Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Au moment où se terminent les travaux de la 6ème Commission mixte franco-burkinabé, je veux dabord rendre hommage à ceux qui en ont été, de part et dautre, les artisans, dans un climat de franchise, de convivialité, mais aussi dexigence, climat qui inspire le document-cadre de partenariat que nous venons de signer. Je veux aussi remercier à nouveau le gouvernement de sa disponibilité et de son attention au travail et dire que si la coïncidence entre cette Commission mixte et le FESPACO ma permis hier, pendant quelques heures, dêtre en quelque sorte dans la peau dun festivalier, ce que jai beaucoup apprécié, je sais aussi que cette coïncidence aura peut-être empêché nos experts, et les vôtres singulièrement, daccompagner autant quils lauraient voulu ce FESPACO. Je dois donc, dans une certaine mesure, les en remercier davantage pour le travail accompli.
Nous ne souhaitions pas que cette Commission mixte soit lexercice convenu quon renouvelle, de manière en quelque sorte rituelle. Dois-je souligner que cest la première qui se tient en Afrique subsaharienne depuis la réforme de notre dispositif de coopération mise en oeuvre au ler janvier 1999, la première aussi depuis la tenue du premier Comité interministériel de coopération internationale et du développement, présidé le 28 janvier dernier par notre Premier ministre, Lionel Jospin. Je veux souligner aussi que cette instance, circonscrivant notre aide au développement à une zone de solidarité prioritaire dont le Burkina Faso fait partie, avait pour objet de proposer à nos partenaires les plus fidèles une approche queux-mêmes appelaient de leurs voeux ; une approche plus soucieuse douverture sur le monde, danalyses partagées, dintérêt renouvelé aussi pour tout ce qui fait le dialogue entre nos sociétés bien au-delà des Etats qui les soutiennent.
De ce point de vue, je crois que nos travaux ont permis de jeter un regard critique, lucide sur le chemin parcouru depuis la dernière Commission mixte de décembre 1993.
Pendant cette période, le gouvernement burkinabé a su, grâce à une politique économique saluée par la communauté internationale, obtenir des résultats flatteurs : croissance élevée, inflation maîtrisée, exportations augmentées, endettement stabilisé.
Sur la période 94-98, leffort global de la coopération française, tous instruments confondus y compris les annulations de dette, aura été de près de 2,6 milliards de FF cest-à-dire une moyenne de 500 M FF par an ; cet effort a été appliqué aux principaux secteurs de la vie sociale et économique du pays.
La France maintiendra en direction du Burkina Faso un flux daide publique significatif. Au coeur de la zone de solidarité prioritaire, votre pays est aussi un ami, un allié fidèle de la France. Mais notre travail consistera, avec une attention que vous partagez, à orienter ce flux pour que les contraintes géographiques, humaines, que vous rencontrez samoindrissent et que votre projet économique et social sen trouve facilité. Voila pourquoi nous avons opté pour les six grands objectifs suivants que je voudrais rappeler :
· dabord une plus forte concentration de nos actions sur les programmes prioritaires que nous avons définis daccord-parties,
· ensuite une intégration plus poussée de nos programmes dans les politiques mises en oeuvre par le gouvernement du Burkina,
· une meilleure coordination opérationnelle avec les autres bailleurs de fonds et en particulier avec lUnion européenne dont il me faut rappeler que 25 % des moyens dintervention proviennent aussi de la France,
· un partenariat ouvert et renforcé dans la conception, la mise en oeuvre, le pilotage, le suivi et lévaluation des projets et des programmes,
· enfin une articulation accrue de laction des différents intervenants bilatéraux.
A cet égard, il est particulièrement important que, dans le cadre de cette 6ème Commission mixte, nos entreprises, les collectivités locales, les organisations non-gouvernementales de nos deux pays aient pu se concerter et débattre de lavenir de notre coopération car elles en sont parties prenantes. Des champs nombreux leur sont ouverts, avec la politique de décentralisation voulue par le gouvernement burkinabé.
