Texte intégral
C. Barbier.- X. Bertrand Bonjour.
Bonjour C. Barbier.
La prime transport a été rétablie par l'Assemblée nationale alors que le prix du pétrole a baissé et a même étendue au vélo. Est-ce que ce n'est pas un mauvais coup quand même pour les entreprises ?
C'est une bonne chose pour les salariés et, en plus, on le sait, avec les critères qui ont été donnés - obligatoires pour le collectif, facultatifs pour le reste - cela va laisser de la place à la discussion dans l'entreprise. Donc ce n'est pas une charge supplémentaire qui aurait été mise pour toutes les entreprises en France. Je pense qu'il y a un équilibre intelligent qui a été trouvé.
Une grève aura lieu à Air France du 4 au 8 novembre alors que la crise économique est là. Pouvez-vous l'empêcher ?
C'est franchement une grève qui peut être évitée, et là je pense qu'il faut bien remettre les choses à leur place. Les parlementaires qui ont eu l'idée de ces amendements ne visent absolument pas à reculer l'âge de la retraite des personnels de 10 ans, certainement pas. C'est tout simplement pour mettre un terme à une pratique aberrante. A 55 ans ou 60 ans, à Air France, vous êtes mis dehors. Vous avez des salariés qui voudraient rester et qui ne peuvent pas rester. Et l'idée des députés, c'est de leur permettre de rester justement en activité, s'ils le souhaitent. Alors j'ai bien regardé ces amendements parlementaires, je pense qu'il y a des choses à préciser, notamment, entre 55 et 60 ans. Et ce que je voudrais dire, c'est qu'il ne s'agit pas de pénaliser ni les salariés, ni même l'entreprise et encore moins les usagers avec une grève qui doit être évitée. Des discussions peuvent s'ouvrir dans les heures qui viennent, des discussions sérieuses pour à la fois concilier la volonté des parlementaires qui est de dire qu'aucun agent ne soit pénalisé et aussi pour répondre aux questions des syndicats. Mais là c'est le dialogue, mais un dialogue qui peut s'ouvrir dans les heures qui viennent. Des discussions sérieuses...
On aurait pu y venir avant !
Ah oui, mais seulement, moi je regarde aussi les choses. Je vois aussi comment les choses sont présentées. Et il ne s'agit pas de repousser de 10 ans l'âge de départ à la retraite de ces agents. Donc, on apporte des précisions, on répond aux questions et surtout il faut éviter cette grève.
8.000 chômeurs supplémentaires en septembre, + 0,4 %, c'est moins mauvais qu'en août. Vous vous en réjouissez ?
C'est quand même une mauvaise nouvelle. A partir du moment où il y a plus de chômeurs d'un mois sur l'autre, cela ne peut pas être une bonne nouvelle. Maintenant, ce qui est certain, c'est qu'on ne reste pas les bras croisés. Le président de la République a annoncé des mesures importantes à Rethel cette semaine, ce qui montre bien qu'en permanence nous sommes dans l'anticipation, dans des nouvelles mesures qui sont prises, notamment, la volonté sur le contrat de transition professionnelle d'apporter de nouvelles garanties, des nouvelles sécurités justement aux salariés. Et puis, on ne se contente pas de cela. Quand il est proposé que tous les nouveaux investissements faits par les entreprises soient retirés de l'assiette de la taxe professionnelle, c'est pour dire aux chefs d'entreprise : n'attendez pas pour investir, vous y gagnez.
Pour investir, il faut pouvoir emprunter. Dénoncer les banquiers qui ne prêtent pas, c'est une bonne méthode ? La délation ce n'est pas très glorieux.
Quand les gens ne jouent pas le jeu, il faut le dire. Dans mon département, l'Aine, hier le préfet avait invité tous les banquiers du département pour se réunir et pour parler de la situation. 5 seulement sont venus. Les autres n'ont pas daigné se déplacer. (...)
vous répondra H. Mariton.
