Texte intégral
P. Lapousterle Comment expliquez-vous la chute brutale que L. Jospin a connue dans les sondages de popularité. Est-ce que vous pensez que c'est le prix payé à la hausse du carburant, ou bien que c'est plus profond et plus important que ça ?
- "Je crois que c'est plus profond. Il y a l'affaire du carburant qui touche beaucoup de Françaises et Français. Mais je crois que c'est un peu lié à ce qui a été l'attente de la cagnotte Fabius et puis le sentiment finalement que beaucoup de gens ont eu, que la répartition de cette nouvelle richesse était faite de façon totalement injuste. Et que si on regarde les mesures qui ont été prises, c'est-à-dire la baisse des impôts : la moitié des Françaises et des Français ne paient pas d'impôts"
Ne paient pas d'impôts sur le revenu.
- "Exactement. "
Ils paient des impôts, mais pas
- "Oui, oui, les impôts sur le revenu. S'ils regardent le problème de la vignette, on s'aperçoit finalement que c'est essentiellement les couches moyennes et les couches aisées"
C'est fait pour ça non ?
- "Oui. Mais alors du coup les couches populaires n'ont rien vu venir. Et aujourd'hui une des préoccupations des gens c'est l'augmentation des salaires. Il va y a avoir une grève des cheminots. Sur le thème il y a du grain à moudre. Comme on disait avant. Et puis des mesures comme l'augmentation des minima sociaux, ou alors une baisse radicale, voire une suppression de la TVA. Ca c'est vraiment une taxe injuste, un impôt injuste sur les produits de première nécessité. Donc là, je crois que la gauche est complètement à côté de la plaque. Une fois de plus. Et il y a un vrai mécontentement populaire. L'affaire de l'essence a catalysé un peu tout ça. "
Est-ce que ce décrochage est durable à votre avis ? Est-ce qu'il menace les chances électorales de la gauche ?
- "La chance de la gauche ce n'est pas sa politique, qui est de plus en plus une politique libérale - et c'est vrai que l'arrivée de Fabius symbolise totalement cet espèce de social-libéralisme qui devrait faire plaisir à la droite. Mais la chance de la gauche, c'est justement d'avoir une droite complètement discréditée et en mille morceaux. D'abord parce que la droite n'a aucune politique alternative à offrir à celle de Fabius puisque c'est à peu près la même. Et en plus elle est maintenant ravagée par les scandales. L'affaire Tiberi, c'est le pompon là-dedans. Je veux dire il y a une droite qui aujourd'hui n'attire pas. C'est le moins que l'on puisse dire. "
Quelle fut votre réaction, puisque vous étiez à la Fête de l'Humanité, dimanche, lorsque vous avez entendu R. Hue, dire " ça ne va pas, ça ne va pas du tout ". On aurait dit du Krivine ? Pas loin.
- "Oui, Mais pas du tout. Moi j'ai trouvé ça un peu pathétique, ce discours de R. Hue. C'est-à-dire que chaque fois que la cote du Gouvernement est en baisse, R. Hue qui est toujours au Gouvernement, en tout cas qui soutient toujours le Gouvernement, élève le ton, et dit "ça ne va pas, ça ne va pas". C'est un peu comme un comédien qui est sur scène qui ne bouge pas, et qui dit "marchons, marchons, marchons". Et aujourd'hui, la radicalité du discours de R. Hue est pour répondre aux militants, et est pour répondre à l'électorat justement populaire, mais c'est en même temps une façon de cacher ce qui est le fond de la politique du PC, sa dernière analyse au Parlement de soutenir les mesures du gouvernement et de se solidariser avec. "
Quand R. Hue, dit " on oblige le Parti Socialiste à aller plus loin "
- "Il n'oblige rien du tout, je veux dire. C'est exactement comme les Verts, ils avalent chacune des couleuvres et parfois des boas. Jusqu'à présent, le Parti Communiste a toujours voté pour les mesures anti-sociales du Gouvernement, au maximum il s'est abstenu. Mais quand on s'abstient avec la force du groupe communiste au Parlement, ça permet de faire passer les choses. Donc, moi les discours radicaux de R. Hue - je veux dire qui n'ont aucune concrétisation à l'Assemblée - c'est du pipeau. Et on a même un peu l'impression que Jospin a tout intérêt aujourd'hui à donner un peu de crédibilité supplémentaire au PC, quelques carottes de plus au PC, parce que les Verts gênent Jospin, et le score de l'extrême gauche - dans les sondages ça vaut ce que ça vaut - qui est à 7 %. Je crois que Jospin préfère un bon PC fort, plutôt que des Verts et de l'extrême gauche. Et l'affaire de l'essence peut-être est l'image de ça."