Toutes sont déterminées à contribuer au développement de votre pays. Il nous faut maintenant les aider en coordonnant mieux et en valorisant davantage leurs efforts. Je crois que nous sommes pleinement daccord pour souligner que le progrès économique et social sappuie certes sur les Etats mais des Etats facilitateurs de linitiative, régulateurs de la distribution des ressources, protecteurs attentifs surtout des entreprises de chacun et des droits de ceux qui entreprennent. Dans un monde ouvert et concurrentiel, aucun pays ne peut négliger le fait que linvestissement a besoin de cette protection-là, donc dune administration attentive, efficace à faire respecter les droits de celles et ceux qui travaillent, produisent et enrichissent la nation.
Dans laccord cadre de partenariat autour duquel notre coopération va sorganiser, jai relevée, sous-tendus par les grandes thématiques de référence que sont la lutte contre la pauvreté et laccompagnement des dynamiques dintégration régionale, trois axes prioritaires :
· dabord la modernisation et ladaptation du cadre institutionnel fondées sur la décentralisation, le renforcement des administrations économiques et financières, la modernisation de lappareil judiciaire, la sécurité publique et la défense. Sans administrations efficaces et avisées, le développement nest pas assuré dans ses fondements,
· le développement humain et social sappuiera dautre part sur ladaptation des dispositifs déducation et de formation, lamélioration des conditions sanitaires et sociales, la promotion de la culture. Vous le savez, cest une préoccupation ancienne, constante dailleurs, de la coopération française. On sait mieux désormais quantifier et apprécier leffet du développement social et humain sur le développement tout court. Et on sait aussi que ce développement nest possible que dans le respect des cultures des populations qui en sont tout à la fois acteurs et bénéficiaires. La
France ne relâchera pas leffort sur ce terrain-là non plus,
· le développement économique, enfin, repose sur la modernisation des services publics marchands, la dynamisation des filières productives et des organisations du monde rural, la promotion du secteur privé, le soutien au recentrage du rôle de lEtat. Sur ce dernier point, jy insiste, la France vous encourage sur la voie de lintégration de votre pays à son espace régional. Cest un atout maître pour le Burkina Faso.
Ce programme est ambitieux mais il traduit parfaitement la détermination de nos deux pays à adapter, après mûres réflexions et multiples échanges, leur relation de coopération aux enjeux du monde actuel. Le président Blaise Compaoré le disait dans une formule forte : « notre génération a pour destin de gérer le temps des défis ».
Ce destin nest pas une fatalité ; vous avez su démontrer à vos partenaires que vous saviez le prendre en main.
Ce sont ces défis que la France peut vous aider à relever, dans une relation non pas obligée, mais librement consentie reposant sur la pleine responsabilisation et sur la solidarité, plus que sur une logique dassistance dont nous savons les limites.
Notre coopération, résolument participative, nen sera pas moins faite dexigences partagées, basées, selon le mot de notre Premier ministre Lionel Jospin, sur « légalité sans ingérence ni indifférence ». Aussi pourra-t-elle assumer son rôle bilatéral mais aussi son rôle de catalyseur multilatéral en faveur de lamélioration des conditions socio-économiques des populations, comme du respect des Droits de lHomme ou de lapprofondissement de la démocratie tout aussi nécessaires au développement durable.
Cest au résultat que nous serons jugés. Aussi, je crois quil convient de se donner rendez-vous dans quelques mois pour mesurer notre évolution, vers les objectifs que nous venons mutuellement de nous fixer pour le développement du pays des « hommes intègres », auquel la France est heureuse de participer, à sa mesure, avec la confiance que vous lui accordez. Ces rendez-vous sont dautant plus importants que nous sommes en train de nous fixer des objectifs à moyen terme et quil faudra peut-être 12 à 18 mois de transition pour en caler la mise en oeuvre et commencer den vérifier les effets.
Peut-être les documents que nous avons signés, synthèse de nos réflexions des dernières semaines, peuvent-ils paraître encore trop techniques pour décrire la réalité du terrain et la densité des échanges humains que nous entretenons.
Ils ne donnent naturellement pas la photographie des réalisations concrètes que lon peut voir dans la santé, lagriculture ou la formation, pas plus quils ne décrivent la densité quotidienne des échanges entre experts, des échanges qui sont, par essence, immatériels. Je retire toutefois la certitude que ce document cadre, auquel je souhaite quon puisse donner toute la publicité nécessaire, reflète des convictions communes, le choix dune méthode, le sens dun programme qui convergent tous vers le bien-être des populations du Burkina Faso dont nous connaissons les efforts, le goût de linitiative, et la volonté de faire de son pays un pays qui gagne !
