Texte intégral
Je vais partir d'une vérité banale : en observant les évolutions de la défense européenne, on peut y voir un verre à moitié plein ou un verre à moitié vide.
Pour ma part, j'y vois, sans aucun doute, un verre à moitié plein. Remontons jusqu'en 1998, ici, il y a dix ans. Nous avons progressé depuis, et vous l'avez souligné ce matin. Nous sommes aujourd'hui à 27. L'Europe s'est depuis dotée d'instruments opérationnels. L'Union Européenne a conduit dix-sept opérations civiles et militaires comme le soulignait le Président de la République à la XVIème Conférence des Ambassadeurs le 27 août 2008 et concourt à la gestion des crises et à la stabilité internationale.
Qui aurait dit, il y a dix ans, que l'Union aurait conduit une opération en République Démocratique du Congo sous commandement allemand ? Une opération au Tchad commandée par un général irlandais ?
Qui aurait dit, il y a dix ans, que l'Europe serait enfin en paix, malgré les fragilités qui existent. J'entends encore ceux qui annonçaient, il y a dix ans, que le conflit dans les Balkans n'aurait pas de fin.
Aujourd'hui, la Bosnie est stabilisée, le Kosovo est en bonne voie, grâce aux efforts combinés de l'OTAN et de l'UE.
En parallèle, l'UE a développé de vrais partenariats stratégiques avec les Nations Unies, l'OTAN et l'Union Africaine sans esprit de concurrence mais bien de complémentarité. Nous avons progressé dans les procédures de gestion des crises au travers de la cellule civilo-militaire et la mise en place du mécanisme de financement des opérations. Nous avons enfin mis en place les groupements tactiques de l'Union Européenne, les « GT 1500 ».
L'Agence Européenne de Défense (AED) contribue à l'émergence d'un marché européen des équipements de défense ; participe au renforcement du pôle recherche et technologie de la défense européenne. Mais je ne veux pas m'arrêter au cadre institutionnel.
J'étais la semaine passée chez Astrium. Il existe d'autres projets conçus dans des cadres industriels. Je citerai ici la fusée Ariane, fruit de la coopération de 12 pays européens, dont la Suisse et qui est une brillante réussite. Vous voudrez bien partager avec moi ce bilan positif. C'est ce qui doit nous aider à continuer à aller de l'avant.
Cette action se concrétisera durant notre présidence à travers les priorités françaises dans le cadre de la PFUE.
Vous êtes tous des spécialistes et je ne vais pas vous rappeler ici les priorités présentées par le Président de la République et rappelées par Hervé Morin.
Je voudrais insister simplement sur 3 points essentiels :
1. Erasmus
Dans le cadre de la Présidence Française de l'Union Européenne, j'ai constaté, au cours de mes déplacements, l'intérêt suscité par la création d'un Erasmus militaire. Comme le disait Hervé Morin le 25 juin devant l'Assemblée nationale, « il faut privilégier les formations communes afin de développer chez nos militaires cette conscience européenne ».
Notre objectif est de multiplier les échanges entre les écoles de formation initiale et de formation de spécialité avec pour finalité de pouvoir déboucher sur des diplômes communs.
2. Industrie Européenne de Défense
Le Président de la République l'a rappelé lors de la Conférence des Ambassadeurs, le 27 août dernier, « nous pouvons progresser vers une industrie européenne de défense forte et compétitive par une démarche concrète et pragmatique, en décidant de développer, entre pays volontaires, les équipements dont nous avons besoin ».
Aujourd'hui, comme le soulignait Hervé Morin, le 10 mars, dans son discours d'ouverture du SIGEM, « la coopération sur des programmes butte trop souvent sur des considérations industrielles. La règle du juste retour entraîne des montages compliqués et des duplications de compétences ».
Il nous faudra bien un jour considérer que nos pertes de souveraineté individuelle ne pèsent finalement pas grand chose quand on les compare à ce qu'un projet européen nous apporterait pour notre souveraineté collective.
L'organisation commune de la coopération pour l'armement (OCCAR) doit être pleinement intégrée à cet effort de rationalisation. Dans le cadre de la PF UE, nous nous efforcerons à ce que l'OCCAR devienne le bras exécutif de l'AED. Ainsi, un programme défini au sein de l'AED pourrait être transféré à l'OCCAR qui en assurerait la gestion et la conduite.
