Interview de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité, à BFM TV le 31 octobre 2008, sur sa carrière politique et l'UMP.

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Média : BFM TV

Texte intégral

KARL ZERO
Ne touchez pas à votre poste de télévision ; vous êtes bien sur BFM TV et je vous le prouve, en compagnie de Xavier BERTRAND. Bonsoir.
XAVIER BERTRAND
Bonsoir Karl !
KARL ZERO
Alors Xavier, comme tu es un vrai poids lourd du gouvernement - n'y vois aucune attaque personnelle d'autant que je trouve que tu as retrouvé une ligne absolument admirable... enfin semi-admirable...
XAVIER BERTRAND
Je me disais bien...
KARL ZERO
Et que tu es surtout un fin politique...
XAVIER BERTRAND
Tu te rattrapes...
KARL ZERO
J'ai décidé de façon unilatérale mais tu en seras forcément d'accord, de traiter cette émission... d'abord de te garder pendant les deux parties de l'émission et de la traiter d'une façon méthodique - tu as un esprit méthodique - en deux parties : toi et puis ton œuvre. Mais on peut commencer par ton œuvre et toi. Ou l'actualité et toi, enfin... choisis !
XAVIER BERTRAND
Fais comme tu le sens !
KARL ZERO
Comme je le sens ?
XAVIER BERTRAND
Oui, je pense même que tu as déjà une idée en tête.
KARL ZERO
Non parce que regarde, j'avais préparé d'un côté toi et de l'autre côté l'actualité, donc tu choisis... mais c'est mieux toi...
XAVIER BERTRAND
Tu vois que tu avais une idée en tête !
KARL ZERO
Quand on te connaîtra mieux, on comprendra mieux pourquoi tu réponds ceci ou cela aux questions. Donc on commence par toi. Xavier, en 1981, tu as seize ans...
XAVIER BERTRAND
Jusqu'ici tout va bien...
KARL ZERO
Et tu rejoins le RPR, tu deviens chiraquien. Chiraquien à seize ans, ça c'est ébouriffant pour moi, ça veut dire que tu n'as jamais été jeune parce qu'on est à peu près de la même génération, moi en 81, je fume de la drogue, je suis punk... enfin jamais je ne deviendrais chiraquien...
XAVIER BERTRAND
Et tu étais pour qui en 81?
KARL ZERO
Mais je n'étais pour personne ! Non j'ai voté MITTERRAND d'ailleurs en 81 mais si tu veux, je ne milite pas au Parti socialiste. Je vote MITTERRAND juste pour faire chier...
XAVIER BERTRAND
Moi aussi je n'ai jamais milité au Parti socialiste si c'est ce que tu voulais savoir !
KARL ZERO
Non mais toi... on ne rejoint pas impunément CHIRAC à seize ans ! Ca veut dire que tu es quelqu'un de très sérieux ! Tu n'es pas un jeune !
XAVIER BERTRAND
On peut être sérieux sans se prendre trop au sérieux non plus. Pourquoi CHIRAC en 81 ?
KARL ZERO
Très drôle d'idée... d'abord il a perdu, donc ce n'est pas un pari d'avenir... ah ! Tu es comme COPE qui se propulse en 2017 ! Toi, tu te propulses et à ce moment-là, tu te dis « un jour ou l'autre, CHIRAC passera »...
XAVIER BERTRAND
Moi j'étais pour CHIRAC, je ne pensais pas pour moi, je pensais pour lui. Non, très sérieusement, CHIRAC 81, il y a vraiment un dynamisme, il y a un peps dans sa campagne et tu vois bien qu'il y a GISCARD, tu as MITTERRAND et cette logique d'un troisième homme, eh bien moi elle me plaît bien à l'époque. Et puis il y a des idées qui décoiffent ; il y a un peu... rappelle-toi un peu la synthèse, il avait dit quelques années avant, gaullisme - libéralisme... tu vois, un mélange des deux, libéral et social. Et je crois toujours à ça. Et je trouve que CHIRAC présentait cette synthèse. Je t'ai convaincu, ça me fait plaisir.
KARL ZERO
Tu ne m'as pas convaincu, moi j'ai fait le film sur CHIRAC, donc je revois les images de 81, quand tu me dis qu'il y avait...
XAVIER BERTRAND
Ah ! Il y avait quand même un vrai dynamisme par rapport aux autres campagnes ! A l'époque, tu n'as pas la force tranquille, ce n'est pas justement ce que fait GISCARD. C'est autre chose.
KARL ZERO
En 92, tu...
XAVIER BERTRAND
Je ne retente pas ma chance pour te convaincre ?
KARL ZERO
Non, non, non... mais l'important, c'est que tu répondes, après tout, moi je pose des questions, tu réponds, c'est le jeu ; c'est comme ça depuis que le monde est monde. Alors en 92, tu es pour le non à Maastricht...
XAVIER BERTRAND
Oui, oui.