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Au moment où se terminent les travaux de la 6ème Commission mixte franco-burkinabé, je veux dabord rendre hommage à ceux qui en ont été, de part et dautre, les artisans, dans un climat de franchise, de convivialité, mais aussi dexigence, climat qui inspire le document-cadre de partenariat que nous venons de signer. Je veux aussi remercier à nouveau le gouvernement de sa disponibilité et de son attention au travail et dire que si la coïncidence entre cette Commission mixte et le FESPACO ma permis hier, pendant quelques heures, dêtre en quelque sorte dans la peau dun festivalier, ce que jai beaucoup apprécié, je sais aussi que cette coïncidence aura peut-être empêché nos experts, et les vôtres singulièrement, daccompagner autant quils lauraient voulu ce FESPACO. Je dois donc, dans une certaine mesure, les en remercier davantage pour le travail accompli.
Nous ne souhaitions pas que cette Commission mixte soit lexercice convenu quon renouvelle, de manière en quelque sorte rituelle. Dois-je souligner que cest la première qui se tient en Afrique subsaharienne depuis la réforme de notre dispositif de coopération mise en oeuvre au ler janvier 1999, la première aussi depuis la tenue du premier Comité interministériel de coopération internationale et du développement, présidé le 28 janvier dernier par notre Premier ministre, Lionel Jospin. Je veux souligner aussi que cette instance, circonscrivant notre aide au développement à une zone de solidarité prioritaire dont le Burkina Faso fait partie, avait pour objet de proposer à nos partenaires les plus fidèles une approche queux-mêmes appelaient de leurs voeux ; une approche plus soucieuse douverture sur le monde, danalyses partagées, dintérêt renouvelé aussi pour tout ce qui fait le dialogue entre nos sociétés bien au-delà des Etats qui les soutiennent.
De ce point de vue, je crois que nos travaux ont permis de jeter un regard critique, lucide sur le chemin parcouru depuis la dernière Commission mixte de décembre 1993.
Pendant cette période, le gouvernement burkinabé a su, grâce à une politique économique saluée par la communauté internationale, obtenir des résultats flatteurs : croissance élevée, inflation maîtrisée, exportations augmentées, endettement stabilisé.
Sur la période 94-98, leffort global de la coopération française, tous instruments confondus y compris les annulations de dette, aura été de près de 2,6 milliards de FF cest-à-dire une moyenne de 500 M FF par an ; cet effort a été appliqué aux principaux secteurs de la vie sociale et économique du pays.
La France maintiendra en direction du Burkina Faso un flux daide publique significatif. Au coeur de la zone de solidarité prioritaire, votre pays est aussi un ami, un allié fidèle de la France. Mais notre travail consistera, avec une attention que vous partagez, à orienter ce flux pour que les contraintes géographiques, humaines, que vous rencontrez samoindrissent et que votre projet économique et social sen trouve facilité. Voila pourquoi nous avons opté pour les six grands objectifs suivants que je voudrais rappeler :
· dabord une plus forte concentration de nos actions sur les programmes prioritaires que nous avons définis daccord-parties,
· ensuite une intégration plus poussée de nos programmes dans les politiques mises en oeuvre par le gouvernement du Burkina,
· une meilleure coordination opérationnelle avec les autres bailleurs de fonds et en particulier avec lUnion européenne dont il me faut rappeler que 25 % des moyens dintervention proviennent aussi de la France,
· un partenariat ouvert et renforcé dans la conception, la mise en oeuvre, le pilotage, le suivi et lévaluation des projets et des programmes,
· enfin une articulation accrue de laction des différents intervenants bilatéraux.
A cet égard, il est particulièrement important que, dans le cadre de cette 6ème Commission mixte, nos entreprises, les collectivités locales, les organisations non-gouvernementales de nos deux pays aient pu se concerter et débattre de lavenir de notre coopération car elles en sont parties prenantes. Des champs nombreux leur sont ouverts, avec la politique de décentralisation voulue par le gouvernement burkinabé.