3. Développer des projets communs
. MUSIS, futur programme d'observation satellitaire
. A 400 M
Nous devons avoir une ambition pour l'Europe de la Défense et j'y mettrai toute mon énergie.
Cela passe par les équipements. Il est impératif que les industriels se rapprochent. Comme le soulignait le Président de la République au Salon du Bourget, les Etats européens avec des budgets contraints, ne peuvent plus financer, je cite, « 3 programmes d'avions de combat, 6 programmes de sous-marins d'attaque et une vingtaine de programmes de blindés ».
La place de l'Europe et la relation OTAN - EU.
Comme l'écrivait un journaliste du Financial Times, « Ça marche mieux parce que les français sont devenus plus pragmatiques et les britanniques plus idéalistes ».
Ce rapprochement annoncé par le Président de la République et qui pourrait être officialisé à la fin de notre présidence, ne sera pas une révolution dans les faits.
Nous formaliserons ce que nous faisons, en opérations, depuis plus de dix ans.
Il n'est pas nécessaire de rappeler que nous sommes un des trois premiers contributeurs de l'OTAN. Mais aujourd'hui nous avons besoin d'une défense européenne forte.
Il est rassurant de savoir que la majorité des européens est favorable à l'Europe de la Défense à l'exception peut-être des britanniques. Aujourd'hui, personne ne remet en cause ce projet.
Dans un monde en crise, l'Europe n'a pas à chercher sa place, elle est attendue en Europe, en Méditerranée, en Afrique.
L'Europe est un acteur majeur de la sécurité dans l'espace qui est le sien.
J'étais au Kosovo la semaine dernière, j'y ai rencontré les autorités civiles et les chefs militaires européens et américains. Il n'y a aucun doute dans leur esprit sur le rôle de l'Europe.
En Afghanistan, les européens jouent leur rôle à côté des alliés et des américains en particulier.
Mais il est important que l'effort de défense des pays européens soit équilibré à hauteur de 2% du PIB. Je tiens ici à rappeler que le Président de la République a décidé que le budget de la défense ne baissera pas contrairement à l'ensemble des autres budgets ministériels à l'exception de celui de la recherche.
Il faut trouver des critères de convergence :
. Organisation
. Formation
. Equipements
En conclusion, vous avez compris que j'ai deux passions, la défense et l'Europe. Je suis très heureux de pouvoir travailler à côté d'Hervé Morin qui m'a confié un certain nombre de dossiers.
Bien sûr, je suis à ses côtés pour les dossiers les plus lourds, je veux parler du soutien à nos forces, des restructurations et des exportations des industries de défense. Ce dossier des industries de défense va du reste monter en puissance dans mon agenda dans les temps qui viennent.
Mais je suis en charge, plus personnellement, d'autres dossiers, comme celui des réserves. En tant qu'officier de réserve, j'y attache une attention toute particulière et j'ai la volonté de faire avancer ce dossier. J'aurai l'occasion d'en parler le 26 septembre lors de la journée nationale des réservistes.
Je ne voudrais pas conclure sans vous dire un mot de mon deuxième domaine de responsabilité, celui des anciens combattants. Je suis en charge de la gestion de la politique mémorielle de la nation, en lien direct avec le Président de la République. C'est un point essentiel qui est en pleine cohérence avec la Défense. C'est, de fait, la mémoire qui, en dernier ressort, commande l'esprit de défense.
C'est en effet le peuple qui, en dernier ressort, sous l'impulsion de son Président de la République, et par son Parlement, décide du niveau de l'effort de défense. C'est donc à lui qu'il faut s'adresser.
Chaque français, fier de la Nation, fier de son rôle dans le monde, peut et doit être fier de son armée. Chaque français doit pouvoir s'approprier les cérémonies commémoratives, quel que soit son lieu de naissance, quel que soit son quartier dans la ville. Chaque français doit pouvoir se retrouver dans la cérémonie de la Flamme à l'Arc de Triomphe : la mémoire devient peu à peu l'histoire, et la tombe du soldat inconnu permet de rassembler autour de la Flamme la Nation toute entière.
Ce chantier qui consiste à rassembler le peuple tout entier autour de quelques symboles forts, je le conduis avec volonté et détermination. Et là aussi, je m'emploie à lui donner un contenu européen.