KARL ZERO
Et en 2005, tu milites pour le « oui à la Constitution ». Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ? Est-ce que tu as vieilli, tu t'es embourgeoisé ?... ou alors des amis des Finances t'ont parlé en t'expliquant : c'est meilleur pour l'avenir du monde, l'avenir de l'Europe ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
XAVIER BERTRAND
Bon, je vais déjà te dire ce que je ne voulais pas en 92 : je ne voulais pas une Europe des technos. Et franchement, on en prenait bien le chemin parce que ce qui s'était passé quelques années avant, Fontainebleau, la construction européenne... Et en fin de compte, les politiques ne pesaient rien, les citoyens n'avaient rien à dire sur l'Europe et à partir du « non à Maastricht » et du score, ça a vraiment failli passer d'un cheveu, tu t'aperçois que l'Europe se fait différemment ensuite. Les politiques ont leur mot à dire, les gens parlent de l'Europe, ça se construit complètement différemment et d'ailleurs je vais te dire une chose : à l'époque, j'étais contre l'Europe des technos, je n'étais pas contre l'Europe de l'euro. Et heureusement qu'on a l'euro. Parce que quand tu vois la situation aujourd'hui, crise financière, nous y sommes, mais on n'a pas de crise monétaire. Si tu n'avais pas l'euro aujourd'hui, tous les jours, la BANQUE DE FRANCE sortirait des milliards de francs tout simplement pour soutenir la monnaie en attenant le moment inéluctable où tu dévaluerais. Bon. Eh bien si on n'a pas aujourd'hui de crise monétaire, merci l'euro, merci l'Europe. Donc voilà pourquoi moi j'étais contre une certaine façon de faire l'Europe mais par contre l'Europe et en 2005, il n'y avait pas photo : il n'y avait pas de plan B, il n'y avait pas d'autres solutions et puis en plus je trouvais que ça avait du sens que de donner une vision politique à l'Europe. Et juste un dernier point, j'ai connu en tant que ministre, depuis 2004 l'Europe ; on a besoin d'une Europe politique. Tu as besoin d'avoir une présidence qui ne change pas tous les six mois ; tu as besoin d'avoir aussi quelqu'un qui parle au nom de l'Europe en matière de politique étrangère ; tout cela, c'était indispensable.
KARL ZERO
Tu ne regrettes pas ce que disaient à l'époque PASQUA et SEGUIN : il faudrait mieux d'abord faire une Europe politique ?!
XAVIER BERTRAND
C'est ce qu'on a fait quand même, c'est ce qu'on a fait...
KARL ZERO
On a bien du mal...
XAVIER BERTRAND
... avec une étape en 2005 et avec le Traité de Lisbonne. Non, non, franchement.
KARL ZERO
Quand tu vois... là, au début de la crise financière... s'il y avait eu une Europe politique, il n'y aurait pas eu ce cafouillage, on a perdu quand même une ou deux semaines à ne pas très bien se décider à cause de ça...
XAVIER BERTRAND
Oui mais il y a aussi un autre aspect, c'est que les politiques doivent également parler clairement et franchement de l'Europe. Quand tu as quelque chose qui cloche, qu'est-ce qu'on a entendu pendant des années ? C'est de la faute à l'Europe ! Et quand quelque chose était bien, c'est grâce aux politiques ! Moi j'aimerais bien qu'on dise un peu moins « à cause de l'Europe » et qu'on dise un peu plus « grâce à l'Europe ». Et tu prends notamment en matière sociale, une directive vient de passer un texte européen sur le travail intérimaire qui dit que pour plus de six millions d'Européens qui sont des travailleurs intérimaires, tu gagneras pareil au premier jour, que tu sois intérimaire ou en contrat à durée indéterminée. Ca, c'est grâce à l'Europe. Ca c'est une Europe qui protège. Et en matière de crise financière, si les Européens n'avaient pas bossé ensemble et parlé ensemble, très franchement, on serait dans une vraie catastrophe aujourd'hui.
KARL ZERO
Alors Xavier, à tes débuts dans cette jungle qu'est la vie politique, tu te fais remarquer par ton côté un peu provincial, génération terrain on appelle ça ; donc tu n'as pas fait l'ENA, tu n'as même pas fait Sciences-Po...
XAVIER BERTRAND
Même pas de cabinet ministériel !
KARL ZERO
Voilà, les technos te regardent d'un sale œil. Tu viens de ta province pas très lointaine mais quand même lointaine, tu portes des chaussures MEPHISTO...
XAVIER BERTRAND
Ah non ! Ah non ! Ah non ! Jamais MEPHISTO... ah non, non...
KARL ZERO
J'ai lu ça dans la biographie qui va sortir...
XAVIER BERTRAND
Ah bon !
KARL ZERO
Oui, il paraît qu'on t'appelait "floc-floc" parce que quand tu marchais, ça faisait "floc- floc-floc" et les mecs disaient "ah là là ! voilà le bouseux qui arrive ! ».
XAVIER BERTRAND
Ecoute, ça, je ne l'avais jamais entendu ! Mais pour les MEPHISTO, je vais te dire un truc, je trouve qu'en plus elles sont de mieux en mieux, les MEPHISTO, mais je n'en ai jamais eues !
KARL ZERO
Tu n'en as jamais eues ?
XAVIER BERTRAND
Ah non...