Toutes sont déterminées à contribuer au développement de votre pays. Il nous faut maintenant les aider en coordonnant mieux et en valorisant davantage leurs efforts. Je crois que nous sommes pleinement daccord pour souligner que le progrès économique et social sappuie certes sur les Etats mais des Etats facilitateurs de linitiative, régulateurs de la distribution des ressources, protecteurs attentifs surtout des entreprises de chacun et des droits de ceux qui entreprennent. Dans un monde ouvert et concurrentiel, aucun pays ne peut négliger le fait que linvestissement a besoin de cette protection-là, donc dune administration attentive, efficace à faire respecter les droits de celles et ceux qui travaillent, produisent et enrichissent la nation.
Dans laccord cadre de partenariat autour duquel notre coopération va sorganiser, jai relevée, sous-tendus par les grandes thématiques de référence que sont la lutte contre la pauvreté et laccompagnement des dynamiques dintégration régionale, trois axes prioritaires :
· dabord la modernisation et ladaptation du cadre institutionnel fondées sur la décentralisation, le renforcement des administrations économiques et financières, la modernisation de lappareil judiciaire, la sécurité publique et la défense. Sans administrations efficaces et avisées, le développement nest pas assuré dans ses fondements,
· le développement humain et social sappuiera dautre part sur ladaptation des dispositifs déducation et de formation, lamélioration des conditions sanitaires et sociales, la promotion de la culture. Vous le savez, cest une préoccupation ancienne, constante dailleurs, de la coopération française. On sait mieux désormais quantifier et apprécier leffet du développement social et humain sur le développement tout court. Et on sait aussi que ce développement nest possible que dans le respect des cultures des populations qui en sont tout à la fois acteurs et bénéficiaires. La
France ne relâchera pas leffort sur ce terrain-là non plus,
· le développement économique, enfin, repose sur la modernisation des services publics marchands, la dynamisation des filières productives et des organisations du monde rural, la promotion du secteur privé, le soutien au recentrage du rôle de lEtat. Sur ce dernier point, jy insiste, la France vous encourage sur la voie de lintégration de votre pays à son espace régional. Cest un atout maître pour le Burkina Faso.
Ce programme est ambitieux mais il traduit parfaitement la détermination de nos deux pays à adapter, après mûres réflexions et multiples échanges, leur relation de coopération aux enjeux du monde actuel. Le président Blaise Compaoré le disait dans une formule forte : « notre génération a pour destin de gérer le temps des défis ».
Ce destin nest pas une fatalité ; vous avez su démontrer à vos partenaires que vous saviez le prendre en main.
Ce sont ces défis que la France peut vous aider à relever, dans une relation non pas obligée, mais librement consentie reposant sur la pleine responsabilisation et sur la solidarité, plus que sur une logique dassistance dont nous savons les limites.
Notre coopération, résolument participative, nen sera pas moins faite dexigences partagées, basées, selon le mot de notre Premier ministre Lionel Jospin, sur « légalité sans ingérence ni indifférence ». Aussi pourra-t-elle assumer son rôle bilatéral mais aussi son rôle de catalyseur multilatéral en faveur de lamélioration des conditions socio-économiques des populations, comme du respect des Droits de lHomme ou de lapprofondissement de la démocratie tout aussi nécessaires au développement durable.
Cest au résultat que nous serons jugés. Aussi, je crois quil convient de se donner rendez-vous dans quelques mois pour mesurer notre évolution, vers les objectifs que nous venons mutuellement de nous fixer pour le développement du pays des « hommes intègres », auquel la France est heureuse de participer, à sa mesure, avec la confiance que vous lui accordez. Ces rendez-vous sont dautant plus importants que nous sommes en train de nous fixer des objectifs à moyen terme et quil faudra peut-être 12 à 18 mois de transition pour en caler la mise en oeuvre et commencer den vérifier les effets.
Peut-être les documents que nous avons signés, synthèse de nos réflexions des dernières semaines, peuvent-ils paraître encore trop techniques pour décrire la réalité du terrain et la densité des échanges humains que nous entretenons.
Ils ne donnent naturellement pas la photographie des réalisations concrètes que lon peut voir dans la santé, lagriculture ou la formation, pas plus quils ne décrivent la densité quotidienne des échanges entre experts, des échanges qui sont, par essence, immatériels. Je retire toutefois la certitude que ce document cadre, auquel je souhaite quon puisse donner toute la publicité nécessaire, reflète des convictions communes, le choix dune méthode, le sens dun programme qui convergent tous vers le bien-être des populations du Burkina Faso dont nous connaissons les efforts, le goût de linitiative, et la volonté de faire de son pays un pays qui gagne !
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)