Source http://www.universite-defense2008.org, le 28 novembre 2008
Pour ma part, j'y vois, sans aucun doute, un verre à moitié plein. Remontons jusqu'en 1998, ici, il y a dix ans. Nous avons progressé depuis, et vous l'avez souligné ce matin. Nous sommes aujourd'hui à 27. L'Europe s'est depuis dotée d'instruments opérationnels. L'Union Européenne a conduit dix-sept opérations civiles et militaires comme le soulignait le Président de la République à la XVIème Conférence des Ambassadeurs le 27 août 2008 et concourt à la gestion des crises et à la stabilité internationale.
Qui aurait dit, il y a dix ans, que l'Union aurait conduit une opération en République Démocratique du Congo sous commandement allemand ? Une opération au Tchad commandée par un général irlandais ?
Qui aurait dit, il y a dix ans, que l'Europe serait enfin en paix, malgré les fragilités qui existent. J'entends encore ceux qui annonçaient, il y a dix ans, que le conflit dans les Balkans n'aurait pas de fin.
Aujourd'hui, la Bosnie est stabilisée, le Kosovo est en bonne voie, grâce aux efforts combinés de l'OTAN et de l'UE.
En parallèle, l'UE a développé de vrais partenariats stratégiques avec les Nations Unies, l'OTAN et l'Union Africaine sans esprit de concurrence mais bien de complémentarité. Nous avons progressé dans les procédures de gestion des crises au travers de la cellule civilo-militaire et la mise en place du mécanisme de financement des opérations. Nous avons enfin mis en place les groupements tactiques de l'Union Européenne, les « GT 1500 ».
L'Agence Européenne de Défense (AED) contribue à l'émergence d'un marché européen des équipements de défense ; participe au renforcement du pôle recherche et technologie de la défense européenne. Mais je ne veux pas m'arrêter au cadre institutionnel.
J'étais la semaine passée chez Astrium. Il existe d'autres projets conçus dans des cadres industriels. Je citerai ici la fusée Ariane, fruit de la coopération de 12 pays européens, dont la Suisse et qui est une brillante réussite. Vous voudrez bien partager avec moi ce bilan positif. C'est ce qui doit nous aider à continuer à aller de l'avant.
Cette action se concrétisera durant notre présidence à travers les priorités françaises dans le cadre de la PFUE.
Vous êtes tous des spécialistes et je ne vais pas vous rappeler ici les priorités présentées par le Président de la République et rappelées par Hervé Morin.
Je voudrais insister simplement sur 3 points essentiels :
1. Erasmus
Dans le cadre de la Présidence Française de l'Union Européenne, j'ai constaté, au cours de mes déplacements, l'intérêt suscité par la création d'un Erasmus militaire. Comme le disait Hervé Morin le 25 juin devant l'Assemblée nationale, « il faut privilégier les formations communes afin de développer chez nos militaires cette conscience européenne ».
Notre objectif est de multiplier les échanges entre les écoles de formation initiale et de formation de spécialité avec pour finalité de pouvoir déboucher sur des diplômes communs.
2. Industrie Européenne de Défense
Le Président de la République l'a rappelé lors de la Conférence des Ambassadeurs, le 27 août dernier, « nous pouvons progresser vers une industrie européenne de défense forte et compétitive par une démarche concrète et pragmatique, en décidant de développer, entre pays volontaires, les équipements dont nous avons besoin ».
Aujourd'hui, comme le soulignait Hervé Morin, le 10 mars, dans son discours d'ouverture du SIGEM, « la coopération sur des programmes butte trop souvent sur des considérations industrielles. La règle du juste retour entraîne des montages compliqués et des duplications de compétences ».
Il nous faudra bien un jour considérer que nos pertes de souveraineté individuelle ne pèsent finalement pas grand chose quand on les compare à ce qu'un projet européen nous apporterait pour notre souveraineté collective.
L'organisation commune de la coopération pour l'armement (OCCAR) doit être pleinement intégrée à cet effort de rationalisation. Dans le cadre de la PF UE, nous nous efforcerons à ce que l'OCCAR devienne le bras exécutif de l'AED. Ainsi, un programme défini au sein de l'AED pourrait être transféré à l'OCCAR qui en assurerait la gestion et la conduite.