KARL ZERO
Donc ce côté préretraité qui porte des MEPHISTO, ce n'est pas vrai !!
XAVIER BERTRAND
Il y a ça dans le bouquin ?
KARL ZERO
Il y a ça dans le bouquin oui...
XAVIER BERTRAND
Eh bien, il commence bien le bouquin ! En matière de contre-vérités, il commence bien le bouquin.
KARL ZERO
Ce n'est pas vrai alors ?
XAVIER BERTRAND
...
KARL ZERO
Alors comment vis tu le fait d'être un mec qui arrive de sa province, qui n'est pas du sérail ? Parce que tu sais bien comment ils sont, les mecs qui ont fait l'ENA, c'est des grosses têtes, ils sont carrés et ils se sont déjà partagé le gâteau avant même d'être vraiment aux affaires. Toi tu arrives, tu es un petit peu inattendu dans le paysage...
XAVIER BERTRAND
C'est le moins qu'on puisse dire...
KARL ZERO
Alors comment tu le vis, ça ?
XAVIER BERTRAND
Tu veux que je te dise ? Je sens toujours ce même regard de la part de certains...
KARL ZERO
Ah ouais !
XAVIER BERTRAND
Ah oui, toujours.
KARL ZERO
Genre c'est un rural, le pauvre...
XAVIER BERTRAND
Oui, je pense qu'il y a peut-être d'une certaine façon l'aristocratie de la politique qui est habituée... je n'en fais pas partie... tu veux que je te dise ? Ca ne me dérange pas...
KARL ZERO
Mais en ce sens tu es donc un vrai républicain ! Tu es un gars qui sort du peuple !
XAVIER BERTRAND
Oui mais c'est aussi pour cela que je ne rentre pas vraiment dans les cases, tu l'as dit : provincial, ni Sciences-Po, ni l'ENA, ni cabinet ministériel, oui et alors ? Moi je suis, c'est vrai, élu local, je suis toujours adjoint au maire chez moi à Saint-Quentin et je sais également que quand tu vas sur le terrain, les gens ne te mentent pas et qu'il vaut mieux aller parfois au contact même si c'est chaud, plutôt que de rester bien au chaud dans ton bureau ou au ministère. Et ça je ne changerai pas mes habitudes. Mais le terrain t'apprend aussi une chose, c'est que je n'étais pas vraiment programmé, c'est le moins qu'on puisse dire, tu l'as démontré toi-même, pour être ministre, mais je sais une chose : on est plutôt longtemps ancien ministre que ministre et il faut toujours garder la tête froide par rapport à l'exercice des responsabilités ministérielles. La politique, ça sert à faire bouger les choses. Toi, je le sais, tu es fumeur, tu dois certainement m'en vouloir parce que j'ai interdit de fumer dans les lieux publics...
KARL ZERO
Je te hais...
XAVIER BERTRAND
Tu me le redis avec ce sourire-là...
KARL ZERO
Je te hais...
XAVIER BERTRAND
D'accord mais avec ce sourire-là, ça me va mieux quand même. Eh bien la politique sert à cela et ça, je trouve ça passionnant, plus que les responsabilités, le statut, c'est ce que l'on peut faire en politique qui est passionnant.
KARL ZERO
Alors tu es peut-être desservi par ce look ou par ce côté...
XAVIER BERTRAND
Décidément...
KARL ZERO
Mais par contre, il y a un truc... il y a un truc, c'est que tout le monde dit « il est tranquille, souriant, bien dans sa peau, un peu boy-scout, détendu, toujours prêt à rendre service, le mec sympa »... ça doit agacer mais en même temps, c'est vrai que c'est ça qui va beaucoup t'aider. Et puis tu es un bosseur, tu es méthodique, on l'a dit au début. Alors est-ce que c'est un rôle de composition ou est-ce que c'est ta vraie nature ?
XAVIER BERTRAND
Je crois qu'en fin de compte, il faut être comme on est, être soi, ça plaît ou ça ne plaît pas mais il ne faut pas chercher à jouer un rôle et encore moins un rôle de composition. Et je crois que ce qui est important, c'est d'être libéré de ce souci de paraître, il faut tout simplement faire les choses comme on le sent.
KARL ZERO
Oui mais quand tu dis ça, ça doit agacer horriblement beaucoup de gens dans ce milieu-là... parce qu'ils passent leur temps à essayer de faire un numéro !
XAVIER BERTRAND
Oui mais je pense comme je te l'ai dit, que je ne rentre pas dans les cases et que je ne rentrerai pas dans les cases habituelles.
KARL ZERO
Un côté force tranquille presque mitterrandien... Alors ensuite on apprend que tu es franc-maçon, d'ailleurs tu ne le nies pas du tout ; tu es un membre on va dire dormant du Grand Orient puisque tu ne participes plus avec les frangins aux réunions, tu es retiré un peu des affaires mais tu es toujours un peu là-bas et en même temps tu es croyant. Comment peut-on être à la fois croyant et franc-maçon ?
XAVIER BERTRAND
Aucune contradiction.
KARL ZERO
Je croyais que quand on était franc-maçon, on n'était pas croyant !
