Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors de la conférence de presse conjointe avec M. Ahmed Aboul Gheit, ministre égyptien des affaires étrangères, sur les questions régionales, notamment la situation en Afghanistan et au Liban, et sur le rôle de la France en Palestine, Le Caire le 11 octobre 2008.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner en Egypte les 10 et 11 octobre 2008

Texte intégral

Nous espérons que l'Egypte, ce pays ami que je visite en ce moment, comptera au plus vite parmi les pays du G14. C'est notre souhait et j'espère par ailleurs que le G8 s'élargira rapidement, à l'Egypte en particulier.
Vous avez constaté l'ampleur des discussions. Je suis content de m'être entretenu aussi longtemps avec le président Moubarak, qui se rendra en France le 28 octobre prochain. Nous l'attendons avec beaucoup de plaisir.
Je n'ai rien d'autre à ajouter à ce qu'a dit mon ami le ministre. Je répondrai volontiers à vos questions.
Q - (question inaudible à propos de l'Afghanistan).
Deuxième question : comment expliquer la présence de troupes syriennes à la frontière du Liban ?
R - Concernant l'Afghanistan, nous avons simplement évoqué la nécessité de poursuivre le dialogue avec les pays qui entourent l'Afghanistan. Il se trouve que cinq d'entre eux étaient à Paris pour la conférence entre l'Union européenne et les pays de l'Asie centrale. Parallèlement, nous poursuivons les discussions sur la stratégie à appliquer par les pays européens dont vingt-cinq d'entre eux participent des forces de l'OTAN. Cette stratégie, néanmoins, ne peut pas être seulement militaire. Rien n'est encore décidé mais nous souhaitons, en effet, que tout le monde se parle, en particulier le Pakistan et l'Iran qui sont deux pays importants de la région.
Pour ce qui concerne le Liban, nous avons en effet constaté que des forces syriennes étaient massées à la frontière libanaise, ce qui a inquiété nos amis libanais. Nous ne connaissons pas les raisons de ces mouvements de troupes. Nous ne savons pas s'il s'agit de précautions prises par les autorités syriennes face aux deux camps palestiniens existant dans cette région. En revanche, nous attendons avec satisfaction l'échange d'ambassadeurs entre la Syrie et le Liban avant la fin de l'année.
Q - Quelle est la date de la réunion du Quartet ?
R - Je vous avais annoncé le 22 novembre, mais M. Aboul Gheit vient de dire qu'elle aura peut-être lieu avant. Il va certainement se réunir en Egypte.
Q - (Question inaudible sur le rôle de la Présidence française de l'Union européenne)
R- Nous essayons de jouer un rôle en tant que Présidence du Conseil de l'Union européenne. Hier, avec quelques amis, nous étions en Géorgie pour une très longue et difficile médiation. Nous avons réussi, puisque la prochaine rencontre, sur cette question en particulier, aura lieu à Genève le 15 octobre. Nous jouons donc un rôle en tant que Présidence de l'Union européenne.
Q - On a lu dans les journaux qu'il y aurait une médiation française pour rapprocher les positions de l'Arabie saoudite et de la Syrie?
R - C'était dans les journaux ? C'est sûrement vrai !
Q - Quel rôle joue la France en Palestine ?
R - La France joue un rôle de soutien. Nous avons participé au processus d'Annapolis. Non seulement nous étions présents à Annapolis, en demandant que l'indispensable Etat palestinien soit créé, mais nous avons aussi organisé la conférence de Paris aussitôt après. La conférence de Paris était intitulée : "Pour l'Etat palestinien" : pour la première fois, ce n'était pas "Pour les Territoires palestiniens" mais "Pour l'Etat palestinien". Nous poursuivons cet effort, comme vient de le dire le ministre égyptien des Affaires étrangères. J'étais il y a quelques jours en Palestine, avec les dirigeants palestiniens, et ensuite en Israël. Nous continuons à croire qu'il faut absolument maintenir la pression même si je ne crois pas - j'espère me tromper - que quelque chose puisse être signé avant la fin de l'année ; il faudra poursuivre nos efforts par la suite.
Notre rôle au sein du Quartet est de faire en sorte que l'argent récolté à la conférence de Paris serve à des projets et que la situation s'améliore. A cet égard, je peux vous dire que tout a changé à Jénine, pas seulement de mon point de vue d'observateur mais aussi du point de vue des Palestiniens et même de celui des Israéliens. Quelque chose se passe à Jénine. Il n'y a plus de check-points entre Jénine et Naplouse, par exemple. Ce n'est pas grand chose mais c'est très important symboliquement et dans la pratique pour les Palestiniens.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 octobre 2008