Texte intégral
La présentation de ce rapport est un moment très important dans le cadre de l'action que je conduis.
Depuis mon arrivée au gouvernement, l'une des orientations fortes de ma politique est de renforcer la compétitivité du sport français. Pour répondre à cet enjeu, j'ai ouvert deux grands chantiers :
- celui de la réforme du haut niveau,
- et celui du sport professionnel.
Le premier chantier est en passe d'aboutir avec une réforme dont les détails seront connus avant la fin de l'année. Vous le savez, je veux transformer l'INSEP en un « Grand Etablissement » et, mieux encore, en Harvard du sport français.
Dans la perspective des JO 2012 de Londres je vais aussi redéfinir les filières d'accès au haut niveau en « parcours de l'excellence sportive », en resserrant l'élite du haut niveau pour concentrer les efforts sur les athlètes les plus compétitifs. Enfin, pour nourrir cette dynamique, je vais également limiter le nombre de mandats à deux, pour les présidents de fédération et les DTN. Permettez que je m'arrête un instant sur ce point : tout le monde aujourd'hui considère qu'il est bon pour la démocratie qu'un président de la République ne puisse pas faire plus de deux mandats. Et pourquoi ce qui vaut pour un président de la République ne vaut pas pour un président de fédération ? Si l'on veut professionnaliser, dynamiser, démocratiser, rendre plus compétitif le monde sportif français, il faut avoir le courage de dire qu'un président de fédération ne peut pas rester en place 15, 20, 30 ans ! Et pourquoi pas des présidents de fédération à vie ? Non, il faut une limitation des mandats des dirigeants et un système électoral plus moderne.
Le deuxième chantier est celui qui nous occupe ce matin et qui concerne le sport professionnel. J'ai demandé au Premier ministre de confier à Eric BESSON une mission sur la compétitivité du football professionnel français, avec en tête un objectif très simple : disposer d'expertises et d'analyses fiables, objectives, transverses, comparatives et approfondies, pour me donner les moyens d'agir pour le développement du sport professionnel dans notre Pays.
Ma conviction est que compétitivité sportive et compétitivité économique sont intiment liées. Cela ne peut plus être un sujet tabou en France. Je veux faire évoluer les mentalités car les pouvoirs publics ont trop longtemps négligé l'approche économique du sport. Oui, les clubs professionnels français de football sont des entreprises, des entreprises du sport, soumises à la concurrence internationale et européenne. Et malheureusement oui, les clubs espagnols, italiens, anglais, allemands gagnent et pas nous.
Nous voulons tous voir à nouveau un club de football français vainqueur d'une des deux coupes européennes, Ligue des Champion, ou Coupe de l'UEFA. Or, pour qu'un club professionnel soit compétitif et gagne des titres, il lui faut dans la régularité se hisser au plus haut niveau. Et, sur la durée, ceux que l'on retrouve régulièrement en demi-finale des grandes compétitions européennes de clubs, sont ceux qui ont les capacités financières les plus grandes. Parce qu'ils gagnent des titres, ils renforcent toujours plus leurs revenus. Notre pays ne s'est pas suffisamment inscrit dans ce cercle vertueux. C'est pour cette raison que j'ai voulu que l'on ouvre le débat de la performance économique du football français : quels en sont les freins ? quels en sont les accélérateurs ?
Mais ma démarche va au-delà du seul désir de succès nos clubs lors des compétitions européennes. Elle dépasse d'ailleurs la seule question du football. Il fallait le faire sur le football, sport emblématique et le plus avancé sur la voie du professionnalisme, mais de nombreux enseignements valent pour l'ensemble du sport professionnel.
Le sport professionnel ne souffre pas d'être trop professionnel, il souffre de ne l'être pas assez. J'entends trop souvent dire que le sport a perdu son âme car il se professionnalise et qu'il abandonne en cela ses valeurs, son éthique. Je pense le contraire. C'est parce que le sport professionnel n'a pas fini son évolution que des dérives surviennent. Bref c'est parce que le sport professionnel n'est pas encore suffisamment professionnel. Etre professionnel, cela veut dire respecter les règles et imposer des contrôles rigoureux, sur le plan financier. Etre professionnel, cela veut dire aussi se débarrasser de la violence et du racisme dans les stades. Cela veut dire mettre des professionnels et des compétences de haut niveau à tous les postes. Cela veut dire se donner les moyens d'un développement économique durable. Cela veut dire considérer que les présidents de clubs sont des entrepreneurs et qu'ils méritent qu'on les encourage à entreprendre
Ces questions, je tenais beaucoup à ce qu'elles soient abordées par Eric BESSON. Parce qu'il est précisément à la tête d'un secrétariat d'Etat qui coordonne et anime ce type d'expertises et d'analyses. Parce qu'il est de plus, à titre personnel - et ce n'est pas un détail - un grand passionné de sport et de football. Parce qu'enfin, la méthode Besson c'est aussi une grande capacité d'écoute et de consultations et, c'est pour moi essentiel, tous les acteurs principalement concernés ont été entendus : fédérations, ligues professionnelles, représentants des clubs, des joueurs, des entraîneurs, agents sportifs, économistes et juristes éminents. D'ailleurs, le 12 novembre prochain, au secrétariat d'Etat aux sports, Eric BESSON et moi-même présenteront aux principaux représentants du mouvement sportif concerné, le détail du rapport pour engager à nouveau le dialogue autour des différentes propositions.