Est-ce que votre organisation va participer à la manifestation - parce qu'il en a été question - qui est organisée après-demain par le Parti Communiste ?
- "Justement, on a été à la réunion. Il y a eu une réunion unitaire hier. Nous on a peu l'impression que ça apparaît comme une manuvre du PC pour faire oublier sa participation au Gouvernement. Tout le monde sait qu'on va annoncer bientôt une petite baisse de l'essence. Ca permettra au PC comme par hasard, de dire " c'est grâce à nous ". Alors nous ce qu'on proposait, on a dit, hier, au PC, on est pour une grande mobilisation pour la baisse du prix de l'essence bien sûr. Sans faire de démagogie, parce qu'on est aussi pour développer les transports alternatifs. L'essence pollue c'est bien clair. Maintenant ce n'est pas aux gens qui sont obligés de rouler en voiture à payer. Donc on est pour la baisse de l'essence, on est pour taxer les pétroliers, on est pour baisser la taxe de l'Etat sur le pétrole, mais on pense que s'il faut mobiliser les gens, c'est aussi sur d'autres revendications. L'augmentation des salaires, la baisse de la TVA"
Le PC dit ça aussi.
- "Oui il dit ça mais nous on leur a dit justement : si vous voulez vraiment une mobilisation populaire pour faire changer le gouvernement, alors on se donne les moyens de la réussir. On ne fait pas ça en trois jours, nous on leur a proposé de faire une grande manifestation, mais dans une semaine ou une dizaine de jours. "
Donc c'est non pour après-demain ?
- "On va voir, on va en discuter. Mais enfin, si c'est une espèce d'opération pour couvrir le PC, et cacher sa participation gouvernementale, on n'en sera pas. "
La police française a fait un coup de filet, historique on va dire sur l'ETA, le week-end dernier est-ce que vous approuvez ?
- "Non le problème qui m'inquiète le plus, c'est qu'il y a un véritable phénomène de oppression nationale contre le peuple Basque, qui date de fort longtemps, qui existe. Il y avait une organisation"
Il faut rappeler que l'ETA frappe violemment en Espagne
- "Oui, justement je crois qu'il y a une dégénérescence totale de l'ETA qui avait joué un rôle très important, dans la lutte contre le franquisme. En défendant à la fois les intérêts du peuple Basque, et en luttant contre Franco. Et très franchement, aujourd'hui il y a une dégénérescence totale de cette organisation qui, je crois, s'isole de plus en plus de la population en commettant des attentats qu'on condamne totalement. "
Sur l'affaire des réfugiés cubains - un réfugié cubain a donc été remis dans l'avion vers La Havane, trois autres réfugiés cubains la semaine dernière ont été remis dans l'avion pour La Havane - qu'est-ce que vous en pensez? La raison invoquée par le gouvernement français est qu'il n'y a pas de problème de liberté publique à Cuba ?
- "Oui justement ça pose le problème du droit d'asile. Je suis bien placé au Parlement Européen pour le savoir, c'est que maintenant, il y a une définition, de - je ne sais pas qui décide - la sûreté des Etats. Alors quand c'est des Etats, dit, sûrs, c'est-à-dire démocratiques, il n'y a plus le droit d'asile. Et c'est d'ailleurs avec cette conception que souvent on n'a pas donné le droit d'asile aux femmes qui quittaient l'Algérie, parce qu'elles étaient victimes de la répression des bandes armées, intégristes, et on leur disait " non l'Algérie est un pays démocratique ". Et bon ça a été le cas, ça a été le cas par exemple - ce qui est un comble -pour des déserteurs fermes, qui ne voulaient pas faire la guerre. Je défends le régime cubain contre les Etats-Unis mais c'est un régime où il n'y a pas de démocratie. Il y a donc des victimes de ce régime. Et je trouve que c'est proprement scandaleux d'avoir expulsé dans des conditions d'ailleurs de violence - où on expulse aussi les Algériens, les Africains. C'est le droit d'asile qui est donc remis en cause en France et c' est scandaleux "
Le revers subi par José Rossi, à Ajaccio ?