XAVIER BERTRAND
Ca s'appelle une idée reçue.
KARL ZERO
Oui.
XAVIER BERTRAND
Voilà.
KARL ZERO
Oui mais il y en a des idées reçues !
XAVIER BERTRAND
Une idée reçue n'est pas forcément la vérité.
KARL ZERO
Et cette appartenance au Grand Orient, est-ce qu'elle t'a aidée dans la politique ?
XAVIER BERTRAND
Non j'ai tout dit une fois sur le sujet. On m'a posé la question...
KARL ZERO
Ce n'est pas secret en même temps... ce n'est pas un truc... ce n'est pas la main occulte...
XAVIER BERTRAND
Non, ça n'a rien de secret mais j'estime aussi que quand on exerce des responsabilités ministérielles, des responsabilités politiques, tu ne dois pas mentir et tu dois dire les choses. On m'a posé la question, j'ai décidé d'y répondre mais une chose est certaine, c'est que tout ceci n'est pas vraiment arrivé par hasard. A l'époque, quand c'est sorti, certains se disaient peut-être que je tournerai autour du pot et que je ne serai pas clair. Non, tu dois dire la vérité, donc j'ai tout dit lors de cette interview qui était une interview qui est parue dans L'EXPRESS, on ne va pas y revenir, mais une chose est certaine, c'est que je pense que sur tous ces sujets-là, quand tu es un responsable public, politique, tu dois assumer tes choix, tu dois assumer ce que tu es et puis encore une fois, ça plaît ou ça ne plaît pas mais tu dois les assumer.
KARL ZERO
Ca c'est ton côté qui est très proche de SARKO. SARKO, il dit les choses comme elles sont !
XAVIER BERTRAND
Je pense. Qu'on ne nous dise pas que toute vérité n'est pas bonne ça dire ; tout vérité est bonne à dire.
KARL ZERO
Alors tu deviens ministre de la Santé. CHIRAC croit que tu es médecin, j'ai découvert ça, mais il finit par comprendre que tu es assureur...
XAVIER BERTRAND
Je ne suis pas sûr qu'il croit que je sois médecin...
KARL ZERO
Si, il paraît qu'il demande en conseil des ministres « mais il est médecin celui-là ou quoi !? »...
XAVIER BERTRAND
Il m'appelle « docteur »...
KARL ZERO
Oui, il t'appelle « docteur », donc il a un problème...
XAVIER BERTRAND
Et c'est plutôt sympa qu'autre chose mais je n'ai jamais fait d'exercice illégal de la médecine, je tiens quand même à te le préciser !
KARL ZERO
Et là en janvier 2006, LIBERATION t'assassine : "Xavier BERTRAND, l'homme invisible de la Santé"...
XAVIER BERTRAND
Je m'en souviens bien.
KARL ZERO
Ca j'imagine, il paraît que tu le prends assez mal parce que c'est vrai que tu te donnes du mal et qu'eux ils ont décidé de te tailler. Alors peut-être que c'est en service commandé, souvent ce genre d'histoires, c'est comme ça...
XAVIER BERTRAND
Non, ce n'est pas possible ça...
KARL ZERO
Et ce jour-là, tu décides de devenir médiatique, c'est-à-dire d'utiliser tout ce que tu vas pouvoir pour montrer que tu n'es pas un homme invisible. Donc à partir de ce moment-là, on va beaucoup te voir.
XAVIER BERTRAND
Ce n'est pas tout à fait cela. C'est que je suis nommé en juin 2005 à la Santé. Je succède à des ministres de la Santé qui ont été des ministres emblématiques, des professionnels...
KARL ZERO
Enfin emblématiques... MATTEI avec son polo au moment de la canicule...
XAVIER BERTRAND
Un professionnel reconnu, Jean-François... KOUCHNER, DOUSTE, c'est-à-dire des gens qui ont symbolisé le ministère de la Santé. Et moi je ne suis pas médecin. Et là je rentre complètement dans les dossiers. Je veux essayer de tout connaître, de tout comprendre et ça prend du temps. Et je pense dans ces conditions-là que l'action, c'est plus important que la communication. Et je prépare un certain nombre de dossiers qui doivent sortir quand ? En janvier. En janvier, un plan sur la démographie médicale. Je prépare également toute une action sur la lutte contre les infections nosocomiales dans les hôpitaux. Et le papier sort - à mon avis, ce n'est pas le fait du hasard - une semaine avant que je fasse la première grande conférence de presse sur la démographie médicale...
KARL ZERO
Genre « il ne branle rien, c'est un clown »...
XAVIER BERTRAND
Voilà. Alors qu'une semaine après, elle est déjà programmée et annoncée, je sors cela. Donc c'est le bon moment si on veut comme tu dis, tailler. Mais maintenant dans un papier comme ça tu dois regarder s'il y a une part de vérité ou pas. Et tu t'aperçois que ce que tu fais, est bien mais il faut aussi que tu expliques ce que tu fais. Et ensuite derrière, tu sais, je n'ai pas choisi mais c'est la crise du chikungunya, ce sera la lutte contre la grippe aviaire, ce sera également la lutte contre la dengue, la canicule de l'été 2006. Ce n'est pas moi qui ai choisi d'être médiatique mais le ministère de la Santé, ce n'est pas un ministère tranquille...
