Texte intégral
La crise financière n'est-elle pas en train de relégitimer la doctrine sociale-démocrate...
C'est plus compliqué que ça. La crise relégitime moins la social-démocratie que la régulation. Or ce dernier concept n'est pas l'apanage des sociaux-démocrates. Les libéraux ne devraient pas oublier que le marché ne fonctionne que s'il est loyal et donc contrôlé. Il n'y a que l'Etat à pouvoir jouer ce rôle. L'absence d'Etat ce n'est pas le libéralisme, c'est l'anarchie.
Tout de même Nicolas Sarkozy reprend à son compte des idées clairement marquées à gauche comme le traitement social du chômage...
Il y a six mois, on l'accusait d'être ultralibéral. Aujourd'hui, on lui reproche d'être social-démocrate. La vérité, c'est qu'en période de crise, il n'y a pas de place pour l'idéologie. Il s'agit de mettre tout en oeuvre pour limiter l'impact de la crise sur les ménages et les entreprises. L'heure est au pragmatisme. Quand il y a le feu à la maison, on ne rationne pas l'eau.
Qui de Bertrand Delanoë, Martine Aubry ou Ségolène Royal serait l'opposant le plus coriace face à Nicolas Sarkozy ?
Le problème n'est pas de savoir lequel serait le plus coriace, mais bien lequel serait le plus utile à la France. J'ai le sentiment qu'aucun ne s'impose à la société française. Précisément en ce moment le débat interne au PS devrait être d'une grande richesse intellectuelle. Or, ce qui me frappe c'est sa vacuité. C'est navrant. Il est vrai que le PS n'a pas de chance puisque les sociaux-démocrates comme les libéraux sont en parfait accord avec la politique de Nicolas Sarkozy ; il est d'autant plus difficile pour l'opposition de construire un projet alternatif.
En invitant Nicolas Sarkozy à redevenir président en titre de l'UMP, ne craignez-vous pas de le gêner ?
Non. La France est la seule démocratie qui se pose la question de savoir si le chef de l'exécutif peut conserver ses liens partisans. Au Royaume-Uni, personne ne voit rien à redire à ce que Gordon Brown soit le Premier ministre et le chef du New Labour. En France, cette séparation est un principe gaullien qui a un demi-siècle. Depuis, le monde a changé. Il faut sortir de l'hypocrisie.
Nicolas Sarkozy est-il le seul à pouvoir mobiliser l'UMP et contrer efficacement la gauche ou est-ce pour faire taire d'autres ambitions internes ?
Je suis pour que Nicolas Sarkozy soit candidat au renouvellement de son mandat présidentiel. La logique, c'est donc qu'il assume officiellement le leadership du parti. Je ne crois d'ailleurs pas qu'il se satisfasse de la situation actuelle. La personnalité du secrétaire général de l'UMP importe peu : un autre serait dans la même situation et dans la même ambiguïté que moi. Pour être efficace, l'UMP a besoin d'un leader charismatique qui soit candidat à la mise en oeuvre de son projet. C'est bien le drame des socialistes : non seulement ils n'ont pas de projet mais ils n'ont personne pour incarner une ambition présidentielle, seule garante de la volonté politique de traduire les idées en actes. Comment voulez-vous qu'ils soient crédibles !
Recueilli par NATHALIE RAULIN
source http://www.u-m-p.org, le 5 novembre 2008
C'est plus compliqué que ça. La crise relégitime moins la social-démocratie que la régulation. Or ce dernier concept n'est pas l'apanage des sociaux-démocrates. Les libéraux ne devraient pas oublier que le marché ne fonctionne que s'il est loyal et donc contrôlé. Il n'y a que l'Etat à pouvoir jouer ce rôle. L'absence d'Etat ce n'est pas le libéralisme, c'est l'anarchie.
Tout de même Nicolas Sarkozy reprend à son compte des idées clairement marquées à gauche comme le traitement social du chômage...
Il y a six mois, on l'accusait d'être ultralibéral. Aujourd'hui, on lui reproche d'être social-démocrate. La vérité, c'est qu'en période de crise, il n'y a pas de place pour l'idéologie. Il s'agit de mettre tout en oeuvre pour limiter l'impact de la crise sur les ménages et les entreprises. L'heure est au pragmatisme. Quand il y a le feu à la maison, on ne rationne pas l'eau.
Qui de Bertrand Delanoë, Martine Aubry ou Ségolène Royal serait l'opposant le plus coriace face à Nicolas Sarkozy ?
Le problème n'est pas de savoir lequel serait le plus coriace, mais bien lequel serait le plus utile à la France. J'ai le sentiment qu'aucun ne s'impose à la société française. Précisément en ce moment le débat interne au PS devrait être d'une grande richesse intellectuelle. Or, ce qui me frappe c'est sa vacuité. C'est navrant. Il est vrai que le PS n'a pas de chance puisque les sociaux-démocrates comme les libéraux sont en parfait accord avec la politique de Nicolas Sarkozy ; il est d'autant plus difficile pour l'opposition de construire un projet alternatif.
En invitant Nicolas Sarkozy à redevenir président en titre de l'UMP, ne craignez-vous pas de le gêner ?
Non. La France est la seule démocratie qui se pose la question de savoir si le chef de l'exécutif peut conserver ses liens partisans. Au Royaume-Uni, personne ne voit rien à redire à ce que Gordon Brown soit le Premier ministre et le chef du New Labour. En France, cette séparation est un principe gaullien qui a un demi-siècle. Depuis, le monde a changé. Il faut sortir de l'hypocrisie.
Nicolas Sarkozy est-il le seul à pouvoir mobiliser l'UMP et contrer efficacement la gauche ou est-ce pour faire taire d'autres ambitions internes ?
Je suis pour que Nicolas Sarkozy soit candidat au renouvellement de son mandat présidentiel. La logique, c'est donc qu'il assume officiellement le leadership du parti. Je ne crois d'ailleurs pas qu'il se satisfasse de la situation actuelle. La personnalité du secrétaire général de l'UMP importe peu : un autre serait dans la même situation et dans la même ambiguïté que moi. Pour être efficace, l'UMP a besoin d'un leader charismatique qui soit candidat à la mise en oeuvre de son projet. C'est bien le drame des socialistes : non seulement ils n'ont pas de projet mais ils n'ont personne pour incarner une ambition présidentielle, seule garante de la volonté politique de traduire les idées en actes. Comment voulez-vous qu'ils soient crédibles !
Recueilli par NATHALIE RAULIN
source http://www.u-m-p.org, le 5 novembre 2008