- "Ca prouve bien que les accords de Matignon aujourd'hui qui font une fausse unanimité, en fait, ne vont satisfaire personne. Parce que à la fois, à terme ça ne va pas satisfaire le mouvement national Corse, parce que ça ne reconnaît pas l'existence du peuple Corse. Et puis en même temps, ça ne répond pas aux revendications sociales du peuple corse, et finalement ça va satisfaire l'avis " clanique " que Rossi représente en partie. Et puis ce qu'est devenu, lui aussi, le FLNC avec cette dégénérescence, là aussi de cette organisation nationaliste qui maintenant est plus ou moins l'émanation, je veux dire, de groupes financiers dans le tourisme etc. Donc l'échec de Rossi ça ne m'étonne pas, c'est un peu l'échec des accords mais on l'avait prévu. "
Référendum oui ou non ?
- "Référendum, ni oui, ni non, mais grève du vote. Parce que c'est une caricature"
C'est nouveau ça.
- ".De démocratie, tout le monde s'en fout, de ce référendum."
C'est un peu facile à dire aussi ?
- "Non, non, parce qu'il y a des vrais problèmes sur la démocratisation des institutions. On a un régime présidentiel. "
Mais pourquoi pas prendre ce qu'on propose, c'est déjà un.
- "Parce que entre cinq et sept ans de régime présidentiel, ni l'un ni l'autre, et nous on pense qu'il y avait d'autres sujets de référendum, par exemple sur les salaires, par exemple sur la TVA. Non, non, mais là, ça caricature la politique, ça rend les gens encore plus. "
Et s'il y a une participation très faible qu'est-ce qui se passe ?
- "Si elle est très faible : tant mieux. Ca veux dire que la manuvre combinée de Jospin et de Chirac aura été mise en déroute avec un effet de boomerang par la population qui n'est pas si bête que ça. Et qui sait sur quoi la démocratie doit nous permettre de trancher et sur quoi c'est une caricature. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 29 septembre 2000)
- "Je crois que c'est plus profond. Il y a l'affaire du carburant qui touche beaucoup de Françaises et Français. Mais je crois que c'est un peu lié à ce qui a été l'attente de la cagnotte Fabius et puis le sentiment finalement que beaucoup de gens ont eu, que la répartition de cette nouvelle richesse était faite de façon totalement injuste. Et que si on regarde les mesures qui ont été prises, c'est-à-dire la baisse des impôts : la moitié des Françaises et des Français ne paient pas d'impôts"
Ne paient pas d'impôts sur le revenu.
- "Exactement. "
Ils paient des impôts, mais pas
- "Oui, oui, les impôts sur le revenu. S'ils regardent le problème de la vignette, on s'aperçoit finalement que c'est essentiellement les couches moyennes et les couches aisées"
C'est fait pour ça non ?
- "Oui. Mais alors du coup les couches populaires n'ont rien vu venir. Et aujourd'hui une des préoccupations des gens c'est l'augmentation des salaires. Il va y a avoir une grève des cheminots. Sur le thème il y a du grain à moudre. Comme on disait avant. Et puis des mesures comme l'augmentation des minima sociaux, ou alors une baisse radicale, voire une suppression de la TVA. Ca c'est vraiment une taxe injuste, un impôt injuste sur les produits de première nécessité. Donc là, je crois que la gauche est complètement à côté de la plaque. Une fois de plus. Et il y a un vrai mécontentement populaire. L'affaire de l'essence a catalysé un peu tout ça. "
Est-ce que ce décrochage est durable à votre avis ? Est-ce qu'il menace les chances électorales de la gauche ?