...Une fois, je ne sais pas s'il y a des explications, la deuxième fois ce sera inexplicable et injustifiable. Quand vous avez aujourd'hui des banquiers qui jouent le jeu, il faut le dire ; si certains ne jouent pas le jeu, il faut aussi le reconnaître. Pourquoi ? Parce que ces 320 milliards d'euros et ces 40 milliards d'euros pour la recapitalisation, ce n'est pas de l'argent donné aux banquiers, c'est de l'argent pour les clients des banques. Pour vous C. Barbier, si vous avez envie de changer de maison ou de changer de voiture mais aussi pour les entreprises. Et on ne s'est pas donné tout ce mal, on n'a pas justement fait cet effort pour qu'au final, l'argent ne redescende pas dans les territoires. L'important ce n'est pas justement qu'il y ait de l'argent décidé à Paris, c'est qu'il soit présent partout. Et ce que le Président a voulu hier, c'est la mobilisation de l'Etat, de tous ses représentants partout en France. Aujourd'hui, on le voit bien, les premiers effets sont aujourd'hui présents. Le président d'Oséo pourrait vous dire justement que le numéro vert - d'ailleurs, je voudrais le rappeler, le 0 810 00 12 10 permet de répondre aux questions. Le médiateur du crédit, R. Rikol, permet d'intervenir et seulement on veut que cela se passe bien partout.
Il y avait un bon moyen pour être sûr que les banques aillent jusqu'aux entreprises avec cet argent. C'était de les nationaliser ou au moins de faire rentrer l'Etat dans leur capital, dans leur conseil d'administration.
Quel est le rôle d'un Etat ? C'est d'être un Etat gérant ou d'être un Etat garant ? Je crois que le rôle d'un Etat c'est d'être un Etat garant. Ce n'est pas de devenir banquier à la place des banquiers. C'est de s'assurer qu'il y a de bonnes règles du jeu, un engagement moral qui soit respecté et que l'économie fonctionne à nouveau dans de bonnes conditions, que le crédit ne soit pas trop cher, parce que quand vous achetez par exemple une voiture avec un taux à près de 9 %, vous ne changez pas votre voiture. Avec un taux à 4 %, vous la changez, c'est toute la différence et on a besoin aussi de confiance dans le système et que les engagements moraux soient tenus.
Combien d'emplois promettez-vous si le travail du dimanche est adopté ?
On va surtout éviter qu'il y ait déjà des dizaines de milliers de salariés qui perdent, soit qui perdent 15 à 20 % de leurs revenus, soit qui perdent leur emploi. Parce que la situation est la suivante : vous avez aujourd'hui des enseignes qui en ont marre de payer des astreintes et qui soit vont fermer boutiques, soit vont se séparer de leurs salariés le dimanche. Et moi, je pense notamment aux étudiants qui financent leurs études comme cela. L'idée est la suivante, c'est de pouvoir faire quelque chose de plus cohérent : des zones touristiques mieux définies, des grandes zones d'attractivité commerciale - l'Ile de France, Plan de Campagne, par exemple - où on puisse travailler le dimanche avec deux principes : le volontariat réel, pas sur le papier, de la part des salariés ; et dans ces nouveaux secteurs d'activité, payer double le dimanche. Mais reconnaissez qu'aujourd'hui, avec l'évolution de la consommation, avec cette évolution de la consommation, il y a des familles qui ne sont réunies que le dimanche et qui ne peuvent faire des courses en famille que le dimanche. Et que le chiffre d'affaires du travail du dimanche n'est pas un chiffre d'affaires à la place d'un autre jour, c'est un chiffre d'affaires en plus des autres jours. Nous y travaillons avec L. Chatel autour de cette proposition de loi de R. Mallié le plus tôt possible au Parlement.
P. Devedjian souhaite - il l'a dit sur LCI - que N. Sarkozy redevienne patron opérationnel, patron officiel de l'UMP. Est-ce une bonne idée ?