KARL ZERO
Non, non, mais en même temps...
XAVIER BERTRAND
Non mais c'est aussi pour ça, c'est-à-dire que ce n'est pas moi qui fais ce choix mais ce sont les dossiers que j'ai préparés en amont, la lutte contre la grippe aviaire, l'interdiction de fumer dans les lieux publics, Karl...
KARL ZERO
Le préservatif à vingt centimes...
XAVIER BERTRAND
Dont je suis très fier...
KARL ZERO
Ca tu peux en être fier de celui-là !
XAVIER BERTRAND
Parce que cette opération-là, elle dure toujours !
KARL ZERO
Xavier, on va laisser Nathalie nous faire le rappel des titres et on se retrouve dans un instant.
PAUSE
KARL ZERO
Voilà, donc comme convenu, nous allons passer à l'actualité mais avant je vais quand même terminer parce qu'il y a deux-trois trucs sur ta vie qui sont intéressants...
XAVIER BERTRAND
Je dois craindre le pire ou pas ?
KARL ZERO
Bien sûr ! Un beau matin, tu prends le métro et tu te rends rue d'Enghien pour voir le candidat SARKOZY. Alors ça c'est tout toi : le gars qui va en métro rue d'Enghien, tu pourrais y aller avec tes voitures, tu es quand même ministre !
XAVIER BERTRAND
Je t'arrête parce que si tu veux faire court et efficace, il n'y a pas photo, tu prenais le métro pour aller rue d'Enghien...
KARL ZERO
D'accord...
XAVIER BERTRAND
Souci d'efficacité...
KARL ZERO
Tu vas voir le candidat SARKOZY et là, VILLEPIN te qualifie à ce moment-là paraît-il de « traître sans couilles »... ca, ce n'est pas très sympa de la part du poète !
XAVIER BERTRAND
Une chose : si tu invites Dominique de VILLEPIN, demande-lui s'il a dit cette phrase...
KARL ZERO
Tu pense que c'est une phrase de journaliste ?!
XAVIER BERTRAND
Demande-lui.
KARL ZERO
Il n'osera pas me le dire, il me dira « mais non ! jamais je n'ai dit ça » !
XAVIER BERTRAND
Pose-lui la question.
KARL ZERO
Ah bon, OK. Donc ça veut dire que tu l'as appelé ; allô Dominique...
XAVIER BERTRAND
Non je ne l'ai pas appelé mais pose-lui la question.
KARL ZERO
D'accord. Et donc tu vas devenir porte-parole de SARKO avec Rachida DATI avec qui il y a des frictions quand même parce que vous n'êtes pas exactement du même univers... ne me dis pas non... ça c'est de notoriété publique...
XAVIER BERTRAND
Non, non, non... c'est de notoriété publique... pas du tout ! C'est beaucoup plus amusant de dire qu'on ne s'est pas entendu plutôt que de raconter que ça allait bien parce que les trains qui partent à l'heure n'intéressent personne. C'est beaucoup plus marrant de faire quelques lignes ou quelques instants dire « regardez, ils ne s'entendent pas » que de dire « purée, ils s'entendent »... parce que si les gens s'entendent, eh bien il n'y a pas d'histoire à raconter, voilà.
KARL ZERO
Alors moi j'ai une histoire à raconter : il paraît qu'avec Eric BESSON, tu as entraîné SARKOZY pour le débat face à Ségolène ROYAL et que c'était toi qui jouais le rôle de Ségolène ROYAL ! Est-ce que tu peux me faire Ségolène ROYAL.
XAVIER BERTRAND
Oh là là non ! Oh là là non ! Non je ne sais pas faire Ségolène ROYAL !
KARL ZERO
Ah ! Tu l'as bien fait en face de lui, c'était en Corse au cours d'un week-end de préparation. Comment tu faisais ? Tu rétorquais des arguments...
XAVIER BERTRAND
Ce n'était pas un week-end de préparation, c'était un week-end qui avait été organise en Corse quelque temps avant le second tour et pour préparer justement le débat, il y a eu une conversation à bâtons rompus parce que SARKOZY, ce n'est pas le genre à s'enfermer avec les conseillers « bon allez, on va tout préparer, on va tout calibrer ». Mais la conversation est venue sur différents sujets et à l'époque, c'était l'hôpital et là je m'étais forcé, forcé pour faire preuve de mauvaise foi et faire Ségolène ROYAL. Mais là aujourd'hui franchement... j'ai dû utiliser toute ma capacité à faire Ségolène ROYAL ce jour-là, donc maintenant je ne sais plus. Je ne sais plus et puis bon, niveau coiffure tout ça, tu vois bien que ça ne le fait pas. Et je ne suis pas allé au Zénith en plus.
KARL ZERO
Alors notre camarade Benjamin OULACENE est allé voir Joseph MESSINGER qui est un spécialiste de la gestuelle des politiques et il t'a analysé. On regarde et on commente.