- "La chance de la gauche ce n'est pas sa politique, qui est de plus en plus une politique libérale - et c'est vrai que l'arrivée de Fabius symbolise totalement cet espèce de social-libéralisme qui devrait faire plaisir à la droite. Mais la chance de la gauche, c'est justement d'avoir une droite complètement discréditée et en mille morceaux. D'abord parce que la droite n'a aucune politique alternative à offrir à celle de Fabius puisque c'est à peu près la même. Et en plus elle est maintenant ravagée par les scandales. L'affaire Tiberi, c'est le pompon là-dedans. Je veux dire il y a une droite qui aujourd'hui n'attire pas. C'est le moins que l'on puisse dire. "
Quelle fut votre réaction, puisque vous étiez à la Fête de l'Humanité, dimanche, lorsque vous avez entendu R. Hue, dire " ça ne va pas, ça ne va pas du tout ". On aurait dit du Krivine ? Pas loin.
- "Oui, Mais pas du tout. Moi j'ai trouvé ça un peu pathétique, ce discours de R. Hue. C'est-à-dire que chaque fois que la cote du Gouvernement est en baisse, R. Hue qui est toujours au Gouvernement, en tout cas qui soutient toujours le Gouvernement, élève le ton, et dit "ça ne va pas, ça ne va pas". C'est un peu comme un comédien qui est sur scène qui ne bouge pas, et qui dit "marchons, marchons, marchons". Et aujourd'hui, la radicalité du discours de R. Hue est pour répondre aux militants, et est pour répondre à l'électorat justement populaire, mais c'est en même temps une façon de cacher ce qui est le fond de la politique du PC, sa dernière analyse au Parlement de soutenir les mesures du gouvernement et de se solidariser avec. "
Quand R. Hue, dit " on oblige le Parti Socialiste à aller plus loin "
- "Il n'oblige rien du tout, je veux dire. C'est exactement comme les Verts, ils avalent chacune des couleuvres et parfois des boas. Jusqu'à présent, le Parti Communiste a toujours voté pour les mesures anti-sociales du Gouvernement, au maximum il s'est abstenu. Mais quand on s'abstient avec la force du groupe communiste au Parlement, ça permet de faire passer les choses. Donc, moi les discours radicaux de R. Hue - je veux dire qui n'ont aucune concrétisation à l'Assemblée - c'est du pipeau. Et on a même un peu l'impression que Jospin a tout intérêt aujourd'hui à donner un peu de crédibilité supplémentaire au PC, quelques carottes de plus au PC, parce que les Verts gênent Jospin, et le score de l'extrême gauche - dans les sondages ça vaut ce que ça vaut - qui est à 7 %. Je crois que Jospin préfère un bon PC fort, plutôt que des Verts et de l'extrême gauche. Et l'affaire de l'essence peut-être est l'image de ça."
Est-ce que votre organisation va participer à la manifestation - parce qu'il en a été question - qui est organisée après-demain par le Parti Communiste ?
- "Justement, on a été à la réunion. Il y a eu une réunion unitaire hier. Nous on a peu l'impression que ça apparaît comme une manuvre du PC pour faire oublier sa participation au Gouvernement. Tout le monde sait qu'on va annoncer bientôt une petite baisse de l'essence. Ca permettra au PC comme par hasard, de dire " c'est grâce à nous ". Alors nous ce qu'on proposait, on a dit, hier, au PC, on est pour une grande mobilisation pour la baisse du prix de l'essence bien sûr. Sans faire de démagogie, parce qu'on est aussi pour développer les transports alternatifs. L'essence pollue c'est bien clair. Maintenant ce n'est pas aux gens qui sont obligés de rouler en voiture à payer. Donc on est pour la baisse de l'essence, on est pour taxer les pétroliers, on est pour baisser la taxe de l'Etat sur le pétrole, mais on pense que s'il faut mobiliser les gens, c'est aussi sur d'autres revendications. L'augmentation des salaires, la baisse de la TVA"
Le PC dit ça aussi.
- "Oui il dit ça mais nous on leur a dit justement : si vous voulez vraiment une mobilisation populaire pour faire changer le gouvernement, alors on se donne les moyens de la réussir. On ne fait pas ça en trois jours, nous on leur a proposé de faire une grande manifestation, mais dans une semaine ou une dizaine de jours. "
Donc c'est non pour après-demain ?
- "On va voir, on va en discuter. Mais enfin, si c'est une espèce d'opération pour couvrir le PC, et cacher sa participation gouvernementale, on n'en sera pas. "
La police française a fait un coup de filet, historique on va dire sur l'ETA, le week-end dernier est-ce que vous approuvez ?