3. Développer des projets communs
. MUSIS, futur programme d'observation satellitaire
. A 400 M
Nous devons avoir une ambition pour l'Europe de la Défense et j'y mettrai toute mon énergie.
Cela passe par les équipements. Il est impératif que les industriels se rapprochent. Comme le soulignait le Président de la République au Salon du Bourget, les Etats européens avec des budgets contraints, ne peuvent plus financer, je cite, « 3 programmes d'avions de combat, 6 programmes de sous-marins d'attaque et une vingtaine de programmes de blindés ».
La place de l'Europe et la relation OTAN - EU.
Comme l'écrivait un journaliste du Financial Times, « Ça marche mieux parce que les français sont devenus plus pragmatiques et les britanniques plus idéalistes ».
Ce rapprochement annoncé par le Président de la République et qui pourrait être officialisé à la fin de notre présidence, ne sera pas une révolution dans les faits.
Nous formaliserons ce que nous faisons, en opérations, depuis plus de dix ans.
Il n'est pas nécessaire de rappeler que nous sommes un des trois premiers contributeurs de l'OTAN. Mais aujourd'hui nous avons besoin d'une défense européenne forte.
Il est rassurant de savoir que la majorité des européens est favorable à l'Europe de la Défense à l'exception peut-être des britanniques. Aujourd'hui, personne ne remet en cause ce projet.
Dans un monde en crise, l'Europe n'a pas à chercher sa place, elle est attendue en Europe, en Méditerranée, en Afrique.
L'Europe est un acteur majeur de la sécurité dans l'espace qui est le sien.
J'étais au Kosovo la semaine dernière, j'y ai rencontré les autorités civiles et les chefs militaires européens et américains. Il n'y a aucun doute dans leur esprit sur le rôle de l'Europe.
En Afghanistan, les européens jouent leur rôle à côté des alliés et des américains en particulier.
Mais il est important que l'effort de défense des pays européens soit équilibré à hauteur de 2% du PIB. Je tiens ici à rappeler que le Président de la République a décidé que le budget de la défense ne baissera pas contrairement à l'ensemble des autres budgets ministériels à l'exception de celui de la recherche.
Il faut trouver des critères de convergence :
. Organisation
. Formation
. Equipements
En conclusion, vous avez compris que j'ai deux passions, la défense et l'Europe. Je suis très heureux de pouvoir travailler à côté d'Hervé Morin qui m'a confié un certain nombre de dossiers.
Bien sûr, je suis à ses côtés pour les dossiers les plus lourds, je veux parler du soutien à nos forces, des restructurations et des exportations des industries de défense. Ce dossier des industries de défense va du reste monter en puissance dans mon agenda dans les temps qui viennent.
Mais je suis en charge, plus personnellement, d'autres dossiers, comme celui des réserves. En tant qu'officier de réserve, j'y attache une attention toute particulière et j'ai la volonté de faire avancer ce dossier. J'aurai l'occasion d'en parler le 26 septembre lors de la journée nationale des réservistes.
Je ne voudrais pas conclure sans vous dire un mot de mon deuxième domaine de responsabilité, celui des anciens combattants. Je suis en charge de la gestion de la politique mémorielle de la nation, en lien direct avec le Président de la République. C'est un point essentiel qui est en pleine cohérence avec la Défense. C'est, de fait, la mémoire qui, en dernier ressort, commande l'esprit de défense.
C'est en effet le peuple qui, en dernier ressort, sous l'impulsion de son Président de la République, et par son Parlement, décide du niveau de l'effort de défense. C'est donc à lui qu'il faut s'adresser.
Chaque français, fier de la Nation, fier de son rôle dans le monde, peut et doit être fier de son armée. Chaque français doit pouvoir s'approprier les cérémonies commémoratives, quel que soit son lieu de naissance, quel que soit son quartier dans la ville. Chaque français doit pouvoir se retrouver dans la cérémonie de la Flamme à l'Arc de Triomphe : la mémoire devient peu à peu l'histoire, et la tombe du soldat inconnu permet de rassembler autour de la Flamme la Nation toute entière.
Ce chantier qui consiste à rassembler le peuple tout entier autour de quelques symboles forts, je le conduis avec volonté et détermination. Et là aussi, je m'emploie à lui donner un contenu européen.
Source http://www.universite-defense2008.org, le 28 novembre 2008