Texte intégral
Q - Quelle est la situation au Nord-Kivu
R - Elle reste extrêmement tendue et des combats de grande ampleur menacent de reprendre à tout moment. J'ai pu me rendre compte du caractère dramatique de la situation en me rendant début novembre à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Ce que j'y ai vu est intolérable : en trois mois, 250.000 nouvelles personnes ont été déplacées et des exactions (pillages, viols, meurtres) sont commises par les deux camps.
Q - Quelles sont les racines du conflit ?
R - La crise a des causes anciennes, voire très anciennes : elles plongent dans les années 1930, lorsque les colons belges encouragent des Rwandais à s'installer au Kivu. Après le génocide rwandais de 1994, des forces qui y étaient impliquées se sont réfugiées au Kivu, ce qui a alimenté les tensions. Par ailleurs, l'éloignement de Goma par rapport à Kinshasa, la capitale du Congo, l'absence de routes et le délitement de l'administration locale n'arrangent rien. Mais le plus important, c'est que l'immense richesse des sous-sols attise toutes les convoitises. Il existe au Kivu une économie de guerre basée sur le pillage des ressources minérales, dont le coltan utilisé dans nos téléphones portables, mais aussi le diamant, l'or ou l'étain.
Q - Quel rôle peut jouer la France ?
R - La France est l'un des plus importants contributeurs de l'aide alimentaire dans la région. Depuis août, nous avons versé 4,5 millions d'euros d'aide alimentaire pour les populations. Au plan politique, l'Union européenne est impliquée dans le processus de paix. J'étais au sommet de Nairobi le 7 novembre, avec tous les dirigeants de la région, et nous espérons que les deux médiateurs africains (l'ex-président nigérian Obasanjo et l'ex-président tanzanien Mkapa) calmeront le jeu.
Q - La MONUC (Force des Nations unies) n'est-elle pas coupable de non-assistance à personne en danger ?
R - La MONUC doit mieux remplir sa mission. Constituée de 17.000 hommes sur l'ensemble de la RDC, elle se renforce en ce moment au Nord-Kivu où près du tiers de ses effectifs sont déployés. Un nouveau commandant, le général Gueye, est arrivé. Nous avons fait voter le 20 novembre une résolution du Conseil de sécurité pour envoyer 3.100 hommes supplémentaires pour mieux protéger les civils. Certains pays africains comme l'Angola sont prêts à y envoyer des troupes. Or, plus les Africains s'approprieront la résolution du conflit, plus nous aurons de chances de le résoudre de façon durable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 novembre 2008
R - Elle reste extrêmement tendue et des combats de grande ampleur menacent de reprendre à tout moment. J'ai pu me rendre compte du caractère dramatique de la situation en me rendant début novembre à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Ce que j'y ai vu est intolérable : en trois mois, 250.000 nouvelles personnes ont été déplacées et des exactions (pillages, viols, meurtres) sont commises par les deux camps.
Q - Quelles sont les racines du conflit ?
R - La crise a des causes anciennes, voire très anciennes : elles plongent dans les années 1930, lorsque les colons belges encouragent des Rwandais à s'installer au Kivu. Après le génocide rwandais de 1994, des forces qui y étaient impliquées se sont réfugiées au Kivu, ce qui a alimenté les tensions. Par ailleurs, l'éloignement de Goma par rapport à Kinshasa, la capitale du Congo, l'absence de routes et le délitement de l'administration locale n'arrangent rien. Mais le plus important, c'est que l'immense richesse des sous-sols attise toutes les convoitises. Il existe au Kivu une économie de guerre basée sur le pillage des ressources minérales, dont le coltan utilisé dans nos téléphones portables, mais aussi le diamant, l'or ou l'étain.
Q - Quel rôle peut jouer la France ?
R - La France est l'un des plus importants contributeurs de l'aide alimentaire dans la région. Depuis août, nous avons versé 4,5 millions d'euros d'aide alimentaire pour les populations. Au plan politique, l'Union européenne est impliquée dans le processus de paix. J'étais au sommet de Nairobi le 7 novembre, avec tous les dirigeants de la région, et nous espérons que les deux médiateurs africains (l'ex-président nigérian Obasanjo et l'ex-président tanzanien Mkapa) calmeront le jeu.
Q - La MONUC (Force des Nations unies) n'est-elle pas coupable de non-assistance à personne en danger ?
R - La MONUC doit mieux remplir sa mission. Constituée de 17.000 hommes sur l'ensemble de la RDC, elle se renforce en ce moment au Nord-Kivu où près du tiers de ses effectifs sont déployés. Un nouveau commandant, le général Gueye, est arrivé. Nous avons fait voter le 20 novembre une résolution du Conseil de sécurité pour envoyer 3.100 hommes supplémentaires pour mieux protéger les civils. Certains pays africains comme l'Angola sont prêts à y envoyer des troupes. Or, plus les Africains s'approprieront la résolution du conflit, plus nous aurons de chances de le résoudre de façon durable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 novembre 2008