Le travail qu'Eric BESSON va maintenant présenter sera un outil fondamental pour moi. Il va me permettre de poursuivre et d'accélérer mon action. Il va me permettre d'affermir un mouvement essentiel de ma politique : créer les conditions favorables qui permettront aux clubs professionnels de rattraper le train de la compétitivité.
Chacun mesure à quel point ce travail exceptionnel d'analyse et de propositions peut être utile au sport professionnel français. Toutes les questions utiles ont été abordées et elles l'ont été sans tabou, c'est ce qui fait de ce rapport un rapport pour agir. Alors, précisément, je voudrais maintenant vous décrire très concrètement ce que nous allons faire et suivant quel calendrier.
Tout d'abord, je dois dire que mon action sur ce chantier du sport professionnel est et continuera d'être guidée par la recherche d'un équilibre entre deux principes : réaliser les conditions du décollage économique du sport professionnel d'une part ; et de l'autre, préserver la solidarité entre monde professionnel et amateur parce que c'est là, je dirais, comme la marque de fabrique du modèle français. Mais je le dit clairement ici, notre modèle doit impérativement s'adapter si l'on veut enfin donner à nos clubs les chances de rivaliser avec leurs homologues européens. C'est ce à quoi nous invite le rapport dont nous venons de découvrir les grandes lignes auxquelles j'adhère pleinement. Ce rapport valide d'ailleurs nombre de mes convictions et actions déjà engagées : c'est par exemple la proposition de loi sur les agents sportifs adopté au Sénat le 4 juin dernier, c'est le maintien du dispositif DIC dans le projet de loi de finance 2009, c'est encore, entre autres exemples, mon engagement dans le cadre de la Présidence Française de l'Union Européenne...
Je ne vais pas reprendre ici l'ensemble de ce qui vient d'être exposé. Je ne soulignerai que quelques points qui me semblent emblématiques ou qui retiennent plus particulièrement mon attention.
Je souhaite m'appuyer sur ce travail pour engager une réforme qui tient aux questions de performance économique, de performance sportive, de gouvernance, d'éthique et de régulation, car ici tout se tient. Le cercle vertueux de la compétitivité de nos clubs professionnels passe par la dynamisation de chacune de ces composantes.
Sur la performance économique, il faut sans doute avancer vers un statut simplifié des sociétés sportives, et pour prendre un autre exemple, je trouve particulièrement intéressante l'idée d'une nouvelle répartition des ressources mutualisées des droits télés entre Ligue 1 et Ligue 2 pour mieux prendre en compte l'effort de formation des clubs de Ligue 1.
Sur la performance sportive, il me paraît essentiel d'accélérer la réforme des centres de formation, de trouver des synergies, de permettre la mutualisation des coûts afin de mieux former et plus efficacement.
Sur la gouvernance, il me paraît de bon sens de permettre aux ligues professionnelles d'intégrer le processus de consultation concernant les normes sur les enceintes sportives professionnelles. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Sur l'éthique, en plus de durcir le régime des interdictions administratives, il me semble particulièrement important d'aider à leur application effective, en permettant aux ligues et clubs de disposer des fichiers d'interdits de stade.
Sur l'équité enfin, au-delà de la piste d'un contrôle de gestion européen, nous devons moderniser la DNCG française qui doit aller vers plus d'indépendance, vers un rôle de conseiller autant que de contrôleur.
Mon calendrier de travail est clair. La qualité du rapport que vient de présenter Eric Besson, et les travaux effectués par ailleurs autour de Philippe Séguin au sein de la « Commission Grands stades - Euro 2016 », complément indispensable du rapport Besson et dont les conclusions me seront rendues avant la fin du mois, nous donnent les moyens d'avancer très rapidement. Et je compte bien engager la réforme du sport professionnel français dès le mois de mars prochain. Celle-ci comportera un volet législatif, un volet réglementaire et un volet touchant à la réglementation des fédérations et des ligues.
A cet effet, je réunirai autour de moi en décembre prochain, des parlementaires, des représentants du monde sportif et des personnalités qualifiées. Ensemble nous prioriserons les pistes proposées par ces deux rapports et nous trancherons sur les moyens de mises en oeuvre les plus efficaces. Nous poursuivrons ce travail avec le souci constant de consulter le mouvement sportif et les experts avec pour objectif d'aboutir avant la fin du premier trimestre 2009. Encore une fois, mon calendrier est d'engager la réforme dès le mois de mars prochain.
Je tenais à nouveau à adresser tous mes remerciements à Eric BESSON.
Merci à tous.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 décembre 2008