Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Qu'est-ce que nous demande monsieur Carrère ? D'entrer au capital de l'ensemble des banques françaises. Est-ce que monsieur Carrère a un instant réfléchi à l'effort que représenterait pour l'Etat français le fait de prendre une minorité de blocage ? Car si l'on veut avoir une action, il faut prendre une minorité de blocage dans l'ensemble des banques françaises, monsieur Carrère. Est-ce que vous avez réfléchi un instant, monsieur Carrère, au fait que les 370 milliards de garanties et de prêts que nous avons décidés et que la majorité de cette Assemblée a soutenus, ne suffiraient pas à prendre une minorité de blocage dans l'ensemble des banques françaises ?
Alors vous nous dites : "oui, mais d'autres l'ont fait". Mais vous savez, monsieur Carrère que c'est faux ce que vous dites ! Ceux qui sont rentrés au capital des banques en Europe l'ont fait dans des banques qui étaient au bord de la faillite. Il y a en Grande-Bretagne un grand nombre de banques, et le gouvernement britannique n'est entré qu'au capital de trois banques parce que s'il ne l'avait pas fait, ces trois banques se seraient effondrées. Nous sommes, nous, entrés au capital d'une banque, la banque Dexia, et j'espère bien que la situation financière de notre pays et de nos banques nous permettra d'éviter demain de rentrer au capital des banques françaises, parce que cela signifierait qu'elles seraient en difficulté.
Alors il est vrai monsieur Carrère que nous sommes tous extrêmement attentifs à la question de savoir si l'aide que nous avons apportée au système financier va bien profiter aux entreprises, aux PME, aux grands groupes et aux ménages. Nous aurons à la fin du mois de novembre la réponse à cette question, puisque nous aurons la publication par chacune des banques, des volumes d'encours de crédits que nous avons exigés, répartis par secteur d'activité. Et c'est donc à ce moment-là que nous saurons si notre dispositif a été efficace, si les banques qui ont naturellement des qualités et des défauts, mais qui ne méritent pas d'être jetées en pâture à l'opinion, comme vous le faites, comme si elles étaient composées que d'hommes et de femmes qui n'avaient pas le sens de l'intérêt général, comme s'il n'y avait pas dans les réseaux bancaires français des hommes et des femmes, dans les agences, dans les communes dont vous avez la responsabilité, qui, chaque jour, se démènent pour essayer d'aider l'économie française, eh bien ces banques-là, nous verrons si elles sont au rendez-vous de l'intérêt général. Et je vous dis que si elles n'y sont pas, alors naturellement nous en tirerons les conséquences, nous retirerons les moyens que nous avons mis en place, et nous envisagerons, le cas échéant, d'autres mesures.
Mais monsieur Carrère, je voudrais terminer en vous disant que, non seulement vous n'avez pas soutenu ce plan de soutien des banques, alors que dans tous les autres pays européens il y a un eu un élan national en faveur des banques, mais vous venez aujourd'hui, d'une façon qui n'est pas honnête, jeter le discrédit sur le secteur bancaire, alors même que le Parti socialiste devrait se souvenir qu'il a souvent eu des comportements qui n'étaient pas en accord avec les discours qu'il tient aujourd'hui !
Et je voudrais citer cet exemple à la sagacité de votre Assemblée : au début de l'année 2002, juste avant les élections présidentielles, un ministre des Finances qui appartenait à votre groupe a pris une décision que vous avez certainement soutenue et appréciée : il a décidé que les bonus des opérateurs bancaires, des opérateurs financiers, ne seraient plus soumis aux cotisations sociales et à l'impôt sur le revenu.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 novembre 2008