- "Non le problème qui m'inquiète le plus, c'est qu'il y a un véritable phénomène de oppression nationale contre le peuple Basque, qui date de fort longtemps, qui existe. Il y avait une organisation"
Il faut rappeler que l'ETA frappe violemment en Espagne
- "Oui, justement je crois qu'il y a une dégénérescence totale de l'ETA qui avait joué un rôle très important, dans la lutte contre le franquisme. En défendant à la fois les intérêts du peuple Basque, et en luttant contre Franco. Et très franchement, aujourd'hui il y a une dégénérescence totale de cette organisation qui, je crois, s'isole de plus en plus de la population en commettant des attentats qu'on condamne totalement. "
Sur l'affaire des réfugiés cubains - un réfugié cubain a donc été remis dans l'avion vers La Havane, trois autres réfugiés cubains la semaine dernière ont été remis dans l'avion pour La Havane - qu'est-ce que vous en pensez? La raison invoquée par le gouvernement français est qu'il n'y a pas de problème de liberté publique à Cuba ?
- "Oui justement ça pose le problème du droit d'asile. Je suis bien placé au Parlement Européen pour le savoir, c'est que maintenant, il y a une définition, de - je ne sais pas qui décide - la sûreté des Etats. Alors quand c'est des Etats, dit, sûrs, c'est-à-dire démocratiques, il n'y a plus le droit d'asile. Et c'est d'ailleurs avec cette conception que souvent on n'a pas donné le droit d'asile aux femmes qui quittaient l'Algérie, parce qu'elles étaient victimes de la répression des bandes armées, intégristes, et on leur disait " non l'Algérie est un pays démocratique ". Et bon ça a été le cas, ça a été le cas par exemple - ce qui est un comble -pour des déserteurs fermes, qui ne voulaient pas faire la guerre. Je défends le régime cubain contre les Etats-Unis mais c'est un régime où il n'y a pas de démocratie. Il y a donc des victimes de ce régime. Et je trouve que c'est proprement scandaleux d'avoir expulsé dans des conditions d'ailleurs de violence - où on expulse aussi les Algériens, les Africains. C'est le droit d'asile qui est donc remis en cause en France et c' est scandaleux "
Le revers subi par José Rossi, à Ajaccio ?
- "Ca prouve bien que les accords de Matignon aujourd'hui qui font une fausse unanimité, en fait, ne vont satisfaire personne. Parce que à la fois, à terme ça ne va pas satisfaire le mouvement national Corse, parce que ça ne reconnaît pas l'existence du peuple Corse. Et puis en même temps, ça ne répond pas aux revendications sociales du peuple corse, et finalement ça va satisfaire l'avis " clanique " que Rossi représente en partie. Et puis ce qu'est devenu, lui aussi, le FLNC avec cette dégénérescence, là aussi de cette organisation nationaliste qui maintenant est plus ou moins l'émanation, je veux dire, de groupes financiers dans le tourisme etc. Donc l'échec de Rossi ça ne m'étonne pas, c'est un peu l'échec des accords mais on l'avait prévu. "
Référendum oui ou non ?
- "Référendum, ni oui, ni non, mais grève du vote. Parce que c'est une caricature"
C'est nouveau ça.
- ".De démocratie, tout le monde s'en fout, de ce référendum."
C'est un peu facile à dire aussi ?
- "Non, non, parce qu'il y a des vrais problèmes sur la démocratisation des institutions. On a un régime présidentiel. "
Mais pourquoi pas prendre ce qu'on propose, c'est déjà un.
- "Parce que entre cinq et sept ans de régime présidentiel, ni l'un ni l'autre, et nous on pense qu'il y avait d'autres sujets de référendum, par exemple sur les salaires, par exemple sur la TVA. Non, non, mais là, ça caricature la politique, ça rend les gens encore plus. "
Et s'il y a une participation très faible qu'est-ce qui se passe ?
- "Si elle est très faible : tant mieux. Ca veux dire que la manuvre combinée de Jospin et de Chirac aura été mise en déroute avec un effet de boomerang par la population qui n'est pas si bête que ça. Et qui sait sur quoi la démocratie doit nous permettre de trancher et sur quoi c'est une caricature. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 29 septembre 2000)