EXTRAITS INTERVENTIONS DIVERSES
JOSEPH MESSINGER, PSYCHHOLOGUE, SPECIALISTE DES COMPORTEMENTS
Ce qui est bien avec BERTRAND, c'est qu'il parle avec les mains, il ne cache pas ses mains en-dessous la table comme tous les menteurs, enfin tous les manipulateurs. Ce n'est pas un manipulateur. Ce n'est pas non plus un séducteur. C'est quelqu'un qui... il sait parler. (...)
C'est un vendeur, c'est un assureur, OK, un agent d'assurance j'imagine, je ne sais pas, il vend, c'est un vendeur, c'est un commercial. Il vend. Il vend le gouvernement, il vend ses idées, il vend. (...)
Il a ce côté rond comme ça, un peu pompidolien, un peu POMPIDOU, un peu Raymond BARRE, qui rassure les Français ; on aime bien les gens comme ça qui sont un peu ronds, qui sont douillets... je crois qu'il est très confortable pour sa maîtresse ou pour sa femme.
EXTRAIT XAVIER BERTRAND
Que chacun se rende bien compte qu'un enfant qui a du surpoids, c'est un enfant qui peut devenir obèse et ça veut dire derrière qu'il aura de vraies difficultés, des difficultés respiratoires, des difficultés d'articulation et puis surtout que dans la cour de l'école, il sera parfois un peu mis à l'écart...
JOSEPH MESSINGER
En fait il s'identifie totalement à l'enfant, il se rappelle de sa propre enfance, de ses propres problèmes parce qu'il était probablement pas très mince. Il a eu ce problème probablement étant enfant, regardez la rondeur du visage... une espèce de double menton qui arrive déjà etc...
EXTRAIT DE XAVIER BERTRAND RIANT
JOSEPH MESSINGER
C'est un faux rire. Vous savez comment on voit ça ? Là... il n'y a pas suffisamment de rides. Rusé renard, je rigole avec tout le monde parce que c'est convivial mais en fait bon, je n'en ai rien à foutre.
(...)
JOSEPH MESSINGER
Ce n'est pas un esbroufeur, c'est quelqu'un de plus cynique, de plus ironique en fait dans sa manière d'aborder les problèmes mais en même temps il sait de quoi il parle et il est très pédagogique comme SARKOZY. Tous les deux sont très pédagogiques. C'est pour moi de toute façon, un présidentiable possible.
KARL ZERO
Alors Xavier ? Tu te reconnais dans ce portrait par les gestes ?
XAVIER BERTRAND
Oui en grande partie, en grande partie.
KARL ZERO
Tu reconnais que ce qui est bon ou tu reconnais...
XAVIER BERTRAND
Non je reconnais tout mais le cynisme non ; parfois garder un petit peu de recul par rapport aux choses, je crois que c'est important ; c'est peut-être une façon de se protéger...
KARL ZERO
C'est comme quand tu m'as dit tout à l'heure « il ne faut pas avoir la grosse tête » quoi !
XAVIER BERTRAND
Oui, oui...
KARL ZERO
C'est un recul mais nécessaire.
XAVIER BERTRAND
Oui parce que j'ai connu notamment au début quand j'ai commencé à faire de la politique localement, tu es tout jeune, tu as des responsabilités, tu te dis « c'est génial, c'est super » et en fin de compte une défaite aussitôt après, ça calme. Les regards qui se détournent, les gens qui ne t'appellent plus, qui ne te parlent plus, les gens qui te critiquent. J'ai connu tout ça au début...
KARL ZERO
Tu as eu de la traversée du désert aussi ?
XAVIER BERTRAND
Oui, oui, au tout début, c'est formateur. Et donc tu vois, dans ce qui est dit, il y a parfois aussi cette forme... non pas de distance mais aussi tu vois de ne pas empiéter sur les autres mais du cynisme jamais parce que je fais de la politique vraiment passionnément, je crois à ce que je fais et j'aime ce que je fais. Donc cynisme, non.
KARL ZERO
Alors on passé à l'actualité. Donc j'ai vu que les nerfs de DEVEDJIAN avaient à nouveau lâché et pour lui, c'est SARKOZY maintenant qui doit être directement le patron de l'UMP. Mais normalement, SARKOZY, il est élu pour être président de tous les Français ! Donc qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui arrive à DEVEDJIAN ?
XAVIER BERTRAND
Le vrai sujet... la question du leadership à droite, elle est tranchée depuis longtemps et je vais même te dire, pour longtemps. Le leadership à droite et au centre, c'est clair, c'est le Président de la République ! Il y a un lien en plus qui est très fort entre lui et l'UMP, c'est un lien en plus... je ne sais pas comment te dire... on en est aussi très fier, donc tout va bien. Tout va bien. Il n'y a pas de sujet...
KARL ZERO
Non mais il y en a un qui est mal à l'aise visiblement... DEVEDJIAN...
XAVIER BERTRAND
... et qui plus est maintenant, ce n'est pas le sujet ; les gens en ce moment nous disent : « attendez, qu'est-ce que vous faites pour être efficaces, pour lutter contre le chômage, pour résorber la crise financière », le sujet UMP aujourd'hui, ce n'est pas vraiment la priorité des priorités des Français, vraiment pas.
