco-industries que j'ai installé avec Nathalie Kozucko-Morizet en juillet et dont les travaux conduiront à des décisions lors du salon Pollutech en décembre.
* Conclusion
L'avenir se construit aujourd'hui et l'avenir de l'industrie passera par l'innovation technologique et les pôles de compétitivité.
Je vous remercie pour votre participation active à la politique d'innovation de la France, je sais pouvoir compter sur vous, j'espère vous avoir convaincu de mon engagement total pour le développement de l'industrie et des pôles français et je forme le souhait que cette journée vous soit enrichissante et fructueuse.
Je vous remercie.
Source http://www.industrie.gouv.fr, le 15 octobre 2008