Franchement, là n'est pas le sujet. Vous m'avez interrogé sur des sujets économiques, sur des sujets sociaux, la priorité pour les Français c'est : qu'est-ce que l'on fait pour eux ? Et la question de l'organisation des partis est certes importante, mais là n'est pas l'essentiel aujourd'hui.
Vous passez beaucoup de temps à l'UMP et sur le terrain. C'est donc que c'est important, quand même.
Mais passer du temps sur le terrain, pourquoi ? Pour voir également des chefs d'entreprise, comme les autres membres du Gouvernement, pour rencontrer les salariés. Parce qu'en ce moment, vous devez être attentif, à l'écoute, comme jamais, à l'initiative comme jamais, mais à l'écoute comme jamais. Les partis politiques sont essentiels. Celui qui vous parle est aussi secrétaire général adjoint de l'UMP. Mais franchement, là n'est pas le sujet, et le président, vous le savez, a beaucoup à faire.
Pour P. Devedjian, il s'agit aussi, en faisant revenir le Président à la tête de l'UMP, d'empêcher les ambitieux de s'emparer de l'UMP pour leur propre destin personnel. Vous sentez-vous visé ?
Je crois que vous avez posé la question hier matin au même P. Devedjian, qui était assis ici, et je crois qu'il a répondu très clairement...
Et cela vous a rassuré ?
...Que ça n'était pas le cas.
Cela vous a rassuré ?
Je veux vous dire une chose - on ne va pas passer un siècle sur cette question - moi, avec P. Devedjian, je travaille avec lui depuis des mois et des mois. C'est quelqu'un avec qui il est facile de travailler, et agréable de travailler. Les différentes initiatives qu'on a voulues prendre, elles ont été prises collectivement. A l'UMP, aujourd'hui, il y a un vrai travail d'équipe. Je sais que ça déçoit certains observateurs qui aimeraient que ça se passe mal, mais l'UMP n'est pas le Parti socialiste. Si on voit un parti politique où on se tire dans les jambes, c'est au PS qu'il faut regarder, pas à l'UMP.
Ne devriez-vous pas assumer plus votre ambition personnelle ? J.- F. Copé a dit : "je suis candidat pour 2017". Dévoilez-vous !
Je vais vous dire une chose : ce qui est important pour les Français aujourd'hui, c'est ce que les politiques font pour les Français, pas ce que les politiques veulent pour eux-mêmes.
Les Français aiment bien aussi découvrir les politiques. Une biographie ! Eh bien, vous êtes consacré. Il paraît que vous avez un peu freiné sur ce projet. Vous n'en aviez pas envie ?
D'une part, je ne suis pas demandeur, je ne suis pas associé à ce projet. Bon, d'après ce que j'en ai lu, je ne sais pas de qui je suis le chouchou, mais je ne suis pas le chouchou des auteurs, visiblement.
"Le chouchou", ça sera le titre, vous êtes en fait le chouchou du Président. C'est vrai ?
Je vous dis, je ne sais pas de qui je suis le chouchou, mais pas des auteurs.
Alors, LA chouchou du Président, on la connaissait, c'est R. Dati. Est-il vrai qu'elle est aujourd'hui en disgrâce, ce qui est une sorte de poids mort au Gouvernement ?
Certainement pas. Et je pense d'ailleurs que R. Dati, quand on regarde bien, c'est l'un des gardes des Sceaux qui fait le plus pour la modernisation de la justice. Mais c'est vrai aussi qu'elle ne sort pas du moule traditionnel de la politique. C'est vrai qu'elle ne rentre pas dans les codes traditionnels de la politique, et c'est vrai que, parce qu'elle a du courage, elle bouge ce monde de la justice, elle bouge aussi un certain nombre d'habitudes et même d'ailleurs dans le monde politique. Elle a raison de faire ce qu'elle fait. Et je crois franchement que son courage doit donner un bel exemple à de nombreux dans la classe politique. Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 novembre 2008