KARL ZERO
Ca c'est un petit message que tu adresses à DEVEDJIAN.
XAVIER BERTRAND
Que tu adresses... Que tu adresses parce qu'en plus, Patrick, je vais te dire une chose, je bosse avec lui maintenant depuis plusieurs mois, vraiment au quotidien, c'est quelqu'un qui écoute, c'est quelqu'un qui n'a jamais freiné la moindre initiative. Maintenant je vais aussi te dire un truc, secrétaire général adjoint de l'UMP, c'est bien, c'est très bien.
KARL ZERO
Gageons qu'il le restera alors...
XAVIER BERTRAND
C'est moi qui suis secrétaire général adjoint de l'UMP !
KARL ZERO
Il est quoi lui ?
XAVIER BERTRAND
Secrétaire général.
KARL ZERO
Et toi t'es quoi ?
XAVIER BERTRAND
Secrétaire général adjoint... C'est bien tu suis quand même ! Je sais que l'émission est tard mais quand même je vois que tu suis. Ca me fait plaisir...
KARL ZERO
Mais non mais vous êtes 45 ! Attends... Alors DEVEDJIAN, RAFFARIN, ESTROSI, LEFEVRE... C'est l'armée mexicaine, moi je n'y comprends rien !
XAVIER BERTRAND
Non, non, c'est l'UMP, donc tout le monde bosse ensemble. L'armée mexicaine et les gens qui se tirent dans les pattes, c'est à Reims, c'est au PS, il ne faut pas confondre, Karl.
KARL ZERO
C'est un peu la même chose !
XAVIER BERTRAND
Pas vraiment, non, pas vraiment... pas vraiment, pas vraiment...
KARL ZERO
De toute façon, vous avez autre chose à faire, vous avez 8.000 chômeurs de plus ; 8.000 chômeurs de plus, ce n'est pas marrant et visiblement j'ai le sentiment qu'il va y en avoir beaucoup plus qui arrivent derrière. Alors on fait quoi ?
XAVIER BERTRAND
Déjà tu ne restes pas les bras croisés, tu ne restes pas sans rien faire même si ce n'est pas simple, tu le sais bien ; parce que la crise financière a eu des conséquences terribles notamment aux Etats-Unis ; là-bas, ils sont en récession et on ne fera pas croire que les difficultés économiques, ça va être comme le nuage de Tchernobyl, que ça va s'arrêter à la frontière ; ça aura des conséquences en France. Juste un exemple sur le crédit : tu veux changer de voiture en ce moment, tu ne trouves plus un crédit à 3 ou 4% comme au début de l'année ; ton crédit, il est à 8 ou 9% et à 8 ou 9% tu ne changes pas de voiture aussi facilement. Même chose si tu veux t'acheter une maison. Donc tout ça va avoir des conséquences sur la croissance, sur l'emploi et sur le pouvoir d'achat. Déjà on ne ment pas, on dit les choses...
KARL ZERO
Donc je vous promets du sang et des larmes...
XAVIER BERTRAND
Non, comme SARKOZY l'a fait à Toulon... mais il ne faut pas non plus faire dans le catastrophisme. Il faut faire preuve de réalisme mais pas de catastrophisme. Non seulement on a des atouts, on ne reste pas sans rien faire. Quand on décide de racheter 30.000 logements qui étaient en panne, derrière ça va faire aussi du boulot pour ce secteur du logement et du bâtiment. Sur l'emploi, tu en as parlé, bon le contrat de transition professionnelle pour qu'il puisse profiter à plus de monde dans les secteurs en difficulté. On va faire la fusion UNEDIC-ANPE : tu es demandeur d'emploi, tu as une personne qui s'occupe de toi, plus deux, une seule ! Avant c'était quand même le système où tu en avais un qui te parlait de ton indemnisation, l'autre qui essayait de te placer ; une seule, c'est mieux quand même. Donc tu vois ce qu'on est en train de faire et on ne va pas s'arrêter.
KARL ZERO
Vous avez trouvé donc des centaines de milliards pour aider les banques...
XAVIER BERTRAND
Non. Non, non. Pour t'aider toi. Pour t'aider toi à pouvoir changer de voiture, pour t'aider, toi, à pouvoir t'acheter un logement...
KARL ZERO
Mais les banques ont dit « merci pour l'argent » et elles ont dit « ah, on ne va pas aider les entreprises tout de suite » donc SARKO a été obligé de se fâcher : il faut aider les entreprises ! Des particuliers, pour l'instant, on n'en parle pas trop encore pour ma fameuse voiture que je dois changer...
XAVIER BERTRAND
Moi si, parce que je suis ministre du Travail, je suis en charge de la solidarité ; j'ai à cœur de penser aux salariés mais aussi, moi, de tenir le cap de la cohésion sociale ; il y a ceux qui sont éloignés de l'emploi aussi, les personnes âgées, tout ça, les personnes handicapées, moi c'est ma responsabilité de m'en occuper.
