Déclaration de M. Georges Sarre, président délégué du Mouvement des citoyens, sur la préparation des élections municipales 2001, et notamment sur son soutien à la candidature de François Simon, Toulouse, le 2 mars 2001.

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Camarades, Citoyens et Amis,
En chemin vers Toulouse, je ne pouvais m'empêcher de penser à Paris. Oh, j'aurais pu dire : en chemin vers Lourdes, je ne pouvais m'empêcher de penser à Epinal. Cette similitude de situation m'interroge, me trouble aussi, et même m'inquiète. Peut-être suis-je un républicain exigeant ? Mais, il me semble néanmoins que le maire est au service de ses concitoyens.
Eh bien, aujourd'hui, la droite expédie ce principe premier de la démocratie au musée des archaïsmes. A Toulouse, à Paris, en d'autres lieux aussi - n'oublions pas le parcours solitaire et chaotique de Charles Millon, de Belley à Lyon - ces candidats gyrovagues de la droite briguent les mairies des grandes villes pour s'en servir, pour servir leur carrière, pour que ces mairies soient au service de leur destin qu'ils croient, en toute modestie bien sûr, national. A Toulouse, à Paris, les deux Philippe briguent la mairie pour en faire le socle, le piédestal de leurs ambitions présidentielles, de leur aventure personnelle. Ils se voient déjà en haut de l'affiche. Ils sont prêts à faire don de leur personne à la France. Ils se rêvent en Président de la République.
Certes, il y a un précédent célèbre. Une réussite personnelle qui n'est cependant pas une réussite pour la ville. A Paris, nous avons connu un maire accouru de Corrèze. Il y avait même gardé, comme pied à terre, sa circonscription législative. Mais, au fond, peut-être était-il visionnaire ? Peut-être se voulait-il un précurseur dans le non-cumul des mandats ? Peut-être souhaitait-il que personne ne puisse dire : député-maire de Paris ?
Nous savons bien pourquoi il a voulu être maire de Paris. Il fit de l'Hôtel de Ville une base arrière pour un autre combat, pour un autre objectif, pour son objectif élyséen. Je peux vous le dire d'expérience : cette situation n'est pas bonne. Elle suscite dérives et turpitudes. Elles sont désormais trop connues pour que je m'y attarde. Surtout, pendant que l'intéressé bat la campagne, la ville est délaissée. Le maire a déjà trop la tête tendue vers d'autres étoiles.
Regardez Paris, sans l'Etat, depuis un quart de siècle, il n'y aurait rien eu de fait. Les grands travaux sont l'uvre de François Mitterrand. Le Maire de Paris, devenu par la suite son successeur, n'y est pour rien. Ne croyez pas pour autant que les Parisiens aient bénéficié de plus d'équipements de proximité. Au contraire, Paris est sûrement l'une des villes de France qui en est le plus dépourvu. Crèches, installations sportives, centres culturels, maisons de quartier y manquent cruellement.
Oui, il faut beaucoup de cynisme pour solliciter ainsi les suffrages des Toulousains ou des Parisiens en affichant aussi ouvertement qu'ils ne sont que des marchepieds. C'est instrumentaliser les électeurs. C'est une ignorance des principes élémentaires de la démocratie. C'est transformer la vie politique en foire aux vanités, au risque d'en dégoûter nos concitoyens. Les élections municipales sont un grand rendez-vous politique et démocratique.
Or, Philippe DOUSTE-BLAZY n'a même pas eu la pudeur de démissionner de son mandat de député des Hautes Pyrénées. Il se garde une assurance tous risques au cas où le parachute de Dominique BAUDIS ne s'ouvrirait pas aussi facilement que le prédisaient oracles, sondages et observateurs, il y a encore quelques mois. S'il se faisait " lourder " par les Toulousains, il pense pouvoir toujours compter sur une hypothétique résurrection dans les Hautes Pyrénées en juin 2002.