KARL ZERO
Xavier, ce n'est pas une erreur de donner comme ça, ou de promettre de l'argent en garantie aux banques ; il n'aurait pas mieux valu rentrer au capital des banques pour les surveiller de l'intérieur et les forcer à faire des trucs ? Parce que qu'est-ce qui te prouve qu'ils ne vont pas recommencer à déconner en réalité ?! Les traders, ils vont recommencer à faire, tu sais, cette économie virtuelle etc... il n'y a pas un petit danger là ?
XAVIER BERTRAND
Bon, toi tu veux devenir banquier ?
KARL ZERO
Pas vraiment...
XAVIER BERTRAND
Pas moi. Bon, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est que l'Etat doit devenir un peu le garant... mais l'Etat - je ne joue pas sur les mots - ne doit pas devenir un peu un gérant. Il ne doit pas devenir banquier à la place des banques. On doit poser de nouvelles règles...
KARL ZERO
Le système...
XAVIER BERTRAND
Non, non, attends, attends...
KARL ZERO
Le système qui nous a emmenés là où on en est, ils vont le reproduire avec notre argent...
XAVIER BERTRAND
Eh oh ! Attends, attends, on a le droit de ne pas avoir la mémoire courte cette fois. On sait ce qui a failli nous planter, on ne va pas reproduire les mêmes erreurs. Les traders, tout ça, qui achètent, qui vendent à longueur de journée sans qu'à aucun moment ils ne détiennent quoi que ce soit, tu ne peux plus continuer ce système ! Tu ne peux plus continuer à avoir notamment des établissements où on laisse détourner 4,9 milliards d'euros pendant que chez moi, tu as le commerçant qui n'arrive pas à avoir 49.000 de prêt. Ca, il ne s'agit pas que je le dise ce soir chez toi ; il faut poser les règles pour que ça marche mieux. Les agences de notations... tu sais, celles qui devaient nous dire qui était sérieux et qui ne l'était pas, elles se sont plantées. On ne va pas les laisser continuer comme avant.
KARL ZERO
Par rapport à ces grands patrons ou par rapport aux traders, quand SARKO a été élu et qu'il a d'une certaine façon fait passer le message qu'il n'y avait pas de honte à s'enrichir, à travailler, à gagner beaucoup d'argent, est-ce que ce n'était pas une erreur ? Est-ce que ce n'était pas leur donner un signal : allez-y les mecs ! La loi de la jungle ?!
XAVIER BERTRAND
C'est lui qui justement veut qu'il y ait des règles sur les rémunérations excessives de quelques-uns...
KARL ZERO
Attends, il a fait ce virage castriste mais au départ, souviens-toi de la période « bling bling » !
XAVIER BERTRAND
Non, non ce n'est pas de maintenant, il l'avait dit pendant la campagne, avant la campagne présidentielle même. Le discours d'Agen ! Il est le premier justement à en parler...
KARL ZERO
Dans la campagne il disait aussi... il avait cette histoire de crédit hypothécaire qui ressemblait beaucoup aux subprimes tu vois...
XAVIER BERTRAND
Non ça n'a rien à voir du tout ! Les subprimes ce n'est pas du tout la même chose...
KARL ZERO
Tu as réponse à tout de toute façon...
XAVIER BERTRAND
Ce n'est pas ça mais... tu écoutes tout. Attends, j'écoute ce que disent aussi mes adversaires politiques, j'essaie de voir s'il n'y a pas aussi une part de vérité. Tu sais en ce moment, il faut être à l'écoute comme jamais parce que tu as de l'inquiétude, tu as du mécontentement aussi, potentiel, chez certains ; il faut tout écouter et tout entendre. Donc il ne s'agit pas d'avoir réponse à tout. Tu sais, quand tu es ministre, tu te poses plus souvent des questions qu'on ne le pense. Parce que le ministre qui pense avoir réponse à tout il a tout faux !
KARL ZERO
Ce sera ma dernière question : et quand tu es Premier ministre ?
XAVIER BERTRAND
Ah mais je ne suis pas Premier ministre Karl !
KARL ZERO
Je croyais que tu allais l'être très bientôt.
XAVIER BERTRAND
Ah non, non, tu n'es pas bien informé, je ne sais pas dans quoi tu as lu ça... non mais regarde bien, je te l'ai dit tout à l'heure, tu vois un peu la situation aujourd'hui, elle n'est pas facile et les gens nous ont fait confiance... donc le sujet ce n'est pas de se prendre la tête ou de se projeter dans une autre case, le vrai sujet aujourd'hui, c'est de faire bouger les choses. Il y a un besoin de changement. Le monde change ; le capitalisme financier va changer et aujourd'hui tu crois que ce qui est important pour les Français, c'est que les politiques pensent à eux et à leur avenir ? Pas du tout, ce qu'ils veulent c'est qu'on pense à eux et qu'on s'occupe d'eux. Eh bien moi j'essaie de ne pas louper le message qu'ils nous adressent, eux.
KARL ZERO
Et Xavier, ce sera le mot de la fin ; merci d'être passé sur BFM TV !
XAVIER BERTRAND
Merci Karl !
KARL ZERO
C'était très intéressant.

Source http://www.u-m-p.org, le 3 novembre 2008