Philippe DOUSTE-BLAZY espère entrer au capitole. Alors, dans la foulée, peut-être démissionnera-t-il de son mandat de député de Lourdes. Il voudra alors s'approprier cette seule circonscription que son camp a conservée en Haute Garonne après l'hasardeuse expérimentation que fut la dissolution chiraquienne. Il paraît que cette circonscription de centre-ville serait en béton armé pour la droite. Mais, à Toulouse comme ailleurs, les édifices les plus liés au conservatisme sont en train de se lézarder à grande vitesse. Ici, le mérite en revient incontestablement à François Simon et à son équipe. Ils sont allés à la rencontre des Toulousaines et des Toulousains. Ils connaissent leur ville. Ils ne l'ont pas quittée pour aller chercher ailleurs fortune ou plutôt miracle politique.
On sent combien croît à Toulouse l'audience de la gauche. Il faut, certes encore accomplir un effort pour arriver en tête, et ensuite créer une belle, une magnifique surprise.
Dans cette campagne, le Mouvement des Citoyens apporte ses idées, sa cohérence, son énergie. Notre boussole c'est la République, c'est à dire le combat toujours recommencé pour l'égalité, égalité de tous devant la loi, l'égalité des chances, l'égalité dans la vie économique, l'égalité dans la société, l'égalité devant les services publics avec la décentralisation respectueuse d'un aménagement du territoire équilibré et de la cohésion nationale et sociale.
Oui, la décentralisation est nécessaire. Mais, la décentralisation ne peut recouvrir n'importe quoi. Depuis quelques temps, Jacques Chirac a donné le signal d'un concours de démagogie sur ce thème, comme si la décentralisation était le sésame à toutes les difficultés que nous rencontrons, aux problèmes de la France. Mais, il pense ainsi pouvoir capter des voix.
Oui, la décentralisation est nécessaire. Mais, la décentralisation doit se faire dans le respect de la loi républicaine et de la solidarité nationale. La vie communale, la décentralisation et les pouvoirs qu'elles confèrent aux élus des collectivités territoriales sont les écoles de la responsabilité. Et c'est pourquoi, les élus doivent être vertueux. Il y a toujours un risque de dérive. Contrairement à un cliché trop répandu, ce risque existe dans tout le pays.
Il faut que chaque décision puisse être prise au niveau qui convient. La décentralisation ne se confond pas avec un éparpillement et une dilution de la responsabilité. Au contraire, la décentralisation peut exiger des regroupements. Les communautés de communes ou d'agglomérations participent ainsi pleinement de la décentralisation. Le paradoxe est apparent, mais le principe est cohérent.
Sur cette base, la décentralisation doit donc être poussée le plus loin possible, jusqu'à atteindre un mur infranchissable, jusqu'à se cogner à une barrière ultime, jusqu'à s'arrêter devant une frontière absolue. Au-delà, le ticket républicain n'est plus valable. Oui l'égalité des citoyens devant la loi ne peut pas être mise en cause. Deuxième terme de notre devise nationale, l'égalité est le principe moteur de la République. Elle est en quelque sorte le carburant qui permet à la République d'être et de devenir plus encore sociale. L'égalité fonde la République sociale. La France a aussi besoin d'une grande politique d'équipements et d'aménagement pour valoriser son espace national. Il faut enfin éviter que certaines régions ne s'enfoncent dans le sous-développement.
Dans la République, les égoïsmes de clocher sont bannis, les aspirations au développement légitimes. Les replis sur des identités plus ou moins reconstituées ne sont plus de saison, c'est de la ringardise.
La République, enfin est incompatible avec toute succession dynastique. A Toulouse, on n'en finit pas avec la famille Baudis. Après le grand-père, après le père, voilà la troisième génération qui pointe son ambition, pour l'instant, il est vrai, encore modeste. Mais, la dynastie fait désormais dans la modernité, parité oblige, elle a aboli la loi salique : elle présente la fille.
Les 11 et 18 mars prochains, à Toulouse, à Paris, ailleurs aussi, notamment à Lyon, la gauche peut l'emporter. La gauche véritable, celle qui s'inscrit à la fois dans une tradition au moins biséculaire et dans une perspective de progrès. Une gauche laïque, qui sait séparer l'espace du débat public de la sphère de la vie privée, en excluant tout communautarisme.
La victoire est à portée de mains, ce serait la victoire de la conviction contre l'opportunisme, ce serait la victoire du rassemblement contre les petits arrangements, ce serait la victoire du politique contre les politiciens, ce serait bon pour Toulouse, ce serait bon pour la France.
(source http://www.mdc-france.org, le 13 mars 2001)